
preuve manifeste de son immortalité , il eut soin de leur dire que
dorénavant il ne reviendrait plus dans cette vie, mais que, s’ils vou.
laient lui faire connaître leurs voeux, ils devaient, tous les cinq
ans, lui envoyer un messager' dans l’autre monde (Hérod., IV, 94).
Depuis celte époque, dit la tradilion, les Gèles crurent au retour
des défunts dans cette vie ou à la renaissance. Aussi Eustathius
(ad. Homer. IX, 66) rapporte-t-il, qu’instruits par Skalmoskis, les
Gèles sacrifiaient les morts, c’est-à-dire les dévouaient ou consacraient
aux dieux, et qu’ils banquetaient (c’est-à-dire faisaient gaî-
ment le repas funèbre) en l’honneur des trépassés, dans l’idée et
dans la persuasion que les morts renaîtraient plus tard ou reviendraient
de nouveau dans cette vie.
c. Les Sacrifices chez les Germains et chez les Scandinaves.
§ 186. lie Ministre sacrificateur. — Les sacrifices, 'tels
qu’ils étaient pratiqués chez les peuples germaniques et Scandinaves,
ne sont, en tout point, que la continuation de ceux qui étaient
usités chez leurs pères, les peuples de la branche gèle. Par suite de
l’influence du temps ou du développement naturel, les Sacrifices
proprementditsetles Consécrations se sont de plus en plus confondus
énsemble ; et les uns et les autres, au lieu d’être envisagés seulement
comme des dons faits à la divinité, furent considérés comme exerçant
une puissance magique sur la volonté des dieux. Mais si, d’un
côté, les sacrifices, dans cette période, portent généralement des
caractères plus développés que dans la période précédente, on retrouve,
d’un autre côté, dans les sacrifices, tels qu’ils sont usités chez
plusieurs tribifs germaniques et Scandinaves, la simplicité patriar-
chale primitive. Celte simplicité s’explique quand on se rappelle
que la plupart de ces tribus se sont séparées de leur souche gète, à
une époque où les Gètes n’avaient pas encore subi l’influence civilisatrice
de la Grèce et de la Thrace , et avaient encore conservé la
simplicité du culte de leurs pères les Scythes. La plupart des tribus
gei maniques et Scandinaves maintinrent donc, en le continuant, cet
état patriarchal primitif, et ne songèrent guère, dans les forêts de
la Germanie ou dans les montagnes de la Scandinavie, à beaucoup
modifier cet état traditionnel. Voilà pourquoi, tandis que, chez les
peuples de la branche gète, les sacrifices étaient faits par des
Femmes Viclimaires (alhi-rîmas), distinctes des sacerdotes ou des
familles sacerdotales, léfc fonctions de la sacrificature, chez la plupart
des tribus germaniques et Scandinaves, étaient encore remplies
par le ministre ou le divin (godi), assisté seulement de quelques esclaves.
Les Alhi-r-ûnes, qui antérieurement faisaient les sacrifices et
prédisaient l’avenir par l’inspection du sang et des entrailles des
victimes, ne conservèrent plus que cette dernière partie de leurs
attributions, et sous le nom de Femmes de vision (norr. spâltonor)
présidaient aux différentes espèces de divination (v. § 193).
Les Germains et les Scandinaves célébraient, outre les fêtes particulières,
trois grands sacrifices annuels: le premier au commencement
de l’année, c’est-à-dire au commencement de l’hiver (norr.
lùl-blôt, Sacrifice de la Roue), afin que l’année fût bonne et heureuse;
le second au milieu de l’hiver (norr. midsvetrar-blôt), afin que
la terre fût fertile ; et le troisième au commencement de l’été (norr.
sigur-blôt), pour obtenir la victoire dans les guerres et les combats.
Comme les sacrifices, afin d’être de plus en plus efficaces, devinrent
de plus en plus somptueux, on les rendait dans la suite d’autant
moins fréquents. C’est ainsi que, chez les Norvégiens, le Sacrifice
principal (norr. hôfud-blôt) fut renouvelé seulement tous les trois
ans. A la Grande Fête, célébrée tous les neuf ans, les Dânes immolaient,
hHlethra, en Séelande, 99 victimes humaines, avec autant
de chevaux et avec des chiens de chasse et des faucons. Les Sacrifices
de. chevaux (norr. hrossa-slâlr) étaient usités et très-estimés
chez les Germains et chez les Scandinaves, comme chez leurs pères
les Gèles, et chez leurs ancêtres les Scythes. Dans ces immolations de
victimes, les caractères du sacrifice proprement dit et de la consécration
étaient généralement confondus ; car elles se faisaient indistinctement,
pour donner des repas aux dieux, pour obtenir d’eux des fa.
veurs, pour consacrer à leur service les hommes qui leur étaient chers,
pour sacrifier à leur haine ceux qu’ils haïssaient, pour forcer les
dieux, par la vertu magique des sacrifices, à se rendre aux voeux
des hommes, enfin pour avoir une occasion solennelle où les
tribus pussent faire des voeux d’accomplir tel ou tel acte de vengeance,
de bravoure ou dè conquête (cf. Tacit., Annal., I, 15;
XIII, 57).
§ fl*?. lies Consécrations. --- C’est un fait digne de remarque
que, même chez les peuples les plus intelligents de l’An