
naves {pt60f: Cependant la culture de la terre ne put devenir plus
générale chez les Scythes que lorsque ces peuples abandonnèrent
de plus en plus la vie nomade. Comme 1 agriculture était toute
nouvelle chez êux, les laboureurs se considéraient naturellement
comme les plus jeunes de la race Scythe, et se disaient, pai conséquent,
les descendants du plus jeune des trois fils de Targitavus
(y. p. 82) que la tradition, qui sans doute avait eu vue cette descendance
même, désignait sous le nom de Prince au char, ou Prince
à la charrue (Kola-skaïs; Hérod., Kola-ksaïs; sansc. Hala kchayas,
norr. Hiul-skae). La tradition rapportait également avec une intention
marquée, que Kola-ksais seul savait manier le Soc d or ardent (cf.
le couteau d’or de Djem-chîd) qui était tombé du ciel, tandis que
ses frères, l’aîné nommé le Prince au bouclier (Hérod., Hleipo-\
ksaïs, norr. Hlifar-skae ou Hlifar-skati ; cf. lat. clypeus), et le
puiné nommé le Prince aux flèches (Hérod., Arpo-ksaïs; sansc. arva-
kchayas; gr.- pers. Arba-kès; norr. orvar-skae), lorsqu’ils voulurent
toucher au soc ardent, se brûlèrent les mains; ce qui devait
énoncer que les Scythes guerriers, représentés par Hleipo-skaïs,
et les Scythes nomades, représentés par Arpo-skais, ne réussirent
guère dans l’agriculture, et préférèrent au maniement du soc le
maniement des armes, par lesquelles ils devinrent les maîtres des
Scythes laboureurs représentés par Kola-skaïs.
C’est principalement par l’agriculture, et par le genre de vie qui
en fut la conséquence, que les Scythes de la branche skolote se
différencièrent des Scythes de la branche sarmate, et que s’opéra
chez ceux-là plus facilement la transition de l’état barbare à l’état
plus civilisé. Les Scythes-Sarmaies, toujours à cheval comme chasseurs
nomades et comme guerriers, conservèrent, il est vrai, plus
longtemps que leurs frères, les Skololes, lè caractère indépendant et
chevaleresque de leur race; mais les Scythes de la branche skoloïc,
s’accoutumant peu à peu, par l’agriculture, à l’ordre, à la persévérance
et au travail, arrivèrent plus tôt que les Scythes sarmates
à l’état civilisé, et par là acquirent, longtemps avant eux, quelque
importance dans l’histoire du Monde ancien.
§ 56. l ’agriciiUiire et la propriété immobilière-
— .Les'Scythes, et même encore leurs descendants les peuples
gètes, par suite de leurs moeurs nomades, ne connurent longtemps
pas la propriété immobilière. Ils cultivaient la terre sans
s’approprier le sol. Chaque année ils se partageaient entre eux, le
terrain labourable, et après la récolte ils l’abandonnaient comme
terrain libre (Horace, Carra., 3, 24). Cette culture de la terre séparée
de la propriété du terrain était un reste de la vie nomade, et
se maintint encore quelque temps, même chez les tribus germaines
et Scandinaves issues de la branche gèle. Mais bientôt ces peuplades,
arrivées, après de longues migrations, à des établissements fixes
dans leurs pays respectifs, ne se contentèrent plus, comme leurs
ancêtres, de recueillir seulement les produits annuels du sol; au
lieu de simples usufruitiers qu’ils étaient, ils se firent propriétaires
terriens. Dans l’origine, aussi longtemps que l’individu ne comptait
pas encore, comme tel, dans le droit social (y. § 60), celte
appropriation ne se faisait pas individuellement, par l’individu ou
à litre privé; elle se faisait collectivement par le peuple, au nom
de la marche ou de la tribu, puis au nom du village ; elle s’effectua
ensuite par la distribution du terrain communal entre les domiciliés
ouïes manants, et dès lors la famille fut substituée ou
subrogée à la tribu ou au village, comme propriétaire du sol. La
propriété foncière, de communale qu’elle était dans l’origine, devint
dès lors propriété familiale (norr. Ôdal; v. ail. uodil). Mais
comme chez ces peuples la famille était représentée d’abord par
le foyer mobile, et ensuite par le domicile fixe (v. § 125), la propriété
foncière se rattachait à la possession d’un domicile. Le domicile
fixe étant antérieur à l’acquisition de la propriété foncière,
celle-ci était considérée comme l’appendice ou comme le corollaire de
celui-là. Comme le domicile fixe, le menil ou le manoir (norr. buj
entraînait l’appropriation du sol, et donnait même, chaque fois,
droit à une part dans la distribution du terrain communal nouvellement
acquis, la possession d’un manoir devint la condition ou,
i comme on disait, la mère de la possession terrienne, et le nom de
I manants (norr. buandar) ou hommes domiciliés devint synonyme
j de propriétaires terriens, et dans la suite, par extension, synonyme
de laboureurs. Mais, de même que le manoir, cette première propriété
immobilière, était considéré comme la propriété, non dë
| l’individu qui ne comptait pas encore dans le droit social, mais de
la famille représentée par son chef, de même aussi la propriété
foncière, fdle du manoir, ne devint pas une propriété individuelle
(norr. lausa-fê, bien détaché), mais resta encore une propriété