
jugea nécessaire de la leur interdire (v. § 188). Dans les climats du
Nord qui n’étaient pas favorables à la culture de la vigne, le vin
était une boisson tellement rare et chère que les Scandinaves le
considéraient comme la boisson du dieu suprême Odinn (v. § 117),
et ils lui substituaient, pour leur usage journalier, l’hydromel (norr.
t miôdur) et la bière (norr. bior). Les peuples de race scythe ont eu,
de tout temps, la réputation d’être de grands buveurs. Les Grecs,
pour dire àoire beaucoup, se servaient de la locution de boire comme
un Scythe (Ai'ist., Probl. III, 7; Hérod., VI, 84; Anakr., Ode 55), ou
de skulhiser, et encore aujourd’hui, en France, on dit dans le même
sens, boire comme un Allemand, comme un Polonais. Les festins ou
repas de sacrifice portaient le nom de compotaiions (norr. dryckior).
Les Normands disaient boire la noce (drëcka brûdhlaup) pour cêlé-\
brer la noce. Comme pouf célébrer dignement les dieux et les 1
hommes, il fallait boire beaucoup en leur honneur, aux çompota-
tions assez nombreuses dans l’année, ces peuples prirent 1 habitude
de boire oidre mesure (v. § 188). D’ailleurs tous les jeux et
amusements étaient chez eux un moyen d’éprouver ce qu on estimait
le plus dans rhormne, savoir la force physique. Aussi, dans
les compotations jugeail-t-on de la force corporelle d’un individu
d’après sa plus ou moins grande aptitude à boire vite et beaucoup.
Ainsi le roi slave Vasily n’admettait parmi ses compagnons d armes
que les individus qui étaient les plus capables de sabler les cornes
à boire (norr. drinkhorn). Il y avait chez les Normands un jeu
ou une joute qui consistait à vider, d’un trait et le plus vile pôs-
sible, un vase à boire d’une grande contenance, et cette joûle
subsiste encore en partie dans les compotaiions ou commerces des
étudiants allemands (v. Les Aventures de Thôr, p. 24).
§ 58. Ii’lialiillement et les armes. — Les Scythes, les
Gètes et les Scandinaves portaient une espèce de culotte (Ovid.,
Trist., V, 7, 49), qu’ils appelaient la Fourchue (scythe bruka; cf.
gr. braka; lat. bracca;y. h. ail. brocha; anglos. brcek; norr. brôk)\
ou la Fourchue des cuisses (scylh. luh-bruka; cf. lûbrûkas, Isidor.A
Etym.,XIX, 22; anglos. deoh-brelt; angl. thigh- breeches; luh = ail.
dick-bein), ou la Couvre-jambe (scyth. skalu-vara; cf. slav. sclial-
vary; pol. schar-vari; pers. schal-vara; arab. sir-vùl; b. lat., sara-
bara; esp. cer-oulas; gr. skelos, cuisse). Cette culotte, qui était aussi
usitée chez les Mèdes, et qui se voit encore aujourd’hui chez lus
paysans du Nord, était en bourre, et plus généralement en peau.
Le roi danois Ragnar (v. p. 69), qui mettait sa braie de manière
à avoir le poil de la peau à l’extérieur, reçut, à cause de cela, le
surnom de Lôd-brôk (Braie velue). La partie supérieure du corps
était couverte d’une tunique sans manches, en peau de renne <ta-
randus; v. Hesychius), ou plus communément en peau de bouc (v.
Jul. Pollux, 7, 70); aussi les Scytho^Grecs, pour celte raison, donnaient
ils a cette tunique le nom de sisurna (p. sisurina, de sisuros
ou siluros, ou satyros, bouc). Cette tunique était serrée au milieu
du corps par une ceinture (v. Grimm, Gesch. d. d. Spr., p. 152),
à laquelle étaient suspendus une gourde (Hérod., IV, 9,10) et un
coutelas.. Par-dessus cette tunique les Scythes mettaient quelquefois
un petit manteau lait de plusieurs cuirs chevelus ou scalps
arrachés aux têtes de leurs ennemis vaincus (Hérod., IV, 64). Sur
I la tête, qui était garnie d’une épaisse chevelure qu’on ne coupait
| jamais (v. p. 104), les Scythes portaient une espèce de calotte en
cuir (gr. kurbasia; Hérod., VII, 64), comme en ont encore aujour-
dhui les paysans islandais; ils portaient au menton une barbe
mince et courte (Luc. Anacharsis, 6, 34),
Comme les Scythes et leurs descendants étaient des peuples essentiellement
guerriers, l’armement faisait aussi partie de leur
I habillement ordinaire. L’on peut, jusqu’à un certain point, se faire
1 une idée de cet armement, soit d’après le costume guerrier que
■ les artistes grecs ont donné aux Amazones, qu’ils représentaient
1 comme des guerrières scythes (v. Les Amazones, p. 25), soit d’après
1 le costume des guerriers gèles, tel qu’on le voit représenté sur la
I colonne Trajane. La coutume qu’avaient les Scythes de porter lou-
1 jours a la ceinture un coutelas (gr. sangaris ; sansc. khangaras ; arab.
■ handjar; lith. zagaraï) se transmit aussi aux Germains (cf. sax; v.
■ P- 32) et aux Scandinaves, et se maintint jusqu’à nos jours chez
1 quelques paysans de la Suède (cf. Knifs-herrar). L’arme principale des
9 Scythes, des Gètes et des Scandinaves était l’arc avec les flèches.
I aie scylhique avait une forme particulière que nous ont fait eon-
| naître les auteurs anciens (Am. Marcel., 22, 8; Strabon, 2, 125;
I Plin., H. N., 4, 24; Théocrit., Idyll., 13, 25). Leurs carquois étaient
s ordinairement recouverts de la peau arrachée au bras droit d’un
1 onnemi vaincu et tué (Hérod., IV, 64). Les Scythes étaient d’habiles
I archers, et renommés surtout comme excellents hippotoxotes ou