
ractères ni d’autres occupations que celles qui lui sont familières à
lui-même, et qu’il juge être les plus honorables. C’est pourquoi les
Scythes, qui étaient nomades, se figuraient Svalius comme le modèle
du nomade. Or, les Scythes nomades étaient à la fois pasteurs
et chasseurs; et l’excellence ou l’honneur du nomade consistait‘à
être actif et prompt à la chasse. C’est pourquoi le dieu Svalius eut
le nom épithétique de Prompt à la chasse. Dans la conception de
ces peuples, l’idée de prompt était impliquée dans celle de frémissant,
et s’exprimait, par'conséquent, dans l’idiome scythe, parle
mot shunts (frémissant, prompt; polon. skory, prompt; norr. skiarr,
frémissant, prompt; cf. skûr, frémissement; ail. schauer; russe sie-
wer; cf. Sauro-mâles). Ensuite, l’action de paître et de chasser était exprimée
parle motvaila (génit. vaitu, v. p. 91 ). C’est pourquoi le mot
scythe employé pour dire Prompt à la chasse, était Vaitu-shurus. Les
Grecs n’ayant point de V l’ont remplacé par le digamma ou par G;
et n’ayant point non plus une chuintante ch, correspondant au sh
scythe, ils l’ont remplacée par sk ou simplement par s (cf. salmos,
p. skalmos; lal. scirpus etsirpus, v. p. 140; Sarmaloe, p. Scftauro-
matæ ; cf. slave et esclave), de la même manière que, dans la prononciation,
les Italiens de nos jours remplacent par s le ch français.
C’est pourquoi Vaitu-shurus a été transcrit en grec, tantôt par
Foito-suros, tantôt par Goilo-suros, tantôt par Oilo-skuros, tantôt
par Oilo-suros. Le dieu Vaitu-shurus, semblable au Krichnas des
Hindous et à l’Apollon nomios des Grecs, poussait ou chassait devant
lui son troupeau ou son gibier céleste. Aussi les Scythes-Hellènes
et les Grecs désignaient-ils le dieu Oitosuros par les noms équivalents
grecs de Apollon et de Héraklès. lLest même probable qu’il y
a eu quelque rapport mythologique entre Oitosuros et le Hercules
Oeteus (l’Hercule de YOeta ou de la Montagne du pâturage et delà
chasse), et, par suite, quelque rapport historique entre ce dieu et
ceux parmi les Scythes, que Pline appelle les Scythæ oetei (Scythes
pasteurs ou chasseurs?).
§ 109. fit- «lien «1*» soleil Taraàlavus. — Chezles peuples
primitifs nomades, l’état de chasseur faisait la transition de l’état
de pasteur à celui de guerrier. Aussi les chasseurs illustres passaient
ils pour être également de grands guerriers ou de grands
héros (cf. Nimrod). L’idée de chasseur impliquait celle de destructeur,
de tueur (cf. norr. Skâdi, Nuisible, Chasseresse) ; et nuisible, deslruc-
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ieur, et tueur était synonyme de guerrier, de héros, de prince (sansç.
kchayas, destructeur, guerrier, prince; sansc. Skandas, Nuisible, le
Mars indien). Les Scythes se figuraient donc le dieu du soleil Oitosuros
non-seulement comme un dieu chasseur, mais surtout comme un
jeune guerrier ou héros (scythe skaïs, destructeur; sansc. kchayas;
norr. skæ, skati), et cela d'autant plus que ce jeune dieu passait
pour être le fils (v. § 110) de Kafzus ou de Tivus (Ciel), considéré
comme le dieu de la guerre (v. p. 157). En sa qualité dejeune guerrier
et de chasseur, le Dieu du soleil, semblable à Y Apollon nomios
(le Soleil Pasteur et Chasseur), des Grecs , qui était toujours armé
pour la chasse, avait aussi les armes distinctives de la nation
scythe, savoir l’arc, les flèches et le bouclier. Les flèches (scyth.
arvus ; norr. orr) que le jeune héros ou chasseur lançait, comme
Apollon ou comme Héraklès, sur les monstres ennemis de la lumière
et de la chaleur, étaient en même temps les symboles des rayons du
soleil (cf. russe strela, flèche ; v. ail. strcda, rayon). Le Dieu du soleil,
qui passait ainsi pour un excellent archer, eut l’épithète de Skotaris
(Tireur d’arc), que les Scytho-grecs et les Grecs ont rendue par la
forme transposée de Toxaris. Le bouclier ou la large (scyth. targi;
norr. targa) él&il, chez les Scythes, l’arme distinctive des princes et
des rois (v. p. 33); la targe du Dieu Skotaris symbolisait le disque
brillant du soleil, et c’est d’après cette targe brillante que le dieu eut
encore le nom de Brillant par la targe (scyth. Targi-tavus ; tauus, v.
p. 25). Le dieu Targitavus était, en quelque sorte, le dédoublement
de Vaitu-shurus ; l’un et l’autre étaient, au fond eldans l’origine, la
même divinité, savoir le Soleil. Vaitu-shurus avait plus de ressemblance
avec Apollon, et Targitavus plus d’analogie avec le jeune héros
Héraklès. Aussi les Scythes-Hellènes et les Hellènes donnaient-ils
iïTargitavus, comme nom équivalent grec, le nom de Héraklès. Kal-
limachos rapporte même que le Héraklès de Thèbes apprit de l’Hercule
scythe ou du Skotaris (Tireur; scylho-gr. Toxaris) à tirer de
l’arc (Sehol. ad Theokr., 17, 56; Tzèlzès ad Lyk., 50) ; cequi signifie
que les Grecs ont donné à leur dieu Héraklès, pour attributs, l’arc
et les flèches, en imitation du dieu scythe Targitavus, comme au
sixième siècle avant Jésus-Christ, selon Stésichoros d’Himéra, l’Hercule
grec a eu la peau de lion comme symbole emprunté à l'image
de l’Hercule égyptien. L’Archer scythe ou le Tireur d’arc (Skotaris)
n’était d’abord que dieu du soleil; mais dès le septième siècle,