
Mauledtâ, Génératrice) des Syriens, avec l’Al-ilahat (la Déesse) des
Arabes et avec le Mitras (l’Ami), ou le Soleil fécondateur des Perses.
Tous ces rapprochements prouvent que la Déesse de la lune était
considérée, chez les Scythes, encore du temps d'Hérodote, principalement
comme Déesse de la génération. C’est sans doute à l’influence
‘du culte d’Artîn-paza, lequel favorisait l’acte de la propagation,
qu’il faut attribuer, en grande partie, la promiscuité qui
régnait chez les Scythes nomades (Hérod., I, 216). Il était naturel
que les jeunes gens nubiles, de l’un et de l’autre sexe, ou comme
on disait les puissants (norr. môgr) et les puissantes (norr. mey) ', passassent
pour être spécialement consacrés (scyth. pleislai, v. § 187) à
Artîn-paza ou bénis par elle. Cette déesse, aimant les jeunes gens
portés à l’amour ou au mariage, détestait, par cela même, ceux qui,
par impuissance, restèrent célibataires ou , comme on disait en langue
scythe, hommes solitaires (scyth. vên-varai; Hérod., Ên-ârès). Les
Scythes considéraient l’impuissance comme un malheur, une malédiction,
qui avait été infligée, à quelques-uns de leur naiion, par la
Déesse elle-même qui présidait à la procréation; et, d’après eux, ce
malheur leur était arrivé en punition de ce qu’ils avaient osé piller
le temple d’Aphrodilè ourania (Astarté), à Askalon, lors de leur
grande expédition en Syrie et en Palestine (v. p. 31), au commencement
du)septième«siècle avant Jésus-Christ. Comme on sacri
fiait ou consacrait aux dieux et les objets qui leur étaient agréables
et ceux qu’ils haïssaient, les Enares étaient également consacrés à
Artîn-paza ; mais ils ne l’étaient pas à titre de bénis par cette
déesse, ils l’étaient à titre de maudits par elle (v. Gavaihtai, § 187).
§ 199. A rtîn -p a z a Déesse île la D e stru c tio n . — La
Déesse de la lune ou du soleil-nocturne se confondit de bonne heure
avec la Déesse de la nuit. Or, la Nuit, du sein de laquelle toutes les
créatures paraissaient naître, et au sein de laquelle toutes semblaient
rentrer, était considérée à la fois comme l'Origine et la Mère,
et comme la Fin et la Destruction des choses. La Déesse de la lune,
identifiée en partie avec la Déesse de la nuit, eut donc aussi les attributions
contradictoires de Déesse de la génération ou de la vie, et
de Déesse de la mort ou de la destruction. Ces attributions contradictoires
ont été données à la Déesse de la lune avant l’époque à
laquelle la race arie, la race kamare et la race iône se sont détachées
de la souche iafétique. Ce qui le prouve, c’est que ces races
DIVINITÉS ADORÉES. — ARTÎNPAZA.
emportant de la patrie primitive commune, l’idée ou le germe de
cette antithèse ou contradiction, l’ont développée, chacune, dans
sa mythologie respective. De là ce phénomène particulier que, dans
toutes ces mythologies, la Déesse de la lune et par suite ses dédoublements
et ses héritières, ainsi que son époux ou frère, le Dieu
du soleil, ont un caractère en quelque sorte double ou contradictoire
en lui-même (v. Les Amazones, etc., p. 9). C’est ainsi, par
exemple, que, dans la Mythologie hindoue, la Déesse de la lune,
devenue Déesse de la nature, présidait, sous le nom de Bhavânî
(Naissance) à la naissance, et sous celui de Kâlî (Effrayante), à la =
destruction et à la mort. Dans la Mythologie kimméro-thrâke, la
Déesse de la lune, sous le nom dé Ciça (Mammelue), présidait à
la naissance et à 1 entretien, et sous celui de Taranis (gr. Artémis
Tauropolos), à la destruction et à la mort. Dans la Mythologie
grepque la Déesse de la lune, en tant qu’Artémis Maîtresse (gr.
Despoïna), Salvatrice (gr. Sôleïra), Accoucheuse (gr. Locheïa), présidait
à la naissance (cf. lat. Lucina) et à la vie; et comme Artémis
Chasseresse (gr. Agrotera) Bouvière (gr. Tauropolos), Tueuse de génisses
(gr. Perse-phonè; lat. Proser-pina; gr. Perse-phatla), elle présidait
à la mort et à la destruction. Pour les mêmes raisons Ârtin-
paza, la Déesse de la lune et de la procréation, chez les Scythes,
devint.aussi Déesse de la chasse et de la guerre, et, en cette qualité,
Déesse de la destruction. Aussi était-ce autant en sa qualité de Déesse
delà destruction qu’en celle de Déesse de la divination (cf. p. 195),
$ e^e ava*t à son service des Femmes Victimaires qui sacrifiaient
les prisonniers de guerre et formaient une espèce de corporation
qu’on désignait par lenom abstrait neutre de Tuerie d’hommes (scyth.
vairo-pata; Hérod., oiro-pala; v. Les Scythes, p. 56). Ces femmes
qui avaient un caractère approchant de celui de prêtresses d’Anin-
paza, imitaient dans leur extérieur et dans leurs moeurs (selon l’habitude
généralement suivie par les prêtres et les prêtresses dans l’Antiquité)
la divinité qu’elles servaient ; elles étaient muées comme
des guerrières et des chasseresses (cf. Vaito-skura) ; et sous ce rapport
les Grecs ont pu les comparer aux Amazones vierges, prêtresses
de l’Artémis d’Ephèse. Mais comme le culte d'Artîn-paza était plutôt
orgiastique qu’ascétique, et que les Scythes n’attribuaient à la vir-
8>oiié aucun caractère de sainteté, leur Déesse de la lune n’était
Pas considérée, par eux, comme vierge, et les Femmes de la Tuerie
n