
dige, boulangère; angl. Ln-dy). C’est pourquoi il est dit dans le mythe
norrain que Freyia choisissait, 'pour sa pari, la moitié des Occis,
et que l’autre moitié entrait chez Odinn pour devenir les Fils adoptifs,
les domestiques (lat. liberi; v. p. 101), les Troupiers-uniques de
ce Père des Occis (v. p. 197). En recevant chez elle des guerriers occis,
Freyia remplissait ainsi les fonctions paisibles et domestiques deiWaî-
tresse de maison ; et elle se substituait encore de celte manière à la
déesse Frigg qui, elle aussi, comme épouse à’Odinn, recevait dans
Corridor-de-joie (Vin-golf) la moitié du nombre des Occis. Déjà les
noms qu’on a donnés à la résidence et à la demeure de Freyia, indiquent
que cette déesse y remplit envers les guerriers les devoirs
de l’hospitalité, et qu’elle leur fait, comme Dame, les honneurs du
logis. En effet, le nom de Pelouses d'assemblée (norr. Fôlkvângur),
nom donné à l’Enclos de Freyia, a une signification analogue à
celui de Champ de mai, de Champ de Mars, et indique que les
guerriers d’Odinn tenaient une espèce de cour plénière dans la résidence
de Freyia, leur Maîtresse ou leur Dame. Le nom de Con-
tient-les-sièges (norr. Sess-rumnir) exprime que c’est une salle de
réception où l’on assigne des sièges d’honneur aux nombreux
hôtes qui y arrivent.
Nous venons de passer en revue toutes les divinités qui sont les
dédoublements et les héritières de l’ancienne déesse Artîn-paza.
Celte Déesse de la lune ainsi que ses Héritières ont subi, avec le
temps, plusieurs modifications très-marquées; mais ce qui, pour
nous, est la chose essentielle, c’est de voir que ces modifications
tiennent à un développement continu des conceptions mythologiques,
et que, par rapport à la déesse Artin-paza, comme pour les
autres divinités de la race scythe, la religion des peuples de la
branche gèle forme la transition naturelle et nécessaire de la religion
des Scythes à celle des Germains et des Scandinaves.
CHAPITRE XIII.
E. LE F E U . — T A V I T I .
a. Conception de la déesse Tavili chez les Scythes.
§ i 4L 1 . Noms primitifs du feu dans les langues iafc-
tiques. — Les peuples primitifs ont de bonne heure senti l’importance,
l’utilité et la puissance du feu, lequel est le seul élément
dont l’usage établît, dès l’origine, une différence marquée entre
le genre de vie des hommes et celui des animaux, et le seul aussi
dont l’emploi valût à l’espèce humaine la conquête et la soumission
de la nature. Aussi les peuples primitifs de la race de Iafète ont-ils
considéré le feu comme une puissance divine, et l’ont-ils, par conséquent,
adoré comme une divinité. Ce qui frappait surtout leur imagination
à la vue du feu brûlant, c’est qu’il semble affecter de s’élever
en pointe et de présenter comme des dards mordants ou piquants.
C’est pourquoi ils ont donné au feu le nom de Mordant
(sansc. agnis p. daknis1; lat. ignis; lith. ugnis). En même temps le
feu leur semblait être un animal vorace, dévorant les objets qu’il consumait.
C’est pourquoi on l’a aussi nommé le Dévorant (véd. athar;
zend. âtars; v. ail. eil; cf. pers. atesh et l’héb. esh; cf. sansc. buta-
açus, mangeur d’offrande). Enfin par son pur éclat, qui ne souffre
aucune souillure, le feu semblait être à la fois l’élément pur et l’élément
purifiant par excellence, et, pour celte raison, on lui a encore
donné le nom épithétique de Purifiant (gr. pur; goth. fon; v.
ail. viuri ; cf. lat. februus). Le ciel passait pour être le générateur
primitif du feu; et le feu céleste se montrait surtout dans le soleil
et dans la foudre. Aussi croyait-on que les objets provenant du ciel
élaient faits de feu céleste, c’est-à-dire d'or ardent et brillant; et
c’est pourquoi une tradition chez les Scythes rapportait, par exemple,
que le soc, le joug, la hache et la gourde, qui passaient pour êlre
tombésdu ciel (Hérod.,4,5), élaient faits d’or ardent. Le feu terrestre,
qui était à l’usage des hommes, était considéré comme une particule
détachée et conservée du feu céleste, soit du soleil, soit de la foudre.
Aussi, dans toutes les mythologies, le feu terrestre, considéré ou
comme objet ou comme divinité, a-t-il toujours été mis en rapport,
soit avec le Dieu du soleil, soit avec le Dieu de la foudre, soit avec
l’un et l’autre à la fois. Voilà pourquoi, chez certains peuples, le feu
‘ Cf. sansc. daç; gr. da/c-nô ; ail. zacke; zahn; de la même manière les mots
sanscrits ahan (jour) et açru (larme) proviennent de dahan (cf. norr. dagan,
point du jour) et de daçru (gr. dakru; cf. scyth. sakiru). A mesure que j’avance
dans l’analyse des thèmes primitifs, j’y trouve d’avantage la confirmation de la
thèse que j’ai émise il y a vingt ans (voy. p. 131), savoir que les mots commençant
par une voyelle sont à ramener à des thèmes primitifs antéhistoriques
commençant par une consonne. Même dans l’idiome védique, il y a déjà des
formes dépouillées de leur consonne initiale,