
buts publics. Ils forflioient. des fociétés ,
& prenoient à ferme tous les impôts d’une
ou de plufieurs provinces.
Il y avoit un adjudicataire, qui étoit
comme le prince & le maître de la fo-
ciété (39). Tout fe faifoit en fon nom. Il
étoit refponfable de fes affociés envers
• l ’Etat , ôc fa rélîdence ordinaire étoit à
Rome. C’eft là qu’il faifoit tenir les re-
giflres & les comptes de fon adminiftra-
tion : il avoit la faculté de faire tous actes
& arrangemens qu’il jugeoit nécelfaires
pour fes dettes, fes créances 6c fes recou-
vremens , tant à Rome que dans les provinces
dont il avoit les impôts à bail.
Ce chef des publicains pouvoit commettre
un pro-magifler, ou fous - maître, ef-
pèce de diredteur dans les villes de provinces
où il le jugeoit utile , pour veiller
aux -intérêts de la fociété.
Les magiftrats chargés de l’adminiftra-
tion des finances, portèrent d’abord le
nom ' de quefteurs. Plutarque place l’époque
de leur création fous le confulat de
Publicola , après l’expulfion des rois de
Rome. D ’autres prétendent que les places
des quefteurs furent inftituées par Tullius
Hojlilius.
Au refte, s’il s’élève quelque incertitude
fur l’origine des quefteurs , on s’accorde
généralement fur la nature de leurs
fondions."
Elles confiftoient à garder les deniers
de l ’Etat, qu’ils recevoient des publicains ;
à tenir des regiftres de recette & dépenfe,
6c enfin à rendre compte au fénat de leur
exercice , qui ne devoit durer qu’une
année.
C ’étoit les quefteurs qui délivroient les
fomrnés nécelfaires pour le fervice public ,
qui recevoient les ambalfadeurs des alliés ,
& leur procuroit tout ce qui étoit nécef-
faire pour leur logement 6c leur entretien.
Un général ne pouvoit obtenir les
C icé ron , in oratione pro Cn. Plancio , dit
que le père de Plancîus avoit été prince dés publicains
, princeps publïcanorum : d’autres écrivains
SippcUent ce prince publicain, Manceps,
honneurs du triomphe , qu’apres leur âvoiï
rendu compte du butin fait fur les ennemis.
Ces quefteurs ou furintendans des finances
ne furent d’abord qu au nombre de
deux, & les plus illuftrespatriciens, même
après avoir été confuls , ne regardoient
point ces fondions au defïbus d’eux.
L ’hiftoire nous apprend que Caton le
cenfeur devint quefteur,, après avoir reçu
les honneurs du triomphe.
Lorfque le territoire de la république
fe fut étendu , deux autres quefteurs furent
inftitués pour payer les armées hors de
l ’Italie, & pour convertir en argent les
fruits des vidoires des généraux ; mais
ces derniers, qui n’étoient que des tre-
foriers de la guerre, furent tirés de l'ordre
du peuple. Dans la fuite , on en ajouta
quatre nouveaux, avec le titré de quefteuys
provinciaux. Ils préftdoient à la levee des
impôfs & aux dépenfes publiques dans les
provinces foumifes à la domination Romaine.
Le tems amena la fupp-reffion des quefteurs
; leurs fondions pafferent à d’autres
officiers appellés prafecli arariiy intendant
ou préfets du tréfor. Us connoiftoient de
toutes les affaires relatives aux impôts 6c
au file, ôc fublifterent jufqu’au régné d Au-,
gufte. .
Cet empereur fes remplaça par des în-
tendans connus fous le nom de procura-
torcs C sfarts. C’eft ainh que Polrce Pilate
étoit à-la-fois gouverneur de la Judée»
intendant des finances ôc du domaine
impérial.
Les quefteurs de l’épargne, établis par
l’empereur Alexandre S’évere, fuccéderent
aux prépofés de Cefar. Conftantin fup-
prima. tous ces titres. Il créa deux charges
de furîntendant, dont l’un fut appelle
cornes facrarum largitionum , 6c 1 autre »
cames rcrum privatarum.
Le premier avoit l’adminiftration de
tous les deniers publics ; lè fécond , la
diredion du dpmaine impérial.
Le titre de comte fut donné par Conftantin
à ces deux officiers, parce qu’il mis
leurs places au rang des premières charges
de la maifon impériale.
Elles méricoient en effet cette confide-
xation -, puifque depuis que la monarchie
avoit fuccédé à la république , la dépenfe
la plus importante des empereurs etoit de
gagner ou d’entretenir la faveur du peuple
à force de largelfes.
Le furintendant des finances partageoit
le titre d’illuftre (40).avec les douze premiers
officiers de l’empire. Il faifoit exécuter
fes ordres par plufieurs fubdélégués
répandus dans les provinces , & qui por-
toient le nom de comités largitionum ;
mais ils n’avoient que le titre de perfectif-
\Jimi (41). lis étoient chargés de^ toutes les
fondions des procureurs de Céfar & des
quefteurs d’épargne.
Les diredeurs, ou intendans du commerce
, comités commereiorum , étoient au
nombre de cinq , & rélidoiertt dans les
provinces d’oîi fe tiroient les marchan-
difes du plus grand prix. Ils étoient fu-
bordonnés au furintendant des finances.
Son département comprenoit encore le
grand-maître des mines, le domaine d’Egypte
, qui étoit âdminiftré par un directeur
particulier , défigné par le nom de
cornes rationalis Egypti. Il préfidoit à la
levée des droits d’entrée & de fortie fur
(40) Son fceau, ou fes armes étoient un livre
rouge fur une table portant au dos une tête d’or de
l ’empereur , entre deux tranches d’or. La cou--
verture du livre étoit d’argent, avec des bordures
d’or aux coins & aux extrémités. Au.delTous.de ce
livre , on Yit6iï.].Qmot largitiones ; 8c cette devife étoit
entourée de pièces d’or & d’argent, de vafes qui en
regorgeoient.
(41) Auffi-tôt que l’efprit 8c le zèle patriotiques,
qui fuffifoient pour mériter des diftinéHons glo-
rieufes dans une république, furent éteints par
l ’ établilTement d’une monarchie , le fouverain dif-
penfa à Ion gré les titres honorables , pour fe faire
des partifans. L ’avarice 8c la vanité furent les liens
de leur attachement. On comptoit, fous Conftantin
, cinq qualifications différentes , attribuées aux
différens ordres des particuliers. La première étoit
celle d’illuflris j la deuxième , celle de fpeftubilis ;
la troifième , celle de clarijfime ,-la quatrième, celle
de perfeftiffime j Si la cinquième ; celle d’egregie.
les marchandifes de l’Arabie , 6c leur produit
étoit très-confidérable , puifque Pline
dit qu’il montoit à foixante millions de
notre monnoie (42).
Les directeurs des fabriques, ceux des
teintures , des monnoies , des charriots 6c
tran (ports des lins , appartenoient aulfi au
département des- finances : Procuratores
gynecaorum , baphiorum, monetarum, bafia-
giarum linificiorum.
Les bureaux du furintendant des finances
étoient au nombre, de onze , à la tête
defquels on plaçoit celui de la recette ,
appellé ferinium canonum • ce qui ne peut
mieux s’exprimer que par la dénomination,
de tréfor impérial.
Le chef de ce bureau avoit le titre de
perfeclijjime ; le fécond fupérieur portoit le
nom de ducenarius ,• le troifième celui de
centenarius » relativement au nombre des
commis qui étoient fous fes ordres dans
la capitale 6c les provinces.
On comptoit encore dans le tréfor impérial
dix fecrétaires , appellés epijiolares ,
. parce qu’ils tenoienr la correfpondance du
furintendant des finances avec les gouverneurs
des provinces, pour le recouvrement
des impôts & la colledion des fonds
publics.
Le fécond des bureaux du furintendant
des finances , étoit compofé de greffiers ,
contrôleurs ou- gardes - rôles , appellés
tabulant ; ils expédioient des quittances
aux. comptables ; ils délivroient les baux,
les obligations , les cautionnemens qui
concernoient les finances.
Les commis chargés de la rédadion des
comptes , des bordereaux , formoient le
troifième bureau , 6c portoient le nom de
numerarii.
Le quatrième étoit celui de la mafle
d’o r , dans lequel on tenoit regiftre de
tout l’or mis eh maffe. Le diredeur de
ce bureau s’appelloit Primicerius majjs. , ôc
(42) Cinqmilïionsd’écus d’or; millies quïnquagîes
centum millium aureorum & amplius. On peut fup-
pofer ic i de l ’exagération ou de l ’erreur, lib. 2,
cap. 18.