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Copernic, qu’on regarde comme contraire à l’Ecri- 1 titre à caufe du mouvement de la Terre que ce fyftè-
me fuppofe. Foye^ Système. Le grand Galilée fut
■ autrefois mis 3 l’inquifition, & fôn opinion du mouvement
de la Terre-condamnée comme.hérétique ;
le s inquifiteurs, dans le ’decret qu’ils rendirent contre
lui, n’épargnèrent pas le nom de Copernic qui
î ’avôit renouvellée depuis le cardinal de Cufa, ni ,
celui de Diégue de Zuniga qui l’avoit enfeignée
dans -fes commentaires fur Job, ni celui du P. Fof-
carini carme Italien., qui venoit de prouver dans
lin e favante lettre adreflee à fon, général, que cette
Opinion n’étoit point contraire à l'Ecriture. Galilée
nonobftant cette cenfure ayant continué de dogma-
tifer fur le mouvement de la Terre, fut condamné .
de nouveau, obligé de fe retraiter publiquement,
& d’abjurer fa prétendue erreur de bouche & par
écrit, ce qu’iLfit le 22 Juin 1S3 3 ; & ayant promis
à.genoux la main fur les évangiles qu’il ne-diroit &
ne feroit jamais rien de contraire à cette ordonnanc
e , il fut remené dans les prifons de Pinquilition,
'd’où il fut bien-tôt élargi, Cet événement effraya fi
fort Defcartes très-fournis au faint fiége, qu’il l’empêcha
de publier fon traité du monde qui étoit prêt
à voir le jour. Foye^ tous ces détails dans la vie de
'Defcartes par M. Baillet.
Depuis ce tems les philofophes & les aftronomes i
les plus éclairés d’Italie n’ont ofé foutenir le fyftè»
me de Copernic 611 fi par hafard ils paroiffent l’adopter
, ils ont grand loin d’avertir qu’ils ne le regardent
que comme hypothefe, & qu’ils font d’ailleurs
très-fournis aux decrets des fouverains pontifes
‘Air ce fujet.
Il feroit fort a defirer qu’un pays auffi plein d’ef-
prit & de connoiflànces que l’Italie, voulût cnfirrre-
conndître une erreur fi préjudiciable aux progrès
des fciences , & qu’ elle penfât fur ce fujet comme
nous faifons en France 1 un tel changement feroit
bien digne du pontife éclairé qui gouverne aujourd’hui
l’Eglife ; ami des fciences & favant lui - même
, c ’eft à lui â donner fur ce fujet la loi aux inqui-
Jiteurs, comme il l’a déjà fait fur d’autres matières
plus importantes. Il n’y a point d’inquifiteur., dit un
auteur,célébré, qui ne dût rougir en voyant une
fphere de Copernic. Cette fureur de l’inquifition contre
le mouvement de la Terré nuit même à la religion
: en effet que penferont les foibles & les fim-
ples des dogmes réels que la foi nous oblige de croi-
t e , s’il fe trouve qu’on mêle à ces dogmes des opinions
douteufes ou fauffes? ne vaut-il pas mieux
dire que l’Ecriture, dans les matières de fo i, parle
d ’après le S. Efprit, & dans les matières de phyfi-
que doit parler comme le peuple, dont il falloit
bien parler le langage pour fe mettre à fa portée ?
Par cette diftin&ion on répond à tout ; la phyfique
& la foi font également à couvert. Une des principales
caufes du décri où eft le fyftème de Copernic
en Efpagiie & en Italie, c’eft qu’on y eft perfuadé
que quelques fouverains pontifes ont décidé que
fa terre ne tourne pas, & qu’on y croit le jugement
du pape infaillible, même lur ces matières qui n’in-
îéreflent en rien le Chriftianifme. En France on ne
connoît que l ’Egiife d’infaillible, & on fe trouve
beaucoup mieux d’ailleurs de croire fur le fyftème du
inonde les obfervations aftronomiques que les decrets
de l’inquifition ; par la même raifon que le roi
d’Efpagne, dit M. Pafcal, fe trouva mieux de croire
fur l’exiftençe des antipodes Chriftophle Colomb
qui en vendit, que le pape Zachâriè qui n’y avoit
jamais été. Voye^ Antipodes & Cosmographe.
M. Baillet, dans là vie de Defcartes, que nous
gênons de citer, accufe le P. Scheiner jéfuite, d’avoir
dénoncé Galilée à l’inqirifitiori fur fon opinion
du mouvement de la Terre, Cepere, en effet,étoit
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.jaloux ou mécontent de Galilée au fujet de la décOu»
. verte des taches du Soleil que Galilée lui difputoir
Mais s’il eft vrai que le pere Scheiner ait tiré cette
vengeance de fon adverfaire , une telle démarche
fait plus de tort à fa mémoire , que la découverte
vraie ou.prètendue des taches du Soleil ne peut lui
faire d’honneur. -Foye^ Taches.
EnErance on foutient le fyftème de Copernic fans
aucune crainte,, & l’on eft perfuadé par les raifons
que nous avons dites, que ce fyftème n’eft point
.contraire à la fo i, quoique Jofué ait d i t , Jîa fo l;
c’eft ainfi qu’on répond d’une maniéré folide & fatis-
faifante à toutes les difficultés des incrédules fur certains
endroits de PEcriture., où ifs .prétendent fans
raifon-trouver des erreurs pfiyfiques ou aftronomiques
groftieres.
C e fyftème de Copernic eft non-feulement très-
fimple., mais très-conforme aux obfervations aftro-
nomiquès auxquelles tous les autres fyftèmes fe re-
fufent. On obferve dans Venus des phafes comme
dans la Lune ; il en eft de même de Mercure, ce
qu'on ne peut expliquer dans le fyftème de Ptolo-
mée.; aulieù qu’on rend >une raifon très-fenfible de
ces phénomènes , en fuppofant comme -Copernic le
Soleil au centre, & Mercure, Venus., la Terre, qui
tournent autour de lui dans l’ordre-où nous les nommons.
F. CpSMOGRAPHIE, PHASE, VENUS, &C*.
Xorfque Copernic propofa fon fyftème, dans un
tems ou les lunettes d’approche n’ etoient pas inventées
, on lui obje&oit.la non exiftence de ces phafes.'
Il prédit qu’on les découvriroit un jour, & les télescopes
ont vérifié fa prédiftion. D ’ailleurs n’eft-il pas
plus fimple de donner deux mouvemens à la Terre
l’un annuel & l’autre diurne, que de faire mouvoir
autour d’elle avec une vîfe'ffe énorme & incroyable
toute la fphere des étoiles? Que devoit-on penfer
enfin de ce fatras d’épicyclës, d’excentriques, de
déférens, qu’on multiplioit pour expliquer les mou-
vemens des corps céleftes, & dont le fyftème de
Copernic nous débarraffe ? Aufli n’y a-t-il aujourd’hui
aucun aftronome habile & de bonne foi à qui
il vienne feulement en penfée de le révoquer en
doute. Foye{ ClEUX DÉ CRYSTAL.
Au refte ce fyftème, tel qu’on lè fuit aujourd’hui y
n’eft pas tel qu’il a été imaginé par fon auteur. II
faifoit encore mouvoir les planètes dans des cercles*
dont le Soleil n’occupoit pas le centre. Il faut pardonner
cette hypothefe dans un tems où l’on n’a-
voitpas encore d’obfervations fuffifantes, & où l’on
ne connoiflbit rien de mieux. Kepler a le premier
prouvé par les obfervations, que les planètes décrivent
autour du Soleil des ellipfes , & a donne lés
lois de leurs mouvemens. Foyeç Kepler. Newton
a depuis démontré ces lois, & a prouvé que lés co-;
metes décrivoient aufli autour du Soleil ou des paraboles
ou des ellipfes fort excentriques. Foye^ Co-,
METE. (O)
Copernic , eft encore le nom d’un infiniment
aftronomique, inventé par M. Whifton, pour calculer
& repréfenter les mouvemens des planètes
premières & fecondaires, &c.
Il a été ainfi appellé par l’auteur, comme étant
fondé fur le fyftème de Copernic, où comme représentant
les mouvemens des corps céleftes, tels qu’ils
s’exécutent fuivant cet aftronome. Il eft compofé
dé plufieurs cercles concentriques. Par les différentes
difpofitions de ces cercles, qui font faits de façon
qu’ils gliflent les uns dans les autres, on réfout
beaucoup de queftions aftronomiques , au moyen
dequoi on évite , félon Chambers, de grands calculs
, & on réduit l’ouvrage de plufieurs heures à.
celui de quelques minutes. Cet infiniment repréfente
jufqu’aux éclipfes.
Comme l’inftrument eft peu en ufage, unp def-
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criotlon particulière deviertdrüit intitilè ; ftautetif a
fait un livre exprès pour l’expliquer. Chambers.
Au refte tous ces inftrumens font, en eux-mêmes-
plus amufans qu’utiles. On ne peut jamais par leurs
fecoius connoitre les mouvemens des corps céleftes
que d’une maniéré grofliere; les obfervations réelles
& les calculs aftronomiques font le feul moyen que-
les philofophes connoiflent d’y parvenir ; tout le
refte, quoique allez curieux en fo i, eft bon à a mu-
fer le peuple, ou à orner les cabinets des demi-fa-*:
vans. Voye{ Planisphère, (O)
* COPERNICIEN, f. m. '(P'kyf. ) nom par lequel
on défigne ceux qui foutiennent le fyftème de Copernic
fur le mouvement des corps céleftes.
* COPHTE ou CO PTE, f. m. (Théol;) C ’eft ainfi
que l’on appelle les chrétiens d’É gypte, de la feéle
des Jacobites , ou Monophyfites, J^oye^ Jacobi-
tes. On eft très-partagé fur l’origine de ce nom;
on le tire de Copte ou Copias, ville d’Egypte. On lui
fait lignifier coupé ou circonci ; on le dérive à’Ægyp-
tos, en fouftrayant la première fyllabe. On en cherché
l’étymologie dans Kibel, nom ancien de l’Egypte
; dans Cobtim , autre ancien nom de l’Egypte ;
dans Copt fils de Mefraim & petit-fils de Noé; &
dans Jacobite , en retranchant la première fyllabe,
d’où l’on a fait Cobite, Cobta, Cûpta, Cophta. Voye^
Jacobites. La langue dans laquelle ils font le fer-
vice divin , eft un mélange de grec & d’égyptien ;
ils perfiftent dans l’erreur qu’il n’y a qu’une nature
en Jefus-Chrift. Leur églife eft gouvernée par un
patriarche , & quelques évêques & archevêques.
Le patriarche eft élu par les évêques, le clergé &
les premiers des laïcs. Il eft obligé à vivre dans la
célibat. Il nomme feul les évêques & archevêques,
qu’il choifit entre les féculiers qui font veufs. La
dixme fait tout le revenu de ces princes de l’églife
Cophte. Les prêtres peuvent être mariés. Il y a fous
les pretres les diacres de l’évangile , les diacres de
l’épitre, & les agnôftésv Ce clergé eft très-méprifa-
ble ; il ignore même la langue dans laquelle il prie,ce.
qui n’empêche pas qu’il ne foit très-honoré.L’autorité
des évêques eft grande. Le patriarche eft une efpecee
de clefpote. Quoiqu’ils n’entendent pas leur bréviaire,
il n en eft pas moins long. Ils ont des moines & des
religieufes qui obfervent très - rigourëufement le
voeu de pauvreté , qu’ils ne font que quand ils,n’ont
rien, ne concevant pas comment ceiix qui ont quelque
chofe, peuvent y renoncer. Les Mahomerans
ont confie la recette des droits publics.en Egypte,
à des Chrétiens Cophtes. Excepté ces receveurs, le
refte eft pauvre & vit -durement , n’ayant pour
toute confolation que la facilité de changer de femmes
par le divorce, qui eft fréquent, & par un nouveau
mariage dont il peut être fuivi. Ils admettent
fept facremens, dont ceux à qui il eft refervé de les
conférer, favent à peine les noms. Ils different le
baptême des enfans mâles de 40 jours , & celui des
filles de 80. Ce facrement ne fe conféré jamais que
dans l’églife ; en cas de péril, on y fupplée par des
onâions : il fe donne par trois immerfions, l’une au
nom du Pere, la fécondé au nom du Fils, & la troi-
fieme au nom du S. Efprit, en difant à chacune : Je
te baptife au nom de la Perfonne dont l’immerfion fe
fait. Ils confirment l’enfant, & le communient aufli-
tôt après l’avoir baptifé ; mais ils ne le communient
rçue^pus l ’efpece du vin. La confirmation & le bap-
têmé’ fônt accompagnés d’une multitude prodigieufe
d’onélions. Les Amples prêtres peuvent donner la
Confirmation. Ils ont fur l’Euchariftie le même fen-
timent que les Catholiques. Ils communient les hom-
mes fous les deux efpeces ; ils portent aux femmes
1 eipece feule du pain humeûée de quelques gouttes
du lang de J. C. qui ne. fort jamais du fanéluaire, où
S n Pomt permis aux femmes d’entrer. Ils ne
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confervôfllt point de pain ednfacré. Quand il faut
i adminiftrer le Viatique , la mefle fe dit, à quelque
: heure & en quelque cireOnftance que ce foit, Ils
? penfent bien fur la confeflîon j mais elle eft rare
parmi eux ; un de leurs patriarches a été même juf-
> parce que les mauvais confefleurs,
difoit-il, font du mal, & qu’il eft prefqu’impoflîblei
d en trouver de bons ; & il faut convenir qu’après
la peinture que nous avons faite du cierge Cophte *
le raifonnement du patriarche peut être approuvé*
Dans le cours ordinaire de la v ie, les facremens ne
fe confèrent qu’aux perfonnes mariées ; ils fe con-<
feflent une ou deux fois par an : leur mariage a tout
l’air d’un facrement. Ils adminiftrent l’ExtremerOnc-
tion dans les indifpofitions les plus légères de corps
ou d’efprit ; ils oignent de l’huile benite & l’indif-
; pofé & tous les afîiftans, de peur que le diable chafle
d’un corps, ne rentre dans un autre’ Les Cophtes
en font pour les onétions réitérées ; ils oignent led
vivans & les morts. Ils ont deux fortes d’huile ,
l’huile benite & l’huile facramentale. Leurs jeûnes ne
finifîent point. Les femmesTurques ont pris la manie
du jeûne des femmes Cophtes. Quant aux autres fidej
les, excepte l’abftinence du carême , qu’ils gardent
avec l’exa&itude la plus rigoureufe, ils fe traitent
un peu plus doucement dans les tems moins remarquables;
ils prennent le café, fument la pipe, &
laiflent aux femmes & aux prçtres la gloire d’un
jeune plus ftriéle. Les Cophtes ont reçû des Maho-
métans la circoncifiori, qui s’abolit peu-à-peu parmi
eifx. Leur patriarche prend le titre de patriarche
d. Alexandrie ; il réfide au monaftere de S. Macaire;
il prétend que fa dignité n’a point fouffert d’inter-»
ruption depuis S. Marc. Il ne faut pas le confondre
avec le patriarche grec des Melchites. On a tenté
quelquefois de le ramener dans l’Eglife, mais inutilement.
On prétend qu’il reconnoît la primauté de
I’Eglife Romaine, ce qui n’eft pas avoiié par le parti
proteftant. Voye^ Circoncision, B a p t ê m e ,
Confirmation, Confession, Patriarche,
Melchites , ,&c.
Cophte , voye^ Copte.
C: O P H T IQ U E ou COPTIQUE, 'adjeû; (Hift:
eccléjiafi.,) liturgies Copluiqu.es., ou fuivies par les
Cophtes. Il y en a trois , l’une attribuée à S. Bafile,
l’autre à S. Grégoire le théologien, & la troifieme
à S. Cyrille d’Alexandrie; elles ont été traduites en
Arabe pour l’ufage des prêtres & du peuple. Foyer
Liturgie. x
QOVlk9 0 ,(Géog.mod.') grande( riviere de l’Amérique
méridionale, avec une ville de-même nom au
Chily. Long. 309. lat. mèrid. u_j.
COPIATE, f. m. (Hifè. eccl.} celui qui faifoit-
les foflës pour enterrer les morts. Dans les premiers
fiecles de l’Eglife il y avoit des clercs deftinés à ce
travail. En 3 57 Conftantin fit.une loi en faveur des
pretres Copiâtes, c’e ft-à-dire de ceux qui a voient
foin des enterremens, par laquelle il les exemptoit
de la contribution luftrale que payoient tous les
marchands. C’eft fous cet empereur qu’on commença
à les appeller Copiâtes, c’eft - à - dire des clercs
deftinés au travail, du grec x.ô*noç, travail, qui vient
de yJtJlu , fcindo, ccedo, ferio; auparavant ils s’appel-
loient decani leclicarii , peut-être parce qu’ils
étoient divifés: par dixaines ; dont chacune avoit
une biere ou litiere pour porter les corps. On leur
donnoitordinairementrang parmiles clercs,& avant
les chantres; Selon Bingham, ils étoient fort nombreux,
fur-tout dans les grandes églifes ; on en
coniptoit jufqu’à onze cents dans celle de Cônftanti-
nople du tems de Conftantin, & il n’y en eut jamais
moins de neuf cents cinquante fous ceux de fes fuc-
cefleurs , qui réduifirent les Copiâtes à un plus petit
nombre, On les appella aufli collegiati, parce qu’ils