
la déesse Nerihus (cf. Grimm, Geschichte der deutschen Sprache, 1,
p. 194).
b. Les Sanctuaires chez les peuples de la branche gèle.
§ 171. lia Ten te d a n s S’Enclos. — Chez les peuples de la
branche gète le culte était plus développé et plus perfectionné que
chez leurs pères les Scythes. Non-seulement le Dieu du ciel Tius
était représenté par une épée ou un dard, mais les autres Divinités
étaient également représentées symboliquement, soit par quelque
arbre dans un bois sacré, soit par quelque image anthropomorphe
ou zoomorphe grossièrement faite. Comme, parmi les tribus gètes,
celles qui étaient encore nomades vivaient, comme leurs pères les
Scythes, sous des tentes placées sur des chars (scyth. koli-màha,
p. 98), les images symboliques de leurs Divinités étaient aussi
placées sous une tente (goth. hleithra, treillage; ef. gr. kleithron)
faite de claies et de peaux. De même que, avant d’avoir des temples,
les Israélites eurent un tabernacle portatif, et que les Arabes, avant
Mohammed, avaient de petites tentes carrées (ar. caabah) qu’on
pouvait transporter d’un endroit à l’autre, de même les tribus
gètes, quand elles étaient en marche, portaient au devant dés
rangs une tente servant de sanctuaire. Cet usage fut observé encore
plus tard chez les Golhs chrétiens (Hieronym. Epistola ad Laètit.,
IV), toutes les fois qu'ils étaient en voyage; alors les prêtres précédaient
le convoi, tandis que la foule qui suivait, chantait des
psaumes (Hieronym. ad Heliod.).
Chez les tribus gèles qui n’étaient plus nomades, mais qui avaient
des demeures fixes, le Sanctuaire de la Divinité était une imitation
de la demeure du chef.de tribu ou du roi. Les demeures des rois
étaient des espèces de tentes assez solidement construites, mais encore
recouvertes de peaux et placées au milieu d’une enceinte fermée
(goth; alhs). Telle était, sans doute, la demeure ou la résidence
(gr. basileïon) du roi gète Dekeballus (v. p. 40), laquelle était
nommée Skalmi-thakit-hus (gélo-gr. Zarmi-zegelh-usa) ou manoir
(hus) couvert (thakit) de peaux (skalmus). Déjà les princes des
Scythes de la mer Noire ont habité des lentes placées dans une enceinte;
car la chambre sépulcrale qu’on leur préparait, après leur
mort, pour leur sépulture, et qui était une imitation de la demeure
que ces princes avaient occupée dans leur vie, ressemblait à une
espèce de tente ou de dais placé dans un enclos ou derrière un
espace servant d’antichambre (v. p. 282).
VOffertoir chez les Gètes était une table de sacrifice placée devant
la tente qu’habitait la divinité (goth. gud-hus) et qui était entourée
d’une Enceinte sacrée (goth. alhs). Tout cet enclos formait ce qu’on
appelait 1 eSanctuaire (gr. herkos; v.-all.haruc; norr. horgr); mais,
plus tard, on désignait, par ce nom, plus spécialement la partie
couverte du sanctuaire (anglos. kyrie ; angl. church ; ail. kirche) ou
la tente, par opposition à la cour découverte (norr. hof) qui entourait
ou renfermait cette tente. Ces sanctuaires étaient placés
quelquefois dans des espèces de forteresses où l’on renfermait
aussi les trésors, et les armes et les enseignes de guerre. Telle était,
par exemple, chez les Gètes, la forteresse nommée Genukla (v.
p. 39).
c. Les Sanctuaires chez les Germains et les Scandinaves.
§ 17*. Tes Bois sacrés et les Temples. — Les tribus
germaniques et Scandinaves, dans l’origine, étaient généralement
plus pauvres et plus privées de ressources que leurs pèresles peuples
de la branche gète. Si, au commencement, elles n’ont pas eu des
temples et des statues de leurs divinités, comme les autres peuples
contemporains, cela ne provenait pas de ce que « emprisonner les
« dieux dans des murailles, ou les représenter sous une forme hu-
« maine, leur eût semblé trop peu digne de la grandeur céleste »
(•Tacit., Germ., IX), cela provenait de ce qu’en toutes choses , ces
tribus étaient réduites au strict nécessaire. Un arbre s’élevant dans
un bois touffu au-dessus d’un lac ou près d’une fontaine ou d’une
source thermale ou salée, était, la plupart du temps, l’Image symbolique
de la Divinité (cf. p. 211), et le bois sacré tenait lieu de
temple ou de sanctuaire. Tel était, par exemple, le Bois sacré
qu’habitait la déesse Nerihus dans une île de la mer Baltique; tel
était encore le Bois consacré sans doute à la déesse Gefion, dans
l’île de Séeland, appelée antérieurement Sælundr (Bois de la mer),
précisément d’après ce Bois sacré. Quelquefois, au pied d’un arbre
sacré, on construisait une cabane de branchage (lat. casula, v. ln-
dicitlus superstit., etc., 4) pour y abriter l’Image de la Divinité. Plus
tard celte cabane fut transformée en une tente (hleithra) plus ou
moins ornée. De là le nom de Leire (p. hlêdre, tente) que portait,