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l ’é ta t, qui f epofë. fur la fureté- du pàiemeftt y &c
lur les fûretés perfbnneH.es, de la part des adnii-*
niflrateurs des finances , c’efl - à - dire , la confiance
dans leurs opérations. '
L e capital des compagnies exclusives , dont il
s!àgif , fei forme .par .'petites : portions y-:àfih*' •üjue-
tous les membres de l’état y puiflént. prendre
commodément intérêt. La compagnie- elt repré-
fentée par ceux qui ..en dirigent les ppératiqns
êc les portions d’intérêt font aflurées, par une
reconnoiflànce, que le porteur cède ôc tranxporte
à fon gré. ,
Comme cette efpèce de commerce- emporte de
grands rifques & de grandes dépenfes , les» compagnies
, quelque confidérables, que-îfoient leurs
capitaux , ont encore befoin d’emprunter. Il-- en
refulïjc une forte d’engagement avec le public y
formé par les reconnoiffancès des fommes ; q u ’ i l â
prêtées ; en forte que cès doubles effets , l’un en
a étions d’intérêt , qui font permanentes y l ’autre
en billets d’emprunt , qui font momentanés ,
ont cours comme fignesde l’argent.
Si la fomme dés dettes s’accroît à un point ,
& avec des çir confiances qui puiflént donner "quelque
atteinte à la confiance :, la valeur réelle de
l ’un & l’autre effet diminue.; il ne leur refie qu’une
valeur arbitraire* mefurée fur l’opinion qu’on a
des pertes de ces compagnies , ou des vices de
leur adminiftràtfon.
Deux .inconvéniens .naiflent de cet état des
chqfes l ’un intérieur l’autre extérieur.
Les propriétaires des reconnoiffànées , ou effets
de eësocompagnies y ne feront plus ; 'alors. auflî
riches qu’ils l’étoient auparavant ; puifqu’ils né
retrouveroiënt -plus là même fomme d’argent.qu’ils
ont donnée. D ’un-autre cô té , le nombre de ces
effets ayant été fort multiplié, celui des porteurs 3e fera dé même1. Il fe trôùvera plus de genS prèfTés
d vendre.; derlà ’, le difcrédit des compagnies,
Sc_ une;défiance générale. ■! r
Dans uiié pareille c lifé , if éfi important qu’un
gouvernement fagë fo donné dès foins pour rétab
lir la confiance, ôc foutenir le 'crédit des compagnies
s’ il - ne veut pas perdre lui-même une
grande fbnime ; de cHdit. & de force. Car lés" étranger
s'ÿ qui 'càTcnlérorit de' fang froid fur ces iortes -
d ’événeménsâdhetééont. à BaS prix îeÿ effeîs décriés’
pour- fés fèyêndre , Iorfque la, confiance
pubIîquéiîe^aùrâ-fap|n'oChés/dé leur valeur réelle!
S i , èftefecés étraiigërsj i’inféiêt de l ’a'rgént eft1 plus'
bas de moitié qiiè dans l’état fuppofë , ils pour-'
iront profi ter de la ’moindre élévation dé ces effets ;
lors même qu’elle fera vue avec indifférence: parles
nationaux./^ :
-Le; -profit nde ce t agiotage étranger y fera ûhe'
dimimitiânîévidente» du bénéfité de- la' î^lance dü:
«ommerce^cm uae-^dgméhtaÆîon fur fa perté'. Ces1
deux inconvéniens fourniflent trois oBfervationsii
,iP, -,Xdut e t qui teadà'diminue* quelque’ efpècè
de lurété- dans un corps ’politique y d étru it,
au ' moins pour àin tems affèz long , le crédit
générai, & dès-lors la circulation des denrées $
oü en 'd’âütrès jtérmes , la. fubfiftance dû peuple ,
les revenus publics^ÔC particuliers. -•
'i ° . Si Une nation avoi t la fageffe d’érivifager dé
fang froid le-dédia d’un'grand crédit, & de fë prêter
aux expédiensqui peuvent en arrêter la ruirié tbtàle ;
elle rertdroit'foirmalhëui? prëfqueinfénfible. A lo r s ,
fî lés opérations-font bonnes , ou fi l’éxcè'»'dés
chofes n’interdit pàs toute bonne opération , le
premier pas conduira par degrés au rétabliffémeiït
de-la portion de crédit, qu’il fera poffible de con-
ferver. ' -
î° . Lë.gouverncm eut , q u i veillé aux fûretés
intérieures & extérieures dé là-fociété', a u n double
motif.de fouteniry l'oit- par lès-, loix , foit .par
des fecours prompts & efficaces , -lés grands dépôts
de la confiance publique. Plus l’intérêt de
l ’argent fera haut , plus il eft importaat.de prévenir
les inégalités dan.s la, marche du crédit..
Quant-à là fécondé branche du crédit - public ,
qui eft datis Pétât lui-même , & dans- ceux qui
gouvernent ; ce feroit fe tromper groffiérement ,
que d’évaluer les. fûreçés réelles, fur, le pied du
capital, général d’ une nation , comme , on le fait
à l’égard des particuliers. Ces calculs , pouffes
jufqu’ à l’excès par quelques écrivains Anglois ,
ne font propres qu’ à repaître des imaginations
oifives, ôc peuvent, introduire des principes v icieux.
Les fûretés réelles, d’une.nation font la. fomme
des tributs qu’elle ' peut fournir, y : fans nuire à.
l’agriculture ni àu.: commerce ; car -autrement ,
l’abus de l’impôt détruiroit l ’impôt, ôc , comme
on l’a ait ci-devant, :1a'ireproduélion , qui efl la
fouirçe de tous les.- impôts.
Si le produit des impôts fuffit‘pour payer les
intérêts : des obligations , pour fatisfaire aux dépenfes
courantes j foit intérieures y foit; extérieuw*
res ; pour, amortir , chaque année: y une partie
confidérable des dettes : enfin , fi la grandeur, de#
tributs Jaiffe encore entrevoir des rëffburccs, en
cas qu’un nouveau befoin prévienne la libération
totale on peut dire que la fûreté réelle exifte*
: Pour en déterminer le degré précis , il faùdroir
connoître la nature des befoins qui peuvent fur-
venir , leur éloignement ou-leur proximité -, leur
durée probable y enfui te ,- les comparer dans toutes
leurs circdnftances > avec les reffources probables
que promettraient- la liquidation commencée, le
crédit général , Sc l ’aifance de la nation.-
Si là fûreté n’efl pas claire aux yeux de tous>
le crédit1 de l’état: pourra fe foutenir par habileté y
jufqu’au- moment d’un grand befoin :; mais alors ,
'cè befoin p c ferà 'point-fatisfait , ou ne le fera
■ quë-pai- des reffourées trës-ruinèufes. Là confiance
défiera'à l ’égard des anciens engagemèns ; elle
Cédera entre les particuliers ? d’après les princi«?
Ile s établis d-deffus. Le fruit de ce détordre fera
une grande inaélion dans là, circulation des den-
ïées ; dévéloppons-en les effets.
Le capital en terres diminuera avec leur pro-,
duit ; les malheurs communs ne réunifien t que :
ceux dont lés efpérances font communes. Ainfi ,
il elb-à préfumer que les capitaux , ©n argent ce
meubles précieux , feront mis en dépôt dans,d autres
pays , ou cachés foigneufement ; l’induftrie,
, effrayée & fans emploi-, ira porter fon capital
dans d’autres afyles; Que deviendront alors tous
les fyftêmes fondés'fur l ’immenfité d’un capital
-.national? -, ■ •••-- -
Les. fûretés pérfonnelles , ou la confiance dans
■ cernx qui gouvernent, peuvent fe réduire à l’exactitude
; car Je degré d’utilité que l’état retire de1
ion crédit ; l’habileté, la prudence dés minillres ’
conduifent toutes à l’exaélitude , dans les petits ob-:
jets comme dans lès .grands. Ce dernier point agit
li puifîamment fur l ’opinion des hommes , qu’il
peut , dans de grandes oçcâfions , fuppléer aux
fûretés réelles , & que çellès-ci, fans les premières,
ne font pas leur effet. T e lle efl: .l’importance de
ce p oint, que l’on a vu des opérations, contraires
en elles-mêmes aux principes du crédit. , fuf-
pendre fa chute totale, lorfqu’elles étoient entreprises
dans des vues d’exadtitude. On n’entend
point cependant faire l’éloge de ces fortes d’opérations
, toujours dangéreufes, fi .elles ne font-dé-
cifîves ; & qui , réfervées à des tems de calamités
, ne ceffent d’être des fautes , que dans le cas
d’une impoffibilité abfolue de les épargner. C ’eff
proprement abattre une partie d’un grand édifice ,
pour fouilraire l'autre aux ravages, des flammes ;
mais il 'faut une grande fupériorité de vues , pour
fe déterminer à de pareils facrifices , & favoir
maitrifer l’opinion des hommes. Ces circonilances
forcées font une fuite néceflaire de l ’abus du crédit
public.
Après avoir expliqué les motifs de la confiance
publique envers l’état , il efl: eflentiel de concoure
l’ effet des emprunts publics en eux-mêmes.
Indépendamment de la différence , que l’ on a
remarquée dans la maniéré d’évaluer les fûretés
réelles d’un état & des particuliers , il efl: encore ,
entre ces crédits , d’autres grandes différences.
Lorfque les particuliers contrarient une dette,
ils oiit deux avantages ; l’un, de pouvoir borner
leur dépenfe perfonnelle , jufqu’ à ce qu’ils fe foient
acquittés ; le fécond, de pouvoir tirer de l’emprunt
un avantagé j fupérieur à l’intérêt qu’ils font
obligés de payer.
- Un état au contraire augmente fa dépenfe annuelle
en empruntant, fans être le maître de diminuer
les dépenfes, néceflaircs à fon foutien
parce qu’il efl: toujours dans une pofition forcée,
relativement à fa fûreté extérieure. Il n’emprunte
que pour dépenfer ; ainfi , l’utilité , qu’il retire
de fes engage,mens *, ne peut accroître les fûretés
flu il offre à fjs créimçiers ; au ingios ces gccafions
font très-tares , ôç ne peuvent être comprifes
dans ce qu’on appelle dettes publiques. On ne doit
point confondre n,Qn plus parmi ces dettes, ces
emprunts momentanés , qui font faits dans le déf-
fein de prolonger le terme des recouvremcns, ÔC
de les faciliter. Ces fortes d’économies rentrent
dans la clafle des fûretés perfonnelles , en augmentant
les motifs delà confiance publique.
Obfervons, en paffant , que jamais ces opérations
ne font fi promptes , fi peu cpûteufes, &
n’ont moins befoin de crédits intermédiaires , que
lorfqu’on voit les revenus fe libérer. .
C ’eli donc uniquement des aliénations dont il
s’agit ic i. q
Dans ce c a s , un corps politique, ne pouvant
faire qu’un ufage onéreux de fon crédit , tandis
que celui des particuliers leur efl: utile en général
; il efl facile d’établir entre eux, une nouvelle
différence. • Elle confifte en ce que l ’ufage , que
.l’.état fait de ïon; ér’édit f peut nuire à celui de. fes
-fujets,au îieu que dans tous les cas le crédit multiplié
des fujets , rie peut qu’être utile au crédit de l’état.
L ’ufage que l ’état fait de fon crédit peut porter
préjudice aux fujets , de plufieurs maniérés.
i° . Par la pefânteür des charges qu’il accumule
ou qu’il perpétue ; d’où il efl évident de conc
lure, que toute, aliénation des revenus publics
' efl: plus onéreufe au peuple , qu’une augmentation
d’impôt qui feroit pafîagere.
z° . Il s’établit, à la faveur des emprunts publics
, des moyens d efub fifler, fans tra v a il, &
réellement aux dépens des autres citoyens. D è s -
lors la culture des terres eft négligée ; les fonds
for'tent du commerce , il tombe à' la fin ; & j avec
le commerce s’évànoûiffent les maniifaélures , la
navigation, l’agriculture, la facilité du recouvrement
des revenus publics , ÔC enfin imperceptiblement
, les revenus publics même ; fi cependant, par
des circonilances locales, ou par un certain nombre
de facilités fingulieres , on fufpend le déclin du commerce,
le défordre fera lent; mais il fè-fera fentir
par degrés.
3°. D e cè qu’il y a moins de commerce ôc de
plus grands befoins dans l’é ta t , il s’enfuit que le
nombre des emprunteurs efl: plus grand que celui
des prêteurs' ; dès-lors , l’intérêt de l’argent fe fou-
tient plus haut què fon abondance ne le comporte;,
ôc cet inconvénient devient un nouvel ob-
ftacle à l’accroiffement du commerce , ôc à la prof-
périté de l’agriculture.
4^. L e gros intérêt de l’argent invite les .étrangers;
à faire paffer leurs fonds, pour devenir créanciers
de l’état ; les rivaux.d’un peuple n’ ont pas de
moyen plus certain de ruiner fon commerce , que
de prendre intérêt dans fes dettes publiques.
y°. Les dettes publiques emportent avec elles
des moyens ou impôts extraordinaires, qui procurent
des fortunes immenfes , rapides, Ôc à l’abrï
de tout rifque. Les autres maniérés de gagner fonfi
lentes a au c gnnaire, & incertaines ; ainfi i’argenjj
K k k i j