
tard descendus dans la Germanie, et c’est ensuite de la Germanie
que, poussés parles Gépides, leurs descendants ont passé le Rhin
et se sont établis dans le pays qui fut appelé, d’après eux, la Bourgogne
(Burgundia).
§4*. Sfombre de la poiiulation Scandinave ; émigrations
sorties de la Scandinavie. — Nous avons énuméré
les principaux peuples primitifs qui, sortis de la branche
gèle, sont allés s’établir dans les pays Scandinaves. Tous ces peuples
ont conservé longtemps le souvenir de leur immigration, et leurs
traditions, encore vivantes au treizième siècle, rapportaient que
leurs ancêtres avaient autrefois habité les pays méridionaux voisins
de la Thrace et de la mer Noire1. D’après un calcul approximatif,
on peut admettre que les émigrations sorties de la branche
gèle, pendant les cinq premiers siècles avant notre ère, ont-versé
successivement dans la Scandinavie à peu près 180,000 âmes qui
ont porté le total de la population des pays Scandinaves, au commencement
de notre ère, à environ 650,000 âmes. Cette population
exiguë par rapport à ce qu’elle est aujourd’hui, était cependant,
à celte époque, déjà trop forte, eu égard au peu de
moyens d’existence que présentaient les pays Scandinaves encore
sauvages, couverts de forêts et très-peu cultivés. Aussi dans les
premiers siècles de notre ère, la population des pays Scandinaves,
bien que clair-semée sur ce sol, n’y trouva plus une subsistance
suffisante. Dès lors commencèrent ces émigrations du Nord qui
s’opérèrent dans une direction opposée (v. p, 9) à celles qu a-
vaient suivies antérieurement les émigrations du Sud. Plusieurs
tribus du Nord revinrent vers la Thrace d’où leurs ancêtres étaient
autrefois partis. Telles furent les tribus gotes, gépides, hérules et
burgondes qui, de la Scandinavie, retournèrent aux Karpathes. Telles
furent encore les peuplades qui, pendant la période de la migration
des peuples goto-germaniques, ne cessèrent de refluer du
Nord au Sud. Aussi les historiens de l’époque, entre autres Jor-
nandès, ignorant ou ne se rappelant pas que toutes ces peuplades
venues du Nord étaient les descendants d’ancetres qui autrefois,
partis du Sud, étaient allés s’établir dans la presqu’île Scandinave,
considéraient la Scandinavie comme la mère-patrie de ces peuples
et l'appelaient, par conséquent, la Matrice des Nations (Vagin»
r
{ Voir la préface et l’épilogue de YEdda de Snorri.
gentium). Les émigrations des tribus du Nord, amenées par différentes
causes, ne discontinuèrent plus jusqu’au dixième siècle. C’est
ainsi qu’à différentes époques, des Svèdes allèrent s’établir dans
l’Auslerveg (v. p.66),el principalement, en Russie, dans le Royaume
des bourgs (Garda-rïki), ainsi appelé parce qu’il y avait plusieurs
bourgs (slav. gorod, norr, gardr), fondés par des Svèdes, entre
autres Novo-gorod (Bourg-neuf). Les Slaves de Novogorod appelèrent,
pour les gouverner, le Suède Rurik (norr. Hrôdrikr), qui fixa
sa résidence dans ce bourg, et attira sur la Néva, l’Oka et le Dniépr,
beaucoup de ses compatriotes suèdes et norskes. D’autres aventuriers
Scandinaves allèrent chercher de nouveaux établissements au
midi de l’Europe1. Suivant des traditions qui sont en partie fabuleuses,
mais vraisemblables quant au fond , les fils de Ragnar Braie-
velue pénétrèrent jusqu'à Avenche (norr. Viflisburg), dans le canton
de Yaud en Suisse. D’autres émigrés Scandinaves, partis, comme on
le prétend, de Hasli en Suède, sous la conduite de Resii, passèrent
la Baltique, traversèrent la Frise, remontèrent le Rhin jusqu’en
Suisse, et s’établirent dans la vallée de Hasli et sur les bords
du lac de Brientz, où l’on voit aujourd’hui les ruines d’un château
que la tradition locale dit avoir été celui de Resti. Des colons Scandinaves
s’établirent aussi dans les pays bas (angl. low-lands) de
l'Ecosse, en Angleterre et en Irlande. Vers la fin du neuvième
siècle, des nobles et des manants norvégiens, ne voulant pas vivre
sous la domination absolue de Haraldr aux beaux cheveux, quittèrent
la Norvège; les uns, sous la conduite de Rolf (norr. Hrô-
dolfr, lat. Rolvo, fr. Rollon) vinrent en France où ils fondèrent le
duché de Normandie; les autres s’établirent en Islande et y fondèrent
une république qui a subsisté et fleuri pendant trois siècles.
De tous les Normands émigrés de la Scandinavie, les Islandais
seuls ont conservé et continué les moeurs et les traditions de leur
race ; les autres, c’est-à-dire ceux qui se sont fixés dans les îles britanniques,
en France, en Sicile et en Russie, se sont confondus
avec les peuples au milieu desquels ils sont venus s’établir, et ils
ont abandonné, dès la troisième génération, la langue, la religion
et les traditions de leurs pères.
Nous avons montré comment de la branche gèle est sorti le ra-
1 Cf. P. A. Munch, Del norske folks Historié, etc., p. 1 et 2.