
géologue anglais, a trouvé avec elles, à Menchecourt,
entr’autres coquilles fossiles, la cyrena consobrina ou
fluminalis, qui ne vit plus que dans le Nil et quelques
autres fleuves (1) ou lacs des pays chauds Or, cette
coquille annonce ordinairement la présence de Velephas
antiquus, du rhinocéros leptorinus, de Y hippopotamus
major, etc., qui, du moins les deux premiers, ne vivaient
aussi que dans les hautes latitudes. Sa présence et son
état d’indigénéité dans les Gaules, annonceraient donc
d’autres conditions atmosphériques, et conséquemment
une suite de révolutions dont on ne peut pas même
entrevoir le nombre et la durée.
D’après ceci, il est évident qu’aux inductions qu’on
s’efforce de grouper pour démontrer que le diluvium
qui contient les haches est un produit récent (2), on
pourrait en opposer d’autres, bien autrement puissantes,
(1) Dans le rapport fait par M. J. Prestwich à la Société royale
de Londres, dans sa séance du 26 rnai 1859 (Proceeding of the
royal Society, page 5). Après la nomenclature des coquilles fossiles
recueillies à Menchecourt par ce g éologue, on lit :
White sand. — The author has also found the cyrena consobrina
and littorina rudis, with them are associated numerous mammalian
rèmains and, it is said, (lient-implements.
(2 ) N o u s n ’ig n o r o n s pas q u e la s c ie n c e em p lo ie q u elq u e fo is
le m o t récent p o u r in d iq u e r d e s fa its m êm e tr è s -a n c ie n s : par là
e lle v e u t dire q u ’ils s o n t p o s té r ieu r s à la dern iè r e r év o lu tio n
g é o lo g iq u e . Cette man ière d e s ’exp r im e r n ’e s t pas com p r is e -d u
p u b lic q u i, par récent, en ten d e t ne p eu t en te n d r e , s ’il sa it sa
la n g u e , q u ’un fa it nouveau, un fa it d a tan t de la v e ille . Lisez le
d ic tio n n a ir e d e l’A cad ém ie. La s c ie n c e p eu t in v e n te r d es mots
n o u v e a u x , mais non ch a n g e r la sig n ifica tio n de c eu x qui ex isten t;
c e d r o it n ’ap p a rtien t q u ’à l’A cadém ie fra n ça ise.
pour prouver que ces bancs sont antérieurs à la dernière
révolution géologique.
S’il était assez facile de fournir des preuves toutes
matérielles contre la nouveauté des terrains fossilifères
contenant les haches, il l’était moins de démontrer par
des faits encore visibles que l’homme non plus n’était
pas nouveau sur la terre, et que si les animaux étaient
ses aînés, ils l’étaient de peu. Partout où les autres
mammifères ont existé, avons-nous dit, l’homme y a pu
vivre: dès-lors, on ne voit pas pourquoi il n’y aurait pas
vécu, et par quelle singulière exception, quand les analogues
de toutes les races existantes aujourd’hui ou les
espèces correspondantes peuplaient ce globe, la sienne
seule y aurait-elle fait défaut? pourquoi cette lacune
dans la chaîne organique? pourquoi cette création tronquée?
Point de vide dans l’ensemble des choses, point
d’hésitation dans leur marche.
Dans la nature, il n’y a pas plus de catégories incomplètes
que de formes boiteuses; on ne connaît pas d’être
dont toutes les parties ne s’enchaînent et ne forment
équilibre (1); pas d’animal à trois pattes ou n’ayant
(1) Ce que nous disons des êtres, nous le dirons des choses.
L’organisation des corps célestes n’est encore que la démonstration
de l’équilibre : il n’y a pas plus de mondes que d’êtres sans
contrepoids. L’équilibre est la grande loi de l’univers ; il e st la
hase du repos et le principe du mouvement. C’est par lui que
tout se forme et se complète : c’e st le d o ig t de Dieu. Lorsque
l’équilibre cesse, tout n ’est que désordre et confu sion , mais son
absence est transitoire ; c’est une suspension momentanée de la
marche de la nature ou de l’impulsion créatrice qui b ientôt reprend
le dessus. Telle est le système que nous avons exposé dans notre
livre De la Création et dans Hommes et Choses, t. iv , p. 38 et suiv.