
là il
avoit fous lui quatre claffes de commis.
La première fuivoit la correfpondance des
provinces ; la fécondé comprenoit ceux qui
fabriquoient des étoffes d’or pour le fervice
de l’empereur ; la troifieme tenoit un état
de l’or remis chaque jour aux monnoies ;
£c la quatrième étoit compofée des orfèvres
qui faifoient des vafes, des anneaux & des
bracelets d’o r , &c.
Le cinquième bureau étoit chargé de
payer les frais des courriers que l’empe->
reur & les généraux envoyoient dans les
provinces & aux armées. Il étoit défigné
par le nom de fcrinium auri ad refponjum.
Le fixieme étoit le bureau du veftiaire,
qui comprenoit trois claffes d’officiers &
d’écrivains occupés de tout ce qui eoncer-,
noit non-feulement la garde-robe de l’empereur
& de fa famille, mais encore l’habillement
des troupes.
Le feptieme étoit celui de la vailfelle
de l’empereur , fcrinium ab argcnto.
Les fondions des huitième & neuvième
s’étendoient à la fabrication des monnoies
d’argent, appellées mitliarenjjes (43 ), def-
tinées à la îolde des troupes, au paiement
de la vaiffelle du prince, & à tous les
détails qui s’enfuivoient.
Des fecrétaires ou greffiers, qui tenoient
regiftre des jugemens & dédiions du fur-
intendant , compofoient le dixième bureau.
Enfin le onzième étoit formé des inf-
pedeurs appellés Mittendarii, parce qu’ils
étoient envoyés dans les provinces pour
preffer le recouvrement des impofitions ,
& pour faire voiturer les deniers au tréfor
impérial.
Parmi les commis des provinces, on
comptoit d’abord les receveurs généraux,
appellés Thefaurarii, des receveurs particuliers
établis en différens diftrids, à-peu-
près de l ’étendue de nos éledions, défi-
gnés .par le nom de Metrocomia. Les
quittances que délivroient ces derniers,
étoient non-feulement fignées d’eux, mais
d’autres commis d’un grade inférieur, ap-
peilés Arcarii, caiffiers, des contrôleurs
nommés Tabulant, & des commis aux expéditions
, appellés Chartularii.
Le furintendant du domainè, Cornes
rerum privatarum, avoit auffi le titre d’il-
luftre ( 44 ) ; fon département embraffoic
tout ce qui a rapport aux rivières & à
leur navigation. À fa place étoit attachée
une jurididion, dont le reffort s’étendoit
à différens crimes, tels que le viol & l ’in-
cefte, la corruption des juges, les exactions
des huiffiers ou fergens appellés
Palatini.
Ce furintendant rempliffoit auffi les fonctions
de grand-maître, & faifoit toute la
dépenfe de la maifon de l’empereur & de
l’impératrice.
Il avoit, dans les provinces, plulieurs
officiers ou lieutenans , appellés Procura-
tores rationales , chargés d’incorporer au
domaine les biens tombés en commife,
ou dévolus au fifc par quelque caufe que
ce fût. Ils étoient en même tems directeurs
des fonds & des revenus affedés
autrefois au culte des fauffes divinités,
& appliqués depuis aux églifes.
Lés intendans des. haras, les infpec-
teurs ou maîtres dés forêts, étoient encore
fubordonnés au furintendant du
domaine, ainft que le grand-écuyer ou
connétable de l’empereur.
On comptoir quatre bureaux affedés
à la régie du domaine impérial.
Le premier, pour l’àdminiftratiôh des
biens concédés aux églifes , & tenir regiftre
des privilèges, s’appelloit fcrinium
benejicïorutn.
Le fécond avoit pour objet dé faire
payer les cens annuels & les prix des
baux.
- Dans le troifieme > auquel on donnoit
le nom de fcrinium fccuritatum , fe déli—
(4 $ ) Cette monnoie valoit la dixième partie
d’un écu d’o r , St revenoit à deux fols tournois.
(44) Ses armes étoient un livre élevé fur une
table couverte d’un tapis. A gauche étoit un
coffre , & tout le champ étoit femé de piles
d’or & de vafes remplis de différentes monnoies.
vroient les quittances & les décharges
des redevables & fermiers.
Le quatrième , qui étoit celui des
largeffes particulières , fcrinium largicio-
num privatarum, étoit charge de tenir
l ’état des gages ordinaires, & des gratifications
qui étoient payées par ordre
de l’empereur. Perfonne n entroit dans
ce bureau , fans un ordre écrit de la
main de ce prince.
En traitant de .tout ce qui a rapport
aux finances des Romains, nous ne devons
pas oublier de parler du grand
moyen qui fervit à les améliorer ; le dénombrement
de l’empire : c’eft celui que
recommandent tous les écrivains politiques,
comme le plus avantageux, & que
confeille la faine' raifon pour fervir de
bafe à la répartition des impôts.
Le premier dénombrement fut ordonné
par Servius Tullius, fixieme roi
de Rome, l’an 577. C ’étoit l’état :gé-
néral de tous fes fujets , de leur âge,
de leur condition, de leur famille. Il
montoit à quatre-vingt mille hommes.
Ce recenfement devoit être fait tous
les cinq ans ; mais après l’expulfion des
rois, l’horreur que l ’on conferva pour
eux s’étendit à toutes les inftitutions dont
ils avoient été les auteurs. Cependant
Augufte, fentânt les avantages d’un dénombrement
général, ordonna celui que
nous avons rappellé.
Le dernier fe fit fous Vefpafien, c’eft-
a-dire , cinq cents quatre-vingts années
après Tullius, l’an 8 de notre ère. Il
comprenoit fept millions d’hommes en
état de porter les armes, fans compter
les! légions qui "étoient de trois cents
quatre-vingt mille hommes , tous citoyens
Romains.|^45 ).
Les rôles de ces dénombremens étoient
rédigé;, dans chaque.cité, par les officiers
du lieu. Ils étoient approuvés par
( 4f ) L ’hiffoirc dit cinquante, légions, cinquante
- fept cohottes. L a légion étoit de lix
mille cent fantaffins & fept cents vingt-fept cavaliers
, ôc la cohorte de fix cents.
le gouverneur de la province, qui en
envoyoit une copie à Rome. L ’original
reftoit dépofé dans les archives publiques.
Lorfque le fouverain vouloit établir
un impôt, ou général , ou particulier,
ou extraordinaire, il avoit recours à ce
dénombrement ; il fe trouvoit, par ce
moyen, en état de faire une répartition,
linon abfolument exaéie, du moins très-
approchante de l ’équité.
Ce feroit un tems perdu que de rechercher
quels furent l’état & la conf-
titution des finances chez les Gaulois,
avant qu’ils fuffent fournis à l ’adminif-
tration Romaine.
Dans un pays fauvage , gouverné par
des prêtres barbares qui dévouoient à
l’anathême & à la mort quiconque re-
fufoit de plier fous leurs volontés ; dans
un pays où le defpotifme , fécondé de la
luperftitition , diétoit des loix ; où l ’ignorance
faifoit de tous les hommes un peuple
abruti , à l’exception des Druides ; qui
auroit pu tranfmettre aux races futures la
connoilîânce des reffources & des formes
du gouvernement, fi ce n’eft l'ordre fa-
cré qui favoit les trouver , en ufer , &
les abolir au gré de fes intérêts ? Mais
n’étoit-il pas dès-lors porté à les envelopper
d’un myftere religieux, pour en
affurer davantage les effets, fans en laiffer
pénétrer les caufes ?
D’après ce que rapporte Céfar, il falloit
que les impôts fuffent, dans les Gaules,
en grand nombre & bien pefans , puif-
qu’il dit que les Gaulois, pour s’y louf-
traire, vendoient leur liberté, & fe ré-
duifoient à la fervitude (46).
(4 6 ) Plebs penè fervorum habetur lo c o , quæ
per fe nihil audet & nulli adhibetur confilio ;
plerique qimrn ære alieno & inagnitudine tribu-
torum & injuria potentiorum premantur, fefe
in fervitutem dicant nobilibus.. . . Druides rebus
civicis interfunt, facrificia publica & pri -
vata procurant ; religiones interpretantur ; ad
bos magnus adolefcentium numerus difeiplinæ
caufâ, concurrit : de omnibus controverliis publi-
j cis & privatis conftifuunt ; & fi quod eft admif