
toire ancienne, s’effacèrent, l’un après 1 autre, dans la Thrace et
dans les cantons limitrophes, où ils avaient originairement dominé.
Les uns quittèrent leurs établissements primitifs, et s’affaiblirent en
se disséminant et en s’éparpillant dans les différents pays du midi
de l’Europe. Les autres, tout en restant dans le pays de leurs
pères, furent vaincus et obligés de se fondre avec la.population
des vainqueurs. Tous enfin perdirent, avec leur indépendance et
leur nom national, leur langue, leur religion et les caractèresI
distinctifs de leur race. Il est donc arrivé au puiné de la race
scyihe, c’est-à-dire à la branche gèle, ce qui a eu lieu antérieurement
pour l’aîné de cette race ou pour la branche asiatique;
l’un et l’autre, en perdant leurs caractères propres, ne contribuèrent
plus, dans l’histoire, à la gloire et à 1 accroissement de lem
race; semblables aux rameaux inférieurs des conifères (v. p.J5),
ils se desséchèrent et se détachèrent du tronc qui néanmoins poussa
sa pointe plus haut, dans le Nord. L’histoire des peuples de la
branche gèle serait donc complètement terminée avec la disparition
du nom des Gètes, des Gotes, des Dâkes et des Gépides dans le
sud-est de l’Europe, et la race scythe ne se serait continuée que
dans la branche sarmaie, si de nombreuses tribus, sorties successivement
delà branche gèle, dès le cinquième siècle avant notre
ère, n’avaient pas passé en Germanie et en Scandinavie, et n a-
vaient pas conservé et continué, dans ces pays du centre et du noid
deTÉurope, le sang, les moeurs, les idiomes et les traditions de
la race scythe. Et, en effet, ce fut principalement de la blanche
gète, et non de la branche sarrhale, que sortirent les tribus qui ont
peuplé successivement la Scandinavie et la Germanie. La branche
sarmate, placée en dehors du courant'des migrations et des accidents
de l’histoire, après avoir quitté l’Asje, se fixa définitivement
dans les vastes plaines de la Russie d’Europe, où elle trouva assez
d’espace pour se mettre au large. La branche gète, au contraire,
resserrée, dès l’origine, entre lesSarmates au nord-est, les Keltes
à l’ouest, les Grecs et les Romains au sud, se trouvait non-seulement
placée sur le chemin que prirent presque tous les peuples
qui émigrèrent d’Asie en Europe, mais elle fut aussi impliquée
dans les révolutions des peuples principaux de l’Antiquité, et, ne
pouvant plus s’éténdre sur place, elle fut portée naturellement à
suivre l’entraînement des migrations vers le Nord et vers YOuesi
(v. p. 9), et à se décharger ainsi peu à peu, sur la Germanie et
sur la Scandinavie, de la surabondance de sa population. Ces émigrations
sorties de la branche gète commencèrent au sixième siècle
avant notre ère, et durèrent jusqu’au deuxième siècle après Jésus-
Christ. Elles s’opérèrent principalement dans trois directions :
d» de l’est à l’ouest, en remontant les bords du Danube jusqu’au
Rhin; 2° du sud-est au nord-ouest, en .suivant le cours de l’Elbe
et de l’Oder, et 3° du sud au nord, en suivant la Vistule jusqu’à la
mer Baltique. Les migrations les plus anciennes sorties de la
branche gèle sont généralement celles qui, après avoir traversé l’ancienne
Keltique (Germanie), se sont successivement portées le plus
loin de leur point de départ, et ont fini par se fixer en Scandinavie,
entre le quatrième et le premier siècle avant notre ère. Les émigrations
qui ont donné naissance à la population germanique sont généralement
moins anciennes ; c’est pourquoi nous croyons devoir
parler d’abord des Scandinaves, et ensuite des Germains.
CHAPITRE IV.
A. Origine, migrations et établissements des peuples Scandinaves.
a) Races primitives en Scandinavie.
§ 30. Ii» ra c e sabm é en n e . — Les peuplades primitives qui,
dans l’origine, étaient disséminées dans les vallées, dans les montagnes
et les plaines boisées et sauvages des pays septentrionaux appelés
plus tard la Scandinavie, appartenaient à une race d’hommes
qu’à défaut de nom générique plus convenable, nous appellerons
le rameau sabméen ou lappo-finne. Ces peuplades étaient venues
s’établir dans ces contrées de l’Europe septentrionale, après avoir
quitté les plaines de l’Oural et de l’Altaï, où elles avaient fait partie
de la branche tongouse qui, avec la'branche tatare,’formait ce que
nous appellerons la souche ou race tourane1. Ces peuplades se
donnaient le nom de Hommes de la terre ou Fils de la terre (finn.
ma-innemen), et comme elles vivaient d’abord sur les bords de la
mer, principalement de la mer Baltique, elles se nommaient aussi
Gens de l’eau (finn. Souma-lassed; esthon. Soma-lassed; lapon. Sabine-
Cf. A, Maury, Les Peuples de race finnoise, dans la Revue germanique.