
de la b r a n c h e s c y th e , n’y ont pénétré que depuis le neuvième siècle I
avant Jésus-Christ. On peut donc affirmer, sans risquer de se tromper
beaucoup, que, il y a quarante-cinq siècles environ, l’Europe !
était encore sans habitants, une terre sauvage couverte de marais [;
et de forêts immenses.
Les peuplades de race ia f é ù q u e , lorsqu’elles ont quitté l’Asie 1
pour venir en Europe, étaient toutes encore dans leur état social
p r im i t i f , et c’est seulement en Europe qu’elles sont arrivées aux I
premiers degrés de la civilisation. En général, aucun rameau de la
souche ia f é t iq u e n’a été, dans le berceau même de la race, un peuple I
historiquement connu ou remarquable ; les peuples de cette famille I
ne sont devenus célèbres que dans des contrées situées en dehors
des limites de leur berceau primitif; de sorte que l'émigration et
le déplacement paraissent avoir été les moyens et les conditions de
leur développement social et par suite de leur importance historique.
Les cadets de la race ia f é t iq u e , savoir les peuples issus du
r a m e a u s c y th e , se sont éloignés le plus de ce berceau primitif, et ce
sont leurs descendants qui ont acquis une grande importance his- I
torique de nos jours, importance qui peut-être ira encore en augmentant
dans l’avenir.
§ 3. Migrations tles races iaffétiqnes dirigées de l’Est
à l’Ouest. — Dans les temps primitifs, les migrations d’un pays
dans un autre ne se sont pas opérées subitement, en un court espace
de temps, mais d’une manière lente et progressive. Ce n’étaient
pas non plus de grandes masses d’hommes qui se sont ainsi déplacées,
c’étaient ordinairement des familles, des tribus peu nombreuses
qui cherchaient, en s’avançant petit à p etit, d’autres établissements.
C’est seulement plus lard, dans des temps déjà historiques,
qu’ont eu lieu ces émigrations en masse faites par tout un
peuple, toute une nation.
Les causes qui ont déterminé les migrations des peuplades p rimitives,
ont été multiples ; dans beaucoup de cas, on peut bien en
devinera peu près la nature, mais non les connaître toujours d’une
manière exacte. Ce qui est surtout intéressant à observer, c’est la
direction que prirent les migrations dans la haute Antiquité. Les
peuples primitifs de la r a c e d e S em suivent généralement la direction
du nord au sud et du sud au nord. Les peuples primitifs de
la r a c e d e l a f è l e , au contraire, se dirigent dans leurs migrations
! d’abord de l’Ouest à l’Est et plus tard continuellement de l’Orient
I à l’Occident. Il importe d’indiquer la cause qui a fait tenir cons-
I tamment aux peuplades ia f é i iq u e s la direction de l’est à l’ouest.
I S Cette cause résidait dans la croyance religieuse de ces temps. Les peuples primitifs, les I a f é iiq u e s plus que les S é m i t i q u e s , adoraient
le S o le il comme dieu de la fécondité, de la richesse et du bonheur.
Le soleil étant devenu ùnè divinité a n th r o p o m o r p h e , l’Orient, d’où
il sortait chaque jour, fut considéré comme sa d em e u r e et par conséquent
comme le Séjour de la richesse et du bonheur, comme le
Séjour des dieux et des hommes heureux. En adorant les dieux, on
se tournait par conséquent vers le lieu de leur demeure, vers l’O-
r i e n l , qui devint ainsi Y E n - fa c e (c f . a r . q ib la ) ou le P o i n t -C a r d in a l
par excellence. En quittant leur bercèau primitif, Jes peuplades
émigrantes cherchaient naturellement des contrées où elles espéraient
trouver le bonheur au plus haut degré. Elles se dirigaient
par conséquent vers Y O r ie n t comme vers la contrée de la Demeure
du Soleil, du Séjour des dieux et de l’Habitation des peuples heureux.
C’est ainsi que les ancêtres des Bactries et des Hindoux, en
quittant leur berceau primitif, se sont dirigés vers l’Orient1. Plus
ta rd , surtout chez les peuples qui avaient déjà quiLté l’état no-
I made, l’idée de d o m i c i l e impliquait encore plus particulièrement
celle du r e p o s q u ’on vient goûter après une journée de lab eu r2. Dès
lors, la véritable Demeure du soleil ne fut plus comme aupa-
; ravant l’Orient, d’où il sortait le matin, ce fut Y O c c id e n t , où il se
I couchait après sa course diurne, qu’on envisageait comme un
■ voyage fatiguant ou comme une journée de travail après laquelle le
■ dieu rentrait avec plaisir dans ses foyers pour s’y r e p o s e r 3. L’Occi-
■ d e n t, la demeure du soleil, devint également le lieu de la demeure
des dieux en g én éral, et par conséquent les hommes vivant dans
l’Occident, dans le voisinage et sous la protection des d ieux, passèrent
pour les plus justes et les plus heureux de la terre. C’est
ainsi que Y O c c id e n t devint une espèce de P a r a d i s t e r r e s t r e . Or, dans
les temps primitifs, on ne distinguait que deux points cardinaux,
YO r ien t d’où sortait le soleil et Y O c c id e n t où il entrait pour se re-
S poser. Aussi rattachait-on le m i d i au matin ou à Y O r ie n t et m in u i t
1 i
Voy. Les Peuples primitifs de la race de lafèle, p. 10-12.
Cf. a\l.'hei-m, coucher, repos, domicile; cf. gr. kei-pa i, se coucher.
Voy. Les Chants de Sôl, p. 128.