
Varkanos, Orage, Foudre), qui était dans l’origine l’épithète de
Zevs; enfin chez les Scythes, c’est le nom de Pirkunis (Orageux);
et ce qui prouve l’ancienneté du nom de Pirkunis dans leur religion,
comme épithète de Tivus, c’est que les formes modifiées de ce
nom se retrouvent dans la religion des descendants des Scythes de
la branche sarmate aussi bien que dans celle de leurs descendants
de la branche gèle (v. p. 36). Pirkunis, comme dieu de l’orage et
de la pluie, combattait les démons nommés Thurses (Secs) et Unes
(Mangeurs, v. § 166), qui étaient les démons de la sécheresse. Aussi
les Grecs racontaient-ils, d’après les Kimméro-Thrâkes, que le dieu
scylhe Pirkunis (gr. Héraklès) avait livré combat à ses ennemis sur
les bords du Tyras où l’on montrait encore les traces de la foudre
(Hérod., IV, 82).
Pirkunis qui, dans l’origine, était identique avec Tivus, s^est,
dans la suite, détaché de lui pour se constituer comme une divinité
distincte. Comme ce sont les vents qui amènent les nuages orageux
et les pluies fécondantes, le dieu scythe Pirkunis présidait aussi
aux vents, et portait lui-même, en cette qualité, le nom épithétique
de Vent (scyth. Valus, p. Vahitus, Agité). Ce qui prouve que ce nom
de Valus a réellement existé dans la religion des Scythes, c’est
qu’il se retrouve, dans la mythologie des peuples de la branche
gète, un ancien souvenir presque effacé d’un dieu Othr, dont le
nom se prononçait antérieurement Vâtus. Cependant Vâtus n’appartient
pas au fonds primitif de la religion iafétique; c’est une divinité
qui a été conçue plus tard sous ce nom par les Scythes, et
qui appartenait spécialement à la mythologie de ce peuple1.
doute le nom de Virgilius qui correspond exactement à l’adjectif herculeus. La
forme du mot grec keraunos est une transposition de Ferltanos, comme le mot
krios (bélier) est une transposition de Frikos (la t. fircus, hircus.)i Peut-être le
nom de Vulcânus (p. Vulcanius) est-il également un adjectif dérivé de Vercunut
ou Vulcânus.
1 II est vrai que le mot vâtus se .retrouve dans d’autres langues iafétiques primitives,
entre autres en sanscrit, où vâtas signifie vent. Mais des mots similaires
peuvent exister dans les langues d’une même famille sans pour cela avoir appartenu
au fonds primitif de cette famille de langues. Ils peuvent s’être formés
postérieurement et indépendamment les uns des autres, d’aprôs le type grammatical
et lexicographique commun que toutes les langues d’une même famille possèdent
en puissance, sinon en réalité, en vertu de leur commune origine. Ensuite
ces mots d’une formation similaire auraient réellement fait partie du fonds
linguistique primitif de cette famille de langues, que cela ne prouverait nullement
que les divinités qu’ils désignent, dans' les mythologies particulières et
§ »1. lie Ciel Aïeul; Tivus P a p p a ïu s . — Tivus Pirkunis,
comme Ciel orageux, était le fécondateur de la terre, et c’est pourquoi
il. fut considéré comme l'époux de la déesse Apia (Terre), et
ces deux conjoints, Ciel et Terre, passaient, dans la religion pri-
mjtive iafétiqne, et par conséquent aussi chez les Scythes, pour
être le père et la mère des dieux, et par suite pour les parents des
hommes, comme Ouranos et Gè chez les Grecs, et comme Tien
(Ciel) et Ti (Terre) chez les Chinois. Comme premier père des
dieux et des hommes, Tivus eut le nom épithétique de Aïeul (scythe
pappaïus, adjectif formé de pappa; gr. pappos; arm. pap.; cf. fr.
papa);.et le nom de Tivus Pappaïus, qui correspondait au Zevs pa-
ter (Ciel-Père) des Hellènes, au Zevs Pappas des Grecs de laPhry-
gie, et au Ju-piier (p. Diu-pater Ciel-Père) des Latins, indiquait
que les Scythes se figuraient Tivus comme le plus ancien des dieux,
comme le père primitif des dieux, et, par l’intermédiaire des dieux,
comme le père des héros et des rois, et enfin comme Vaïeul du
peuple scythe, et par lui ensuite, comme l’aïeul des hommes en
général. Chez les peuples primitifs qui vivaient dans l’état patriar-
chal, l’idée de père et d’aïeul impliquait celle de chef (cf. arabe
scheïkh, vieillard, chef), et c’est pourquoi Tivus, le père des dieux,
passait aussi pour le chef des dieux, et par conséquent, pour le
Dieu suprême.
§ 9®. Le Ciel «lieu «les comliats ; Tivus Hai/.iis. — Chez
les Scythes, dont l’occupation principale et la plus honorée était la
guerre ou les combats (v. p. WA), Tivus, le dieu suprême, devint naturellement
aussi le dieu du combat; et cela d’autant plus facilement
que, en sa qualité de dieu Ciel, il était déjà le dieu de l’orage (Pirkunis),
et que, suivant une association d’idées assez ordinaire dans
postérieures, aient existé déjà dans le fonds mythologique primitif. Ce fonds
primitif a été excessivement petit au point q u e , dans toutes les mythologies des
peuples igfétiques, il y a tout au plus une quinzaine de noms propres mythologiques
dont on puisse affirmer qu’ils ont appartenu réellement à la religion primitive
de ces peuples. En général, les mythologies iafétiques ont possédé un
patrimoine primitif très-mince et chacune.l’a agrandi et développé de son propre
fonds avec indépendance et originalité. Si donc il y a des analogies entre elles
dans les noms et dans les choses, cela vient le plus souvent de ce que les
peuples issus de la même souche, travaillant sur un même fonds linguistique et
mythologique primitif, ont produit des mots et des mythes.similaires, sans que
ees mots et ces mythes similaires soient dérivés d’un type commun qui ait existé
primitivement.