
D â k e s , les G è l e s , les K a r p o -D â k e s (D a k e s M o n ta g n a r d s ; cf. les K a r -
p id e s , p. 34), elc., appartenaient à la même race; car il dit que
tous ces peuples parlaient une seule et même langue, qu il appelle
th r â k e , suivant l’usage qu’avaient les Grecs de comprendre les Gèles
sous le nom de Thrâkes (v. p. 38).
B o ir e b is lè s le Gète et son D iv in (godi) Decenc eus *, vers 1 an 50,
réveillèrent le sentiment national des D â k e s et en firent une naiiou
unie politiquement avec leurs frères les G è le s . A celte époque les
D a k o -G è te s , suivant S t r a b o n , purent meltre en campagne 200,000
combattants. L’empire fondé par Boirebislès fut renversé par des
insurgés, et se fractionna en quatre parties. Les D â k e s ayant été
pendant quelque temps unis politiquement avec leurs frères les
G è te s , les Romains s’habituèrent à comprendre également les Gè les
sous le nom de D a c e s . Déjà du temps de Tacite, le nom de D a c e s désignait
aussi les G è te s . Les Grecs, de leur côté, comprenaient sous le
nom de G è te s aussi les D â k e s , de sorte que les deux noms s employaient
communément l’un pour l’autre. Aussi D io n C a s s iu s dit-
il (67, 6): «Je les nomme D â k e s comme e u x -m ê m e s se nomment,
«et comme les R om a in s les appellent, sachant bien que, par quel-
« ques Hellènes, ils (les Dâkes) sont tant bien que mal appelés G è le s.
«Car je sais que les G è te s (proprement dits) sont ceux qui ha-
«bitent au nord de l’Hæmus, à côté de l’Ister.» Les G è le s ayant été
compris, pen d an t‘quelque temps, sous le nom de M y s e s (v. p. 39),
les Romains donnèrent aussi ce nom de M y s e s à des D â k e s auxquels
ils avaient assigné des établissements au sud du Danube. Lorsque la
Dacie fut réduite en province romaine (l’an 106), la population d a k o -
g è t e était tellement affaiblie et par les guerres qu’avait soutenues
Dekeballus et par les émigrations qui suivirent immédiatement le
triomphe des Romains, que l’empereur Trajan fut obligé de repeupler
la Dacie par des colons tirés de toutes les parties de l’empire.
La Dacie reprit quelques forces, et même en partie son indépenet
signifie tenant ou issu du Brillant, c’est-à-dire du Soleil (cf. norr. Erik),
llîgr et Iringr, ail. Tyrk et Turink). Le mot latin dits est autrement forme;
c’est le féminin de diras (brillant), qui diffère de divus (céleste). Divâs ou dives
ou dies signifie la brillante. - . . ■ * . ,
1 Deceneus est la transcription latine du grec Dïkenaios, qui lui-même est . <•
transcription grecque du nom àako-gètediki-hnaws (bas de corps-ou deiaille).
Le nom de Diurpaneus (Diurpa-hnaivs), qui est sans doute un sobriquet de Ve-
keballus, est également composé avec hnaivs (bas, humble).
I . dance vers l’an 240. Mais plus tard les D a k o -G è te s tombèrent sous
la domination de leurs parents les G o lh s -G é p id e s qui, vers l'an 270,
[ fondèrent un empire dans la Dacie. Dès lors presque tout le pays,
I qui d'abord avait été appelé la G é t i e , et ensuite la D a c ie , prit le
[ nom de G é p id ie .
c) Les Goles.
§ 9 6 . S ig n i f i c a t i o n «lu n o m d e C o t e s . — Les familles,
K les tribus et les nations d ’origine s c y th e aimaient surtout à se donner
I des noms qui rappelassent leur prétendue extraction du dieu S o -
I l e i l ( \ . p. 38) *. Or, un des noms épithétiques du dieu Soleil, chez les
■ peuples g è l e s , paraît avoir été le nom formé de l’adjectif g a - v ô d s * I qui signifiait, sans doute, b e a u , b o n , a g r é a b l e . D e l’adjectif g a v ô d s I dérive probablement par contraction la forme g ô d s (bon, golh.
I g ô d s , norr. g ô d r , v. h. ail. g u o i) . C’est par cet adjectif, employé
I connue épithète, qu’on aura désigné dans l’origine le dieu S o l e i l en
I particulier, et dans la suite la d i v in i t é en général (goth. g u i h ; angl. Il g o d ; ail. gott). De ce nom épithétique du Soleil provient aussi I le nom de la famille ou de la tribu des G o te s qui avait institué I le culte du dieu G u t , et plus tard ce nom de tribu devint le nom
1 du peuple entier. Dans le dialecte moesogothique le nom de ce
1 peuple était g u t - th ïu d a (peuple de Gui) ou G u tô s (les Gutes ou
I Gotes), que les Grecs ont rendu par G o lh o i ou G o i ih o i , et les La- I tins par G o t h i 3. De la forme G u t a pu provenir, par dérivation
■ grammaticale, l’adjectif gants (précautionné; norr. g a u l r , v. p. 27, B] note 1) qui devint le nom épithétique du dieu Tins (norr. Tyr),
■ et dans la suite celui du dieu O d in n qui fut substitué à T iu s . De là le
I nom du peuple des G a u le s (P r o c o p . , De bello golhico, II, 15) qui était
■ un peuple d’origine g o th iq u e établi en Scandinavie. De même que
i le peuple des G a u te s était une tribu de la nation des G o t e s , de
I même les G u te s ou Goies étaient, dans l’origine, une tribu de là
■ nation des G è te s . Mais le nom de G è le s différait probablement, et par
' Cf. Tacit. , Germ., 2 : Quidam autem, licehtia vetustalis, plures deo ortos
B pluresque gerttis appellaliones, Marsos, Gambrivios, Suevos, Vandalios affirmant.
2L’adjectif vôds (bon) existe dans le moeso-gothique. A côté de vôds a pu
H exister la forme ga-vôds, comme à côté de hails, leiks, etc., existaient les com-
■ posés ga-hails, ga-leihs, etc.
l Voy. Grammalik der gothischen Sprache, von Dr II. C. v. d. Gabelentz und B J. Lqebe, p. 1.