voit de la derniere lorfque le réfignant venoit à dé-
.•cçder.
Urbain III. pour faire cefler totalement ce defor-
dre, fit en 1634 une réglé de chancellerie , par laquelle
il déclara qu’en cas que les procurations pour
réfigner n’euflent pas été accomplies 8c exécutées
dans les vingt jours, 8c mifes dans les mains du notaire
de la chambre ou chancellerie, pour appofer
le confens au dos des provifions de refignation ou
.penfion, les lignatures ou provifions ne feroient datées
que du jour qu’elles feroient expédiées. Il ordonna
auffi qu’à la fin de toutes les fignatures fur
rélignations on appoferoit le decret : & dummodofu-
ptr refignatione talis bencficii antea data capta , & con-
fenfûs extenfus non fuerit; alias prcefens gratia nulla
f i t to ipfq. \
Cette réglé ayant pourvu aux mconvemens qui
n’avoient pas été prévus par l’édit des petites dates ,
Louis XIV. par fon édit de 1646 , a ordonné qu’elle
feroit reçue & obferyée dans le royaume, de même
que les réglés de publicandis rejign. & de infirmis re-
fign. au moyen de quoi l’on ne peut plus retenir de
petites dates fur une réfignation, mais feulement pour
les autres vacances par mort ou par dévolut. Voye^
le traité des petites dates , de Dumolin ; la pratique de
cour de Rome , de Caftel ; le traité des bénéfices, de Drapie
r, tome II. (A )
D ATERIE, ( Jurifprud.) eft un lieu à Rome près
du pape, oit s’affemblent le dataire, le foûdataire,
& autres officiers de la daterie, pour exercer leur
office & jurifdiôion, qui confident à faire au nom
du pape la didribution des grâces bénéficiais & de
tout ce qui y a rapport, comme les difpenfes des
qualités & capacités néceffaires, 8c autres a&es
femblables. On y accorde auffi les difpenfes de mariage.
La daterie eft compofée de plufieurs officiers, favoir
le dataire, les référendaires, le préfet de la fignature
de grâce, celui de la fignature de juftice, le
foûdataire, l’officier ou préfet des petites dates, le
fubftitut de cet officier, deux revifeurs, les clercs
du regiftre, les regiftrateurs, le maître du regiftre,
le dépofitaire ou thréforier des componendes, le dataire
appellé per obitum, le dataire ou revifeur des
matrimoniales : il y a auffi l’officier appellé de mif-
fis. La fonction de chacun de ces officiers fera expliquée
pour chacun en fon lieu.
C ’eft à la daterie que l’on donne les petites dates à
l’arrivée du courier, & que l’on donne enfuite date
aux provifions & autres a&es quand les fuppliques
ont été lignées.
Il y a ftyle particulier pour la datent, c’eft-à-dire
pour la forme des aûes qui s’y font, dont Théodore
Amidonius avocat confiftorial a fait un traité exprès.
Ce ftyle a force de loi, & ne change jamais ; ou
û par fucceffion de tems il s’y trouve quelque différence,
elle eft peu confidérable.
Le cardinal de Luca, dans fa relation de la cour
forenfe de Rome, affûre que les ufages de la daterie
font fort modernes.
: Les François ont des privilèges particuliers dans
la daterie, tels que celui des petites dates, qu’on
leur accorde du joiir de l’arrivée du courier à Rome
, 8c que les bénéfices non confiftoriaux s’expédient
pour eux par fimple fignature, & non par bulles
fcelle.es en plomb.
Rebuffé, dans fa pratique bénéficiait, rapporte un
ancien decret de la daterie, qui s’obferve encore aujourd’hui
touchant les dates de France ; favoir le decret
de Paul III. de l’an 1544, qui défend d’étendre
les dates de France après l’année expirée.
11' y a deux regiftres à la daterie, l’un public, l’autre
fecret-, où font enregiftrées toutes les fupplica-
fcons apoftoliques, tant celles qui font lignées par
fiat, que celles qui font lignées per con'ceffum. Il y a
auffi un regiftre dans lequel font enregiftrées les
bulles qui s’expédient en chancellerie, & un quatrième
oii font enregiftrés lés brefs 8c les bulles qu’on
expédie par la chambre apoftolique. Chacun de ces
regiftres eft gardé par un officier appellé eufios re-
. f i f l r i . . . '
On permettoit autrefois à la daterie de lever juridiquement
des extraits des regiftres, partie préfente
ou dûement appellée ; mais préfentemeüt les officiers
de la daterie ne foùffrent plus cette procédure, ils
accordent feulement des extraits ou fumptum en papiers
extraits du regiftre, & collationnés par un des
maîtres du regiftre des fuppliques apoftoliques.
Lorfqu’on fait des perquifitions à la daterie pour
favoir fi perfonne ne s’eft fait pourvoir d’un bénéfice,
les officiers, au cas que les dates n’ayent point
été levées, répondent, nihil fuit expeditum per die-
tum tempus; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a point
de dates retenues, mais feulement qu’il n’y en a
point eu de levées : & en effet il arrive quelquefois
enfuite que nonobftant cette réponfe il fe trouve
quelqu’un pourvu du même tems, au moyen de ce
que les dates ont été levées depuis la réponfe des
officiers de la daterie. Voyeç la pratique de cour de
Rome de Caftel, tome I. dans la préface 8c au commencement
de l’ouvrage. Voye^ auffi D a t a i r e &.
D a t e , (yl)
DA TIF , f. ni. (Grammaire.) Le datif eft le troifié-
me cas des noms dans les langues qui ont des décli-
naifons, 8c par çonféquent des cas ; telles font la
langue greque 8c la langue latine. Dans ces langues;
les différentes fortes de vues de l’efprit fous lefquel-
les un nom eft confidéré dans chaque propofition ,
ces vûes, dis-je, font marquées par des terminai-
fons ou définancès particulières : or celle de ces
terminaifons qui fait connoître la perfonne à qui ou
la chofe à quoi l’on donne, l’on attribue ou l ’on de-
ftine quelque chofe, eft appellée datif Le datif eft
donc communément le cas de l’attribution ou de la
deftination. Les dénominations fe tirent de l’ufage
le plus fréquent ; ce qui n’exclut pas les autres ufa-
ges. En effet le datif marque également le rapport
d’ô ter, de ravir : Eripere agnum lupo, Plaut. enlever
l ’agneau au loup, lui faire quitter prife ; atinos eri-
puere miki Mufce, dit Claudien, les Mufes m’ont rav
i des années, l’étude a abrégé mes jours. A infile
datif marque non-feulement l’u tilité, mais encore le
dommage, ou Amplement par rapport à ou à l’égard,
ddf'Si l’on dit utilis reipubticoe , on dit auffi perniciofus
ecclefice; vifum efi mihi, cela a paru à moi, à mon
égard, par rapport à moi; ejus viteetimeo, Ter. And.
1. 4. 5. je crains pour fa v ie; tibi foli peccavi, j’ai
péché à votre égard, par rapport à vous. Le datif
fert auffi à marquer la deftination, le rapport de fin,
le pourquoi,^«« cui: do tibipecuniam fenori, à ufu-
re, à intérêt, pour en tirer du profit ; tibi foli amas,
vous n’aimez que pour vous.
Obfervez qu’en ce dernier exemple le verbe amo
eft conftruit avec lé datifs ce qui fait voir le peu
d’exaâitude de la réglé commune, qui dit que cè
verbe gouverne l’accufatif. Les verbes ne gouyer-
nent rien ; il n’y a que la Vue de l’efprit qui foit la
caufe des différentes inflexions que Ton donne aux
noms qui ont rapport aux verbes. Voye^CkS, CoN*-
c o r d a n c e , C o n s t r u c t i o n , R é g im e . -
Les Latins fe font fou vent fer vis du datif au lieu
de l’ablatif, avec la prépofition à ; on en trouve
un grand nombre d’exemples dans les meilleurs au-:
teurs.
Poenï mihi puero cognite pce né puer :. .
Perque tôt annoruni feriem, quot habemus uierqueÿ
Non mihi quàm fratri frater amate minus. . 3
Ovid. de Pontô'f lib, iV-.ep. xij, v, ZZ> àd Tut ici
X) vous.que depuis mon enfance j’ai aimé comme
mon propre frere.
Il eft évident que cognite eft au vocatif, & que
mihi puero eft pour à me putro. Dans l’autre vers frd-
tri eft auffi au datif, pour à fratre. O Tuticane amate
mihi, id eft, à me non minus quàm frater amattir fratri,
id e ft, à fratre.
Dolabella qui étoit fort attaché au parti de Céfar,
confeille a Cicéron dont il avoit époufé la fille,
d’abandonner le parti de Pompée, de prendre les
intérêts de Céfar, ou de demeurer neutre. Soit que
vous approuviez ou que vous rejettiez l’avis que je
vous donne, ajoûte-t-il, du moins foyez bien perfuadé
que ce n’eft que l’amitié 8c le zele que j’ai pour vous
qui m’en ont infpiré la penfée,8c qui me portent à vous
l ’écrire. Tu autem, mi Cicero, f i hoec accïpies, ut five
probabuntur tibi, five non fifjbbabuntur, ab optimo certe
animo ac deditifjimo tibi, & cogitata, & feripta ejfe
judices (Cic. epifi. lib. IX . ep. j x .) , où vous voyez
que dans ptobabuntur tibi, ce tibi n’en eft pas moins
un véritable datif, quoiqu’il foit pour à te.
Comme dans la langue françoife, dans l’italienne,
&c. la terminaifon des noms, ne varie point, ces langues
n’ont ni cas, ni ' déclinaifons , ni par confié-
quent de datif; mais ce que les Grecs & les Latins
font connoître par une terminaifon particulière du
nom, nous le marquons avec le fecours d’une prépofition
, à , pour, par , par rapport à , à l'égard de ;
rendei d Céfar ce qui efi à Céfar, & à Dieu ce qui efi à
Dieu.
' Voici encore quelques exemples pour le latin;
itineri paratus & proelio, prêt à la marche & au combat
, prêt à marcher & à combattre.
Caufa fuit pater his, Horat. Nous difons caufe de ;
monpere en a été la caufe; j’en ai l ’obligation à
mon pere. Infiare operi ; rixari non convenit convi-
vio ; mihi molefius; paululum fupplicii fatis efi patri;
nulli impar ; fuppar Abrahamo , contemporain à
Abraham ; gravis feneclus fibi-met, la vieilleffe eft à
charge à elle-même.
- On doit encore un coup bien obferver que le régime
des mots fe tire du tour d’imagination fous lequel
le mot eft confidéré ; enfuite l’ufage & l’analogie
de chaque langue deftinent des lignes particuliers
pour chacun de ces tours.
Les Latins difent amare Deum ; nous difons aimer
'Dieu, craindre les hommes. Les Efpagnols ont un au-
. tre tour ; ils difent amar à D ios, temer à los hombres,
enforte que ces verbes marquent alors une forte de
difpofition intérieure, ou un fentiment par rapport
à Dieu ou par rapport aux hommes.
- Ces différens tours d’imagination ne fe confer-
vent pas toujours les mêmes de génération en génération
, & de fiecle en fiecle ; le tems y apporte des
changemens, auffi-bien qu’aux mots & aux phrafes.
Les enfans s’écartent infenfiblement du tour d’imagination
& de la maniéré de penfer de leurs peres,
lur-tout dans les mots qui reviennent fouvent dans
le difeours. Il n’y a pas cent ans que tous nos auteurs
difoient fervir au public, fervir à fes amis (Utopie
de Th. 'Morus traduite /»<zr Sorbiere, p. 12.. Amfi.
Blaeu, /64.3.); nous difons aujourd’huiy«m>l'état,
fervir fes amis.
’■ ' C ’eft par ce principe qu’on explique le datif de
fuccurrere alicui, fecourir quelqu’un ; f avéré alicui ,
favorifer quelqu’un ; fiudere optimis difeiplinis , s’appliquer
aux beaux arts.
Il eft évident que fuccurrere vient de currere & dé
fub ; ainfi félon le tour d’efprit des Latins, fuccurrere
nliciii, c’étoit courir vers quelqu’un pour lui donner
<lu fecours. Qiiidquid fuccurrit ad te feribo , dit Cicé-
a Atticus, je vous écris ce qui me vient dans
i efpnt. Ainfi alicui efi. là-au datif par le rapport de
fin ; le pourquoi, c’dft accourir, pour ..aider.
| Pnvete alicui, c’eft être favorable à quelqu’un ,
c eft être difpofé favorablement pour lui, c’eft lui
vouloir du bien. F avéré , dit Feftus, efi bonafari;
ainfi favent benevoli qui bona fantur ac precantur , dit
Voffius. C ’eft dans ce fens qu’Ovide a dit :
Prof per a lux oritur , linguis animifque favete ;
Nune dicenda bono funt bona verba die.
Ovid. fafi.j. v .y ,.
Martinius fait venir faveo de , lüceo & dic&;
Parce que » dit-il, favere efi quafi lucidum vùltum ,
bene affecli animi indicem ofiendere. Dans les facrifices
on difoit au peuple, favete linguis ; linguis eft là à l’ablatif,
favete à linguis: foyez-nous favorables de la
langue, foit en gardant le filence , foit en ne difant
que des paroles qui puiffent nous attirer la bienveillance
des dieux.
Studere, c ’eft s’attacher, s’appliquer conftamment
à quelque chofe : fiudium, dit Martinius, efi ardens
& fiabilis volitio in re aliquâ traclandâ. Il ajoute que
ce mot vient peut-être du grec e-Tnsé'ii, fiudium, fefiU
natio , diligentia ; mais qu’il aime mieux le tirer de
ç-dhoç, fiabilis, parce qu’en effet l’étùde demande
de la perfévérance.
Dans cette phrafe françoife, époufer quelqu'un^
on diroit, félon le langage des Grammairiens, que
quelqu'un eft à l’accufatif ; mais lorfqu’en parlant
d’une fille on dit nubere alicui, ce dernier mot eft au
datif, parce que dans le fens propre nubere, qui
vient de nubes, lignifie voiler, couvrir, & l’onfouf-
entend vultum ou fe ; nubere vultum alicui. Le mari
alloit prendre la fille dans la maifon du pere & la
conduifoit dans la fienne ; de-là ducere uxorem do-
mum ; & la fille fe voiloit le vifage pour aller dans
la maifon de fon mari ; nubebat fe marito, elle fe voiloit
pour, à caufe de; c’eft le rapport de fin. Cetufage
fe conferve encore aujourd’hui dans le pays des
Bafques en France, aux piés des monts Pyrénées.
En un mot cultiver les lettres ou s'appliquer aux
lettres , mener une fille dans fa maifon pour en faire fa
femme , ou fe voiler pour aller dans une maifon ou l'on
doit être l'époufe légitime, ce font là autant de tours
différens d’imagination, ce font autant de maniérés
differentes d’analyfer le même fonds de penfée ; 8c
l’on doit fe conformer en chaque langue à ce que
l’analogie demande à l’égard de chaque maniéré particulière
d’énoncer fa penfée.
S 'il y a des occafions oit le datif grec doive être ap-
pellé ablatif, comme le prétend la méthode de P . R. En
grec le datif, auffi-bien que le génitif, fe mettent
après certaines prépofitions, & fouvent ces prépo-
fitions répondent à celles des Latins, qui ne fe con-
ftruifent qu’avec l’ablatif. Or comme lorfque le géni-
tifdétermine une de ces prépofitions greques, on ne
dit pas pour cela qu’alors le génitif devienne un ablat
if , il ne faut pas dire non plus qu’en ces occafions
le datif grec devient un ablatif: les Grecs n’ont point
d’ablatif, comme je l’ai dit dans le premier Tonie
^au mot Ablatif ; ce mot n’eft pas même connu
? «dans leur langue. Cependant quelques perfonnes
^ n ’ont oppofé le chapitre ij. du liv. VIII. de la méthode
greque de P. R. dans lequel on prétend que
les Grecs ont un véritable ablatif.
Pour éclaircir cette queftion, il faut commencer
par déterminer ce qu’on entend par ablatif; 8c pour
cela il faut obferver que les noms latins ont une terminaifon
particulière appellée ablatif; mufd9à. long,
pâtre, fruclu , die.
L’étymologie de ce mot eft toute latine ; ablatif,
d'ablatus. Les anciens Grammairiens nous apprennent
que ce cas eft particulier aux Latins, 8c que
cette terminaifon eft deftinée à former un fens à la
fuite de certaines prépofitions ; clam pâtre, ex fructui
; de die9 &Ç* - jj - - . . . - . I ........