gre & un peu de fucre-candi, & le gardez en un petit
vaifl'eau de terre : puis prenez la fleur que vous
voudrez enjoliver, & attachez-en les feuilles artif-
lement l’iine fur’ l’autre avec un peu de cire rouge
afin qu’elles foient plates; enfuite, avec un pinceau
que vous tremperez dans la liqueur fufdite, faites
deffus telles armes , coeur enflammé , chiffres , ou
autres chofes à votre volonté, & laiffez fecher cela
«environ une ou deux heures, après quoi pofez def-
fus or ou argent en feuilles, le preflant legerement
avec du coton; ce qui ne fera point attaché s’en ira,
& l’ouvrage reliera net & beau fur la fleur, dont
vous ôterez adroitement la cire rouge que vous y
aurez mis.
* D e s s e in , terme de Gafier, ce font les figures
dont l’ouvrier enrichit fon étoffe , 6c qu’il copie
d’après le peintre.
Quand on travaille des gafes brochées, il faut,
avant que d’avoir lancé le premier coup de navette ,
que le dejfein foit repréfenté fur les fils de la chaîne,
non pas à la vérité avec des couleurs, mais avec
une quantité prodigieufe de petites ficelles, qui pouvant
lever les fils de la chaîne à mefure qu’on en a
befoin, indiquent au fabriquant quelle efpece de foie
il doit y mettre avec l’efpoulin. Cette maniéré de
préparer l’ouvrage s’appelle lire un dejfein ou lire la
figure : voici comment cela fe pratique.
On prépare un papier beaucoup plus large que
l’étoffe qu’on veut monter, & d’une longueur proportionnée
à ce qu’on y veut dejfiner. On le divife
dans fa longueur, en autant de lignes noires qu’il
doit y avoir de fils à la chaîne, 6c on le traverfe en-
fuite dans fa largeur par d’autres lignes, qui forment
avec les premières de petits quarres à angles égaux.
Ce papier ainfi difpofé, le deflïnateur dejfine les figures
& y employé les couleurs convenables ; &.
quand le dejfein eft achevé , un ouvrier le lit tandis
qu’un autre le met fur le fimblot ou femple.
Lire le dejfein, c’eft nommer à celui qui monte le
métier le nombre de lignes noires , c’eft-à-dire de
fils compris dans l’efpace qu’il lit, en expliquant fi
c’eft du fonds ou de la figure.
Meure fur le fimblot ou femple ce qui a été lît, c’eft
attacher à chaque ficelle qui répond aux liffes, de
petits cordons qui doivent lever les fils qu’on a nommés
; ce qui fe continue jufqu’à ce que le dejfein foit
entièrement lu.
Comme chaque piece d’étoffe eft compofée de
plufieurs répétitions du même dejfein ; lorfque tout
le dejfein eft tiré, le tireur pour recommencer pour
ainfi dire à defîiner de nouveau le dejfein fur la chaîne
, n’a qu’à remonter au haut du fimblot les ficelles
à noeuds coulans qu’il avoit defcendues en-bas; ce
qu’il doit faire autant de fois qu’il eft néceffaire jufqu’à
ce que la piece foit entièrement fabriquée.
.Après que le dejfein eft lu & le métier tout-à-fait
remonté, il ne faut pas un habile ouvrier pour le
tirer ; une femme, un enfant fuffit : car il ne s’agit
plus que de tirer , les unes après les autres, les ficelles
du fimblot à mefure qu’elles fe préfentent, &
que le tiffeur le commande.
* D e s s e in , terme de Rubanier. Les Tiffutiers-Ru-
baniersont auffi un dejfein pour monter leur métier,
mais qui eft bien plus fimple que celui des ouvriers
de la grande navette. Ce dejfein ainfi que l’autre eft
tracé fur un papier, oti plufieurs lignes qui fe traversent
à angles égaux repréfentent les fils de la trame
& de la chaîne ; mais au lieu des traits qui forment
les façons dans le premier, celui-ci n’a que
des points noirs que l’on place dans quelques-uns
des petits quarrés , félon les -figures que l’ouvrier
veut donner à fon ruban.
Ces points noirs, qu’on appelle pris, défignent
les fils dç la chaîne qui doivent fe lever, 6c les efpaces
vuides qu’on appelle laiffés, lignifient ceux
des fils qui doivent refter dans leur fituation. C’eft
au milieu de ces fils pris ou laijfés que la navette
paffe pour former la figure. Quand l’ouvrier veut
monter fon métier, un ouvrier lui nomme le dejfein
6c lui compte le nombre des pris 6c des laijfés, afin
qu’il attache aux hautes-liffes qui doivent lever les
fils pris de la chaîne, des petits bouts de ficelle à
noeuds coulans pour les tirer, quand il eft néceflai-
re dans le courant de l’ouvrage : on n’en met point
aux Laifjési qui doivent refter dans leur fituation ordinaire.
Le refte fe fait de même que pour le dejfein
des ouvriers à la grande navette, Poye^Varticle précédent
; voye^ aujfi L'article P a t r o n .
* D e s s e in , (Manufacl. en foie.') modèle en grand
de toute la figure que l’étoffe doit contenir. V'oyeç
L'article V e l o u r s .
D e s s e in . On appelle dejfein parmi les ouvriers en
tapijferie de haute-lijfe, le tableau qu’ils ont derrière
eu x, 6c fur lequel ils travaillent leur ouvrage. Ils
donnent encore ce nom aux traits qu’ils tracent fur
la chaîne de la tapifferie avant que de la commencer.
Le dejfein de la baffe-liffe eft placé fous les fils
de la chaîne. Voye^ H a u t e -l i s s e & B a s s e - l i s s e .
DESSELER un c h e v a l , (Marechall.) c’eft lui
ôter la felle, ce qu’il ne faut point faire lorfqu’il eft
trop échauffé. ( V )
DESSERT, 1. m. (’ Cuifine.) dernier fervice qu’on
met fur les tables : c’eft ce lervice qui s’appelle le
J'ruit chez les grands, & chez ceux qui veulent les
imiter ; de forte que le mot de dejfert, plus propre &
plus étendu pour lignifier ce dernier fervice , parce
que l’on y fert autre chofe que du fruit, n’eft cependant
aujourd’hui qu’un terme bourgeois.
Vârron , Cicéron, Horace, Ovid e, & tous les
écrivains fuivans, ont appellé le deffert menfoe fe-
cundæ, paria raifon que les Romains changeoient
de table, & que la fécondé table étoit pour le fruit,
pour les chanfons, les cantiques , les libations : car
la fin du fouper qui étoit leur principal repas , ne fe
paffoit guere uniquement à manger & à boire. '
Leurs dejferts n’offroient, ni moins de diverfité
ni moins de magnificence que leurs autres fervices-,
& ils étoient bien plus brillans. Vers le déclin de la
république , les femmes fortoient de table quand ce
fervice arrivoit ; parce qu’il fe terminoit quelquefois
en fpeélacles, auxquels la pudeur ne permettoit pas
encore au beau fexe de prendre part. Mais quand
les moeurs furent entièrement corrompùes, les femmes
ne connurent plus de devoirs, ni de réglés de
décence ; tout devint égal. Article de M. le Chevalier
d e Ja u c o u r t . -
DESSERTE, f. f. (Jurijprud.) eft l’acquittement
que fait un eccléfiaftiquè du fervice d’une cure, d’une
fuccurfale, d’un vicariat, d’une chapelle, ou autre
bénéfice, dont il n’eft point titulaire ni commen-
dataire.
Celui qui fait la dejferte d’un bénéfice, eft appelan
t deffervant.
La dejferte n’eft proprement qu’une commiffion
révocable ad nutum.
Les évêques ou leurs grands-vicaires 6c archidiacres
, commettent des deffer vans aux cures pendant
la Vacance 6c pendant l’interdit des cures.
Ceux qui deffervent les bénéfices à charge d’ame
pendant l’interdit des curés, doivent avoir le creux
de l’églife 6c le cafuel, fuivant un arrêt du parlement
du 15 Mars *707, rapporté dans le code des
curés. (A )
DESSERTER ou DESSARTER, v. aft. ((Econ.
rufiiq.) c’eft défricher une terre qui n’a point été cultivée
depuis long-tems, & qui eft toute couverte de
ronces, de builTons, d’épines, de mauvaifes plantes
, & de mauvaifes herbes.
DESSERTIR, V. aéh {Metteur- en-oeuvre f) c’eft
avec un burin, couper la fertiffure d’une pierre un
peu au - deffous du fèuilletis, pour pouvoir la tirer
de fon oeuvre fans danger.
DESSERVANT -, adj. pris fubft. ([Jurifp.) eft celui
qui fans être titulaire ni commendataire d’un bénéfice
, eft commis par le fupérieur eccléfiaftiquè
pour en faire les fondions* Voye[ ci-dev. D esserte.
(•'O ■ 1 1 ■ ■ ;
DESSICCATIFS, adj. pl. terme de Chirurgie, concernant
la matière médicale externe ; remèdes qui
ont la vertu de deffécher les plaies & les ulcérés.
On les appelle auffi cicatrifans. L’exficcation eft la
fin qu’on fe propofe dans la curation des ulcérés ; &
l’on ne doit perdre cet objet de vue dans aucun des
•tems de la cure. L ’exficeation en eft l’indication confiante
, comme nous l’expliquerons au mot D étersif.
Les remedes farcotiques ou incarnatifs, qu’on
preferit pour procurer la régénération des chairs,
lont des médicamens auxquels on attribue des effets
qu’ils ne produifent pas : car il ne fe fait aucune régénération
de chairs dans les plaies & dans les ulcérés.
Quoique l’opinion contraire foit générale & très-
ancienne,nous nous engageons de prouver cette pro-
pofition à l'article In c a r n a t io n , oii nous expofe-
rons le méchanifme de la réunion des plaies avec
perte de fubftance.
Les remedes dejjîccatifs fe prennent dans la claffe
des abforbans, des aftringens, & des balfamiques,
qu’on employé en poudre : tels font la colophone, la
térébenthine de Chio , la térébenthine ordinaire cuite
, les poudres de myrrhe & d’aloés, &c. elles agif-
fent comme aftringens, en refferrant l’orifice des
vaiffeaux ouverts. L’onguent de litharge, l’emplâtre
de cénife , de minium , de pierre calaminaire ; la
poudre de cette pierre, la tutie, là pierre médica-
nienteufe de Crollius, &c. font des remedes abforbans
6c dejficcatifs. L’eau de chaux eft un des meilleurs
remedes dont on puiffe fe fervir pour l’exfic-
cation des ulcérés. La charpie feche ou trempée
dans quelque liqueur aftringente ou fpiritueufe fuivant
l’état des chofes, eft un fort bon dejficcatif.
Il y a des ulcérés cacoëthes, qu’il ne faut pas deffécher
fans précaution ; fouvent il convient d’adoucir
le fang des malades, 6c de combattre par des remedes
appropriés les différentes acrimonies des humeurs.
Il fuffit quelquefois d’établir un bon régime
de v ie , 6c de purger de tems à autre ; dans d’autres
cas il feroit dangereux de ne pas ouvrir un cautere
dans une autre partie , pour fervir d’égout aux humeurs
qui s’évacuoient par l’ancien ulcéré. Toutes
ces confidérations exigent beaucoup de lumières &c
de prudence dans un chirurgien, tant pour obtenir
la guérifon des ulcérés , que pour prévenir les fuites
qu’une guérifon indifcrete pourroit produire.
Foye{ Ulcéré. ( T )
DESSICCATION, f. f. (Chimie 6* Pharmacie.)
opération qui confifte à priver , par le fecours de
la chaleur, différentes matières folides, c’eft-à-dire
confiftantes ou non liquides d’une eau étrangère à
leur mixtion.
La dejficcation différé de la déphlegmation, en ce
que les fitjets de cette derniere opération font des liqueurs.
Foye{ D éphlegmation.
Les Chimiftes deflechent plufieurs corps, qu’ils fe
propofent de foümettre à d’autres ôpérations, dans
la vue immédiate d’en diffiper une eau qui feroit
incommode , ou même nuifible dans ces opérations.
Ils deflechent, par exemple, les feis neutres qu’ils
fe propofent de diftiller, pour avoir des acides plus
concentrés. Voy. V itriol , Sel marin , &c. C ’eft
dans la même vue qu’ils deflechent les intermèdes
employés dans quelques-unes de ces diftillations.
La dejficcation de ces fois s’appelle calcination dans
le langage o r d in a ir e , m a is fo r t im p ro p rem en t fans
d o u te . Foyei C a l c i n a t i o n .
Les Chimiftes deflechent auffi les précipités.
Le manuel de ces deux dejficcations n’eft pas le
même. Les fels fe deflechent ordinairement au feu,
dans des baffines de fer. Le fel marin mérite à cet
égard une confidération particulière, à caufe de la
decrepitation que l’on peut regarder comme lui étant
ablblument propre ; le tartre vitriolé avec laquelle
elle lui eft commune, ne fe trouvant jamais dans
le cas d’etre feché dans les travaux chimiques ordinaires.
Voye1 D é c r é p i t a t i o n *
La réglé unique à obferver dans cette dejficcation^
c’eft de ne pas pouflèr le feu qu’on y employé à un
degré capable d’analyfer le corps, ou d’attaquer fa
mixtion.
Pour deffécher un précipité , on le met d’abord
à égoutter fur un papier à filtrer, étendu fur une toile
fixée à un carrelet ; oh le laiffe-là jufqu’à ce que la
matière fe foit affez raffermie pour être réduite en
petites maffes, que l’on met fur des tamis recouverts
de papier, & qu’on place au Soleil dans une étuve ,
dans un lieu feç & plus ou moins chaud , fur une
poefle, &c. L’or fulminant , qui eft un- précipité >
doit être defleché par la feule chaleur de l’atmof-
phere : ce n’eft jamais fans rifque qu’on l’expoferoit
au feu le plus leger. Voye^ O r f u l m i n a n t au mot
O r .
Les Pharmaciens deflechent des fubftances végétales
& animales dans une vue bien différente : ceux-
ci fe propofent la cônfervation de ces fubftances ,
lorfqu’ils les deflechent.
On a long-tems cru, & cë préjugé fubfifte encore
parmi la plupart des apothicaires, que la méthode
la plus avantageufe de deffécher, étoit celle par
laquelle on y procédoit à l’aide de la moindre chaleur.
Tous les anciens pharmaciens preferivent de
fécher a l’ombre ; 6c , comme je l’ai déjà obfervé ,
l’ignorance qui a fi Iong-îems loû en 1 ce* préjugé,
eft encore affez généralement répandue. L’expérience
6c la raifon lont d’accord aujourd’hui en faveur
de la manoeuvre directement contraire ; en-
forte que la première 6c l’unique réglé de l ’art de
deffécher, confifte précifément à procurer ce deffé-
chement le plus rapidement qu’il eft poffible, 6c par
conféquent au plus haut degré de chaleur, inférieur
à celui qui attaqueroit la mixtion de la lubftance à
deffécher. La chaleur du Soleil d’été eft très-propre
dans nos climats à cette opération. Si le tems eft humide
ou pluvieux dans le tems de la récolte d’une
plante qu’on veut deffécher, on a recours à la chaleur
d’une étuve, que l’on peut échauffer jufqu’au
40e degré du thermomètre de M. de Reaumur, &
même jufqu’au 50e , ou au 60e , fi l’étuve eft difpo-
fée de façon qu’on ne foit pas obligé d’y entrer.
J’ai obfervé que l’expérience & la raifon étoient
également favorables à cette méthode. En effet les
plantes & les parties des animaux dëfféchées lentement
, font fi inférieures en bonté & en élégance à
celles qui font féchées rapidement, que le fimple témoignage
des fens peut décider de cette fupériorité.
Les premières font noires, mollafles, à demi-moi-
fies, leur odeur naturelle eft abfolumeiit altérée : les
fécondes ont leur couleur naturelle ; elles font faines
; elles confervent leur odeur, qui eft feulement
quelquefois legerement affoiblie, & quelquefois au
contraire développée Ou augmentée.
La raifon dit i °. que puifqu’on fe propofe de chaf-
fer l’eau, qui eft un principe de corruption , il faut
fe hâter de la chaffer le plutôt qu’il eft poffible. z°.
Qu’une obfervation confiante prouve que cette efpece
d’altération fpontanée , analogue aux fermentations
, qui eft fur-tout nuifible à la durée des fubftances
fraîches, vertes, humides, eft plus efficace*.