
à l’instar de l’enseigne, qui, dans le combat, s’élevait au milieu
d’un Couvert de boucliers, et qui était portée par le Chef de la troupe
entouré de ses fils et de ses plus proches parents (v. Ynglinga-
saga, chap. 25). Aussi la Halle-des-Qccis (norr. Val-hôll) fut-elle assimilée,
par les Skaldes et par Snorri (v. Gylfaginning, c. 3), à un
Furl-de-boucliers ou à un Prolège-cadavres, non-seulement parce
qu’elle était censée avoir un toit de„ boucliers, mais encore parce
quelle était le Séjour des Occis, et ressemblait, par conséquent, à
un de ces grands tombeaux où., comme on croyait, séjournaient
les princes-héros après leur sanglant trépas.
§ 190. lia R e n a is s a n c e .— La. croyance à la renaissance
ou au retQur des trépassés dans çette vie, croyance qu’un divin de
Skahnoskis avait prêchée à ses compatriotes (v. p. 285), passa des
Gèles à leurs descendants les Scandinaves., et se maintint, chez eux,
jusqu’à leur conversion au christianisme. Voilà pourquoi la tradition
norraine rapporte que le fils héroïque de Hiôrvard, Helgi,
surnommé la Perte des descendants de Hati (norr. Hatingia-Skadi);
après avoir été l’époux de la Valkyrie Svava, fille,d’Eylimi, mourut,
et revint plus tard au monde par une nouvelle naissance ,.dans l,a personne
de Helgi, surnommé le Tueur du. fils de Hund (norr. Hun-
dings-bani), lequel épousa la Valkyrie Sigrûne, qui, elle aussi,
était l’ancienne Svava revenue à la vie ou née de nouveau (norr.
endr-borin). Ce Helgi, Tueur du fils de Hund, mourut à son tour, et,
renaissant ensuite, il fut Helgi, surnommé la Perte des fils de Haddr
(norr. Haddingia-Skadi), et il épousa Kara, fille deHalfdan, laquelle
fut la même que Sigrûne et Svava (cf. Les Chants de Sol, p. 93).
De même que -les Gètes avaient eu l’habitude de banqueter en
l’honneur des trépassés, dans la persuasion que les morts renaîtraient
plus tard de nouveau et reviendraient dans cette vie (v. p. 286),
de même leurs descendants, les Scandinaves, faisaient, après les funérailles,
un repas funèbre (cf. gr. nèkusion; lat. parentale). Dans cé
repas se confondaient à la fois : 1° le repas de sacrifice, célébré anciennement
à l’occasion des funérailles qui étaient assimilées à une
consécration ou à un sacrifice ; 2° le repas funèbre, célébré en l’honneur
du défunt et en vue de son heureux, retour dans cette vie;
enfin 3° le repas d’inauguration de l’héritier du défunt, qu’on appelait
la compotation d’héritier (norr. erfi-dryck), parce que c’est, dans
ce festin, que l’héritier fut déclaré le successeur du défunt.
CHAPITRE XXL
D. LA D I V I N A T I O N ,
a. La Divination chez les Scythes.
§ 191. lies différentes espèces de divination. —
Lorsque les dieux, de zoomorphes qu’ils avaient été dans Porigine,
furent devenus anthropomorphes, et que les phénomènes de la nature
ou les événements de Yhisloire furent considères comme produits
par leur volonté, les hommes tâchèrent de connaître d’avance
cette volonté, dont ils croyaient que dépendrait leur bonheur ou
leur malheur. Il n’y avait, comme on le supposait, que les hommes
divins qui pussent être initiés aux conseils secrets des dieux, et auxquels
ceux-ci voulussent faire connaître, par Y Inspiration, leurs volontés.
Les Inspirés portaient, pour cette raison, un caractère sacerdotal
et mystique ; ils passaient pour des hommes chéris des
dieux dont ils étaient les Prophètes; et le peuple, qui leur attribuait
des inspirations surnaturelles, les écoulait et leur obéissait avec
un saint respect. Les Scythes n’avaient pas des Inspirés; ils n’avaient
encore que des Divins ou Devins, qui suppléaient à l’inspiration
et à la prophétie par l’art de la Divination (v. p. 150). Les
chefs de tribu et les rois, en leurs qualités de fils des dieux (v.
p. 272) et de pontifes suprêmes (v. p. 273), étaient proprement
des Divins; mais comme, pour pratiquer la divination, il fallait posséder
un certain art ou certaines aptitudes, les rois se déchargèrent
de celte fonction sur les prêtres ou Divins du Dieu du soleil,
lequel, comme dieu de l’intelligence, présidait aussi à la Divination
(v. p. 195).-
Chez les Scythes on pratiquait principalement deux espèces de
divination : la divination par le chaudron et la divination par les
flèches. La divination par le chaudron était principalement usitée
dans les sacrifices, comme Yaruspicina chez les Romains. La Tuerie
d’hommes (v. p. 275) prédisait les événements d’après la couleur,
l’évaporation et la coagulation du sang des victimes recueilli dans
le chaudron (cf. norr. hlauibollr, bol de sacrifice). Ce chaudron,
étant ainsi non-seulement un ustensile de sacrifice, mais aussi un
instrument de divination, était considéré par cela même comme un