Les acceffôires font encore ceux qu on mele après
que la décoction eft faite, ou pour en augmenter la
vertu , ou pour corriger quelque qualité, foit nuifi-
ble, foit defagréable ; tels font les fyrops, les éléo-
fhcharum, le miel, les confections molles, les teintures
, les effences, les efprits, le v in , &c.
Le choix doit fe faire avec difcernement» Il faut
eonnoître la nature de la matière qu’on doit extraire
, la vertu diffolvante des menftrues, celle des ac-
ceffoires , l’aftion du feu qu’on doit employer. Il
nous fuffira d’expofer quelques-uns des principes généraux
fur ce fiijet, & d’orner ver :
i°. Que dans les décoctions on fe fert par prefe-
rence d’un menftrue aqueux, parce que par l’ébullition
il perd moins que les autres : ainfi on Remployé
guere ici des eaux diftillées. Les fpiritueux,
comme l’efprit-de-vin ordinaire ou reCtifié , & autres
efprits ardens fermentés, fouffrent l’ebullition dans
les vafes chimiques fans fe difliper ou s ’altérer fen-
fiblement. 30. On ne doit pas donner le même degré
de chaleur à tous les menftrues pour les faire bouillir.
40. La coCtion , fuivant qu’elle eft plus ou moins
forte, & qu’elle dure plus ou moins de tems , produit
une grande différence, deforte qu’une décoction
longue ou forte, ne vaut rien pour certains ingré-
diens, & convient beaucoup pour d’autres : le contraire
arrive auffi. 5°. Il faut choifir un menftrue convenable
, ou le rendre tel en lui joignant un accef-
foire qui lui foit approprié. 6°. ■ Quand la matière
n’eft pas propre pour la décoction^ il faut lui donner
une préparation préliminaire , èômme la concaffa-
tion, la macération des matières dures, acides, ôc
qui fe diflolvent difficilement. 70. De plus, en choi-
fiffant un vafe convenable, on peut faire de bonnes
décoctions de certaines drogues , qui, fans ce vafé,
n’auroient jamais pu fervir dans cette opération.
8°; Les aqueux ne conviennent point pour les déco-
étions des terreux, des pierreux , des réfineux, des
fulphureux, des gras, à moins qu’on ne fe ferve
d’accefloire. On doit dire la même chofe des métaux
& des demi-métaux non falins. 90. Quand la macération
fuffit pour faire paffer la vertu des ingrédiens
dans le menftrue , il ne faut point employer la co-
âion ; car alors la grande chaleur produit prefque
toujours plus ou moins de changemens : on peut
néanmoins quelquefois procurer une ébullition douce
& courte pour accélérer la diffolution : c’eft ce
qu’on pratique pour les parties des végétaux qui
font molles & tendres ; ainfi les‘ingrédiens dont la
vertu par l’ébullition fe change en une autre vertu
qui ne répond point au but du médecin, ne doivent
point être mis en décoction : le cabaret en décoction
eft plus diurétique qu’émétique : la régliffe long tems
bouillie devient amere, & les feuilles de fenné purgent
avec tranchées, &c. la rhubarbe, les myrobo-
lans par une longue coftion acquièrent, outre leur
vertu purgative, une vertu aftringente : les muci-
lagineux, les racines de grande confoude , de guimauve
, de mauve, les graines, les fruits, les fucs,
& autres femblables, cuits long-tems, rendent le liquide
vifqueux & defagréable. io°. Il n’eft pas indifférent
que la matière de la décoction foit nouvelle
ou vieille, verte ou feche ; parce que la première
^ordinairement fe diffout très-aifément, même dans
des menftrues affez peu convenables, & que l’autre
au contraire s’y diffout quelquefois très-difficilement.
L’ordre, en général, s’obferve dans la décoction
comme dans l’infufion. S’il y a des ingrédiens qui demandent,
les uns une longue, les autres une courte
co&ion , il faut ou l’ordonner, ou s’en rapporter à
l’intelligence de l’apothicaire. La plupart des foffi-
les , bois compa&s, demandent fouvent une coftion
4c plufieurs heures, & même une macération prélimiliaire,
tandis que les parties tendres des végétaux
ne doivent être que Amplement jettées dans la déco-,
ction encore bouillante.
La dofe eft plus ou moins grande-à raifon de l’efficacité
de la matière mife en décoction, de la nature
du menftrue, de l’intention du médecin, dé l’âge du
malade, & de la facilité qu’il a à prendre les reme-
des. Cette dofe fe détermine par poids ou par me-
fure, e’eft-à-dire par cuillerée, par verre * par taffe.
La quantité générale n’eft point fixe ; elle contient
quelquefois plufieurs livres, & d’autres fois une feule
dofe.
La proportion mutuelle des ingrédiens n’eft auffi
déterminée par aucune réglé ; elle varie beaucoup ,
eu égard à la matière de la décoction, au menftrue, à
l ’ufage, & même aux malades»
La proportion du menftrue avec la matière de la
décoction, différé, fuivânt que fa vertu eft plus ou
moins grande, qu’elle eft plus ou moins facile à dit-
foudre, que la codion fe fait avec évaporation ou
fans évaporation.
La foufcription du médecin, s’il ne veut pas s’en
rapporter à l’apothicaire, indique ce qu’il faut pratiquer
avant la codion ; favoir la concaffatiOn, l’hu-
medation, la manfation, les ingrédiens, le vafe convenable
, la codion, le degré de feu , l’ordre de la
décoction, & la durée du tems de la cuiffon : il prefi
crit enfin ce qu’il faut faire après la codion ; comme
la dépuration , la clarification lorfqu’elle eft nécet-
faire, le mélange des acceffoires, &c.
La décoction pour line feule dofe s’appelle potion ,
teinture ; quand c’eft pour plufieurs dofes, décoction 9
apôfemci quand la matière a pour bafe des parties d’animaux,
bouillon ; quand o,n fait cuire avec de nouvelle
eau Une matière qui a déjà fervi à une décoction
y on l’appelle décoction fecondaire. Au furplus on-
n’a que trop multiplié toutes ces dénominations puériles.
L’ufage des décoctions eft univerfel, convient dans
prefque toutes les maladies, à tout â g e , & dans toutes
fortes d’intentions ; mais cette forme a l’inconvénient
d’être ordinairement defagréable à la vue &£
au goût : au refte on ne s’en fert point dans les cas
urgens, parce qu’elle ne peut pas s’exécuter avec
promptitude.
Tout ce qii’on vient de lire eft extrait des formules
de M. Gaubius, qui a traité ce fujet avec beaucoup
d’ordre & de précifion. Mais nous devons au
génie de Boerhaave, d’avoir fourni le premier dans
fa chimie des vues, des lumières vraiment utiles aux
Médecins, fur la nature & la vertu des végétaux ,
dont on fait les décoctions , les infufions, les robs ,
les fapas, les extraits, & toutes les autres préparations
de ce genre. On ne connoiffoit avant lui que
le manuel de ces opérations ; il a remonté aux principes
qui doivent fervir de guides. Les principes font
aux Arts, ce que la bouffole eft à la navigation. Article
de M. le Chevalier d E J a ü COUR T.
DÉCOEFFER , en termes d'Artificiers , c’eft ôter
le couvercle qu’on avoit mis fur l’amorce d’un artifice,
pour empêcher que le feu ne s’y introduisît trop
tôt. Dicl. de Trév. & Chambers.
DÉCOGNOIR , ufienjile d'imprimerie ÿ c’eft un
morceau de bois, ou de bouis pour le meilleur ufa-
g e , de cinq à fix pouces de long , taillé comme un
coin de fer à fendre le bois ; il fert d’agent médiat
au marteau , foit pour ferrer foit pour defferrer les
formes : au moyen de cet uftenfile , on n’eft point
en rifque de détériorer ou éclater le marbre fur lequel
fe pofent les formes, & on joiiit cependant de
la force & du fecours du marteau, par le coup duquel
le décognoir force le coin de ferrer ou de defferrer
la forme , en frappant plus ou moins fur la
tête du décognoir que l’on tient de la main gauche >
appuyant l’autre extrémité fur le coin qu’on a def-
fein dé chaffer de haut ou de bas.
DÉCOLLATION, f. f» {Hifi. eccléf. ) ce mot n’eft
guere d’ufage en françois que pour exprimer le martyre
de S. Jean-Baptifte, à qui Hérode, comme on
fait, fit couper la tête. Il fe dit même moins fréquemment
du martyre de ce faint, que de la fête
qu’on célébré en mémoire de ce martyre , ou des
tableaux de S. Jean dans lefquels la tête eft repré-
fentée féparée du tronc.
On dit qu’un ambaffadeur de France à Conftan-
tinople, montroit un jour à Mahomet II. une décolla*
tionde S. Jean admirablement repréfentée ; le grand-
feigneur n’y trouvoit d’autre défaut , finon que lé
peintre n’avoit pas obfervé que quand un homme
eft décapité, la peau fe retire un peu en arriéré. Le
prince voulant en convaincre l’ambaffadeur , fit à
l ’inftant décapiter un homme & apporter la tête,
afin de fervir de preuve de ce qu’il difoit. Tel eft le
récit de Catherinot, traité de la Peinture. Mais il eft
très - douteux que ce fait foit arrivé à un ambaffadeur
de France : on prétend que ce fut à Jacques Bel-
lin, fameux peintre de Venife, que cette avanture
arriva. Chambers. (G)
DÉCOLLÉ, adj. voye^ D éc apit er. (Jurifpr.)
. DÉCOLLEMENT, f. m. en terme de Charpenterie,
eft une entaille que l’on pratique du côté de l ’épau-
lement, pour dérober la mortoife.
DÉCOLLER ( s e ) , Jard. fe dit de la tige d’un
,arbre, qui par une altération de la feve fe détache
du pié, à l’endroit de la greffe, (/f)
DÉCOMBRER , v. a£. (Architecte) c’eft enlever
les gravois d’un attelier de bâtiment.
D écombrer une carriere , fe dit pour en
faire l’ouverture & la fouiller. (E*)
DÉCOMBRES, f. f. plur. {Architecte ce font les
moindres matériaux de la démolition d’un bâtiment
qui ne font de nulle valeur, comme les menus plâtras
, gravois, recoupes , &c. qu’on envoyé aux
champs pour affermir les aires des chemins. (P )
D écombres & V uidanges d’un attelier
DE CONSTRUCTION. ( Marine. ) On appelle décombres
y tous les copeaux, bouts de bois, & autres petites
pièces qui fortent de la coupe & du travail des
bois ; on permet aux ouvriers de les enlever du chantier
, pour faire place nette , quoique l’ordonnance
de la Marine de 1689 défende fous peine d’un écu
d’amende aux ouvriers d’emporter aucun morceau
de bois & copeaux. Voye^ DÉBRIS. {Z)
DÉCOMPOSÉ, adj. (Chim.) decompojîtum, terme
employé par Becher & par Stahl, pour défigner
les corps formés par l’union chimique de déux ou
de plufieurs compofés. Voye^ Mix t io n . Nous nous
fervons plus communément dans le même fens du
mot de furcompofé. (b)
DÉCOMPOSITION DES FORCES, {Méchan.)
On a vu à l’article C o m p o s i t i o n , que deux ou
plufieurs puiffances qui agiffent à la fois fur un corps,
peuvent être réduites à une feule, & on a expliqué
de quelle maniéré fe fait cette réduction : c’eft ce
qu’on appelle compofition des forces. Réciproquement
on peut transformer une puiffance qui agit fur un
corps en deux autres ; leurs directions & leurs valeurs
feront repréfentées par les côtés d’un parallélogramme
, dont la diagonale repréfentera la direction
& la valeur de la puiffance donnée ; il eft vifi-
ble que chacune de ces deux puiffances, ou l’une
des deux feulement, peut fe changer de même en
deux autres..Cette divifion, pour ainfi dire, d’une
puiffance en plufieurs autres s’appelle décpmpojition.
Elle eft d’un ufage extrême dans la Statique & dans
la Méchanique; & M. Varignon entre autres en a
fait beaucoup d’ufage pour déterminer les forces des
machines, dans fon projet d’une nouvelle méchani-
Tomc 1F%
que, & dans fa nouvelle méchanique imprimée depuis
fa mort. Foyeç-en un exemple à C article C oin*
Quand une puiffance A fait équilibre à plufieurs autres
B , C y D y &c. il faut qu’en décompofant cette
puiffance en plufieurs autres que j ’appellerai b , c ,
d y &c. & qui foient dans la direâiofl de B , de C ,
& de D y les puiffances b , Cy d , foient égales aux
puiffances B , C , D , & agiffent en fens contraire*
Foyei Machine funiculaire. Quand une puiffance
ne peut exercer toute fa force à caufe d’un ob-
ftacle qui l’arrête en partie, il faut la décompofer en
deux autres, dont l’une foit entièrement anéantie
par l’obftacle, & dont l’autre ne foit nullement arrêtée
par l’obftacle. Ainfi quand un corps pefant eft
pofé fur un plan incliné, on décompofe la pefan-
teur en deux forces, l’une perpendiculaire au plan,
que le plan détruit entièrement ; l’autre parallèle au
plan,que le plan n’empêche nullement d’agir. Quand
plufieurs puiffances agiffent de quelque maniéré que
ce puiffe être, & fe nuifent en partie, il faut les décompofer
en deux ou plufieurs autres, dont les unes
fe detruifent tout-à-fait, & les autres ne fe nuifent
nullement. C’eft-là le grand principe de la Dynamique.
Foye\[ ce mot.
On fe fert auffi des mots décompofition & décompofer
dans d’autres parties des Mathématiques, lorfi
qu’il eft queftion en général de divifer un tout en
plufieurs parties ; par exemple on décompofe un polygone
quelconque en triangles, pour en trouver la
uirface; on décompofe une équation en plufieurs membres
ou en plufieurs équations partielles, afin de la
réfoudre ; on décompofe un produit dans fes faÛeurs ,
&c.
Au refte , quand on décompofe une puiffance en
Méchanique, il ne faut pas croire que les puiffances
compoiantes né faffent qu’un tout égal à la com-
pofée ; la fomme des puiffances compoiantes eft toujours
plus grande, par la raifon que la fomme des
côtés d’un parallélogramme eft toujours plus grande
que la diagonale. Cependant ces puiffances n’équivalent
qu’à la puiffance fimple, que la diagonale rè-
préfente ; parce qu’elles fe détruifent en partie, ÔC
font en partie confpirantes. Foye{ C onspirantes
& C om pos it ion . (O)
D é com po s it io n , i. f. fe dit, en Medecinef en
parlant des humeurs compoi'ées de globules ou molécules
, dont les parties intégrantes fe féparent les
unes des autres, fe réfolvent en un fluide plus atténué
: foit par l’aftion naturelle des organes qui con-
ftitue la vie ; ainfi les globules du fang étant décon>
pofés, fourniffent chacun fix globules féreux, félon
Lewenhoeck, &c. foit par l’aftion contre nature des
folides fur les fluides, qui diffout ceux-ci en parties
plus atténuées, qui font plus fufceptibles d’être portées
hors du corps, & de s’échapper par la voie des
humeurs excrémentitielles : ainfi la fievre par fon activité
& fa continuité, décompofe le fang, le diffout,
le diffipe par les fueurs, ou le difpofe à fournir
la matière de l’hydropifie, quelquefois même
celle de la jauniffe, lorfqu’il ne fe porte prefque dans
les vaiffeaux fanguins de la peau, que des globules
jaunes, au lieu des rouges, qui ont été décompofés
en férofité du premier genre. F oy e{ Sa n g ,F ievre,
Hydro pisie, Jaunisse. (’d )
D é com po s it io n , {Chim.) réduâion d’un corps
en fes principes. Nous expoferons la doftrine des
Chimiftes modernes fur cette; partie effentielle de la
Chimie pratique, & la maniéré générale d’y procéder,
au mot principe. Voyeç Principe.
La décompofition chimique, eft plus connue dans
l’art fous le nom d'analyfe. Elle eft encore défignée
par divers chimiftes fous les noms de diffolution , ré-
folution, corruption, (fi)
DÉCOMPTE, f, m. ( Jurifpr, ) fignifie ce qu’un
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