
CHAPITRE II.
I O R IG I N E , M IG R A T IO N S E T B R A N C H E S D E L A R A C E S C Y T H E .
§ 11. Origine et migrations de la race scytlie. — Lu
race scythe est restée confondue avec la souche originaire et en
est devenue sinon le plus illustre, du moins le plus fidele r e p i e -
s e n ia n t d i r e c t . Selon Hérodote, les traditions nationales des Scythes
remontaient à environ 1500 ans avant notre ère. Cette nation
croyait même pouvoir rivaliser d’ancienneté'avec les Égyptiens.
Elle le pouvait comme r a c e , mais non comme n a t i o n . Car si I on
considère que ces peuplades, semblables en cela aux Arabes ismaélites,
sont restées pendant plusieurs siècles depuis leur origine à
l’état primitif, à l'état nomade, sans arriver, comme les autres
membres de la famille i a f é t iq u e , à fonder des états politiques et à
acquérir quelque importance dans l’histoire, on concevra qu il est
juste de regarder les S c y th e s comme les cadets de la famille non-
seulement sous le rapport g é n é a lo g iq u e , mais aussi sbus.le rapp
o rt h i s to r iq u e . - 1
Dès l’origine, ou du moins à l’époque où les Scythes sortent
pour la première fois de leur obscurité primitive, ils sont les plus
s e p t e n t r io n a u x de tous les membres de la famille ia f é t iq u e . Ils habitent
les contrées formant aujourd'hui le Turkestan, au sud du
Djihoun, depuis la mer Caspienne jusqu’au Belur-lagh. Au nord et
à l’e st, les Scythes touchent aux peuplades ta ta re s , nomades
comme eux; au sud , ils confinent avec les Mèdes, avec les Bajc-
tries, et, par l'intermédiaire de ceux-ci, ils ont été mis en rapport
avec les Hindoux. Les contrées septentrionales où les S c y th e s apparurent
pour la première fois dans 1 histoire, ont ete sans doute
le berceau de leur race. En effet, c’est là et dans le voisinage
qu’ils séjournèrent le plus longtemps; c’est de là qu’ils se répandirent
les uns vers le Sud et vers l’E st, les autres vers le Nord et
vers l’Ouest. Dans l’origine, ils formèrent un grand nombre de peuplades
plus ou moins nombreuses, qui se distinguaient entre elles
p ar des noms de t r ib u ou quelquefois par des noms de n a t io n ;
mais probablement elles ne portaient pas encore toutes ensemble
le nom générique de S c y th e s . Les peuplades scythes qui sont res-
LA BRANCHE SAKE. 21
I tées dans le bercèau primitif de leur race, sont également restées
I inconnues et leurs noms n’ont pas eu le moindre retentissement
| jans l’histoire ; celles, au contraire, qui sont sorties des limites de
H jenr berceau, ont acquis une certaine importance au point de vue
H historique. Parmi ces peuplades, il faut surtout distinguer entre
I celles qui se sont répandues, soit vers le Sud, soit vers l’Est, et
I celles qui se sont portées vers le Nord et vers l’Ouest. Les der-
I nières n ’ont acquis de l’importance que plus tard et par leurs des-
1 cendants; les premières, au contraire, ont marqué dans l’histoire
I f et par elles-mêmes et à une époque plus ancienne. Celles-ci forment
deux groupes : le groupe sud-oriental et le groupe sud-occidental.
Le ggaupe sud-oriental se compose de peuplades qu’à défaut de
I nom générique qui n’existait pas encore, nous appellerons la
! ; B ra n ch e S a k e , d’après les S a k e s qui étaient la tribu la plus impor-
0 tante de ce groupe. Quant aux peuplades qui composaient le groupe
I sud-occidental, nous les désignerons par le nom générique de
1 B ra n ch e P a r lh e , d ’après les P a r lh e s qui étaient la tribu la plus puis-
I sanie dans ce second groupe.
A . L e s S c y th e s o r i e n ta u x .
a) La Branche Sake.
§ 1*. lie s S a k e s p r o p r em e n t d its . — Les Sakes étaient
■ la peuplade scythe la plus voisine des Aries (voy. P l i n e , 6 , 19, 1),
■ et, par conséquent, la mieux connue des peuples de cette branche
J 1 iafétique formée par les M è d e s , les B a k l r i e s e t les H in d o u x . Dans la langue scythe, le mot h a k a -s signifiait c a p a b le (norr. h a g - r ) et correspondait
par son origine et par sa signification au mot sanscrit ça -
S k a -s (c i. ç a k n ô m i , être capable, pouvoir). Les Ç a k a s sont mention-
I nés dans les plus anciens livres sanscrits, tels que les L o i s d e Ma-
■ nou (X, 44), au moins dès le huitième siècle avant notre è re 1. Les
1 Perses connaissaient également les H a k a s qu’ils nommaient S a k a .
■ Dans les inscriptions cunéiformes les S a k a s sont énumérés parmi
1 II est évident que les Lois de Manou ont été rédigées deux fois ; la seconde
B rédaction ne remonte guère au delà du cinquième siècle avant notre ère ; mais
B les plus anciennes parties du Code peuvent bien appartenir au dixième siècle
■ avant J. Ch. En prenant la moyenne entre le dixième et le cinquième siècle, on
B peut affirmer que les Çakas étaient connus des Hindoux au moins dès le hui-
■ tième siècle avant notre ère.