
jugement au nom du peuple, et c’est encore au nom du peuple que
l’un d’entre eux mettait à exécution la sentence prononcée (cf. Michelet,
Orig. du droit fr., p. 287, suiv.). Par suite du principe
reconnu que Dieu et le droit étaient toujours du côté du vainqueur
ou du plus fort (v. p. 116), on établit pour l’accusé, comme moyen
de justification, le combat judiciaire et l’ordalie (v. ail. urdeili;
anglos. ordâl, jugement primordial), ou le jugement du Destin (ur-
lagi, disposition primordiale). Ces moyens de justification conformes
aux idées des barbares étaient, plus ou moins, en usage
chez les Scythes, les Goths, les Germains elles Scandinaves, aussi
bien que chez la plupart des peuples de l’Antiquité, et se maintinrent
même encore longtemps après, au Moyen âge, chez les
différents peuples chrétiens de l’Europe.
IV. QUATRIÈME PARTIE DE L’OUVRAGE.
CHAPITRE VIII.
LA FILIATION GÉNÉALOGIQUE DES SCYTHES AUX G È T E S , ET DES GÈTES AUX GERMAINS
ETAU X SCANDINAVES, PROUVÉE PAR LA CONTINUITÉ ORGANIQUE DES
PHÉNOMÈNES DE L ’ÉTAT INTELLECTUEL DE CES PEUPLES.
§ lies dispositions intellectuelles de la race
scythe. — Bien que les Scythes et leurs descendants soient arrivés
plus tard que leurs frères, les autres peuples de la race iafé-
tique, à marquer dans l’Histoire (v. p. 6), ils ont prouvé cependant
par 1 empiré qu ils ont exercé sur les autres peuples depuis le
second siècle de notre ère, que, pour être les cadets de la famille,
ils n en étaient pas les moins doues d’intelligence et d’énergie morale.
Déjà les Scythes nomades ont prouvé leurs bonnes dispositions
intellectuelles par le besoin qu’ils sentaient de s’instruire
auprès des peuples plus civilisés. Anacharsis, fils du roi scythe
Gnourus, surnommé Deukelas (p. Davï-kelas, Esprit brillant, v. § 79;
cf. Daves et Gèles), vint à Athènes pour s’y instruire, et il parvint,
par son intelligence, à la gloire de compter parmi les sept sages de
la Grèce. Le roi Skulès aimait à jouir tous les ans, à Olbie, des
avantages et des plaisirs de la civilisation grecque, et exposa,
pour satisfaire ce goût, son trône, et jusqu’à sa vie (Hérod., IV, 80).
Les Athéniens préféraient les pédagogues gèteè et daves à ceux des
autres peuples, non-seulement pour leur fidélité (v. p. 114), mais
aussi pour leur intelligence. Le désir de s’instruire, qui se manifesta,
chez les Scythes, par celui de voyager et même de servir à
1 étranger (cf. les archers scythes à Athènes), passa aussi à leurs
descendants les Germains et les Scandinaves, dont un grand nombre
suivirent l’exemple de leurs ancêtres, et prirent service à l’étranger
(cf. les ambacti en Gaule; les Varègues à Constantinople, p. 106).
Lien que ces voyages et ces engagements ne fussent pas toujours
volontaires, mais qu’ils fussent entrepris et subis souvent par nécessité
(v. ibid.), cependant, quelle qu’en fût la cause ou le mo-
l'f, ils contribuaient toujours au développement intellectuel de ces
Peuples, en les mettant en contact avec les hommes et les choses