
U volonté à la penfée. Différent de 1 efpnt qui
s’accroît par t in lW l io n , 5c qur s enrichit des
idées des autres , le caraftere ne doit fa force qu à
la nature. I l ne fe prend ni nés infpire , il ne fe
donne ni ne fe communique. C ’eft par lui cependant
que la vertu eft aflive & le geme bienfaifant. C elt
par lui que l’homme s’élève 5c qu il atteint à fa véritable
grandeur , au pouvoir d agir 8c de faire , de
pourfuivre 8c d’exécuter, de refffter 8c de vaincre.
F Augmenter la force publique fans nuire au bonheur
des particuliers voila le but de 1 administration
des finances. . .. .
Ce but eft grand , fans doute , mais il eft difficile
à remplir ; car les moyens qui conflituent la, puilfance
de la fociété, contrarient fouvent le bonheur
de fes membres : l’une demande des facnfices ,
l’autre ne veut que des jouiffances.
Uadminiftrateur tempere ces oppolitions lans
pouvoir les détruire , 8c fes fuccès font annonces
par l’accroiffement de la population ; car elle naît
du bonheur, 8c c’ eft elle qui produit la force.
C ’eft à la faveur d’une aifance generale que les
hommes fe multiplient ; c’ eft par le refpeél du
monarque pour leur liberté 8c leurs propriétés,
qu’ils s’attachent à la Tociéte qui les a vu naître g
qu’ils la fervent, qu’ils la défendent. Au miheu de
cette aifance , mille 8c mille cris d’allegreffe s e-
levent chaque jour pour demander la conféfvation
du fouverain ; pour bénir le choix qu il a fait d un
adminifirateur au® fage, auffi zélé pour la félicité
publique ; 8c le nom de ce digne miniftre eft transmis
aux races futures avec les expreffions de I amour
de la vénération qu’i l a mérite des gens éclairés
dé fon tems.
A d m in is t r a t e u r , Ce titre fe donne aux
membres de la compagnie qui eft chargée del’admi-
niftration des loteries , de la regie des poltes , 8c de
celle qui régit les domaines du roi. Voyc^ DO MAINES
, L o t e r ie s , Po s t e s .
A D M IN IS T R A T IO N mu nicipa le ou prov
in c ia l e , f. f- par lequel on défigne une
nouvelle inftitution compofée d’un certain nombre
d’habitans d’une même province , choifis dans le
clergé, dans la nobleffe , 8c dans le tiers état. Cette
affemblée doit toujours être combinée de maniéré
que la fomme du tiers état foit égale à « lie des
eccléfiaftiques 8c des gentils-hommes pris enlemble.
Les fonétions de ees adminifirations doivent s’ étendre
à répartir les impofitions , à propofer les
formes les plus favorables , à prêter une oreille
attentive aux plaintes des contribuables, à diriger
la confeaion des routes, à choifir pour y parvenir
la maniéré la moins onéreufe aux peuples, a rechercher
enfin tous les moyens nouveaux fie prolpérite
qu’une province peut développer.
L ’affemblée provinciale ne peur pas .durer plus
d’ un mois. Les fuffrages y font comptés par tête,
nqn par diftinçUon d'ordre. Le roi lui fait connoître
fes volontés par descommiffaires chargés de
fes inftruaions.
Dans l’-intervalle de ces affemblées , il fubfifte un
bureau d1 adminiftration compofé du quart environ
des membres d e l’affemblée provinciale. I l eft chargé
defuivre les détails de toutes les parties fur ief-
quelles cette affemblée étend Tes foins ; il eft obligé
de fe Conformer àux délibérations qu’elle a prifes,
8c de lui rendre compte de toutes fes opérations.^
Le bureau, ainfi que l’affemblée, eft autorifé à
fair,e en tout temps des repréfentations au roi 8c
de lui propofer les réglemens qu’on croit utiles à la
province , fans cependant pouvoir fous ce prétexte
apporter aucun obftacle à la levée des impofitions.
L ’intendant de la province a le droit de prendre
connoiffance des délibérations de l ’affemblée p ro- -
vincialedc dubureaud’udmiuf/îràtiou, toutes les fois
qu’il le juge à propos. . ' -
N i l’affemblée, ni le bureau ne peuvent faire aucune
dépenfe qu’elle ne foit autorifée par le roi.
Ces adminifirations qui , -jufqu’à préfent , lie
peuvent être regardées que comme des effais, 8c
qui n’ont lieu que dans les généralités de Bourges,
de Grenoble , Montauban 8c Moulins, ont pour
objet principal, d’adoucir le fardeau des impoli-
tions par les modifications dont elles font fufcep-
tibles , 8c par la fageffe des répartitions. On a penfe
que la marche uniforme 8c fuivie de ces àdmimftra-
tions, leur attention plus fubdivifée, les diverses
connoiffances qu’ elles pourraient raffembler, les
mettroient à p'ortée d'écarter tout arbitraire, de
(j propofer des plans pour animer le commerce OC
l’induftrie dans chaque province.
Comme ces affemblées ne confentent pas les impôts
, mais Amplement les répartiffent , ce n en Pas
la plus grande énergie de propriété qui eft la qualité
effentielle pour y avoir entrée g c eft plutôt
l ’amour de l’ordre 8c de la juftice I c eft 1 impartialité
j c’ eft l’inftruélion.
Au refte, nous ne pouvons mieux faire connoitre
la fin que s’ étoit propofée l’homme d’état qui avoir
conçu ce grand projet , qu’en donnant ic i le
mémoire dans lequel il a dévelqppe la profondeur
de fes vues, .
Mémoire fur Cétahlijfcment des adminifirations pro«
•vinciales.
Une multitude de plaintes fe font* élevées dans
tous les tems contre la forme d’adminiftration employée
dans les provinces : elles fe renouvellent
plus que jamais , 8c l’ on ne poürroit continuer à
‘ s’y montrer indifférent, fans avoir peut-etre de
juftes reproches à fe faire. A peine, en effet, peut-
on donner le nom d’adminiftration à cette volonté
arbitraire d’un feul hômme qui > tantôt prelent,
tantôt abfent, tantôt inftruit , tantôt incapable ,
doit régir les parties les plus importantes de 1 ordre
public ; 8c qui ne confidere fa place que comme un
échelon à fon ambition. S i ?comjne il eftrailonfiable,
on ne lui donne h gouverner en débutant qu'uns
généralité d’une médiocre étendue, il la voit comme
un lieu de paffage, 8c 'n’ eft point excité à préparer
des établiftemens dont le fuccès ne lui fera point
attribué, 8c dont l’éclat ne paroîtra pas lui appartenir.
Enfin, préfumant toujours, 8c peut-être avec
raifon , qu’on avance encore plus par l’effet de l’intrigue
ou des affections que par le travail 8c l’étude,
ces commiffaires font impatiens de venir à Paris,
8c laiffent à leurs fecrétaires ou à leurs fubdélégués
le foin de les remplacer dans leur devoir public.
Ces fubdélégués n’ont jamais de relation ayec leur
miniftre, même en l’abfence de l ’intendant q u i, dans
quelque lieu qu’il fo i t , retient toujours à lui feul la
correfpondance ; ainfi ils ne peuvent acquérir aucun
mérite dire# auprès du gouvernement, ni aucune
gloire qui leur foit propre.
Tous ces inconvéniens , qui feroient fenfîbles
dans le tems le plus heureux, deviennent plus ag~
gïavans quand les peuples gémiffent fous le poids
d’impôts accumulés, 8c quand il eft alors fi nécef-
faire d’adoucir , par une attention paternelle , la
rigueur de leur fort : de là cette fermentation générale
, & fur la répartition des impofitions , 8c fur les
corvées , 8c fur l ’arbitraire abfolu, & fur la difficulté
d’obtenir juftice, & fur le défaut d’encouragement
: de là peut-ê tre l ’indifférence générale
pour le bien de l’éta t, qui gagne tous les jours.
Le gouvernement, témoin de toutes ces plaintes
, ne trouvera jamais que des moyens infuffifans
pour y remédier , tant que la forme aCtuelle d’ad-
miniftrer les provinces n’éprouvera aucune modification.
En effet, il eft à remarquer qu’il n’y a dans
les pays d’ éledtion aucun contradicteur légitime du
commiffaire départi, & il ne peut même en exifter ;
dans l’ordre aCtuel, fans déranger la fubordination
ôc contrarier la marche des affaires. A in fi, à moins
qu’on ne foit averti par des injuftices éclatantes ou
par quelques fcandales publics , on eft obligé de
voir par les yeux de l’homme même qu’on auj-oit
befoin de juger. On peut aifément fe faire une
idée de l’abus 8c prefque du ridicule de cette prétendue
adminiftration.
Il vient au miniftre des plaintes d’un particulier
ou d’une paroifïe entière : que fait-on alors, & qu’a-
t-on fait de tous les tems ? On communique à l’intendant
cette requête : celui-ci,en réponfe,oucontefte les
faits ou les explique, 8c toujours de maniéré à prouv
er que tout ce qui a été fait par fés ordres a été bien
fait ; alors on écrit au plaignant qu’on a tardé à lui
répondre jufqu’à ce qu’on ait eu pris connoiffance de
fon affaire , 8c alors on lui tranfmet comme un jugement
réfléchi du confeil, la Ample réponfe de l’intendant
; quelquefois même , à fa réquifîtion, on .
xéprimande le contribuable ou la p^roiffe de s’être i
plaint mal à propos. Et qui fait s’ils ne fe réffeiîtent
pas encore d’ une autre maniéré dé leur hardieffe?
car un intendant 8c fes fubdélégués voyant toujours
•que les requêtes leur font renvoyées, que leurs déif
io n s font adoptées 8c que ce|te déférence à leurs
Finances. Tome I.
àvi$ êft ftéceffaire, doivent naturellement méprifer
les plaintes auxquelles des corps entiers ne s’affo-
cient pas ; voilà pourquoi ils font fi fort redoutés
dans les provinces , de la part de ceux qui n’ont pas
de relation avec la cour ou avec la capitale.
Quand de longs murmures dégénèrent en plaintes
générales, le parlement vient fe'placer entre le roi
8c fes peuples ; mais ce remede eft un ’inconvénient
lui-même, puifqu’il habitue les fujets de votre
majefté à partager leur confiance 8c à connoître
une autre protection que l ’amour 8c la juftice de Ieuc
fouverain.
C ’eft après avoir été frappé de la défedhiofité
de cette contexture d’adminiffration, que j ’ai déliré
fortement pour la gloire de votre majefté, pour
le bonheur de lès peuples 8c pour l’accompliffement
du devoir de ma place , qu’on pût développer à.
votre majefté la nécelfité de s’occuper effentielle-
ment de cet important objet.
En même tems je fens plus que perfonne la convenance
de n’employer que des moyens lents, doux
8cfages : i l n’eft rien où l’expérience n’ajoute encore
à l’inftruétion 8c à la confiance. Ainfi ce n’ eft
que dans une feule généralité que je propoferois à
votre majefté d’introduire un changement qui con-
filleroit effentiellement dans l ’effiti d’une adminiftration
provinciale ou municipale.
I l eft fans doute des parties d’adminiftration q u i,
tenant uniquement à la police, à l’ordre public, à
l ’exécution des volontés de votre majefté , ne peuvent
jamais être partagées 8c doivent constamment
repofer fur un intendant feul; mais il en eft auffi,.
telles que la répartition de la levée des impofitions ,
l’entretien 8c la conltruCtion des chemins, le choix
des encouragemens favorables au commerce , au
travail en général, 8c au débouché de la province
en particulier , qui , foumifes à une marche plus
lente 8c plus confiante, peuvent être confiées préférablement
à une commiffion compofée de propriétaires
, en réfervant au commiffaire départi l’importante
fonction d’ éclairer le gouvernement fur
différens réglemens qui feroient propofés :de cette
maniéré , votre majefté auroit des garans multipliés
du bonheur de fes peuples ; 8c fans déranger
en rien l’ordre public , elle feroit fûre que les tributs
néceflaires au befoin de l’état feroient adoucis
par la répartition 8c plus encore par la confiance*
On ne verroit plus cumuler fur le peuple 8c le
poids des impôts 8c les frais de juftice, qui attellent
fon impuiffance , ainfi què les moyens rigoureux
qu’on eft obligé de mettre en ufage.
On délivreroit peut-être infenfiblement les ha-
bitans de la compagne du joug fous lequel ils vivent.
Subdélégués , officiers d’éleCtions , directeurs ,
receveurs 8c contrôleurs de vingtièmes, commiffaires
8c colle dieu r s de tailles, officiers des.gabelles ,
voituriers, buraliftes, huiffiers, piqueurs de corvées,:
commis aux aidés, aux contrôles , aux droits
réfervés ; tous ces hommes de l’impôt, chacun félon
fojj çaradtere , affujettiffeot à leur petite autorité