
lads). Ce sont sans doute les mêmes peuplades que celles dont Hérodote
connaissait au moins une tribu qu’il a appelée Mantes-Noires
(Mélauchlaines), d’après le costume usité chez elles. Ce qui prouve
que les Fils de la terre ont habité les pays Scandinaves, meme avant
l’arrivée des Keltes, et par conséquent longtemps avant les peuples
issus de la branche gote ou gèle, ce sont d’abord les crânes, les
armes et les ustensiles qu’on découvre de temps à autre en Scandinavie
dans les plus anciens tombeaux, et qui appartenaient à des
hommes d’origine sabméenne. Ce qui le prouve encore davantage,
c’est que des hommes de cette race existaient déjà dans les îles et
les presqu’îles delà Scandinavie, lorsqu’arriverent dans ces régions
d’abord des peuples belles, et ensuite des peuples gotes, Ces peuplades
sabméennes occupaient même toute la zone austro-septentrionale
du pays appelé dans la suite la Kellique, et nommé plus
tard encore la Geimanie. Par suite de l’arrivée des Relies au centre
et au nord de l’Europe', les peuplades sabméennes furent rejetées du
sud au nord, c’est-à-dire des bords méridionaux de la Baltique
dans les îles et sur la presqu’île de la Scandinavie. Les Keltes pénétrèrent
même dans ces îles, comme le prouvent d abord les tombeaux
et les armes keltiques qu’on a trouvés jusque dans la Scanie,
et ensuite ce fait que, encore au premier siècle de notre ère, il
existait en Suède un peuple, les Sitones, et en Norvège le peuple
des Bnrgondes, qui l’un et l’autre, selon toute probabilité, étaient
d’origine gélo-keltique1. Ce sont aussi les Relies qui ont donné aux
Fils de la terre le nom de Finnes; car ce nom est entièrement
inconnu aux peuples de race sabméenne, et ne saurait appartenir
à leur idiome qui n’admet pas la consonne aspirée F. En langue
kellique Fion signifiait Blanc, et les Keltes ont désigné par ce
nom les Sabméens, soit parce qu’ils avaient la chevelure d un teint
clair, soit, plutôt, parce qu’ils habitaient la contrée blanche2, c’est-
à-dire orientale par opposition à la contrée noire (kelt. dubh) ou
occidentale par rapport aux Keltes. Le mol de F innes signifierait
donc Orientaux, et ce nom donné par les Keltes fut ensuite adopté
aussi par les Germains (cf, Fenni, dans Tacite, Germ.) et par les Goths
Scandinaves, pour désigner les peuples sabméens (norr. Finnar). *
* Voy. Les Peuples primitifs, p. 48.
1 C’est ainsi que les Hindoux et les Perses assignaient la couleur blanche a
l’Orient et la couleur noire à l’Occident.
Déjà avant l’arrivée des peuples de la branche gèle dans la
Scandinavie, les Finnes.primitifs, qui avaient été chassés des bords
septentrionaux de la mer Baltique par les Keltes, avaient encore été
1 poussés davantage vers le nord par leurs propres frères les Finnes
I de la branche cadette. Dès lors les peuplades sabméennes de la
branche aînée furent confinées dans les régions septentrionales de
la presqu’île Scandinave. C’est là qu’elles sont tombées en décrépitude
, et ont eu pour descendants les tribus laponnes qui y vivent
| encore aujourd’hui.
§ SI. lies marchands phéniciens, grecs, scythes et
keltes dans la Baltique. — Au sixième siècle avant notre
I ère, les pays compris plus tard sous le nom de Scandinavie
I étaient pour les Grecs encore entièrement couverts, comme on
I disait, des ténèbres kimméries et hyperborées. Mais ils étaient déjà
I plus ou moins bien connus, d’abord des marchands phéniciens, qui
I entraient avec leurs navires dans la mer Baltique pour y chercher
I le succin, ensuite des marchands scythes qui allaient, par le che-
I min de terre, de la mer Noire à la mer Baltique également pour y
I recueillir Y ambre (scyth. sakiru, v. Les Scythes, p. 2-7), et enfin
I des Keltes, qui étaient appelés Hyperborées par les Grecs 1, et qui,
| avant l’arrivée des peuples de la branche gèle dans la Germanie ,
I étaient répandus dans les pays situés entre la Thrace au sud et la
K mer Baltique au nord. Au cinquième siècle, Hékatoeus, deMilet,
1 apprit, probablement par des marchands scythes, l'existence de la mer
K Baltique qu’il nomma, comme eux, la Mer au petit-lait (scythe
I malki, ail. molke; gr. amalki), parce qu’elle avait été ainsi appelée
i par les Scythes, sans doute à cause de la couleur verdâtre des eaux
I marines qui ressemblait à celle du petit-lait de leurs cavales. Héka-
K toeus apprit également l’existence, dans cette mer, d’une île grande,
I à ce qu’on disait, comme la Sicile (cf. Diod. de Sicile, II, c. 47).
1 Dès lors leur horizon géographique s’étant étendu, les Grecs se
I figurèrent placés dans cette île lointaine les Hyperborées, qu’ils
I avaient toujours considérés comme occupant l’extrémité septen-
I trionale de la terre. Le nom de Mer amalke, selon la prononcia-
I tion des Grecs, fut appliqué, dans l’origine, plus particulière-
I ment aux deux baies qui formaient le golfe de Mentonomos (au-
I jourd’hui le Curisch-Haff et le Frisch-Haff), et qui étaient mieux
‘Voy. Les Peuples primitifs, p. 46.