
la Germanie orientale, et qu’elles adorèrent après qu’elles se furent
établies dans la Germanie occidentale. Ces Franks, appelés, d’après
leur dieu, Fils de Vols (ail. Volsinge), se fixèrent sur les bords du
Rhin, dans un bourg nommé Enclos de barques (Asci-burg ; cf. norr.
Nôa-tûn, Enclos de. Navires). Ils considéraient probablement leur
dieu éponyme Vols comme le fils de Frô (Seigneur) que les Germains
surnommaient, sans doute, Hlaiv-verls(Donne-pain ; anglos. hlâf-ord;
ail. laib-wirlh, v. p. 184); et c’est pourquoi ils lui érigèrent un autel sur
lequel fut gravé, en caractères rûniques qui étaient imités des caractères
grecs (v. p. 144), l’inscription suivante: A Voloss fils de Hlaiv-
verts. Les Romains établis sur le Rhin, ayant appris des Franks que
le nom de Voloss signifiait Errant, et voyant sur son autel des caractères
qui ressemblaient à l’écriture grecque, ont cru que ce héros
Voloss, dont le nom signifiait Errant, ne pouvait être autre que
le Symbole du Soleil errant, le héros grec Uluss(Ulysse), le fils de
Laïertès (v. Tacit., Germ., c. 5), qui avait longtemps erré sur toutes
les mers avant d’être arrivé sur les bords du Rhin, où, sans doute,
supposaient-ils, il sera devenu la souche des Volsings.
§ f £3. B a ld u r le Dieu de la ju s tic e ; so u (ils F or-
seti. — Baldur a hérité de son prédécesseur, le dieu gèle Skalmoskis,
l’attribution de Dieu des Lois ou de la Justice (v. p. 192).
Le rapport mythologique qui existait anciennement entre le Dieu
du soleil et la Justice, a laisse des traces dans les usages judiciaires
des Scandinaves et des Germains. En effet, d’après ces usages, la
justice ne pouvait être rendue que pendant que le soleil était en
course dans le ciel. Le juge siégeant au tribunal devait avoir la face
tournée au soleil, cette source de lumière, de pureté et de justice.
Le bouclier ou la targe (v. ail. targa; anglos. targ), ce symbole
du soleil (v. p. 18) et de la royauté (v. p. 33), était suspendu au-
dessus du siège du chef du jury; de sorte que aller à' la targe pouvait
signifier, chez les Germains et les Scandinaves, aller à l’assemblée
judiciaire. Ensuite le tribunal siégeait aux grandes époques de
l’année, c’est-à-dire aux grandes fêtes religieuses, et l’on profitait
du grand concours d’hommes, qui avait lieu lors de ces assemblées
religieuses et judiciaires, pour faire également le commerce, sous
la protection de la justice. L’endroit, tout autour ou tout près de
la place où siégeait le tribunal, se transformait donc chaque fois
en un champ de foire; et de même qu’au Moyen-âge chrétien, le
nom de la messe ou de l’acte religieux par lequel s’ouvrait la fête
religieuse, devint le nom même pour désigner la foire (ail. messe,
foire), de même, chez les peuples d’origine gélo-gote, le mot de
targe prit aussi la signification de marché (suéd. torg n. marché;
espag. trueco). De ce nom les Goths d’Espagne ont formé le verbe
trocar, d’où vient le verbe français troquer.
Dans la mythologie norraine, les attributions de Baldur, comme
Dieu de la justice, se spécialisèrent dans la personne de Forseti,
qui est le fils et le dédoublement de Baldur. Le nom de Forseti ne
signifie pas Président (ail. Vorsitzer), mais Proposant (ail. Vor-
selzer) du tribunal, c’est-à-dire proposant la décision judiciaire
qu’avaient à prendre ses assesseurs ou les jurés.
§ 131. lie Die» du soleil Freyr et ses noms épitlié-
tiques. — Les attributions de Skalmoskis, comme Dieu de la fécondité,
de l’abondance, du bonheur et de la bénédiction, passèrent,
dans la religion desGermains et des Scandinaves, aux dieux identiques
Frô et Freyr, qui n’existaient pas, sous ces noms, dans la religion des
peuples de la branche gèle (v. p. 192),- mais dont les noms furent
empruntés aux Slaves (v. Les Chants de Sol, p. 165), par les Germains
et les Scandinaves, pour être appliqués au dieu solaire qui
était le dédoublement et l’héritier de Skalmoskis. De même que le
dieu gète Skalmoskis avait eu le nom épithélique de Gebleïstis (Bénédiction),
de même Freyr eut celui de Blîdr (goth. bleiths; anglos.
blide, béni, gracieux). Les Scandinaves, en adoptant des Slaves
le dieu Pravys, sous le nom de Freyr, adoptèrent également, comme
consacré à ce dieu, le verrat Gullin-borsti (Soies-d’or), qui était à
la fois le symbole du soleil et de la fécondité, et devint plus tard
encore le symbole du Combattant (v. p. 193). Freyr, comme Dieu
du soleil, avait anciennement le nom épithélique de Verrat (Ifur),
comme le prouve le nom de Ifr-rodull (Rousseur du Verrat), par
lequel on désignait l’astre rouge du soleil. Freyr, ainsi que Skalmoskis,
était aussi un dieu héros, un dieu guerrier, un dieu combattant.
C'est encore à Freyr que fut appliqué plus tard, avec
quelques modifications, l’ancienne tradition d’après laquelle il était
dit que Skalmoskis, se faisant passer pour mort, se tint caché, pendant
trois ans, dans une loge souterraine (v. H é ro d 4, 94).
De même que Astrams (l’Étoile du matin) avait élé adoré par les
Gèles avec son père Skalmoskis (v. p. 194), de même le jeune dieu