
elles furent attribuées au dieu des eaux et du soleil nommé Cha-
guneis (Utile; norr. Iloehir; cf. sansc. Çakunas); et quant au feu
céleste ou à la foudre, elle fut attribuée à un dieu nommé Chlothurs
(Ardent; norr. Hlôdurr) ou Veihs (Sacré), et qui était également né
du dédoublement de Firgunis. De toutes ses attributions comme
dieu de l’orage, il ne resta donc à Firgunis, dans le culte des
peuples de la branche gète, que son attribution de fécondateur ; et,
dans la suite, sa fécondation ne fut pas considérée seulement par
rapport à la terre, mais surtout par rapport aux hommes et aux
animaux. Firgunis qui, dans l’origine, avait été le dieu de la pluie
fécondante de l’orage, devint ainsi le dieu de l’acte fécondateur de
la génération, et en cette qualité, il fut représenté avec les insignes
symboliques du dieu Priape.
Le dieu Vâthus (Agité, Vent) qui s’était formé du dédoublement
de Tivus (v. p. 155), et à qui furent attribués les vents d’orage qui
avaient été d’abord dans les attributions de Firgunis (v. p. 160),
devint par cela même le dieu des vents orageux, principalement de
ceux du printemps. En cette qualité, il est considéré comme Yamant
de la déesse de l’été Skalmoskis (géto-gr. Zalmoxis), qu’il délaisse
pendant toute l’année, pour parcourir le monde, et qu’il ne revoit
qu’au printemps nouveau. Aussi, regrettant son absence, verse-t-
elle des larmes d’or, symboles des pluies précieuses qui font naître
les moissons dorées. Vâthus était le dieu de l’orage considéré, non
comme tonnerre ou foudre, mais comme agitation de l’air; et pour
exprimer mieux l’impétuosité de la tempête, on donna à Vâthus le
nom plus expressif de Vâihans (Impétueux, Furieux). Bientôt, ce
dieu se dédoublant, il y eut deux divinités, l’ancien Vâthus (norr.
Odhr) qui s’effaça de plus en plus dans la suite, et le nouveau dieu
Vâihans (norr. Odhinn) qui, recueillant toutes les anciennes attributions
de Tivus, et y joignant encore de nouvelles, devint bientôt
le Dieu suprême dans la my thologie des peuples de la branche gèle.
En effet, comme dieu de la tempête ou de l'orage, Vâihans devint
aussi le dieu des combats (p. 157), et effaça de plus en plus, comme
tel, l’ancien dieu de la guerre Tius (scythe Tivus-Kaizus), qui se
maintint cependant encore, avec quelques attributions guerrières,
dans la mythologie des descendants des Gètes, sous le nom de
Tyr et de Zio. De même qu’autrefois Tivus, comme dieu des combats,
avait été représenté par le signe symbolique du dard (scythe
kaizus), Vâthans, en cette même qualité, fut aussi représenté par
le glaive (gèt. herus; norr. hiôrr; v. Les Chants du Sol, p. 170), et
figuré armé de la lance (gêr; norr. geir) nommée Gungnir. Ensuite,
comme dieu des combats, Vâihans devint, comme l’avait été autrefois
Tivus (p. 157), le Dieu suprême; et comme dieu suprême ou
chef des dieux, il devint également le Père des dieux et des héros,
et par l’intermédiaire de ceux-ci, le père des hommes en général.
Aussi, de même que Tivus avait porté le surnom de Aïeul (Pappaïus),
de même Vâthans fut-il surnommé le Père universel (gète All-
fadar). Comme Chef des dieux, Vâthans forma une espèce de Trinité
avec les deux divinités les plus importantes après lui, avec le
dieu des eaux et du soleil nommé Chaguneïs (Aimant-Futile) ou
Vili (Agréable), et avec le dieu de la foudre nommé Chlôdurs (Ardent)
ou Veihs: (Sacré).' Les dieux dé cette Trinité Vâihans (norr.
Othinn), Vili et Veihs (norr. Vê), furent considérés quelquefois
comme des frères; mais généralement Vâihans passait pour être le
père de Chlôdurs.
Les peuples de la branche gète, dans leur contact avec les Thrâko-
Keltes, apprirent à connaître le mot de thonars~(kelte tanarus et
taranus; cf. Taracnus) qui désignait le tonnerre qui frappe, tandis
que Chlôdurs (Ardent) exprimait seulement l’idée des lueurs de
l’éclair. Aussi substituèrent-ils au nom du dieu de l’orage Chlôdurs
celui de Thonars comme plus expressif. Thonars (Hlôdurs; Veihs),
Vâihans et Haguneis (norr. Hoenir) ou Vili étaient les trois dieux
principaux, et ils ont continué de l’être encore plus tard, chez les
Scandinaves, sous les noms de Othinn, de Freyr (substitué à
Hoenir), et de Thôr (substitué à Hlôdurr).
c) T i u s , s e s d é d o u b l em e n ts e t se s h é r i t i e r s d a n s la r e l ig io n d e s G e rm a in s
e t d e s S c a n d in a v e s .
§ 90. Tyr et 2Kio. — Les tribus issues des peuples de la
branche gèle ont conservé, en Scandinavie et en Germanie, le souvenir
du dieu traditionnel Tius. Les Scandinaves le nommaient
Tyr, les G ermains du Nord l'appelaient Tin, et les Germains du
Sud l’ont appelé plus tard Zio. Comme déjà chez les peuples
gèles, Tius, par suite de ses dédoublements, avait perdu beaucoup
de son importance primitive comme dieu Ciel, ses représen*