
tkrâkes, qui le communiquèrent à leurs voisins les Gèles. Suivant
Posidonius (Sirabon, VII, 3, 3), les Myses, peuple kimméro-
thrâke, qui s’est mêlé plus tard avec les Goths dans la Moeso-Gothie,
avaient parmi eux des Ascètes nommés les Dieux ou les Divins (cf.
norr. dîar). Ils s’abstenaient de la viande et se nourrissaient seulement
de lait, de fromage et de gâteaux secs (gr. kapoura); aussi
portaient-ils le sobriquet de Aime-gâteaux (gr. kaprontes) ou de
Tueurs-de-Gâteaux (géto-grec kaprobalai1). Chez les Dako-Gètes, ces
Inspirés vivaient dans la continence et étaient nommés les Bénis
(get. Pleislai, Bleisiai; Hérod. Pleistoi; Josèphe, Ant. jud., 18,2); ils
sedisaient sans doute inspirés par le dieu Gebleistis (v. p. 195), qui,
pour cette raison, portait encore, anciennement, le nom épithétique
de Pleist-varas (Garde-ies-Bénis; Hérod., IX, 119, Pleistôros). L’ascétisme
était plus mitigé chez ceux parmi les Gèles, qui vivaient plus
en dehors des relations avec les Thrâkes et les Keltes. Néanmoins
les Inspirés exerçaient encore un assez grand ascendant sur ce
peuple. Aussi les rois se les attachaient-ils, pour fortifier, par
eux, leur propre autorité (v. p. 273). Ces Inspirés devinrent ainsi
les familiers, les conseillers (norr. rûni) et les ministres des princes.
Tel était, p. ex., l’inspiré gète Skalmoskis (géto-gr. Zalmoxis, Stra-
bon, Vil, 3,5), ainsi nommé d’après le dieu Skalmoskis (\. p. 191 ), dont
il se disait le Prêtre, l’inspiré ou le Divin. 11 habitait une contrée caverneuse
et sauvage ; la montagne et la rivière auprès desquelles
ce saint personnage demeurait, et qui, l’une et l’autre, portaient
communément le nom de kô-gaviuni (celle du district [gavï] des vaches
[èo]; Strabon, kogaïonon), furent appelées lessamtes, comme, en
Scythie, la place du carrefour et la source qui s’y trouvait avaient
été nommées, l’une et l’autre, la sacrée du carrefour (v. p. 296).
L’Inspiré Skalmoskis n’eut de commercé avec personne, si ce n’est
avec le roi et avec ses serviteurs. Un autre Inspiré de cette espèce
était Dekenaios (cf. golh. diki-hnaivs, bas-de-taille), le Conseiller
et le Prophète du roi Vairo-vistas (géto-gr. Boire-bistès, v. p. 40).
Il acquit sur les Gètes un ascendant tel qu’il parvint, bien qu’ils
fussent très-adonnés au vin (v. p. 291), à leur persuader de détruire
chez eux les vignes (Strabon, VII, 3,11) et de rejeter le culte
1 C’est ainsi que je crois devoir corriger, dans Strabon, le mot corrompu
k a p n o -b a ta i. Je n’hésite pas non plus à lire p le is ta i au lieu de k t i s ta i , fausse
leçon, qui s’est également glissée dans le texte.
de Racchus (v. p. 194). Après lui se distingua le Divin nommé Deke-
ballus (cf. goth. Dagi-valhus,Faucon diurne ; norr. Dag-valr; anglos.
dag-val), et surnommé le Triste (géto-lat. Diurpaneus; cf. norr.
DrûpnirfkAprès que son souverain, le roi des Gètes, lui eut cédé
son trône , il inspira une telle confiance et un tel enthousiasme à
sa nation, qu’il remporta plusieurs victoires sur les Romains et
qu’il força l’empereur Domilien à lui payer un tribut annuel sous
le nom de gratification (goth. annô, v. p. 105).
Les penples thrâkes et keltes attribuaient le don de la Prophétie
et de l’Inspiration principalement aux femmes; aussi leurs prêtresses
ou druidesses avaient-elles, plus que les Inspirés, un caractère
mystique etascétique. Tellesélaient, p. ex., en Gaule, les Druidesses
qui vivaient, séparées des hommes, dans l’île de Séna (Sein), et qu on
nommait Galli-cênes (Galli-gwenes , Dames-Vierges). Les femmes
Namnètes, que Strabon appelle des prêtresses de Dionysos (Dieu de
L’inspiration), vivaient comme les Druidesses de Séna, dans une île
à l’embouchure de la Loire , où elles ne voyaient les hommes qu’à
des époques déterminées. Ce caractère mystique et ascétique distinguait
aussi les prêtresses thrâkes, qui, pour cette raison , passaient,
aux yeux du peuple, pour être en rapport avec la divinité et
pour avoir le don de la Vision et de la Prophétie. Cette croyance
des Thrâkes et des Relies, en l’aptitude plus particulièredes femmes-
vierges pour la vision et la prophétie, fut transmise par eux à plusieurs
peuples de la branche gète, qui, dès lors préféraient aussi
les femmes aux hommes, même pour les pratiques delà divination.
La divination par le chaudron, usitée chez les Scythes, se transmit
aussi à leurs descendants les peuples de la branche gète. Elle
fut exercée, chez eux, par les Femmes Victimaires, nommées les
Conseillères du Sanctuaire.[alhi-runas), qui, par l’inspection du sang
des victimes recueilli dans le bol de sacrifice, prédisaient le destin
et les événements futurs. Telles étaient, p. ex., les Devineresses qui se
trouvaient dans l’armée du roi Filimer, fils de Gandarik. Comme
elles mêlaient la Magie à la Divination (v. p. 150) et que, d’ailleurs,
elles menaient une vie dissolue, elles inspirèrent un tel dégoût
pour leurs dérèglements, et une telle horreur pour leurs opérations
magiques, qu’elles furent expulsées de l’armée des Goths
(Jornandès, De reb. getic., c. 24). A côté des Devineresses, il y
avait aussi des Devins qui étaient principalement des Pretres de