
CINQUIÈME PARTIE,
couvrait la moitié de la fosse et était soutenue par quatre lances (cf.
norr. geirom stydia, v. p. 118). Dans la partie de la fosse qui n’était
pas couverte par la claie et qui formait une espèce d’antichambre
(cf. norr. hôf), devant la chambre sépulcrale (cf. norr. hôrgr) du
défunt, on plaça, après les avoir étranglés et consacrés au roi, pour le
servir dans l’autre monde, une de ses concubines (norr. friclla),
son échanson (norr. skulil-sveinn), son écuyer (langob. mar-pahis;
cf. ail. marbach, p. 251), son valet de pied (norr. skô-sveinn, garçon
de chaussure) et son messager (norr. sendi-mâdr). On y plaça
aussi son cheval, des vases d’or et d’autres objets précieux qui
taisaient partie, non de la propriété de famille (norr. adalsfê), qui
devait toujours rester intacte aux héritiers, mais de la propriété
privée (norr. lausa-fê) ou individuelle du défunt. Puis on recouvrit
de terre la fosse, et l’on éleva, au-dessus du sépulcre, une bulle
d’une hauteur proportionnée à l’honneur qu’on voulait ou qu’on
devait rendre au mort1. Après une année révolue on consacra encore,
en les égorgeant, cinquante des principaux serviteurs du roi,
et l’on plaça leurs cadavres désséchés sur autant de chevaux empaillés,
qu’on rangea tout autour du tertre tumulaire, afin qu'ils
pussent ainsi à la fois servir de garde d'honneur (norr. hirdsla) au
défunt, le protéger contre les attaques des mauvais génies (norr.
draugar; cf. zend. drudj, tromperie), et inspirer, par leur présence,
de la terreur à ceux qui voudraient violer le tombeau (Hérod., IV,
71) pour en enlever les trésors (cî. Chants de Sol, p. 180).
Les Scythes' du commun, après leur décès , étaient conduits sur
un char chez tous leurs parents et amis, lesquels, l’un après l’autre,
donnaient aux gens du convoi un repas funèbre (Hérod., IV, 9).
Les tombeaux étaient probablement creusés à l’endroit où le défunt
avait expiré (v. Lucien, Dandamis et Amizokès). Après l’enterrement,
les personnes qui avaient fait partie du convoi funèbre se
purifiaient par des fumigations de graines de lin ou de chanvre
(Hérod., IV, 75), parce qu’elles croyaient avoir contracté des souillures
par le maniement et de contact du corps du défunt. Ensuite
commençaient les lamentations et le deuil qui consistait à se
couper les cheveux et à se mutiler, soit la figure, soit les mains.
‘ Cf. Lenormànt, M ém . s u r le s A n t iq u it é s d u B o sp h . c im m é r ie n .
b. Les Sacrifices chez les Peuples de la branche gète.
§ 1§4. lies Conseillères tin Sanctuaire; les Fêtes
«inintiuennales. — Dans les choses intellectuelles et morales,
comme dans les choses physiques, se développer c’est se dédoubler
et se spécialiser. Plus une chose se développe, plus les parties, qui y
sont renfermées virtuellement, se dédoublent et se spécialisent extérieurement.
Chez les Gètes le Sacerdoce était, d’un degré, plus développé
que chez les Scythes. En effet, tandis que, chez les Scythes,
la sacrificature seule s’était séparée du sacerdoce, représenté par le
Chef de tribu ou le roi, nous voyons chez les Gètes , d’un côté, le
sacerdoce séparé de la royauté (v.’p. 273), et, de l’autre, la sacriji-
caiure séparée du sacerdoce. A côté du roi grand pontife, il y a les
familles sacerdotales, et ces familles sacerdotales laissent aux
Femmes Viclimaires les fonctions de la sacrificature. A la Tuerie
d’hommes, établie chez les Scythes, succèdent, chez les Gètes, les
Conseillères du Sanctuaire (alhi-hrunas, v. p. 217). Chez les Scythes
la victime était ou étouffée ou frappée avec le glaive (v. p. 277) ;
le même usage se retrouve chez les Gètes; et c’est probablement
de cette-époque que date, dans les langues gètes, l’emploi du
terme de étouffer (ail. würgen) pour dire égorger.
Les Fêtes majeures étaient, soit triennales, soit quinquennales.
A l’époque où les différentes branches de la race iafétique se
sont différenciées et séparées les unes des autres, elles avaient
déjà l’habitude de compter, les unes par trois, les autres par
cinq. L’habitude de compter par trois était la plus ancienne,
et c’est pourquoi trois et les multiples de trois sont généralement
usités dans les plus anciennes traditions et dans la plupart des
mythes des peuples iafétiques. De la numération par trois est née
celle par douzaines, qui fut préférée et maintenue principalement
par les peuples kimméro-keltiques. La numération par cinq est dérivée
naturellement des cinq doigts de la main ; et comme les noms
de nombre primitifs désignaient, dans l’origine, des choses physiques
composées d’autant de parties qu’il y avait d’unités dans ces
nombres, le mot cinq (panka ; cf. ail. die fange), dans'les langues iafétiques,
signifiait originairement main. De la numération par cinq
est née ensuite celle par dizaines, qui était usitée chez la plupart des
peuples de race iafétique. Les Scythes gardèrent longtemps une