
à ces idiomes; le plus grand nombre de ces consonnes proviennent
évidemment de la transcription ou de la prononciation g re cqu e
des mots g è l e s cités par ces auteurs grecs. En éftet, la gutturale
sifflante s k des Scythes et des Gèles, les Grecs l’exprimaient tantôt
par s k (ex. Sko lo te s ) , tantôt par s (p. s k , ex. O ito s u r o s p. O iio s k u -
r o s , v. § 108; cf. lat. sir p u s p. sci r p u s ) , tantôt par x (ex. Z u l-
m o k s is p. Ska lm o - s k i s , v. § 11S). Les dentales sifflantes th et m
des Scythes et des Gèles furent également exprimées en g r e c par 2
(ex. géto-gr. Z a rm i - z e g e lh e p. s k a lm i - lh e k e t e , couvert de peaux,
v. p. 99; géto-gr. g e b e l e ïz is p. gebleït/ilis; cf. golh. a n s ts p. a n l t i s ) .
Une sifflante particulière « s’est maintenue dans le g o th iq u e d’Ulphi-
las, et s’est changée plus tard en un rhotacisme aspiré (ex. golh.
h u z d ; germ. h o r t ) . Le m oe s o - g o th iq u e , n’ayant été qu’un des quatre
dialectes de l’idiome g è l e , n’a pas pu donner naissance, à lui tout
seul, comme quelques savants semblent le croire, soit aux idiomes
g e rm a n iq u e s , soit aux idiomes S c a n d in a v e s , mais il a seulement
contribué, pour une part, avec les autres dialectes g è l e s , à la formation
de ces idiomes.
§ SI. Formation «les idiomes germaniques. — Connue
les G e rm a in s et les S c a n d in a v e s sont sortis des peuplades de la
b r a n c h e g è t e (v. §§ 33, 45), les langues qu’ils parlaient étaient aussi,
dans l’urigine, identiques avec l’idiome g è l e , et se sont tenues, quant
aux consonnes, sur la même ligne que cet idiome. Aussi toutes les
tribus g e rm a n iq u e s et S c a n d in a v e s qui ont conservé la pureté de
leur sang, et qui ne se sont pas mêlées avec des races étrangères,
ont-elles conservé les consonnes de leur langue telles qu’elles leur
avaient été transmises par leurs pères, les peuples de la b ranche
g è l e ; et tous les changements qui se sont opérés depuis dans leur
langue, ont eu lieu, non dans les c o n s o n n e s , mais dans les v o y e lle s .
Cependant les tribus germaniques qui se sont mêlées plus ou
moins avec des peuples k e lliq u ê s (v. p. 76), ont aussi continué à
subir l’influence de l’idiome de ces peuples, de sorte que la cause
qui a produit le changement des consonnes déjà dans l’idiome
g è t e , subsistant toujours encore, a aussi continué à produire les
mêmes effets en donnant de plus à ce changement une extension qu’il
n’avait pas encore prise dans l’idiome g è l e . Voilà pourquoi la tendance
de changer les consonnes d u r e s en a s p ir é e s et en m o lle s a
continué dans les dialectes des G e rm a in s m é la n g é s , qui, dans l’origine,
ont habité principalement la zone méridionale de la Germanie,
tandis que ces changements ne se font pas beaucoup sentir
dans les dialectes des Germains p u r s a n g , tels que, par exemple,
les S a x e s , les V e s tfâ le s et les Ee s s e s , qui ont habité originairement
la zone septentrionale. C’est ainsi que, dans les dialectes m é la n g é s
de la zone méridionale, beaucoup de consonnes d u r e s (p, k et t)
qui s’étaient encore conservées dans l’idiome g è t e , et sont restées
telles dans les dialectes g e rm a n iq u e s de la zone septentrionale et
dans les dialectes S c a n d in a v e s , se sont changées en a s p i r é e s ; de plus,
quelques a s p ir é e s se sont changées en d o u c e s . Exemples : goth.
p a id a (mante), vieux haut-allemand f e i t ; gète k o (vache), v. h. ail.
ch u o ; goth. T iu s (norr. T y r ) , v. h. ail. Z i o ; golh. ih a u r s u s , v. h.
ail. d u r r i , etc.1. Par suite de ce nouveau changement il est arrivé
que, dès le sixième siècle de notre ère, il y a eu, quant aux consonnes,
une différence bien plus marquée entre l’allemand s e p le n -
' M. Grimm a désigné le changement dès consonnes dans le germain méridional
sous le nom de second déplacement des consonnes (%,-weiie Lautverschiebnng) ; il
le rattache, avec raison, au premier changement ; mais parce qu’il le considère
comme'ün échange entré le grec, le gothique et le vieux haut-allemand, ce second
déplacement, ajouté au premier, devient un phénomène de plus en plus merveilleux
dont on ne saurait se faire une idée, à moins de supposer, ce qui est
impossible d’admettre, que ces changements se soient faits par un échange, dont
le grec, le gothique et le vieux haut-allemand auraient eu conscience. M. Grimm,
qui s’est abstenu d’expliquer la première permutation, a essayé d’expliquer la
seconde ; il croit que l’énergie physique et morale et l’enthousiasme guerrier qui,
selon lui, se sont emparés des peuples germaniques dans les premiers siècles de notre
ère, ont donné aussi à leur idiome une prononciation plus énergique. Mais pourquoi
cette prononciation énergique se serait-elle produite seulement chez les
Germains keltisés et non aussi chez les Gèrmains pur sang ? Ensuite cette explication
aurait quelque chose de spécieux, si les consonnes molles et aspirées, c’est-
à-dire adoucies dans l’idiome gète, étaient remplacées dans l’idiome germanique
par des consonnes dures, c’est-à-dire prononcées avec plus d'énergie. Mais c’est
précisément le changement contraire qui a lieu dans l’idiome germanique : la consonne
dure devient aspirée, c’est-à-dire qu’elle est adoucie. Il est vrai que M. Grimm
cite des exemples de consonnes molles en gothique qui, en vieux haut-allemand,
sont devenues dures. Mais d’abord les exemples cités ne prouvent pas
beaucoup dans la question dont il s’agit, parce que ce ne sont pas des consonnes
initiales, mais des consonnes internes et finales. Ensuite les exemples cités
qui présentent des consonnes initiales, appartiennent à ce que M. Grimm appelle le
strict vieux haut-allemand (st'reng alt-hoch-deutsch•), c’est-à-dire à une langue
qui n’est plus la langue réelle, la langue de Notker, d’OiFRiEt», de Tatian,
mais qui est arrangée, quant aux consonnes, d’une manière systématique, selon
les exigences do la prétendue loi qui doit avoir présidé à la seconde Lautrer-
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