■ afin de les mieux laver-; oh'les paflè enfuife cfanS de
nouvelle eau de fontaine, pour y macérer pendant
deux ‘du “trois jours, félon la chaleur du tems^c. chacun
de ces jours on les rade deux fois-, & on les
change d’eau trois fois. Pour les racler on les étend
l ’un après l’autre fur une planche ou banc incliné au
-bord du baquet, on a un morceau de rofeau divifé
.longitudinalement ; il faut que les côtés de la divi-
fion ne loient pas tranchans , mais ronds. G’eft avec
c e rofeau qu’on les ratifie, & qu’on, parvient à les
dépouiller de l’épiderme greffe qui les rend , opaques;
on les fait paflèr dans des eaux nouvelles à
•xnefure qu’on les ratifie : alors le boyau eft nettoyé,
<Sc le voilà en état d’être dégraifle. Les ouvriers tont
tin premier fecret de la maniéré dont ils dégraiffent
des boyaux ; mais il efi confiant qu’indépendam-
ment de leur fecret, fi l’on n’apporte les plus grandes
précautions au dégraiflage des boyaux », les cordes
.n’en vaudront rien. Il faut préparer une leflive 'que
les ouvriers appellent eau-forte, Sc qui s’employe au
quart forte, au tiers forte, demi-forte, trois quarts
forte, & toute forte. Pour la faire on a un vaiffeau
de grais ou cuve de pierre contenant demirbarrique,
ou le.poids de 250 liv. d’eau; on la remplit d’eau,
on y-jette environ deux livres & demie de cendres
gravelées -, qu’on y remue bien avec un bâton; >Nÿ
met-ôn que cela ? Il y en a qui prétendent qu’il y
entre de l’eau d’alun en petite quantité ; mais on ne
fait ; par la maniéré dont ils s’expriment, fi l’eau
d’alun fert avant lé dégraiflage, fi elle entre dans la
leflive du dégraiflage., fi-elle y entre feule, ou en
mélange avec la cendre gravelée, ou fi cette façon
d’eau d’alun ne fe donne pas après le dégraiflage
même avec la cendre gravelée. Quoi qu’il en foit,
on a des tinettes ou terrines de grais , qui peuvent
tenir environ dix livres d’eau ; on met les. boyaux
par douzaines dans ces yaifleaux ; on prend dans la
cuve environ deux livres & demie de leflive : quelle
que foit cette leflive, on la verfe dans la tinette fin
les boyaux, & on achevé de la remplir avec de
l ’eau de fontaine : on dit qu’alors les boyaux font
dans la leflive au quart, ce qui fignifie que le liquide
dans lequel ils tfempent ; efi compofé d’une partie
de leflive & de trois parties ' d’eau de fontaine; On
les laifle blanchir dans cette eau une demi-journée
dans un lieu frais ; on les en retire l’un après l’autre,
pour leur donner la façon fuivante. On a à l’index
une efpece d’ongle de fer blanc qu’on met. au doigt
comme un dé à coudre ; on nomme cet. infiniment
dégraijfoir. On applique le pouce contre le bord de
fon calibre, à fon extrémité, & l’on prefle le boyau
contre ce bord, tandis qu’on le tire de la main droite :
on le jette, au fortir de cette opération, dans une
autre tinette ou terrine, dont la leflive efi au tiers
forte, c’eft-à-dire de deux parties d’eau de fontaine,
fur une partie de leflive. On revient à cette manoeuvre
du dégraiflbir quatre à cinq fois, & elle dure
deux ou trois jours, fuivant la chaleur de la faifon.
Chaque demi-journée on augmente la force de la
leflive. Les boyaux fe dégraiffent plus promptement
en été qu’en hyver. Les augmentations de la leflive
en hyver font du quart au tiers, du tiers au demi,
du demi aux trois quarts , des trois quarts à l’eau
toute foite ; & en été du quart au demi, du demi
aux trois quarts, & des trois quarts à l’eau toute
forte. Dans le premier ca s , les degrés d’eau fe
donnent en trois jours, & en deux jours dans le fécond
; mais tantôt on abrégé, tantôt on prolonge
cette Opération : c’eft à l’expérience de l’ouvrier à
le déterminer. Il faut avoir grande attention à ne
point écorcher les boyaux avec le dégraiflbir. Le
dégraiflage fe fait fur un lavoir haut de deux pies &
demi, large de deux, & long d’environ dix ou dou-
?e > fuivant l’emploi de la fabrique j il efi profond
d’environ fix pouces, & les eTatix peuvtfbt i’ en débuter
aux deux bouts' par les ouvertures, & au moyeh
de la pente qu’on y a pratiquée, Après ce dégraif-
fage, au fortir dés lefllvés que nous avons dites, on
en a unç autre qu’on appelle double -forte ; elle efi
çompofee de la même,quantité d’eaù de fontaine,
ç’eft-à-dire' de 250 livres ou environ ; mais on y
met cinq livres de cendres gravelées. j e demanderai
encore : n’y met-on que cela ? & l’on fera.bien fondé
à avoir fur cette leflive double forte , lesmêmes
doutes que fur la leflive fimple forte. Au refte, oxi
efi bien avancé vers la découverte d’une manoeuvre,
quand on connoît les expériences qu’on a à
faire. On laifle les boyaux dans cette fécondé leflive
line demi-journée, une journée entière, & même
davantage, félon la faifon, & toujours par. douzai-
u,çs , & dans les mêmes tinettes ou terrines de grais.
On les en tire, pour paflèr encore une fois fur le dé-
graiflp.ir de fer, d’où on les jette dans .de l’eau fraîche
; les boyaux font alors çn état d’être tordus au
roiiet. On les tire de l’eau ; i) efi encore incertain fi
cette eau efi pure, ou fi, elle n ’eft: pas un peu chargée
d’alun, Sc tout de^fuite ôn les double. Les gros
boyaux ferveqt à faire les groflès cordes, les boyaux
plus petits* & plus clairs lervent à faire ies cordes
plus petites ; mais il efi bon de favoir qu’on ne les
tord prefque jamais fimples ; la plus fine chanterelle
efi un double. On les fait environ de cinq piés &
demi, ou huit pouces. Chaque boyau en fournit
deux. Il peut arriver que le boyau double n’ait pas
la longueür requife pour la corde. Alors on en prend
deux qu’on aflèmble de cette maniéré ~~ ^ 1 ; on
porte un des bouts à un emerillon du roiiet ; on paflè
le boyau doublé fur une cheville de la grôfleur du
doigt, qui efi fichée dans un des côtés d’un chaflîs ,
à quelque diftance de l’émerillon, &: qui fait partie
d’un infiniment appellé le talart ou l'attelier. Il faut
obferver que le bout de la corde qui efi à l’émerillon ,
a aufli fa cheville , &c que cette cheville efi paflëe
dans le crochet de l’émerillpniSi la corde efi trop courte
pour cet intervalle, on l’allonge, comme on l’a indiqué
plus haut, en affemblant l’un des deux boyaux
avec un autre boyau plus long ; s’il y a du fuperflu,
on le coupe, & l’on tord le boyau en douze ou quinze
tours de roiiet. La roüe du roiiet a trois pies de
diamètre , & ies bobines qu’elle fait mouvoir ont
deux pouces. On détache les deux petites chevilles,
l ’une de l’émerillon , l’autre du côté du chaflîs, &
on les tranfporte dans des trous faits exprès à l’autre
extrémité du talart placé à côté du roiiet. Le talart
efi un chaflîs de bois de fapin long de deux aunes ,
large de deux ; à l’une de fes extrémités il y a vingt
trous garnis d’autant de chevilles’ de la groflèur du
doigt, & à l’autre quarante plus petites : ainfi un
boyau tord pour un infiniment de niufique, & tendu
fur le talart, a fes deux extrémités attachées, l’une
à une des petites chevilles des quarante, & l’autre
à une des vingt groflès. Voye{ Planche V. de Corderiez
b efi le baquet où s’égoutte l ’eau ; d efi une table'
avec rebords qui reçoit l’eau, & qui par fa pente &
fes gouttières conduit l’eau dans le baquet ; c , c font
des tréteaux qui la foûtiennent ; u , rangées de chevilles
où l’on attache les cordes quand on les tord ;
a, a, a , a y efi un chaflîs oblong, de deux aulnes
fur une de fes dimerifions, & de deux piés & demi
fur l’autre ; x , font des trous à recevoir les chevilles
des cordes, lorfqu’elles font tordues ; £ , corde
que l’on tord à l’aide d’une roiie & de deux poulies i
avec un petit crochet k , auqilel on adapte la cheville
qui doit remplir un des trous du chaflîs quand
la, corde fera torfe. Mais la manoeuvre que nous venons
de décrire ne fuffit pas pour donner à la corde
l’élafticité convenable, & lui faire rendre du fon ;
il y 3 , dit-on > encore un autre fecret, C’eft ce-t
Aii,-1^ fur-tout qu’il faudrait obtenir de,6 ouvriers.'
Ne çonfifte-t-il que dans la manoeuvre fifivante ?
nous l’ignorons. Lorfque le talart efi garni de
boyaux tords, on les frotte les uns après les autres
avec des cordes de crin ; on paflè deflbs la corde de
crin cinq ou fix fois de fuite , çe qui aehçve de les
dégraiflèr &ç d§ les dçgrofiïr en les arrondiflant,
Lorfque chaque boyau ou cordç aura été frottée
ainfi à deux reprifies de la çorie de crin, &: qu’on la
trouvera fort nette, on portera le talart tout garni
dp fes cordes, dans une étuve proportionnée à fa
grandeur, ç’eft-^-dirç d’un peu plus de deux aulnes
de long, dknviron line demi-aulne pour fes autres
dimenfions ; on les y laifièra tendues pendant
cinq ou fix jours, pour y fécher lentement à la va-r
peur du foufre, èc y prendre de l’élaftieité. L’étuve
efi échauffée par un peu de feu de charbon, qu’on
y introduit dans un réchaud fur lequel on jette deux
onces de fleur de foufre. Cet enfoufrement fe donne
toujours en mettant le talart dans l’étuve , & fe répété
deux jours après. Qn a foin de tenir l’étuve
fermée, afin que la fumée du foufre ne s’échappant
point, produite fon effet. Au bout de cinq à fix jours
on fort lçs talarts de l’étuve ; on frotte chaque corde
avec un peu d’huile d’olive ; on les plie à l’ordinaire,
après les avoir coupées de la longueur, de deux aulnes
aux deux extrémités du talart. C ’eft de la même
maniéré que fe préparent les groflès cordes à hoyau,
avec celte différence qu’on apporte un peu moins
de précautions pour les dégraiflèr, qu’on les tord &
file comme le chanvre ; qu’on y employé les boyaux
les plus communs, & qu’on les laifle plus long-tems
à l’étnve, Nous n’avons pii nous procurer des con-
noiffances plus étendues fur cet objet. Peut-être n’y
a-t-il rien de plus à favoir, peut-être auflî n’eft-ce là
que le gros de l’art, que ce dont les ouvriers ne fe cachent
point, & n’avons-nous rien dit des tours de
main particuliers, des préparations fingulieres, &
des manoeuvres requifes pour la perfection des cor-?
des. Au refie, celui qui portera ces inftruûions préliminaires
dans un attelier, y acquérera d’autant
plus facilement les autres, fi en effet il en refte quelques
unes à fuppléer ; car j’ai toujours remarqué que
les ouvriers fe livroient facilement aux gens dont
ils efpéroient tirer quelque lumière. On ne trouvera
que le roiiet, le chaflîs & le talart dans nos planches
, parce que les autres inftrumens n’ont rien de
particulier. Le roiiet efi, comme on v o it, un roiiet
de cordier ; le talart n’eft qu’un chaflis ordinaire,
le lavoir fe connoît aflèz facilement fur ce que
nous en avons dit ; une table commune y fupplee-
roit. Ce font les noeuds qu’on fait aux cordes, quand
les boyaux font trop courts , qui ordinairement les
pendent fauffes, par l’inégalité qu’ils occafionnent.
Quand on choifit des cordes d’inftrumens, il faut
d’abord prendre les plus claires, les plus rondes &
les plus égales, & enfuite faire tendre par quelqu’un
la corde de la longueur convenable pour l’inftru-
ment, en la tirant par les deux bouts ; fe placer en
face du jour, & la pincer. Si en la pinçant on n’ap-
perçoit dans fes ofcillations que deux cordes, c’eft
une preuve certaine qu’elle eu: jufte ; fi on en apper-
çait trois, cette preuve qu’elle efi fauffe n’eft pas
•moins affurée. Cette fécondé apparence peut venir
de ce que toutes les parties’de la corde n’arrivent pas
en même tems à la fituation horilbntale , & qu’elle
ofcille en deux tems différens. On tord deux cordes
à la fois, quoiqu’on n’en voye qu’une dans le def-
fein, où l’on n’a pû en montrer davantage.
■ Des cordes de nerfs , o u , pour parler plus exactement
, de tendons ou de ligamens. Les anciens, qui
faifoient grand ufage de cés cordes dans leurs machines
de guerre, défignoient en général les veines, artères
, tendons, ligamens, nef fs > par le mot de nerf
& ils appelaient corde de nerf, une corde filée de li«
gamens. Ils ont ordonné de choifir entre les tendons
, ceux des cerfs & des boeufs ; &c fur ces animaux
les tendons les plus exercés, comme ceux du
col dans les boeqfs, & ceux de la jambe du cerf.
Mais comme il efi plus facile de fie pourvoir de ceux-
là que de ceux-ci, c’eft de cette matière qu’on a fait
à Paris les premières cordes de nerfs, fous les ordres
& la direfrion de M. le comte d’Herouville, qui fut
dans u fi grand nombre d’expériences îur cet
objet, par l’exaâjtude & l’étendue de fes recherches
fur tout ce qui appartient à l’Art militaire. Voici
comment ces cardes ont été travaillées. On prend
chez le boucher les tendons des jambes, on les fait
tirer le plus entiers & le plus longs qu’il efi poflible.
Ils fe tirent de l’animal affommé, quand il efi encore
chaud. On les expofe dans des grçniers ; on fait en-
forte qu’ils ne foient point expofés au fpleil, de peur
qu’ils ne fechent trop vite , & qu’ils ne durciflènt
trop. Il ne faut pas non plus que l’endroit foit humide
, & qu’ils puiflènt fouffrir de la gelée en hyver;
ces accidens les feroient corrompre. Il y a auflî un
tems propre à prendre pour les battre : quand ils
font trop fecs, ils fe rompent ; quand ils font trop
frais, on en épure la graiffe. Il faut éviter ces deux
extrêmes. Avant que de les battre, il en faut féparer
les deux bouts qui font trop durs & trop fecs : le
refte d’ailleurs s en divifera plus facilement fous 1?
marteau. Le nerf ou ligament n’eft filé fin qu’autant
que fes extrémités fe divifent facilement, ce qui ne
peut arriver quand on lui laifle les deux bouts qui
font durs & fecs comme du bois. ■
Les outils de cette efpece de corderie fe réduifent
à un marteau de fer, une pierre & un peigne. Lç
bloc de pierre doit être un cube, dont la fnrface
polie du côté qu’il doit fervir, ait huit à dix pouceÿ
en quarré. Le marteau peut pefer une demi-livre,
& le peigne a huit ou dix dents éloignées les unçs
des autres d’environ fix lignes, & toutes dans la
même direction. Le ligament ne doit point être dépouillé
de fes membranes ; on les bat enfemble jufi
qu’à ce qu’on s ’apperçoive que la membrane efi entièrement
féparée des fibres. Sept à huit ligamens
battus & fortement liés enfemble, fuflifent pour
faire une poignée ; on paflè la poignée dans les dents
du peigne : cette opération en fépare la membrane ,
& divife les fibres les unes des autres. Le point lç
plus important dans tout ce qui précédé, efi de bien
battre, c’eft de-là que dépend la fineflè du nerf. Si
le nerf n’eft pas aflèz battu, on a be.au le peigner ;
on raccourcit en en rompant les fibres, fans le rendre
plus fin. Le feul parti qu’il y ait à prendre dans
ce cas, eft de l’écharpir avec les mains, en féparant
les fibres des brins qui ont réflfté au peigne , pour
n’avoir pas été fuffifamment travaillés fous le marteau.
Quant au cordelage de cette matière, il n’a rien
de particulier. On nie le nerf comme le chanvre ,
& on le commet foit en auflîere, foit en grelin. W.
l'article Corderie. Avant que de fe fervir de ces
cordes, il faut les faire tremper dans l’huile la plus
greffe : elles font très-élaftiques & très-fortes. Voici
une expérience dans laquelle M. d’Herouville a fait
comparer la force d’une corde de chanvre, d’une
corde de crin, & d’une corde de nerf. On prit le nerf
le plus long qu’on put trouver ; on le peigna avec
beaucoup de douceur ; on en fila du fil dé carret ;
on prit fix bouts de ce fil, de neuf piés chacun ; on
les commit au tiers , e’éft-à-dire que çes neuf piés
fe réduifirent à fix dans le commettage. Cette corde
fe trouva de quinze lignes de circonférence, & tout-
à-fait femblable à une corde de chanvre très-parfaite
qui avoit fervi à quelques expériences de M. Duhamel
fur la réfiftapce des cordes, 8i qui avoit été faite.