
terre qui était orientée de la même manière que lui, était la condi
lion (la mère, v. p. 93) de toute propriété foncière (v. p. 92) et le
loyer commun ou paternel de la famille.
d) La Famille, la Tribu et la Nation.
§ ©O, Idée et constitution de la Famille. L idée de
famille se déduit, dans l’Antiquité, de trois notions : de celle de
génération, de celle de propriété et de celle de domicile. Bien que la
famille, en tant qu’elle a pour base, dans l’origine, la naissance
ou la génération, soit la même chez tous les peuples, elle a piis
cependant, selon les climats, et selon les races et leur genre
de vie, des caractères différents. De même que les Romains, les
Scythes et leurs descendants considéraient la Famille d’abord au
point de vue du domicile ou de la participation au même foyer
(scyth. tavili, foyer, famille, v. § 142; lat. familia, tenant du
foyer; cf.gr. ihumelè, foyer), et ensuite comme une association
naturelle d’hommes unis par la communauté du sang et comme
un chaînon dans la continuité directe des générations. Elle se composait
donc, proprement, du générateur ou du père et des engendrés
ou enfants. A ce point de vue, la femme-mère, étant seulement
l’instrument de la génération, n’appartenait pas, proprement, à la
famille de son mari; elle était naturellement de la famille de son
père, et devenait, par adoption seulement la fille (ail. Schwieger-Toch-
ter, fille d’adoption) de son beau-père, et par achat la propriété
de son époux. La famille étant ainsi considérée, et la femme-mère
étant placée en dehors de la race, la conséquence en fut que d’abord
la promiscuité, qui ne portait directement aucune atteinte à la race,
fut permise chez les Scythes {Hérod., 1,216); que, par suite, la po-
lygamie fut usitée chez leurs descendants, surtout dans la classe
des Nobles qui pouvaient entretenir plusieurs femmes, et que les
droits de la femme à la propriété et à l’heritage (lesquelles 1 une et
l’autre se rattachaient intimement à la famille) furent excessivement
restreints dans la législation, la coutume ou le droit coutumier
de ces peuples. Le mariage, en devenant monogame, surtout
chez les tribus agricoles, contribua à étendre les droits et ù améliorer
la position sociale des femmes. Le mariage, reposant sur les
droits réciproques des conjoints (norr. hiôn, cf. hei-mr, domicile; ail-
hei-rad, mariage), se régla de plus en plus, non par suite de 1 émer
gence de l’idée plus pure de la famille, mais par l’intérêt qu’avait
le père de la femme à assurer à sa fille des avantages plus réels.
Aussi ce fut dans les familles nobles et riches, qui formaient, en
quelque sorte, les pôles de la société, que le mariage se régularisa
d’abord dans l’intérêt de l’épouse.
Les enfants, quelle que fût leur mère, faisaient partie de la famille,
du moment que leur père les avait reconnus comme siens. Le
père pouvait faire tuer ou exposer le nouveau-né; mais dès qu’il
l’avait reconnu comme lui appartenant, il se devait à lui-même de
le protéger comme son héiitier et son successeur. Aussi le nom de
père (goth. fadar, sansc. pilr) signifiait-il proprement, non pas générateur,
mais protecteur. En sa qualité de protecteur, le père était
naturellement aussi le maître de ses enfants, et ceux-ci étaient ses
serviteurs nés, mais des serviteurs libres (d. lat. liberï), des domestiques,
et non des esclaves. Comme les rapports de maître et de
serviteur se confondaient avec ceux déjà famille, les mêmes noms
servaient, dans les langues d’origine Scythe, à exprimer ces deux
rapports (cf. v.all. encho, suivant, serviteur, fils; cf. lat. ancus; v. ail.
enchil, petit-fils, petit-serviteur, messager; cf. gj\ angelos, etc.).
Le père étant considéré comme le supérieur de ses fils, ceux-ci
devaient se glorifier d’avoir un tel père, et ajoutaient par conséquent
à leur nom l’épithète de fils d’un tel (cf. Maduas, fils de Proto-
lliuas; Snorri, fils de Slurla). Mais le père ne pouvait tirer aucune
gloire de l’illustration de ses fils, ou se dire Père d’un tel, comme
le faisaient ceriains peuples, enire aulres les Arabes (cf. Abou-
Bekr, Père de la Vierge). Les fils n’ajoutaient jamais à leur nom
celui de leur mère, comme c’était l’usage chez quelques peuples
kimméro-keltiques, à moins que la mère ne fût une femme illustre
(Ex. Ingiald, fils de Thora). Parmi les fils de la famille, l’aîné jouissait
de plusieurs avantages sur ses frères plus jeunes. En l’absence
du père, il le remplaçait comme protecteur et tuteur naturel de
sa mère, ainsi que de ses frères, dont il était, en tout état de cause,
le souteneur (brodur, v. p. 77); il était le représentant de la famille,
et sa race, étant la race directe, était aussi la race par excellence
(norr. adal), la race véritable (norr. oeil; cf. ail. echl).
§ 6t. Idée de la T rilm et de la l a t io n . — La Tribu
(goth. thiod, kuni; lat. gens) était l’extension de la famille ou l’ensemble
des familles sorties d’une seule et même famille primitive.