
qui adoraient particulièrement la déesse Artimpasa (v. § 127) , et
chez lesquelles par conséquent, comme chez les tribus keltes, les
femmes jouissaient d’une certaine prépondérance sur les hommes
(cf. HérocL, IV, 16), se faisaient gouverner, de préférence, par des
reines (Arrhian., Indic., 8). Les Grecs appelaient ces peuples,
non sans quelque mépris, gunaiko-kratoumenoï (dominés par des
femmes), et les Hindous les nommaient strî-râdjâs (ayant une
femme-roi).> La royauté, exercée par des femmes, se maintint
seulement chez les Scythes de la branche sarmaie ou slave, chez
lesquels le principe de soumission au pouvoir avait pris une plus
grande étendue. Elle était inconnue aux peuples de la branche gete,
chez lesquels le pouvoir royal conserva son caractère patriarcal,
et fut quelquefois électif, mais rarement absolu. Les rois goths, précisément
parce qu’ils étaient choisis généralement dans les mêmes
familles, illustres par le sang, tenaient beaucoup à la pureté de leur
race. Aussi Théodorik, de la famille des Amales (Issus du Soleil surnommé
Amal, l’infatigable), ne voulant pas mêler sa race avec un
sang moins illustre que le sien, fit venir exprès d’Espagne son
parent Euthanarik, pour lui faire épouser sa fille Amala-Svinlha.
Chez les Scythes, les Goths et les Scandinaves, les rois étaient
aussi, comme nous l'avons dit (p. 102), les Juges suprêmes (norr.
domendr). En Suède, le tribunal royal, c’est-à-dire le lieu de l’assemblée
publique (thing) était à Mora, où l’on voyait une grosse
pierre entourée de douze autres qui servaient de sièges au roi et
aux douze assesseurs, membres du jury (norr. nemndir). Comme les
fonctions de juge étaient les attributions principales du roi, élever
sur la pierre de Mora était synonyme en Suède d’élever sur le
pavois (v. p. 107), ou élire roi. Les rois étaient également les Grands-
Pontifes de leur nation. C’est seulement en qualité de Chefs du culte
(norr. drôttnar) que les princes Scandinaves pouvaient lever sur les
Hommes libres une contribution personnelle pour l’entretien du
culte. Bien que dans le Nord la monarchie absolue éprouvât de la
part des Nobles et des Manants une vive résistance, elle parvint
cependant, vers le huitième siècle, à comprimer d’abord et à anéantir
ensuite la puissance des petits Princes de district (norr. fylkiar,
fylkingiar). Les Rois, en s’élevant ensuite au-dessus dés Princes tri
butaires (skalt-konungar), devinrent d’abord Rois de nations (Thiocl-
konungar), et puis Chefs-Monarques (Einvalldshôfdingiar). Les petits
Chefs et les Princes tributaires ne furent dès lors plus que les Vassaux
du Monarque; aussi ceux d’entre eux qui ne voulaient pas
servir sous les ordres de ce prince, s’expatrièrent avec les Manants
qui n’avaient pas de fortune (v. p. 105), et devinrent, sous
le nom de Rois de troupes (Her-konungar), une espèce de Condottieri
qui se mettaient au service de quiconque leur payait la gratification
(v. p. 40). Plus lard, lorsque sous le roi Knût, vers 1010, il y eut
une armée permanente, ces princes médiatisés par la Monarchie
absolue et leurs fils devinrent les Officiers supérieurs du roi. Il
y en eut cependant un grand nombre qui, préférant leur indépendance
à tous les honneurs militaires que leur offrait le monarque,
se mirent à la tête d’une troupes A’écumeurs de baies (vîkingiar,
v. p. 106), et prenant le nom de Rois de mer (Sce-konungar), cherchèrent
à Conquérir, au sud et à l’est de l’Europe, de nouvelles
principautés où ils pussent régner en princes indépendants.