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tions plioient au gré des intéreffés, &
jamais, à l’avantage des redevables.
M. de Sully j devenu furintendant des
finances , parvint à diiliper les ténèhres
qui enveloppoienc toutes les affaires de
fon département ; & fi l’ordre & la clarté
qu’il mit dans fon adminillration , ne
détruifirent pas d’abord tous les abus, ils
fervirent à les découvrir & à les réprimer.
On peut voir dans les mémoires de ce
fage & laborieux miniflre , le détail de
toutes fes utiles opérations. Je remis par
tout le royaume , dit ce miniflre dans fes
mémoires, ( tom. 5 , pag. 195 ) ^ refic
des impôts de 1Ç96 , qui étoient encore
à payer ÿ action autant de nécejfité que de
charité. Cette gratification , qui commença
à faire refpirer le peuple , fit perdre au roi
vingt millions j mais auffi elle facilita le
paiement des fubfides de 15 97 , qui fans
Cela feroit devenu moralement impoffible|
Voye% le mot C o n t r o l e u r g é n é r a l
PES f in a n c e s . On y trouve un parallèle
de Sully avec' Colbert , qui fait digne-
ment connoître ces deux grands miniftres
entre lefq-uels on a cru devoir en placer
un troifième.
Le réfultat des opérations de Sully fut
qu’à la mort de Henri I V , il avoit acquitté
trois cents millions de dettes, & racheté
des parties de domaine pour foixante millions,
l’argent étant à vingt livres cinq fols
quatre deniers le marc. .
- Sous ce monarque, les arfenaux avoient
été pourvus de toutes fortes d’armes &
de munitions ; on avoir fortifié grand
nombre de villes frontières , érigé de fu-
perbes édifices , & acquis fine quantiré
eonlïdérabie de meubles précieux & de.
pierreries ; on comptoir vingt millions
d’argent dans le trçfor du roi , & féize
qui pouvoient y revenir chaque année ;
preuve que les relîources de cet empire
font inépuifables quand elles font ménagées
, &c qu’un miniftre peut toujours
compter fur des fuccès., avec de l’ordre &
de l’économie,
Un règlement général rendfi le 31 mai
O U R S
1607, donna à la régie des droits de
traites, & aux précautions néceffaires pour
a(Turer leur perception, une forme unique
& fiable (86) qui fut enfuite adoptée par
l’ordonnance des fermes de 1687 lur cette
même matière.
Le miniftère du cardinal de Richelieu,
qui produilit de li grands changem ns
dans les intérêts politiques de l’Europe ,
n’apporta aucune innovation dans les
finances. Occupé tour - à - tour à lutter
contre les ennemis de l’autorite royale,
& à combattre les fiens propres, ce mi-
niftre fe mit peu en peine de connoître
l’état des revenus publics , qui cependant
font la bafe de toutes les operations
du gouvernement ; ou plutôt il laifla
les finances à la diicrétiôn de ceux qui les
gouvernoient, pourvu qu’ils ferviifent fa
politique & fa profufion. Elle fut telle,
iuivant M. Talon , que .pendant le régné
de Louis X1U , il fut plus levé d’argent
fur le peuple, que depuis l ’établilfement
de la monarchie ; le cardinal ne s’étant
foutenu dans le miniftère qu’en corrompant
tous ceux qui lui étoient néceffaires ,
tant au dehors qu’au dedans du royaume.
En 164,3 , à la mort de Louis X I I I ,
les revenus de 1644, >645 & 1646, etoient
déjà confommés,
L ’adminifiration du fage Sully avoit
procuré à l’Etat un embonpoint qui le
foudnc quelque tems : auffi , fans rien
(86) L ’art. 11 fait défenfe J tou» officiers en titre de
s’immifeer dans i’adminiflration & levée des droits,
fi ce n’ eft du esnfentement des fermiers. L ’art. I }
veut que , comme de tout tems la Bretagne , la
Guyenne, le Languedoc , la Provence , le Dauphiné
, les trois Evêchés, le Limofin, l ’Auvergne,
la Marche , l’Angoumois , le Périgord , le
•Quercy , le Forez , le Beaujolois & autres, oii ne
font établis les bureaux, '6e où ne fe lèvent les
droits des fermes , foient 3c demeurent cenfé»
comme étrangers , ou que les bureaux y feront
établis dans nx mois , paûfé lequel tems, tout ce
ce qui fera tranfporté des provinces qui ont reçu
ces bureaux , ou en viendra en icelles j paiera les
fufdit» droits d’ entrée 3c ceux de fortie, comme
fi les maxehandifes 3c denrées alloient ou venoienC
des pays étrangers,
change?
P R É l I U
changer au fond ni à la forme des impôts,
\ on fe contenta de les .étendre & de les
: multiplier. ,
Une régence.orageufe fucceda au régné
de Louis XIII. Les troubles intérieurs
! défoloient Paris & les provinces ; la .guerre
Lembrâfoit les frontières ; le poids des îm-
; pots devint li accablant, que £ 1 fanee de les payer , impofa la neceflite de
les réduire. La nation n’avoit plus comme
-du tems de Sully , les moyens de repoul-
fer la misère pa.r le travail ; 8c elle man-
| quoit des r.effourees qui fe trouvent dans
I un commerce .animé.
Les Italiens ,, d’abord places dans 1 Ladminiûration des finances , fous Cathe-
. rine de Médicis, dont la plupart etoient j
les parens, avoient été chaffes en 15 94*
' après la mort du furintendant des finances,
M. d’O. Ils furent rappelles fous le ■
miniftère du cardinal .Mazàrin ; & e eft a
eux qu’il dut plufieurs moyens onéreux
d’extorquer de l’argent par des affaires
I qu’ils prenaient .en parti, ou .par traite , ;
■ & pour des fommes modiques. De-là vin-
c j*ent les noms de partifans & de traitans
n que l’on donna dès-lors aux financiers.
On peut voir dans les Recherches & con~ .
f i é ratio ns fur les finances , le détail chro-
nologique de toutes les opérations qui fe
II firent fous ce règne, les unes dange-
|j. reufes, d’autres vicieufes en elles-memes, 1 mais prefque forcées par les obftacles que 1 de meilleures trouvoient dans leur etablif-
B fement de la part des Cours , dont la
■ vérification devenoit une formalité indif-
■ penfable.
Nous touchons au tems heureux où le
■ ■ zèle infatigable & patriotique de Colhert,
c va pofer les fondemens folides de notre
profpérité , & montrer dans les faveurs
|; accordées au commerce ., la .véritable
|j fource des revenus de l’Etat. Peu-.t - être
II: laiffe-t-il à defirer que ces faveurs -ne fe
| foient pas étendues fur les grains ; mais
ï n’anticipons pas fur les .événemens. Ar-
■ rêtons-nous à faire connoître rapidement
B la fituation des finances .avant l’avénement
îf de ce grand homme au miniftère. On en
I N A I R E.
fera plus à portée d’apprécier tout le mérite
de fes travaux.
La requête que les trois Etats de 1 Ifle de
France préfentèrent au parlement en 1648
contre le cardinal Mazarin , vanous donner
des lumières fur notre objet : » Il a ruine
« les finances , difent—ils ; il a confondu
» l ’ordre, en les mettant en parti; les
. ** tailles ne fe lèvent plus que par le
» moyen des compagnies de fufiliers ,
» qui commettent tous les jours des
» cruautés inouies. Il s’eft vu a - la - fois
» vingt-trois mille prifonniers dans les
» provinces du royaume., pour caufe de
» taille ou autres importions, desquels
33 il en eft mort cinq mille de misère en
33 l’année 1646 , ainfi qu’il a ete juftifié
3> par les .écrous ; & regiftres des gea1-
33 liers. On a confommé tous les ans
3> cent à fix - vingt millions fans avoir
.33 payé les gens de guerre., ni les au-
33 très dépenfes de la marine de 1 ar-
33 tillerie, auxquels il eft dû plus de
33 quatre années, ni pourvu les places
33 frontières d’hommes & de munitions. 33
L’année fuivante fit voir jufquou le
défordre & la licence étoient portés. Les
peuples accablés d’impofitions refufoient de
payer les tailles, les aides & les gabelles.
Le fel fe vendoit publiquement dans
les marchés, à vingt lieues aux environs
de Paris. Douze cents bateliers^ de la
Loire étoient allés ouvertement à Nantes
chercher du fe l, & il fe vendoit publiquement
dans les villages, à la porte des
églifes, commeunemarchandife-ordinaire.
Quiconque étoit pourfuivi pour dettes ou
pour crime,, n’avoit qu’à crier à la mal-
tôte, & le peuple fe déclaroit pour lui.
Depuis i6 i i feulement , il avoit été
créé pour vingt-cinq millions cinq cents
trente-deux mille livres de rentes , y compris
les onze millions empruntés en 1634 ,
pour rembourfer au denier dix -huit les
droits aliénés fur les tailles & les.gabelles,
. . . . . . Les divers traités paffés
avec les gens d’affaires , n’avoient
fervi qu’à faciliter leurs rapines. Le be-
fpin continuel où -l’on étoit d’eux , leurs
ƒ