
1 2 A’ V E R T I S S E M N E T.
. Si le defir de féconder les., obligations de l’Entrepreneur de l’Encyclopédie*
méthodique, & de répondre à l’empreffement du public pour cet ouvrage , a pu;
lailfer échapper quelques moyens de le fatisfaire , nous recevrons , avec reconnoif-
fance toutes les obfervations qu’on voudra bien nous faire , tous les mémoires
que l’on aura la généralité de nous adreffer, tant fur notre plan , & fur les diffé-
rens articles qui compofent ce volume , que fur ceux qui feront la matière
des volumes fuivans. Tout eft difpofé pour renfermer l’Encyclopédie des finances
en trois volumes, & nous comptons publier les deux, derniers dans l’efpace
de deux années.
Nous ne devons pas terminer cet avertilfement, fans annoncer ici que
toutes les fois que nous avons eu à parler , ou d’opérations de finance , ou
des motifs qui les infpiroient, nous avons pris la liberté d’expofer notre façon
de penfer, fans néanmoins nous permettre, de juger les chofes , ni;les,perfonnes..
Dans cette çirconftance , comme par-tout , nous ne nous fommes: expliqués,
qu’avec les égards qu’on doit à des hommes, niais avec un plus grand refpeéfc:
encore pour ce qui nous a paru être la vérité.
F ’ oyet^ lés mots Beatjcair-e ., (foire.de) Bquxogne, Bretagne , C axais ,
C ontrebande.
Egalement éloignés de déshonorer notre plume par- de-viles calomnies, ou*
de la proftituer à de baffes adulations., nous ne nous fommes pas lailfés féduire
par la manie fi commune de tout blâmer, de tout contredire , & nous nous ,
fommes défendus de toute affection particulière ; mais nous n’avons pu réfifter
au plaifir fi doux de lotier & d’applaudir quand l’ocÇafion s’en eft .offerte.
On reconnoîtra que le plus fouvent nous n’avons été que l’écho des gens
raifonnables & défintéreffé's.
Voyer les mots Baix , C rédit pubxic , C ontrôxeur - générax des
finances.
DISCOURS
]
D I S C O U R S
p r é l i m i n a i r e ,
O U
E S S A I H I S T O R I Q U E
S U R L E S F I N A N C E S .
Par M. R o u s s e x o t d e Su r g y , Ancien Premier Commis des Finances,
de l'Académie des Sciences, A n s & Belles-Lettres de D ijo n , & Cenfeur
Royal.
L o r s q u e Tacite dit que le repos des
nations ne peut être affuré que par les
armes, que les-armes ne peuvent être entretenues
que par des dépenfes , que les
dépenfes enfin font fondées fur les tributs ;
cet écrivain profond nous indique à-la-fois
le principe & la fin des finances (i). Sourie
nom de finances, on comprend toute efpèce
de deniers publics, & le pouvoir de les lever
eft un des attributs de la fouverainefé ; mais
comme un prince & tout homme qui commandé
à d’autres hommes , doit fe pro-
pofer pour objet leur utilité & leur bonheur,
fon premier foin dans la levée des
deniers publics eft d’ufer de modération ,
& d’établir une jufte proportion eiltre les
facultés & la contribution des fujets de
l ’Etat..
Les grandes exaétions diminuent les.
revenus publics , quoiqu’elles femblent
d’abord les augmenter ; elles en tariffent
les foürces, détruifent l’agriculture & le
commerce ; elles excitent les plaintes ,
& finiffent par enfanter des troubles & des
révolutions (i)y
L ’objet le plus effentiel de toutes les
fociétés politiques , eft donc de' régler les
impofitions de maniéré qu’elles ne foient
onéreufes à perfonne ; car c’eft moins encore
le poids de l’impôt que l ’inégalité
de fa charge qui chagrine & révolte. Que
chaque individu contribue, dans une proportion
inefurée fur Les forces, à donner
de la vigueur au corps politique dont
il eft membre ; c’eft ce concours- d’intérêts
& d’efforts qui fait la fureté de l ’Etat,
affure la propriété particulière de chacun ,
& maintient l’exécution des loix établies
pour la tranquillité générale. Les-exceptions
, les privilèges , toujours en faveur
des riches , folit un mal d’autant
( i) Perfonne n’ignore que l’indépendance que le
continent Américain vient d’acquérir fi glorieufe-
ment, tire fon origine de l’ade du timbre , qui, en
1764 , dëfendoit d’admettre dans les tribunaux tout
titre qui n’auroit pas été écrit fur du papier marqué
r & vendu par lefifc.
a
(1) Nec quies gentium fine a rm isn e c arma fine
ftipendiis., nec jtipendia fine tributis. Hift* lib, 4.