
ou Héros, le symbole de cet astre, fut considéré, chez les Germains,
comme le Fils du Verrai ou de Freyr le Dieu du soleil. Aussi eut-il
le nom de Fils du Verrat [luvaring, lvrîng, lrîng; v. Grimm., My-
thol., p. 332). Ce Dieu-Héros Jvering passa de la mythologie des
Germains dans celle des Scandinaves ; et ceux:ci ne comprenant plus
la signification de son nom, le changèrent en celui de Eirîkr ou IUgr.
Le Dieu-Héros Rigr qui, d’après la mythologie norraine, présidait au
Matin et à l’Aurore, devint aussi le Symbole de l’Origine et du Commencement
des choses, et, comme tel, il fut opposé au dieu-héros
Loki, la personnification de l’Astre du soir et le Symbole du crépuscule
et de la fin des choses (v. p. 194). Ivering (norr. Rigr),
le Fils du Verrat ou du Soleil, se confondit, dans la tradition des
Germains, avec Irmin (Armin) qui, dans l’origine, avait été le dieu
Soleil lui-même (v. p. 184), mais qui plus tard devint Fils du Soleil,
et, comme tel, le père éponyme d’une famille de nobles1. Ensuite
Irmin, en se confondant avec lring (norr. Rigr), transitait à ce dieu-
héros ses attributions mythologiques. Or, Irmin était représenté
symboliquement par la Colonne du soleil ou par l’Arbre du soleil,
qui, l’une et l’autre, étaient les symboles de l’établissement et du domicile
(v. p. 184, note). C’est pourquoi lring (Rigr), s’étant confondu
avec Irmin, prit aussi, d'après celui-ci, le nom de Arbre du domicile
(norr. Heirn-thallr) ; et le dieu Heimdallr reçut à la fois les attributions
de Irmin et celles de lring (Rigr), comme le prouvent ses deux
noms, celui de Heim-thallr (cf. Ermen-dur) et celui de Rigr (lring).
Enfin, la Route royale ayant été,nommée Chemin d’Irmin (anglos. Ir-
men-gestrælle), d’après lechemin que parcourait chaque jour le Dieu
du soleil Irmin (gètelrmuns), de l’orient à l’occident (v. p. 194), il arriva
que, lring s’étant confondu avec Irmin, cette roule sur laquelle
se faisait la Chevauchée du roi (v. Michelet, Orig. du droit fr., p. 164)
lut aussi appelée, en Scandinavie, Route d’lring (suéd. Eriks-gata).
§ Odinn ou Woilsui héritier «le Skaliuoskis.
— Plusieurs attributions importantes de l’ancien Skalmoskis passèrent
aussi, dans la religion des Scandinaves et des Germains, au
dieu suprême Odinn ou. Wodan. En effet, étant devenu Dieu Suprême
(v. p. 163), Odinn fut considéré, par cela même, comme le
1 Le nom germanique de Arminius (p. Ærminius; cf. Hermun-dures) est forme
comme Svalius (p. 177), Pakpurius (p. 183), et signifie sans doute Issu d ’Ermin,
c’est-à-dire, Issu du Fils du Soleil,
Père des dieux en général e t, par conséquent aussi, comme le
Père des dieux qui étaient les dédoublements de Targilavus ou les
héritiers de Skalmoskis. Aussi Odinn prit-il, dans beaucoup de cas,
la place de ces dieux qui étaient considérés comme les Pères ou
Chefs éponymes des différentes nations germaniques et Scandinaves
(v. p. 191). Voilà pourquoi Odinn eut les noms épithétiques de Svidr,
deGaulr, de Geta{\. p. 186) qui, originairement, étaient des noms
épithétiques du Dieu du soleil [y. p. 182), et il devint de cette manière
le Père des Gèles, des Gantes, des Svenskes, etc. Aussi la plupart
des traditions généalogiques des Scandinaves et des Germains rattachent
elles à Odinn ou Wodan, par l’intermédiaire de ses prétendus
fils (savoir les dieux ou héros solaires, héritiers de Skalmoskis),
l’origine des différentes tribus Scandinaves et germaniques. C’est
ainsi, par exemple, que les anciens rois de Suède, les Ynglings,
sont dits issus de Yngvi-Freyr (v. p. 83), fils d’Odinn; c’est ainsi
encore que les anciens rois dânes ou Skioldungs, descendent également
d’Odinn par l’intermédiaire de son fils Skibldr (Bouclier),
le représentant et l’héritier de l’ancien Dieu du soleil Targita-
vus (v. p. 107), et le père de Dagr (Jour) ou l’aïeul de Dan (v.
p. 64).
Odinn succéda à Skalmoskis ou aux dieux solaires les héritiers de
celui-ci j non-seulement comme P ère des peuples, mais aussi comme
présidant à la Divination et à la Magie. En sa qualité de Chef et Père
des dieux il passa aussi pour le plus Sage d’entre eux, et, par conséquent,
pour le meilleur Devin et Magicien. Il prévoyait l’avenir
et il savait évoquer les morts. Il savait dévouer ou consacrer les
hommes (v. § 187) ; et il consacrait les héros à lui-même, c’est-à-
dire à son service. Ces Dévoués (cf. goth. gavaihlai, p. 46) furent
reçus parmi les Troupiers-uniques (norr. Einheriar) dans, la Halle-
des-Occis (norr. Val-holl). Ce qui prouve que cette consécration,
faite par Odinn, était imitée de celle que pratiquaient les prêtres
chez les Kimméro-thràkesou. les Druides chez les Kimméro-Keltes, c’est
le nom même de bianak par lequel on la désignait chez les Norrains;
car ce nom est évidemment emprunté à une hngmkeltique(cC gaël.
beannachd, bénédiction). Comme on guérissait les maladies et les
blessures par des Incantations et par des Opérations magiques, le
grand magicien Odinn, comme autrefois Skalmoskis (v. p. 186),
présidait aussi à la Médecine. C’est ainsi, par exemple, que Vôdan ,