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hiftoires anciennes nous ont tranfmis les noms,
fans dédaigner de nous faire pafler ceux des
chefs de la finance , qui n’ eft pas moins importante.
On fait ainfi qu’À zm o t, fils d’A d ie l, fut fur-
intendant des finances de D a v id , & Adoniram ,
fils d’A bd a, furintendant des finances de Salomon-,
Les Suffetes, premiers magillrats de Carthage,
après avoir exercé leurs fondions un an , étoient
nommés préteurs , dont l’emploi confiftoit principalement
à connoître du recouvrement & de l’emploi
des deniers publics.
A Sparte, les Ephores adminiftroient les revenus
de l ’état. Il en étoit de même dans toutes
les républiques de la Grèce. L a direction des
finances étoit jointe à la puiflance légiflative. On
v i t , à Thebes , Epaminondas ôc Pélopidas , partager
cette autorité.
Jufqu’à l’empire d’Augufte , l’adminiftration des
finances étoit dans les mêmes mains que la recette.
Ces doubles fondions appartenoient aux quelleurs,
appelés qu&Jiores C&farii. Mais ils furent remplacés
, fous cet empereur, par des préfets ou procureurs
, qui réunifloient l’intendance de la jultice
Ôc des finances.
Sous Conilantin & fes fuccefleurs , on v it les-
fonélions de ces procureurs divifées entre deux
grands officiers , dont nous avons parlé dans le
difcours préliminaire, fous le nom de cornes fa-
crarum largitionum, & cornes rerum privatarum.
Lorfque nos fouverains jeterent les premiers
fondemens de la monarchie , ils établirent , fous
le nom de maire du palais 9 un grand officier,
dont le maître du palais des empereurs , magifier
palatii, avoit été le modèle.
Ce maire du palais, réunit en fa perfonne la
furintendance des armes , celle de la juftice ôc
celle des finances ; mais il avoit fous lui , fui-
vant Grégoire de Tours, un rréforier royal pour
la garde du tréfor, c’eft-à-dire , desrrevenus du
domaine.
Au commencement de la fécondé race, la dignité
de maire du, palais fut fupprimée , ôc fes fondions
partagées entre quatre grands officiers.
Le connétable eut le commandement des armes,
le grand-maître le gouvernement de la maifon
du roi ; le chancelier fut déclaré chef de la juftice
, ôc le grand tréforier eut l ’adminiftratiôn &
le maniement des finances, avec la garde du tréfor
, qui étoit alors formé du produit des domaines
du roi.
Ce tréforier du roi fut d’abord feul ; dans la
fuite il en fut établi un fécond, puis un troifieme :
le premier prenoit le titre de fouverain des tréforiers,
c’eft ainfi qu’il eft nommé dans une ordonnance
de Philippe-le-Bel. Il eft à préfumer que
le malheureux Enguerrand de Marigny étoit revêtu
de ce titre , puifqu’on fait qu’il fut admi-
niftrateur des finances fous ce prince ; & qu’en
ï j i y , fous fon fuccefleur , Louis-Hutin , ce
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miniftre fut pendu à Mont-Faucon, fous prétexte
qu’il ne s’étoit point trouvé d’argent dans le
tréfor , pour le facre du nouveau roi ; mais par
la raifon que Charles de V a lo is, oncle de Louis-
Hutin , étoit l’ennemi d’Enguerrand de M arigny ,
qui avoit excité le reffentiment de fa maîtreflè,
L ’hiftoire des miniftres d’état apprend que le
fouverain des tréforiers, ou miniftre des finances,
étoit en même tems capitaine & châtelain du
L o u v re , château de force , deftiné à la garde du
tréfor de nos rois.
A ce tré for , réfidoit une efpèce de contrôleur ,
appellé clerc du tréfor ,• il tenoit un regiftre, où
il infcrivoit l’origine ôc la valeur de toutes les
monnoies apportées au tréfor ; & il en pré-
fentoit chaque jour le bordereau au grand-tré-
forier.
Il eft probable que les fondions du contrôleur-
général des finances font dérivées de celles du
contrôleur du tréfor, qui pourtant n’avoit aucune
forte d’infpedion fur les deniers extraordinaires,
pour lèfquels il y avoit un receveur ôc un •contrôleur
particulier.
Lorfque dans la fuite, la place de contrôleur-général
des finances eut reçu toute l’extenfîon qu’elle a
aujourd’hui , le clerc du tréfor n’étoit plus qu’ un
fimple officier de la chambre des comptes, chargé
de vérifier les débets , & de faire apurer les comptes
des comptables. Ces fondions ayant été attribuées
au contrôleur-général des relies , le contrôleur
du tréfor a été fupprimé par édit, du mois d’août
1669.
M. le préfident Hénault donne le titre de fur-
intendant des finances à deux mipiftrés de cette
partie , Jean de Mont^igu 'ôc Pierre des Eflarts,
qui tous deux furent décapités , l’ un en 1409
Ôc l ’autre en 1413. Cependant on croit que le
premier étoit qualifié grand-tréforier, Ôc qu’après
fa mort on érigea la place de grand - général-
gouverneur des finances , avec cette différence ,
que le maniement des finances n’y étoit pas
attaché , comme à la charge de fouverain des
t^Ëforiers, ou grand - tréforier.
Dans l’empire Ottoman , le furintendant des
finances eft encore à préfent le grand-tréforier
de l ’empire, où il femble que ces deux qualités
font fynonymes , ôc ne lignifient que le premier
adminiftrateur des finances. Voye^ D e FTARDAR.
Pierre des Eflarts réunifloit, fuivant le même
écrivain, fix à fept charges des plus belles de
l’état ; celles de prévôt de Paris , de grand-
maître des eaux ôc forêts , de' grand - bouteiller ,
de grand-fauconnier , de grand-genéral-gouver-
neur des finances , de capitaine de Paris , de
Cherbourg Ôc de Montargis.
La commiffion de grand-général-gouverneur des
finances fut remplie par différens magillrats ,
fans qu’on fâche bien précifément fi elle confier
va toujours le même titre. On trouve fous
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Charles Y I I , mort en 14 6 1 , qu’Etienne Che-
valier fut contrôleur des finances , ambafladeur en
Italie ôc en Angleterre , ÔC l’ un des exécuteurs
teftamentaires d’Agnès Sorel. On doit remarquer
que , fous le règne de Charles V , les mmiltres
des rois , qui depuis Philippe-le-Bel portoient le
nom de clercs du fecret, prirent alors le titre de
fecrétaires des finances , qu’ils changèrent eniuite
en ryy9 , au traité de Cateau-Carabreus , en celui
de fecrétaires d’état.
Jacques de Baune Semblançay, qui fut pendu
en 172,7 , étoit revêtu du titre de furintendant
des finances. Ses fuccefleurs le portèrent jufqu’en
1 j*94 , que Henri IV le fupprima, après^ la mort
de M. d’O , qu’ il remplaça par un confeil, com-
pofé' de huit confeillers des finances.
Cette formé d’adminiftration fut de courte durée
S ully , dit fon panégyrifte , couronné à 1 aca-.
démi® françoife en 17 6 1 , « ne l’approuvoit point ;
» parce qu’il eft bien plus difficile de trouver huit
» hommes vertueux, que d’en trouver un feul.
» Les huit-confeillers des finances ne furent que
» huit concuffionnaires à brevet ; les diffipations
» ôc les vols continuèrent avec plus de fureur
» qu’auparavant. L e r o i , dans la guerre d’E f-
33 pagne , ayant befoin de huit cents mille écus
’» pour faire le fiège d’Arras , les leur demanda
» comme un homme qui a befoin de pain ; il ne put
» jamais les obtenir. Cependant ces huit con-
» feiilers des finances tenoient à Paris des tables
33 voluptueufes , ôc leur luxe infultoit la mifere
33 publique. D e pareils faits apprennent jufqu’où
>3 peut aller l’audace de la déprédation, dans un
33 état mal gouverné depuis long-tems. 33
En iy ç ô , la charge de furintendant des
finances fut rétablie en faveur de M. de Sully ,
q u i, dès 159 4, étoit entré au confeil des finances
, ôc avoit été chargé de leur dircéiion ; on
laifla fubfifter un contrôleur-général par commiffion,
dont l’origine remontoit à Henri II.
Ce prince , voulant rétablir l’ordre dans les
finances, que les guerres du roi fon pere avoient
infiniment dérangées, inftitua, par ordonnance de
ij*47 , deux contrôleurs-généraux des finances3 pour
contrôler les quittances du tréforier de l’épargne
, ôc de toutes les parties de la recette ôc de
la dépenfe. L ’un devoit fuivre la cour, ôc l ’autre
réfider à Paris.
Ces offices qui n’étoient que des commiffions,
furent révoqués par l ’édit du mois d’oélobre
1JJ4 > portant création d’ office formé ôc héréditaire
d’un contrôleur - général des finances 3 pour
réfider près la perfonne du ro i, avec attribution
de fix mille livres tournois de gages fixes.
Un autre édit du mois d’oéïobre 1 y y 6 permit
au contrôleur-général d’a v o i r , à fes périls Ôc fortune
, un commis de qualité requife, pour exercer
fa charge en fon nom, ôc contrôler les quit-
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tances. C ’ eft cette commiffion qui a donné naif
fance aux deux offices de gardes des regiftres
du contrôle général des finances.
L a difgrace de M. Fouquet , furintendant
des finances , donna lieu d’anéantir pour toujours
cette charge , par l’édit du iy feptembre 1661 >
ôc le roi s’en réferva , ôc à fes fuccefleurs , la
principale autorité j, celle d’ordonner les dé-
penfes. Dès-lors , le contrôleur-général devint l’unique
chef des finances. Ses fondions, qui jufques-
là s’étoîent bornées au contrôle des acquits de
recette ôc dépenfe , à drefler l ’état des fommes
payées à l’épargne , ôc à affilier au dépôt des
deniers qui étoient mis dans les coffres , reçurent
à cette époque la même étendue que celles
qui étoient attachées à la furintendance ; fi ce
n’ eft qu’elles ne donnèrent pas le droit d’ordonner.
Ces fonélions , fans parler des qualités
de l’ame qui conftituent le génie ôc le caraélere,
fi néceflairés pour opérer la profpérité d’un
grand état, font principalement, d’affigner la defti-
nation de tous les fonds publics , de régler la
recette ôc la dépenfe , de contrefigner les ordonnances
ôc acquits de comptant , dont fa ma-
jefté s’eft expreflement réfervee la fignature, par
l ’édit de 16 6 1 , enfin, de conferver tous les aéles
qui ont rapport aux finances.
Le contrôleur - général des finances eft , par le
droit de fa place , confeiller ordinaire au confeil
royal des finances : en cette qualité , il a'
entrée ôc féance dans tous les confeils du roi ,
excepté au confeil d’état proprement d i t , auquel
il n’eft admis que quand il y eft appellé ; ce qui
lui conféré le titre de miniftre , de même qu’à
tous les autres membres du con fe il, lorfqu’ils y
font entrés.
I l prête ferment entre les mains de M. le chancelier
, Ôc en la chambre des comptes , où il eft
reçu ôc inftallé, quoiqu’il ne foit pas comptable.
C ’eft lui feul qui fait le rapport de toutes le*
affaires au confeil royal des finances ; qui donne,
dans cette partie,- tous les ordres néceflaires aux
intendans des provinces , aux tréforiers des deniers
royaux , aux fermiers, régifleurs , admi-
niftratcurs ôc receveurs de quelques parties des
revenus publics ; comme droits des fermes , gabelles
, aides , tailles , capitation , oélrois ,
dixième, vingtième, Sec. Ôcc. Tout ce qui a rapport’
aux finances , les hommes , les chofes , eft
fournis à fon infpeétion ôc à fon autorité , qu’il
n’exerce toutefois que fous celle du roi , donc
il eft cenfé prendre les ordres, ôc faire exécuter
les intentions.
M. Colbert , qui fut le premier revêtu de
l’autorité de contrôleur-général des finances 3 telle
qu’elle exifte encore , avoit adminiftré cette partie
en qualité de troifieme intendant, fous le miniftere
du cardinal Mazarin , mort en 1661 ; mais en
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