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champs, qui compofoient le domaine de la
république. H , ,
La taille que les poffeffeurs de tonds
avoientà payer, ne les difpenfoit pas de
contribuer, fuivant les circonftances, pour
une certaine quantité de bled, de lard , de
vinaigre | de vin , & autres denrees qui le
âiftribuoient aux gens de guerre , auxquels
il falloir encoYe quelquefois fournir du
foin , de la paille , & même des habits.
. La conftruftion de . quelques édifices
publics donnoit encore lieu à des contributions
, foit en deniers, foit en coryees ,
& perfonne n’en étoit exempt que ,1 ordre
des fénateurs. ~ _ ,.
■ La capitation , ou la taille perfonneüe ,
éto'it également établie chez les Romains ,
& tous les individus y étoient fujets fans
diftinaion de fexe ; favoir , les hommes
depuis l’âge de quatorze ans, & les femmes
depuis douze jufqu’à foixante - cinq ans.
Quant à fa quotité , elle n’étoit pas la
même par-tout ; mais au befoin pelle etq'it-
doublée , & l’on exigeoit plufieurs années
.d’avance. . ,
Augufte avoit impofe un droit lur les
effets exp.ofés en vente dans les foires Ôç
dans les places publiques: Ce droit fe
trouve défigné par le nom de veftigal reruni
venalium. I l fe payoit d’abord par le vendeur
, à raifon de deux centièmes de la
valeur de certaines matchandifes, du centième
fur d’autres, & enfin du cinquantième
fur les efclaves (25).
Sous .Caligula , ce droit fut porte au
vingt-cinquième ; les çômeftibles même y
furent àffujettis. '
On vit alors des impofitions aulli bizarres
qu’odieufes, enfantées par le caprice
& la tyrannie , pour aflbuvir la foif de
l ’or. •
• f Z C ’ecoil l’objet principal du luxe chez les Romains.
Strabon rapporte, lib. 4 , qu’on a vendu à
Delus en Cilicie , jufqu’à dix mille eülaves qui
étoient deftinés pour Rome. L ’hiftoire fait mention
d’un fénatèur qui avoit quatre cents efclaves
Viabitans avec lui : qu’ayant été a(faffiné par quelques
uns dieux , tous fans exception furent mis à
- . T-...’. ---- / TA AATi
Lès unes confiftoient en des taxes fut;
les mendians, fur les .courti&nes & leurs
miniftres, fur les urines êc les immondices
(16).
Les autres portoient, fuivant Pline &
Dion Caffius, fur les mariages , fur les fé-
pulturesy fur les cheminées, même fur
chaque tuile de maifon de ville o-u de campagne
{27). ' '
Caligula condamna les filles publiques a
payer chaque jour au fife autant qu’elles
recevoient en une fois. Il taxa les portefaix
au huitième dé léurs journées ; il
s’attribua le quarantième des fommes ou
de la valeur des biens pour lefquels on
plaidoit, & fit défenfe de s’accommoder
fans payer ce droit.
Ce monftre d’avarice & de débauche eut
la malignité de ne point faire afficher les-
édits , afin qu’il y eût un plus grand-nombre
de contraventions .& de confifeations à
ion profit.
Cependant, lorfque le peuple l’eut prefie,
par. les murmures, de les publier, il les
fit graver en caraéteres fi fins, qu’il d é -
toit preique pas poffible de les lire.
Les peuples ne furent pas plus heureux
après la tranflation de l’empire dans l ’O rient,
On vit fes fouveraîns mettre des
impôts fur. l’air & les elemens. Saine
Chryfoftôme s’en plaint, en difa-nt f 0«
nous vend les élémens ; les chemins font
ttjbutaires , & l’air eft vénal ; non tanthm
pro folo , fed & pro cctlo.
Les mines formpient auffi une branche
•(16) On a accufé d’exagération & de ridicule ceux
qui ont rapporté que VefpaEen a voit mis. un impôt
fur les urïn,es ; un écrivain de notre tems a prétendu
qu’il avoit lieu fur la teinture d’orfeille , plante
que l’on-fait macérer dans l’urine....^ Çonnantin
Manafsès dit exprèifëmént que cet impôt fut fuppri-
mé par l’empereur Anaftafe. « Chryfargifum lultu-
lit quod erat ut pmnes. v i r i , foeminæ 3 pueri ., le jv i
libe r i, argentum, nomine ftercoris, & urinas Efco
darent. » V o y t de l’in»Pôt du vingtième chez les
Romains.
(2,7) Cet impôt étoit de Ex fols ( fex affes) pour
chaque tuile, ÔC ne fut établi que fur les fénateurs,
par Oélaviusv •
àe revenu intêreffante pour l’empire ,
puifque Pline rapporte que du-rtems de
Néron , on tiroit par jour cinquante livres
d’or des mines d’Illyrie. Ceux qui ramai-
foient de l’or ou de l’argent dans les ri-
vietes, dévoient au tréfor public-le quart
de la valeur de ce qu’ils avoient trouve.'
• Le droit de vendre le fel a-ppartenoit
Buffi à P empiré, & lesTalines dou-on le
tiroit étoient données à ferme ; le fel ne
-fe vetidoit que par les fermiers de la-république
, ou par ceux qui en avoient obtenu
la permifiion. ■ ■
Outre les différentes efpèces.de revenus
dont nous avons fait l’énumération y on en
forma encore une branche , du produit des
couronnes d’or qui fe donnoient aux généraux
& aux empereurs , pour les féliciter
fur leurs vîétoires , & ils les faifoient
porter devant eux à leurs triomphes: -
Ces couronnés étoient en conféqùènce
appellées triomphales ; elles n’étoient-com-
pofées, dans les premiers tems de la république
, que de branches de laurier ;
mais elles .devinrent trop (impies dans la
fuite , lorfque les richefles & le l.uxe de
l ’Afie fe furent introduits à Rome.
■ Cé-far & Augufte avoient reçu de plu-
fieufs provinces, villes & communautés ,
jufqu’à dix-huit cents vingt-deux de ces
couronnes d’o r , du poids de dix livres
chacune.
Ces préfens étoient d’abord volontaires ,
& les effets d’une pure libéralité ; ils devinrent
bientôt Un devoir & une fervitude.
Le prix de ces couronnes fut évalué en
argent ; on en fit une taxe , qu’on impofa
fur les provinces , les villes , les comrnu-
»autés. Ce revenu (18) s’appelloit aurum
coronarium. On,peut appercëVoif dans cet
impôt, de l ’analogie avec les droits réfer-
(s8) Economiques, J vol. /n-40. imprimés eh
17 4 7 , tirés feulement à iy où 20 exemplaires. On
attribue cet o-uvrage, qüi elt plein de recherchés
& de favantes dilTertatîohs fur tous lés objets d’ é-
cônomie politique, à M. Dupin, fermier-général,
qui a dormé l’article Salines -, dans la premitre
édition de l’Encyclopédie.
vés, d’abord établis fous le nom de don
gratuit des villes.
Suivant l ’hiftoire ,, Augufte avoit mis
tant d’ordre & d’économie dans les finances
de l’empire ; il en avoit fi bien fécondé
les leffources , qu’à fa mort il laiffa dans
le tréfor public plus, de deuxeents millions
de notre mopnoie., 3
Caligula , fon fucceffeur , les diiTtpa en
moins d’un an. Néron prodigua de même
les tréfors de Claude , à qui il avoit fuc-
cédéq& Tacite. rapporte qu’il diffipa en
profufion jquatre cents iquatre millions de
foftércesip où . cinquante un mille marcs
d’argent. :
Fiuïarjque.irapp,ortè: que du tems de
Pompée, le feul revenu de l ’A(te mineure ,
connue aujourd’hur .fous le nom d’Auato-
tolie , époit de fix millions ; & Appien
Alexandrin-dit ique. de fon: tems cette province
.feule., rappôrtoit vingt millions à
l ’emperetir Adrien,
Les fubfides que-fourniffbit l’Egypte à
fon roi Ptolomée , pere dei Cléopâtre ,
étoient, fuivant Strabon, d’environ l’ept
millions. Après la conquête de ce royaume
par Céfar, ces impôts furent augmentés
jufqu’à dix & douze millions. Vélleius
Paterculus dit .à ce fujet, que les .tributs
payés par.l’Egypte , approchoient de. ceux
de la Gaule , qui montoienc à douze
millions.
Appien Alexandrin , qui a vécu fous les
empereurs Trajan , Adrien & Antonin le
- débonnaire, promet, dans fori dernier livre,
de donner un compte du revenu général
des Romains ; mais, fi ce compte a exillé,
; il n’eft pas- parvenu jufqu’à nous. Il lui
étoit d’autant plus aifé de le faire , iju’il
paroit très-bien connoître l’état de la ré-
i publique, & que les empereurs , depuis
- Augufte , étoient jdstns l’ufage d’expofer en
public!, un état abrégé des finances de l’empire
, tant en recette qu’en dépenfe : cet
état eft appelle , comme on l’a d it, breviarium
imperii (29).
: (29) Prplatum à Tjbcrio. libellum , quo opes pu-
blicae contjnèbantur , quantum civium, fociorum.
* b