
d’après un mythe germanique, a su guérir la jambe paralysée du
cheval de Phôl ou de Baldur (v. p. 199). Enfin, comme grand Magicien,
Odinn était aussi en possession de Y Énergie et de l’enthousiasme
poétique (norr. bragur, v. p. 196); et c’est pourquoi Bragi,
le Dieu de la poésie, passait pour être le fils d’Odinn et de la géante
Gunnhlôd (cf. Saga, p. l 49).
Odinn, étant devenu le Dieu Suprême, hérita encore des attributions
de Skalmoskis, considéré comme Seigneur des Trépassés (v.
p. 196). Les guerriers, surtout après une mort glorieuse, devinrent
ses Compagnons sous le nom de Troupiers-uniques (norr.
Einheriar).En sa qualité de Père des Occis (norr. Valfôdur)', Odinn fut
mis en rapport mythologique avec Freyia, la Dame des Trépassés (v.
p. 204) ; mais comme il était déjà devenu l’époux de Frigg (v. p. 176),
il fut. considéré seulement comme Y Amant de Freyia. Cette particularité
prouve que Vâthans fut substitué à Firgunis (v. p. 162),
l’ancien époux de Frigg, avant d’avoir été substitué à Skalmoskis
(appelé plus tard Freyr), l’époux de la déesse Skalmoskis (nommée
plus tard Freyia, v. p. 218). Gomme Seigneur des Mânes, Odinn
fut comparé par les érudits à Hermès le Conducteur des Mânes (gr.
Psuchagôgos), et pour cette raison il fut désigné en latin par le nom
de Mercurius. Voilà pourquoi le Mercredi ou le jour de Mercure fut
désigné dans les langues germaniques par le nom de Jour de
Wodan (angl. Wednesday).
| 196. Thôr héritier «lu «lieu Soleil. — Quelques-unes
des attributions de Skalmoskis, del’hériiier de Targitavus, comme
Dieu du soleil, passèrent aussi à Thôr (Donar), le Dieu du tonnerre.
C’est que Thonars, ayant succédé à Firgunis, le Dieu de Y orage,
qui, semblable au Héraclès grec, avait emprunté quelques attributions
au Dieu du soleil (v. p. 167), hérita aussi de ces attributions solaires
et les conserva dans la tradition. Voilà pourquoi les Colonnes
orientées (norr. ondvegis-sular, v. p. 185, note), qui étaient les symboles
du domicile et qui se rapportaient proprement au Dieu du soleil,
furent consacrées, dans la Mythologie norraine, non à Irmin (cf.
germ. lrmin-sûl), mais à Thôr. C’est ainsi encore que Thôr, non en
sa qualité de Dieu du tonnerre, mais comme héritier de certaines
attributions de l’ancien Dieu du soleil, était supposé boire les eaux
de la mer, et passait ainsi, dans le mythe, pour être à la fois,
comme le Soleil, un grand Buveur et l’Ennemi déclaré du Serpentde
mer, qui était le symbole des débordements de l’Océan (v. Les
Aventures de Thôr, p. 25).
Telle est, en abrégé, l’histoire mythologique du dieu Soleil chez
les Scythes, ainsi que de ses dédoublements,et de ses héritiers chez
leurs descendants, les peuples issus de. la branche gète. Dans les
religions naturelles, le Soleil est le dieu le plus généralement adoré;
il a été divinisé chez tous les peuples iaféliques,, et il l’a été principalement
par les peuples de race scythe. C’e&t aussi le dieu Soleil
qui, par dédoublement, a produit, dans la religion des peuples
de celte famille, le plus grand nombre de divinités d’un rang supérieur.
Conçu d'abord comme dieu zoomorphe,. le Soleil devint
dans la suite une divinité anthropomorphe. Il fut plus tard remplacé
par la déesse Sol; mais les dieux qui héritèrent des attributions de
Targitavus et d’Oitosuros, restèrent les divinités principales dans
la religion du peuple. Ce qui résulte pour nous de plus important
de ce tableau, rapide il est vrai, maiscomplet, que nous venons
de retracer dans ce Chapitre, c’est la preuve que, par rapport au
culte du Soleil, la religion des peuples de la branche gèle forme la
transition naturelle et nécessaire de la religion des Scythes à celle
des Germains et des Scandinaves.
CHAPITRE XII.
D. LA LÜNE. — ARTÎNPAZA.
a. Conception et attributions de là déesse Lune chez les Scythes.
§ 1 9 S. Moins p rim itifs «le la liime. — Les peuples primitifs
de la race de Iafète adoraient la lune en même temps, et pour
les mêmes motifs, que le Soleil. On la considérait à la fois comme
une divinité analogue au Soleily en tant que brillante et bienfaisante
comme lui, et comme une divinité opposée à l’astre du jour, en tant
qu’astre de la nuit. Étant, en quelque sorte, un soleil plus faible,
la lune passait pour être une divinité féminine, ou un soleil féminin.
Aussi, dans les langues iafétiques primitives, les noms, par lesquels
la déesse Lune fut désignée, n’étaient-ils que les formes féminines des
noms du dieu Soleil. Tels ont été, par exemple, chez les Hindous, le
nomdeSra/mflaCéleste) oudeSowna, qui correspondait sans doute,
chez les Scythes, à un nom Saulia, et chez les ancêtres des Latins,