
su b ite, d’une convulsion ou d’un déluge. Si l’elfort d’un
to rre n t a pu , de ces couches arrach ées à d’au tres
couches, élever des bancs en un jo u r, il en est q u i sont
la conséquence d ’une action lente et des dépôts successifs
d’une eau tran q u ille qui, elle aussi, accomplissant son
oeuvre, a posé des collines et édifié des montagnes, non
plus avec des masses jetées su r des masses, mais p ar
g rain s de sable semés su r des g rain s de sable. Or, si
nous admettons que les bancs de Menchecourt et au tres
se sont ainsi élevés p a r une croissance insensible, p ar
une suite de dépôts et de sé d im e n ts, l’ancienneté de
ces os et de ces haches, gisants sous plusieurs mètres
de sable lentement a c c um u lé , puis recouvert d ’une
couche de limon ou d ’a rg ile , puis encore d ’un lit de
craie roulée et de cailloux brisés, surmontés eux-mêmes
d ’une couche épaisse de te rre végétale, cette ancienneté,
dis-je, sera bien plus grande encore que celle que nous
présente la formation subite des couches diluviennes.
Après vous avoir rappelé la configuration du te rra in
et la n a tu re des éléments qui le composent, je vous
rép é te ra i su r quelles bases, en 1836 et 1837, j ’étab lissais
la probabilité de la présence de l’homme et de ses
oe u v re s , et l ’espèce de c ertitu d e que j ’avais de les y
tro u v er. — Je fondais cette certitu d e :
1° Sur la trad itio n d ’une race d ’hommes d é tru ite p a r
le déluge j
2° Su r les preuves géologiques de ce déluge ;
3° Su r l’existence, à cette époque, des mammifères
les plus voisins de l’homme et ne pouvant vivre que
dans les mêmes conditions atmosphériques;
4° Su r la p re u v e , ainsi a cq u ise , que la te rre é ta it
habitable p o u r l’homme;
5° Sur ce que, dans toutes les régions, îles ou co n tinents,
où l’on a ren co n tré ces grands mam mifères,
l’homme y vivait ou y a v a it vécu; d ’où l’on pouvait
conclure que si les an im au x avaient p a ru su r la te rre
avant l’espèce humaine, elle les y avait suivis de près,
et, qu’à l’époque du déluge, elle y é ta it déjà assez nombreuse
pour y laisser des signes de son passage;
6° Enfin, su r ce que ces débris h um a in s'a v a ie n t pu
échapper aux investigations des géologues et des n a tu ralistes
eux-mêmes, parce que la différence de conformation
qu’on rem arq u e en tre les individus fossiles et
leurs analogues actuellement vivants, pouvait ex ister
entre les hommes antédiluviens et ceux d ’au jo u rd ’h u i;
d è s - lo rs qu ’on av ait pu les confondre avec d ’au tres
mammifères; qu ’ici, les p robabilités physiques, l’ex p érience
présente et passée, la géologie comme l’h isto ire,
enfin la croyance universelle, venaient à l ’appui de la
tradition; q u ’évidemment une race d ’hommes, an té rie u rs
au d e rn ie r cataclysme qui av a it changé la surface de
la te rre , y viv ait dans les mêmes temps, et v raisemb lablement
dans les mêmes lie u x , que les q u adrupèdes
dont on a retro u v é les os.
Vous reconnaissiez la justesse de ces inductions, mais
vous me demandiez: pourquoi ces te rra in s, p lutôt que
d’autres, étaient-ils la sépulture de l’homme p rim itif ou
le dépôt de ses oeuvres?
Je vous répondais que le to rre n t diluvien, en balayant
la surface te r re s tre , av ait fait alors ce que font jo u rnellement,
su r une moindre échelle, nos pluies d ’orage,
quand, ram a ssan t su r le sol les objets qui n ’y sont pas
assez solidement fixés p ar leu r poids ou leurs attaches,
elles les em p o rten t, les e h a rie n t et les je tte n t dans