
les peuples soumis aux Perses. Plus tard encore, les Persans* par
une allusion maligne au mot de s a k (p. s b a k , aboyeur, voy. § 79,
note), qui, dans leur langue, signifiait c h i e n , ont donné aux S a k e s le
sobriquet de S â k - s â r (Têtes de chien). A partir du quatrième siècle
à peu près avant notre ère, les H u k e s se répandirent davantage
vers le sud et s’établirent sur les bords de l’Indus. Ils essayèrent
même de pénétrer dans l’Inde, mais ils furent repoussés par V ik -
r â m â d i t y a s , roi d’Oudjayâni, qui, en mémoire de celte victoire remportée
sur e u x , prit le surnom honorifique de Ç a k â r i (ennemi des
Hakes) et institua Y è r e clés H a lte s (sansc. Ç a k à b d h a ) , qui date de
Tannée 56 avant Jésus-Christ, dans laquelle il avait vaincu ces nomades
guerriers. A la fin du premier siècle après Jésus-Christ, les
Ç a k a s , nommés J u d o -S c y th e s par les Grecs, occupèrent toute la partie
nord-ouest de l’Inde. Ils étaient à cette époque sous la domination
de leurs frères les P a r th e s (voy. Le Peripl. A’A r r h . ) . Lorsque
les Chinois furent entrés en rapport plus direct avec les Hindoux
par la religion de Bouddha et qu’ils eurent appris d’eux le nom de
Ç a k â s , ils l’exprimèrent dans leur langue sous la forme de H a -k a .
Au sixième siècle de notre ère, les Ç a k e s orientaux ou I n d o -S c y lh e s
passèrent sous la domination des H u n s , qui étaient de race ta-
tare-mongghole, et ils disparurent ensuite complètement de l’his
toire. Quant aux Sakés occidentaux, ils furent vaincus et subjugués
par Cyrus-le-Grand qui, en l'honneur de cette victoire, institua
les F ê le s S a k e s (gr. S a k a i a , \ oy. § 182). Il paraît même que
Cyrus, d’après l’usage adopté par les anciens conquérants, après
avoir vaincu les S a k e s , transporta plusieurs de leurs tribus dans
différentes parties de son empire, et que, par suite de cette mesure
politique, des tribus sakes s’établirent, comme colonies militaires,
en Arménie et en Carie et entrèrent dès lors en contact direct avec
les Grecs asiatiques.
Il ne paraît pas que les H e llè n e s aient connu les S a k e s sous ce
nom antérieurement au cinquième siècle avant Jésus-Christ. H é r o d
o te a sans doute le premier énoncé positivement l’identité de race
des S a k e s , ainsi nommés par les Perses, et du peuple que, de son
temps, les Grecs appelaient S k u le s ou S k u th e s . Cependant, suivant
l’érudit T z è t z è s , les Grecs auraient-emprunté le mot s a k o s (bouclier)
qui figure déjà dans H om è r e (l l i a d . 5, 126. Euru-sakès), au
nom même des S a k e s , lesquels , selon lui, seraient les inventeurs
I de cette arme défensive. Mais le nom scythe de H a k e s (sansc. Ç a -
I k â s , perse S a k a ) signifiait C a p a b le s et le mot grec s a k o s signifiait I p r o t é g e a n t et dérivait du même thème que les mots s a k o s (enceinte
I sacrée) et les mots norrains correspondants h a g i (haie, enceinte) et
I h ô g u ll (protégeant, cuirasse). Il n’y a donc pas de rapport entre
K le mot grec s a k o s et le nom des S a k e s , à moins qu’on ne trouve
m probable, ce qui ne nous paraît pas admissible, que le mot grec I sa k o s signifiait proprement et originairement l’arme s a k e .
§ 1 8 . l i e s S a li.e s X am o r a v i e s , l e s Safc.es A rm é n i e s e t
le s S a fc e s M a r e s— Il y avait entre l’Ane proprement dite et
I la Baktriane, une contrée arrosée par le M a r g u s (sansc. M a r u s ) , à
I laquelle les Grecs, depuis les temps d’Alexandre, donnaient le nom
1 de M a r g ia n e , qui correspondait sans doute à un nom scythe I M a rh a v a (cf. slav eM o r a v a ) . A l’est de cette Margiane ou Moravie,
1 habitaient des Sakes que leurs frères, les Scythes de la mer Cas-
I pienne, appelaient les d’au d e là d e la M o r a v ie (Z a -m o r a v i a s ; cf. vieux
I russe Z a - p o r o g , d’au delà des brisants; boh. Z a - m o r j , d’au delà
1 des mers). Les Grecs changèrent dans leur prononciation ce nom
■ de Z a m o r a v i e s , tantôt en H am u r g ie s (H é r o d ., VII, 64), tantôt en
■ A m o r r h a ïe s . C’est ainsi que le roi de la tribu scythe des D e r v îk e s ,
■ lequel fut vaincu par Cyrus-le-Grand, est nommé A m o r r h a ïo s (le
1 Zamoravie), sans doute parce qu’il était du pays des Zamoravies,
I et que ses sujets les D e r v ik e s lui avaient donne ce nom national,
I suivant l’usage, assez ordinaire chez les peuples d’origine scythe,
I de désigner ainsi leurs princes choisis dans une tribu étran-
: 9 gère.
Il y avait en Arménie un district particulier appelé par les Grecs
■ S a k a s èn e (voy. S t r a b o n , 1. XI) et qui s’étendait jusqu’à la mer Kap-
| | padoke (mer Noire). Ce' canton était ainsi nommé probablement
I d’après une colonie militaire (cf. sansc. ç a k a - s ê n a , troupe, garnison
I çake) formée de Sakes qui y avaient été transportés après la vic-
■ toire remportée sur eux par Cyrus. Du temps de la retraite des dix
jïm ille Grecs, il y avait en Carie, sur les bords de THarpasus, près
■s? du bourg de Knos, des S a k e s établis déjà en assez grand nombre
à pour que Xénophon pût les remarquer. C’étaient probablement
■ aussi des Sakes transplantés dans ce pays par Cyrus-le-Grand. Les
f Sakes Zamoravies, Arménies et Rares, après avoir abandonné les
i moeurs, la religion et la langue de leur race, se sont perdus au