
courants d’eau on remarquait surtout le mouvement ondulé ou
l’entrelacement des ondes, et c’est pourquoi, dans la suite, on a
aussi désignél’eau par des mots dérivésd’un thème randa (sansc. une/,
tourner, contourner), tels que, p. ex., le gothique vatô, le slave
woda, le grée hudôr, le latin unda, le letton udens, etc. Le mouvement
ondulé des eaux fut cause'qu’on a souvent symbolisé , dans
les mythes, les eaux par des Serpents. S’en tenant à l’observation
purement extérieure et superficielle des choses, les hommes primitifs
croyaient que l’eau était la Mère de la terre , et c’est pourquoi
ils donnaient à la terre le nom de aquatique (v. p. 169), dans
le sens de issue de l’eau. Voyant que les sources et les cours d’eau
étaient alimentés par les pluies tombant du ciel, ils en conclurent
que les eaux terrestres provenaient toutes du ciel. Aussi ces eaux
passaient-elles pour un don fait aux hommes par le dieu Ciel. Par
leur origine, les eaux étaient donc célestes, et par conséquent pures
et sacrées. Ce n’est qu’après s’être séparées les unes des autres,
que les nations primitives de la souche iafétique, dans leurs mytho-
logies respectives, ont imaginé et établi des Divinités particulières
pour présider aux eaux. Aussi faut-il considérer ces divinités particulières,
dans les différentes mythologies, comme des dédoublements
ou spécialisations du dieu Ciel, envisagé comme Dieu de la
pluie, et qui, comme Source des eaux terrestres, était adoré, dans
l’origine, par toutes les tribus de la souche iafétique.
§ 150. Vi'iiitlms Dieu des Eaux riiez les Scytlies. -■—
Aux yeux.des Scythes, peuples pasteurs et nomades , les sources
où s’abreuvaient leurs troupeaux, passaient naturellement [pour
une richesse, un bienfait du ciel, et, dans la suite, pour les symboles
du Bien-Être et de l’Abondance. Aussi adoraient-ils une divinité,
qui, selon eux, présidait aux Eaux et aux Sources du pays,
ainsi qu’à l’Abondance et au Bien-Être de la Nation. De même que
le feu sur la terre était considéré comme tirant son origine du fea
céleste (v. p. 225), de même aussi les sources et les cours d’eaux
passaient pour avoir une origine céleste et pour être alimentés par
les nuages et les pluies du ciel. Aussi, dans l’origine, le dieu Ciel
était-il également adoré en qualité de Dieu des Eaux (cf. gr. Ouranos,
Ciel, et sansc. Varounas, Dieu des Eaux). Comme les pluies tombent
du ciel, non pas quand il est brillant, mais lorsqu’il est chargé de
nuages, le dieu Ciel devint le Dieu des Eaux, non pas en sa qualité
DIVINITÉS ADORÉES. — VRINDUS.
de Brillant (Tivus, v. p. 154), mais comme Dieu de l’orage appelé
Pluvieux (Pirkunis, v. p. 155). Cependant comme les pluies et les
rosées tombent souvent sans qu’il y ait des orages, le Dieu des
Eaux se détacha de Pirkunis, comme Pirkunis s’était détaché de
Tivus (v. p. 156). Il y eut dès lors une divinité spéciale présidant
aux Eaux, et comme elle passait pour être la Source céleste des
eaux terrestres, on la désignait aussi par un nom signifiant Source.
Or, la source étant quelque chose de frémissant (cf. norr. brinna,
p. brinda, pétiller, brûler, sourdre), d’effervescent, de jaillissant
(norr. hrinda, p. vrinda, jaillir, lancer, éjaculer), le nom de
Vrindus qui, en langue scythe , signifiait Jaillissant, devint le nom
du Dieu des Eaux. Comme Vrindus s’est formé par le dédoublement
de Pirkunis, à une époque où ce dieu était déjà connu comme
une divinité anthropomorphe, Jaillissant fut également considéré
comme un dieu anthropomorphe, résidant dans le ciel et présidant
aux nuages pluvieux, sources des eaux terrestres.
Les peuples pasteurs, tels que les Scythes, comparaient les noirs
nuages à un troupeau de bétail noir. La pluie qui tombait de
ces nuages, qui alimentait les sources et abreuvait ainsi la terre, les
hommes et les animaux, fut assimilée au lait (sansc. payas, boisson ,
lait) que donnait le bétail céleste. Ensuite comme, dans le langage
symbolique des peuples de l’Antiquité, l’eau jaillissante et les
rayons de lait étaient aussi l’emblème du sperme fécondateur, et
que d’ailleurs l’idée de source réveillait naturellement celle d’origine
et de génération, le dieu Vrindus, présidant aux nuages pluvieux
, c’est-à-dire aux taureaux fécondateurs et aux vaches laitières
du ciel, fut aussi préposé à la génération et à la fécondation
tant par rapport à la terre que par rapport aux hommes et aux
animaux.
Le nom de Vrindus (Source), en tant qu’il signifiait Jaillissant,
était d’abord seulement du genre masculin, mais, en prenant encore
la signification tropique d’origine, il devint aussi du genre féminin.
Le nom de Vrindus étant dès lors à la fois masculin et féminin, on
associa également, en mythologie, au dieu Vrindus une déesse du nom
de Vrindus et personnifiant sa qualité (sansc. çakti, énergie). Les
Grecs, en citant le nom de la déesse Vrindus, lui donnaient la terminaison
féminine usitéedans leur langue ; Vrindus fut donerendu en grec
par Rhindè, que les Latins changèrent naturellement en Rinda (v.