
Je ne sais si je me trompe, mais ce qui précède explique
ju sq u ’à certain point l’absence ou la ra re té des
restes humains dans le diluvium de nos pays du nord (1).
Les animaux, sau f quelques espèces, ne résisten t pas
plus que l’homme à un froid excessif et, comme lui, ils
le redoutent ; mais les hommes o n t pu faire ce que les
animaux ne font pas : ils o n t prévu le d an g er et ils se
sont éloignés av an t que le froid ne fût devenu extrême,
esp é ran t tro u v e r ailleurs un climat moins rigoureux.
soumis à ces alternatives à longue période de chaleur et de refroidissement,
et quelle influence le refroidissement de la lune
peut avoir sur la terre.
(1) Depuis qu’on a commencé cette impression, de nombreuses
notices et brochures ont encore paru en France, en Suisse en Angleterre
, e t c . , sur cette question si grave de l’ancienneté de
l’homme. Parmi celles qui nous sont parvenues, nous citerons:
Les C e ltes, les A rm o r ic a in s , les B r e to n s , par le Dr E. Halleguen ; —
A r te fa c ta a n tiq u is s im a . G eo lo g y in i t s r e la tio n s to p r im e v a l man,
par M. Henry Duckworth, esq. Liverpool, 1860.
La B ib lio th èqu e u n iv e rse lle de ju ille t 1860, n° 31, pages 193 et
suivantes, contient deux articles très-remarquables: l’un de M. E.
Lartet, lu à l’Académie des sciences le 19 mars 1860, a pour titre:
L ’an c ien n e té g éo lo g iqu e de l’espèce huma ine d a n s l’E u r o p e occid
e n ta le ; l’autre, in titu lé: E x is ten c e de l’homme su r la te rre antérieu
rem en t à l’a p p a r itio n d e s anc iens g la c i e r s , est de M. Ed.
Collomb.
Aux savants français et étrangers que nous avons c ités, nous
devons ajouter : feu le président Ledict-Duflos ; M. A. de Long-
périer, de l’Institut; le comte de Yiel-Castel, conservateur au
Louvre; MM. les professeurs J.-B. Noulet et Leroy de Mériconrt;
le Dr Reuter, directeur de la Société d’archéologie de Nassau;
M. J. Arneth, directeur du cabinet impérial des médailles à Vienne;
l’amiral W. Smith; MM. Daniel W ilson , Éveret, Joseph Mayer.
Cette dépopulation des Gaules, en ce qui concerne
notre espèce, a donc pu d u re r longtemps, même ap rès le
retour des au tres races : on a vu que les restes h umain s
n’étaient pas beaucoup plus communs dans les to u rb ière s
qui p o u rtan t contiennent, comme le diluvium, des masses
d’ossements d’animaux. Cette d isproportion n ’est pas
purement locale, il en est ainsi à peu près p a rto u t, et ce
n’est que lorsqu’on se rapproche de la superficie ou de
la civilisation que la balance se ré ta b lit et, su r quelques
points, semble pencher en n o tre faveur. Mais cette su prématie
du nombre n ’a p p a ra ît qu’à l’époque h isto riq u e :
précédemment et dans l ’é ta t sauvage, la multiplication
des animaux é ta it à la fois plus gran d e et plus rap id e
que celle des hommes. Si l’on en juge à la masse de leurs
os, il est des familles de mammifères qui ont fourni à
elles seules plus d ’individus que n ’en p ro d u isit jam ais
l’espèce humaine.
11 en résu lte que si l’on rap p ro ch a it le nombre d ’hommes
de celui des quadrupèdes nés depuis la co ntemporanéité,
la race humaine ne formerait pas la cent millième p a rtie
de ces seules espèces. Si ce calcul est exact, il n ’est pas
étonnant qu’on découvre si peu d ’hommes dans les te r rains
a n c ie n s, c a r on n’en doit ren co n trer q u ’un su r
cent mille d’au tre s mammifères.
En considérant ces révolutions de n o tre t e r r e , ces
races y succédant à d ’au tres races, ces a ltern ativ es de
dépopulation et de repeuplement séparés p a r des époques
de solitude qu’indiquent assez ces couches dépourvues
de débris organiques, on se demande si ces révolutions
sont les p remières, si, sous ce sol exploré, il n ’y a pas
un au tre sol, et sous celui-là, un sol plus vieux encore.
Le rayon de la te rre a six mille sep t cent so ix an te -d ix -