qui la doit donner, obtenir un jugement qui prononce
la décharge, te vaut autant que fi elle étoit donnée
par la partie.
Quelquefois le laps de tems opéré la décharge d’une
partie. Par exemple, au bout de cinq ans les
veuves te héritiers des avocats te procureurs ne
peuvent être recherchés, tant des procès jugés que
de ceux qui font à juger, à compter du jour des ré-
cépiffés. Les avocats te procureurs font déchargés
des facs & papiers des procès non finis, au bout de
dix ans à compter du jour de leurs récépiffés, fui-
vant la déclaration du 11 Décembre 1 597. Voye^ ci-
après D es c h a r g e r . ( A f
DESCHARGER ou DÉCHARGER, v . a f t . (/«-
rifpr.) c’eft donner une décharge de quelque fomme
o u a u t re chofe. Voye{ ci-devant D e s c h a r g e .
On dit aulîi décharger d'une demande y ce qui arrive
lorfque le demandeur n’eft pas bien fondé, ou n’a
pas établi fuffifamment fa demande ; en ce cas le défendeur
demande fa décharge, te le juge prononce
en ces termes : avons le défendeur déchargée la demande
t :ou rpnvoyé de la demande y ce qui eft la même
chofe.
Décharger de Vaccufation, c’eft abfoudre l’aeeufé,
le renvoyer de l ’accufation , le déclarer innocent.
Lorfque les juges mettent feulement hors de cour fur
Vaccufation y l’acciifé n’efi; pas pleinement juftifié,
Voye^ A c c u s a t i o n , A c c u s é , H o r s d e c o u r ,
te ci-devant au mot D e s c h a r g e . ( A )
À DESCOUVERT, (Jurifprud.) c’eft lorfqu’on
fait exhibition de quelque chofe. Dans les offres
réelles d’argent & de pièces , on doit montrer les
deniers ou autres chofes offertes, à découvert, afin.
que l ’on voye que les offres font réelles te férieufes.
Voye^ E x h i b i t i o n & O f f r e s r é e l l e s . (A}
DESCRIPTION, f. f. (Hijl. nat.) Décrire les différentes
produirions de la nature, c ’eft tracer leur
portrait,& en faire un tableau qui les repréfente,tant
à l’intérieur qu’à l’extérieur, fous des faces & dans
des états differens. Les deferiptions n’auroient point
de limites, fi on les étendoit indiftinilement à tous
les êtres de la nature, à toutes les variétés de leurs
formes, & à tous les détails de leur conformation
ou de leur organifation. Un livre qui contiendroit
tant & de fi longues deferiptions, loin de nous donner
des idées claires te diftin&es des corps qui couvrent
la terre te de ceux qui la compofent, ne pré-
fenteroit à l’ efprit que des figures informes & gigan-
tefques difperfées fans ordre te tracées fans proportion
: les plus grands efforts de l’imagination ne
fuffiroient pas pour les appercevoir, & l’attention
la plus profonde n’y feroit concevoir aucun arrangement.
Tel feroit un tas énorme te confus formé
par les débris d’une multitude de machines ; on n’y
reconnoîtroit que des parties détachées, fans en voir
les rapports & l’ affemblage.
Les deferiptions ne peuvent donc être utiles qu’au-
tant qu’elles font reftraintes à de juftes bornes, &
affujetties à de certaines lois. Ces bornes & ces lois
doivent varier félon la nature de la chofe te l’objet
de la fcience, dans les différens régnés de l’Hif-
toire naturelle. Plus un corps eft compofé, plus il
eft néceffaire de décrire les détails de fon organifation
, pour en expofer le jeu te la méchanique. Il
faut donc que les deferiptions des animaux foient plus
étendues que celles des végétaux, tandis que les
deferiptions des minéraux, qui font les corps les plus
bruts , doivent être plus courtes que celles des végétaux.
Par ce moyen chaque chofe eft traitée félon
Ion importance, te l’auteur n’abufe ni de fon tems
ni de l’attention du leéleur.
Quelque perfeérion que l’on puiffe donner à une
defeription, ce n’eft qu’une peinture vaine te le fujet
d’une çuriofité frivole, fi on ne fe propofe un objet
plus réel pour l’avancement de nos vrais connoiffances
en Hiftoire naturelle. Lorfqu’on décrit un
etre, fi faut obferver les rapports qu’il a avec les
autres etres de la nature ; ce n’eft qu’en les comparant
ainfi que l’on peut découvrir les reffemblances
te les différences qui fe trouvent entr’eux, & établir
une fuite de faits qui donne des connoiffances
générales. Dans cette v u e , les deferiptions doivent
être faites fur un plan fuivi ; il faut que ce plan foit
uniforme dans chacun des régnés de l’Hiftoire naturelle
; mais on ne peut fe difpenfer de le changer en
paffant d’un régné à ui\ autre : pour s’en convaincre
il fuffit de réfléchir fur la différence qui fe trouve
entre les connoiffances principales que l’on peut acquérir
par les deferiptions des objets de chaque régné
en particulier. En décrivant les animaux on fe propofe
de connoîtrel’oeconomie animale ; les plantes
nous conduifent à découvrir le méchanifme de la
végétation. On confidere dans les minéraux la formation
& la combinaifon de leurs parties confti-
tuantes, pour concevoir la minéralifation. On ne
peut parvenir à des fins fi différentes par une feule
route ; chacun a la fienne, te exige des moyens particuliers
pour que l’on puiffe s’y conduire avec îuc-
cès : c ’eft pourquoi le plan des deferiptions doit être
relatif à l’objet de la fcience de chaque régné ; mais
il eft abfolument néceffaire qu’il foit uniforme dans
un même régné, pour faire une comparaifon exa&e
te fuivie de chacun des animaux, ou des végétaux
ou des minéraux, avec ceux qui y reffemblent ou
qui en different le plus. V. H i s t o i r e n a t u r e l l e .
■
D E S C R IP T IO N , terme de Géométrie , eft I’aérion
de tracer une ligne, une furface, &c. Décrire un
cercle, line ellipfe, une parabole, &c. c’eft confi*
traire ou tracer ces figures.
On décrit les courbes en Géométrie de deux maniérés
, ou par un mouvement continu, ou par plu-
fieurs points. On les décrit par un mouvement continu
lorfqu’un point qu’on fait mouvoir fuivant une
certaine lo i, trace de fuite & immédiatement tous
les points de la courbe. C’eft ainfi qu’on trace un
cercle par le moyen de la pointe d’un compas ; c’éft
prefque la feule courbe qu’on trace commodément
par un mouvement continu : ce n’eft pas que nous
n’ayons des méthodes pour en tracer beaucoup d’autres
par un mouvement continu ; par exemple , les
feêrions coniques : M. Maclaurin nous a même donné
un favant ouvrage intitulé, Geometria organica,
dans lequel il donne des moyens fort ingénieux de
tracer ainfi plufieurs courbes. Voye^-en un leger
effai à F article C o u r b e . Mais toutes ces méthodes
font plus curieufes qu’utiles te commodes. La defeription
par plufieurs points eft plus fimple , & revient
au même dans la pratique. On trouve par des
opérations géométriques différens points de la courbe
affez près les uns des autres ; oriy joint ces points
par de petites lignes droites à vûe d’oe il, & l’affemblage
de ces petites lignes forme fenfiblement te fuffifamment
pour la pratique la courbe que l’on veut
tracer, (O)
D e s c r i p t i o n , ( Belles - Lettres, ) définition imparfaite
& peu exaûe , dans laquelle on tâche de
faire connoître une chofe par quelques propriétés
te circonftances qui lui font particulières , luffi-
fantes pour en donner une idée 8p la faire diftinguer
des autres, mais qui ne développent point fa nature
te fon effence.
Les Grammairiens fe contentent de deferiptions ;
les Philofophes veulent des définitions. Voye7 D éf
i n i t i o n .
Une defeription eft l’énumération des attributs d’une
chofe, dont plufieurs font accidentelles , comme
lorfqu’on décrit une perfonne par fes aérions , fes
patolès, fes écrits, fes charges, Oc, Une defeription
au premier coup d’oeil a l’air d'une définition ; elle
eft même "convertible avec la chofe décrite , mais
elle ne la fait pas connoître à fond , parce qu’elle
n’en renferme pas ou n’en expofe pas les attributs
effentiels. Par exemple, fi l’on dit que Damon eft
un jeune homme bienfait, qui porte fes cheveux ,
qui a un habit noir, qui fréquente bonne compagnie
, & fait fa cDüT à tel ou tel miniftre ; il eft évident
qu’on ne fait point connoître DartiOn, puifque
les chofes par lefquelles on le defigne lui font extérieures
te accidentelles, jeune, cheveuxhabit noir,
fréquenter, faire fâ cour y qui ne defignent point le ca-
raftere d’une perfonne. Une defeription n’eft donc
pas proprement une réponfe à la queftion quid ejl,
qu’eft-il ? mais à celle-ci, quis efl, qui eft-il ?
En effet, les deferiptions fervent principalement à
faire connoître les finguliers ou individus ; car
les fujets de la même efpece ne different point par
leurs effences ,mais feulement comme hic te ille , te
cette différence n’a rien qui les faffe fuffifamment
remarquer ou diftinguer. Mais les individus d’une
même efpece different beaucoup par les accidens :
par exemple , Alexandre étoit un fléau , Socrate un
fage, Augufle un politique , Titus un jufle.
Une defeription eft donc proprement la réunion
des accidens par lefquels une chofe fe diftingue aifé-
ment d’une autre, quoiqu’elle n’en différé que peu
ou point par fa nature. Voye{ A c c i d e n t , Mo-
D e , Oc.
La defeription eft la figure favorite des Orateurs
& des Poètes , & on en diftingue de diverfes fortes :
i° . celle des chofes, comme d’un combat, d’un incendie
, d’une contagion , d’un naufrage : z°. celle
des tems qu’on nomme autrement chronographie,
voyei C h r o n o g r a p h i e : 30. celle des lieux qu’on
appelle auffi topographie , voye^ T o p o g r a p h i e :
4°. celle des perfonnes ou des caraôeres que nous
nommons portrait, voye^ P o r t r a i t . Les deferiptions
des chofes doivent préfenter des images qui
rendent les objets comme préfens ; telle eft celle que
Boileau fait de la molleffe dans le lutrin :
La mollejfi opprejjee
Dans fa bouche a ce mot fent fa langue glacée ,
E t lajfe de parler yfuccombant fous F effort,
Soupire'y étend les bras y ferme l'oeil O s'endort. ( G)
Mais d’où vient que dans toutes les deferiptions
qui peignent bien les objets , qui par de juftes images
les rendent comme préfens, non-feulement ce
qui eft grand, extraordinaire, ou beau, mais même
ce qui eft defagréable à v o ir , nous plaît fi fort ?
c ’eft que les plaifirs de l’imagination font extrêmement
étendus. Le principe de ce plaifir femble être
une a£rion de l’efprit qui compare les idées que les
mots font naître avec celles qui lui viennent de la
préfence même des objets. Voilà pourquoi la defeription
d’un fumier peut plaire à l’entendement par
l ’exaéritude & la propriété des mots qui fervent à le
dépeindre. Mais îa defeription des belles chofes plaît
infiniment davantage, parce que ce n’eft pas la feule
comparaifon de la peinture avec l’original qui
nous feduit, mais nous fommes auffi ravis de l’original
même. La plûpart des hommes aiment mieux
la defeription que Milton fait du paradis , que de
celle qu’il donne de l’enfer , parce que dans l’une,
le feu te le fouffre ne fatisfont pas l ’imagination,
comme le font les parterres de fleurs te les bocages
odoriférans : peut-être néanmoins que les deux
peintures font également parfaites dans leur genre.
Cependant une des plus grandes beautés de l’art
des deferiptions, eft de repréfenter des objets capables
d’exciter une fecrette émotion dans l’efprit du
le&eur, & de mettre en jeu fes paffions j & ce qu’il
y à de fingulîé'r , c’eft que les mêmes paffions qui
nous font defagréables en toute autre tems , nous
plaifent lorfque de belles te vives deferiptions les élèvent
dans nos coeurs ; il arrive que nous aimons à être épouvantés ou affligés par une defeription, quoique
nous fentions tant d’inquiétude dans la crainte
te la douleur qui nous viennent d’une toute autre
caufe. Nous regardons , par exemple , les terreurs
qu une defeription nous imprime avec la même cu-
riofite & le même plaifir que nous trouvons à contempler
un monftre mort : plus fon âfpeft eft effrayant
, plus nous goûtons de plaifir à n’avoir rien
à craindre de fes infultes. Ainfi lorfque nous lifons
dans quelque hiftoire des deferiptions de bleffures J
de morts , de tOürmens, le plaifir que ces deferiptions
font en nous > ne naît pas feulement de la douleur
qu’elles caufent , mais encore d’üne fecrette
comparaifon que nous faifons dé n’être pas dans le
même cas.
Comme l’imagination peut fe repréfenter à elle-
même des chofes plus grandes , plus extraordinaires,
& plus belles que celles que la nature offre ordinairement
aux y e u x , il eft permis , il eft digne
d’un grand maître deraffemblerdans deferiptions
toutes les beautés poffibles. Il n’en coûte pas davantage
de former une perfpeérive très-vafte, qu’une
perfpeérive qui feroit fort bornée ; de peindre
tout ce qui peut faire un beau paylage champêtre ,
la folitude des rochers , la fraîcheur des forêts , là
limpidité des eaux, leur doux murmure , la verdure
te. la fermeté du gafon, les Sites de l’Arcadie, qué
de dépeindre feulement quelques-uns de ces objets*
Il ne faut point les repréfenter comme le hafard nous
les offre tous les jours , mais comme on s’imagine
qu’ils devroient être. Il faut jetter dans l’ame l’illu-
fion te l’enchantement. En un mot, un auteur , te
fur-tout un poète qui décrit d’après fon imagination
, a toute l’oeconomie de la nature entre fes
mains , & il peut lui donner les charmes qu’il lui
plaît, pourvu qu’il ne la réforme pas trop, te que
pour vouloir exceller, il ne fe jette pas dans l’ab-
furde ; mais le bon goût & le génie l’ên garantiront
toûjours. Voyçi les réflexions de M. Adiffon fur cette
matière. Addition deM. le Chevalier d e Ja u c o u r t .
DESDIT ou D ÉD IT , f. m. ( Jurifp. ) eft la peine
ftipulée dans une promeffe de mariage, dans un marché
, un contrat ou un compromis contre celui qui
ne voudra pas l’exécuter.
Cette peine confifte ordinairement dans une fomme
d’argent qui doit être payée à l’autre partie, ou
employée à quelque ufage pieux.
Chez les Romains ceux qui fe fiançoient fe don-
noient mutuellement des arrhes ou aires; & celui des
futurs conjoints qui nevouloitpas enfuite accomplir
le mariage, perdoit fes arrhes, de même qu’en matière
de vente. Quand le mariage avoit lieu, les arrhes
données par la femme étoient imputées fur fa dot par
le mari , te les arrhes du mari étoient imputées fur
la donation à caufe de noces qu’il faifoit à fa femme*
Dans les établiffemens faits par S. Louis en 1 zÿo,
on propofe, chap. cxxjv. l’efpece d’un pere qui ayant
un fils impubère , demande pour lui la fille de fon
voifin auffi impubère , pour les marier enfemble
lorfqu’ils feront en âge ; les deux peres fê donnent
réciproquement des arrhes, favoir le pere de la fille
une piece de terre, te le pere du garçon dix livres :
on décide que cette convention eft bonne , te que
celui qui refufera de la tenir perdra fes arrhes ; mais
ce même chapitre porte que s’ils s’étoient obligés
de rendre cent livres plus ou moins, au cas que le
mariage ne fe fît pas, la peine ne feroit pas tenable
de droit, ce qui parôît fondé fur ce qu’il eft contre
la liberté de mariage qu’une partie puiffe être forcé?
de fe marier par des ftipulations de peines, Ce*.