
lants Tyr, Tiu ou Zio, ne furent plus des dieux adorés, ayant des
temples et un culte public; mais comme ils figuraient seulement
dans la tradition mythologique, où ils passaient pour les plus hardis
et les plus guerriers parmi les dieux, ils ne furent plus que des
dieux invoqués, à rinstar des héros chez les Grecs, et des saints
chez les chrétiens. Tins n’ayant gardé dans la tradition que ses
attributions de dieu guerrier, il n’y avait aussi que les guerriers
qui eussent coutume de l’invoquer et de lui adresser leurs voeux.
Il est vrai que la tradition mythologique avait encore conservé
quelques mythes qui se rapportaient à l’ancien Tivus considéré
comme le Ciel et comme le Chef et le Répondant des dieux ; mais
on n’était plus en état de comprendre le sens symbolique de ces
mythes; et de même que le poète Ovidius ne voyait plus dans les
mythes symboliques les plus compréhensifs de l’Antiquité grecque
et orientale que la matière pour un récit ou un conte d’aventures
galantes, de même les Germains et les Normands ne voyaient dans
les traditions symboliques sur Tffr ou Zio, que le récit épique des
actions téméraires de ce dieu. Ce qui prouve que les Germains , à
l’époque ou ils allaient subir l’influence de la civilisation romaine,
ne considéraient déjà plus dans Tiu et Zio, que sa qualité de dieu
guerrier, c’est qu’ils ont rendu le nom de Mardi (Marlis- dies, Jour
de Mars) par Tiusdag (angl. Tuesday) ou Ziesdag (alsac. Zischdi),
c’est-à-dire jour de Tiu ou de Zio.
C’est ainsi que le dieu des Scythes Tivus, le Ciel, le Dieu Suprême,
le Père des dieux et des hommes, et qui, par le dédoublement
et la spécialisation successive de ses attributs, avait donné
naissance à plusieurs divinités distinctes et adorées séparément,
fut, dans la religion des descendants des Scythes, subordonné à
ses propres enfants, et, après avoir été supplanté et dépouillé par
ses propres créatures, finit, comme une Grandeur déchue, par
n’être plus qu’un personnage secondaire et accessoire dans les traditions
mythologiques des Germains et des Scandinaves. Sic transit
gloria deoruml
§ O1?. Fiorgynn e t lirgiin. — Le dieu Firgunis qui, dans
la religion des peuples de la branche gèle, avait été le dieu Fécondateur,
présidant à l’acte de la génération (v. p. 1612), fut transmis,
en celte qualité, et sous le nom de Fiôrgynn ou Virgun, à la religion
des Scandinaves et des Germains. Mais comme ses attributions
de Fécondateur étaient aussi celles du dieu du Soleil, Fiôrgynn se
confondit, dans le culte des Svêdes, avec le dieu adoré Freyr, le
dieu du soleil et de la fécondité, qui, dès lors, par suite de cette
confusion, fut lui-même représenté avec les insignes symboliques
de Fiôrgynn, à savoir : ingenli priapo. Chez les Germains, au contraire,
le dieu Frô (norr. Freyr), en sa qualité de Fécondateur, fut
absorbé par Virgun , et c’est pourquoi Adam de Brême (Rist.
ecclés,, chap. 233), a pu donner au Freyr des Scandinaves le nom
germanique latinisé de Friccon (germ. Virgun). La tradition mythologique,
tout en représentant Fiôrgynn comme le père de Frigg
(Arroseuse, Pluie), qui était l'épouse d’Odinn, ne savait plus que
cette paternité provenait de ce que, anciennement, Fiôrgynn (Aime-
Pluie) avait été le dieu de l'orage fécondateur qui engendrait la
Pluie fécondante (Frigg). Or, il est arrivé, dans toutes les mytho-
logies, que les divinités symboliques de la génération, ayant été
changées dans la suite en dieux anthropomorphes et épiques, ont
été considérées, dans la tradition postérieure, au point de vue
moral, comme des dieux adultères et luxurieux. Aussi la tradition
Scandinave ppstérieure, oubliant la signiûcationsÿinào/igiieprimiiive
de Fiôrgynn, et ne voyant que sa qualité mythologique ou épique de
Fécondateur, l’a-t-elle représenté, au point de vue moral, comme
un dieu lascif Voilà pourquoi le dieu Loki, raillant la déesse Frigg,
l’épouse d’Odinn, lui reproche d’avoir une nature lascive comme
celle de son père Fiôrgynn (v. Poèmes islandais, p. 330).
Le substantif neutre fairguni, qui était dérivé du nom de l'ancien
Firgunis, .considéré comme dieu de l’orage, et qui servait à
désigner une contrée montagneuse ou une montagne consacrée à
Firgunis (v. p. 161), fut aussi adopté par l’idiome Scandinave et
par l’idiome germanique (goth. fairguni; anglos. fergen; vieux-
ail. virgun; cf. gaëlic fireachin). Virgunia ou Fiôrgyn (Montagneuse),
l’épouse de Virgun ou Fiôrgynn (v. p. 160), se confondit
avec lôrdh ou Jrda.(v. p. 176), et son nom fut employé pour désigner,
soit la déesse lôrdh ou la terre en général (v. Skaldskapar-
mâl, p. 178), soit quelque contrée montagneuse et boisée en particulier
(y. Oddrunar grâtr, 10), telle que l’Erzgebirg, le Fichtel-
gebirg, etc.
§ »8. Otlir, Otliinn, Wodan. — L’ancien dieu des Vents
Vâihus fut transmis à la mythologie Scandinave sous le nom de