tij.
50 C O N a guerre a. ; amour & feigneurie ne veulent point de compagnie.
(F )
C gnsonnance , enMuJique, eft, félon le fens
propre du mot, l’effet de deux ou pltifieurs fons entendus
à la fois : mais on reftraint ordinairement la
lignification de ce terme aux intervalles formes par
deux fons dont l’accord plaît à l’oreille, & c’eft en
ce fens que nous en parlerons dans cet article.
De cette infinité d’intervalles dont les fons font
fufceptibles, il n’y en a qu’un très-petit nombre qui
forment des confonnances, tous les autres choquent
l’oreille & font appelles pour cela dijfonnances ; ce
n’eft pas que plusieurs de celles-çi ne foient employées
dans l’harmonie , mais c’eft toujours avec
des précautions dont les confonnances, étant agréables
par elles-mêmes , n’ont pas également befoin.
Les Grecs n’admettoient que cinq confonnances ;
favoir, la quarte, l’onzieme qui eft la réplique, la
quinte, la réplique de la quinte, & l’oCtave. Nous
y ajoutons les tierces & les fixtes majeures & mineures,
les oCtaves doubles & triples, & en un mot
les diverfes répliques de tout cela, fans exception,
félon toute l’étendue du fyftème.
On diftingue les confonnances en parfaites ou juf-
te s , dont l’intervalle ne varie point ; ôf en imparfaites,
qui peuvent être majeures ou mineures. Les
confonnances parfaites font la quarte, la quinte , &
l'oCtave. Les imparfaites font les tierces & les fixtes.
Le caraftere phyfiqne des confonnances fe tire dç
leur production par un même fon , ou fi l’on veu t,
du frémiflement des cordes. De deux cordes bien
d’accord, formant entr’elles un intervalle d’oCtave
ou de douzième, qui eft l’oCtave de la quinte, ou de
dix-feptieme majeure, qui eft la double oCtave de la
tierce majeure , fi l’on fait fonner la plus grave,
l’autre frémit & rend du fon. A l’égard de la-fixte
majeure & mineure, de la tierce mineure , de la
tierce majeure fimple, & de la quarte, qui toutes
font dçs combinailons ou des renverfemens des précédentes
confonnances, elles fe trouvent entre les di-
verfés cordes qui frémiffent au même fon.
Si je touche la corde ut, les cordes montées à fon
octave ut, à.la quintëfo l de cette même oCtave, à
la tierce majeure mi de la double oCtave, & meme
aux oCtaves de tout' cela, frémiront toutes en même
tems. Voilà donc l’oCtave, la tierce majeure, & la
quinte directes. Les autres confonnances fe trouveront
aufîi ; favoir, la tierce mineure du mi au fo l, la
fixte mineure du même mi à fut qui eft plus haut,
la quarte du fo l à ce même ut , &: la fixte majeure
du même fol au mi, qui eft àu-deffus de lui.
Telle eft la génération de toutes les confonnances:
il s’agfroit maintenant de rendre raifon des phénomènes.
J
Premièrement, le frémiflement des cordes s’explique
par l’aCtion de l’air & le concours des vibrations.
Foye^ Unisson. 20. Que le fon d’une feule
corde foit toûjours a'ccompagné de fes harmoniques
‘(yoyeffce mot), cela pàroît une propriété du fon qui
en eft inféparâble , & qu’on rie fauroit expliquer
qu’avec des hypothefes qui ont leurs: difficultés. 3°'.
A l’égard du plaifir que les Confonnances font à l’oreille
à l’exclufion de tout autre intervalle , on en
voit clairement la fource dans leur génération. Les
confonnances naiffent toutes de l’acCord parfait produit
par un fon unique ; & réciproquement l’accord
parfait fe forme de l’aflemblage des confçfinances. Il
eft donc naturel que l’harmonie de cet accord fe
communique à fes parties, que chacune d’elles y
participe, & que tout autre intervalle qui ne fait
pas partie de cet accord n’y participe pas. Or la
Nature qui a mis dans les objets de chaque fens,
des qualités propres à le flatter, a voulu qu’un fon
quelconque fut toûjours accompagné d’autres fons
C O N agréables j comme elle a voulu qu’un rayon de lumière
fût toûjours formé de l’aflemblage des plus
belles couleurs. Que fi l’on preffe la queftion, &
qu’on demande encore d’où naît ce plaifir que caufe
1-accord parfait à l’oreille , tandis qu’elle eft choquée
du concours de tout autre fon ; que pourroit-
on répondre à cela, fi ce n’eft de demander à fon
tour pourquoi le verd plutôt que le gris me réjoiiit
la vûe, ou pourquoi le parfum du jafmin m’enchante
, tandis que l’odeur du pavot me fait peine.
Ce n’eft pas que les Phyficiens n’ayent expliqué
tout cela ; & que n’expliquent-ils point ? mais que
toutes ces explications font conjecturales, &c qii’011
leur trouve peu de folidité quand on les examine de
près ! Je ne m’attache ici qu’au fentiment le plus général
poùr en rendre compte au leCteur.
Ils difent donc que la fenfation du fon étant produite
par les vibrations du corps fonore, propagées
jufqu’au tympan par celles que l’air reçoit de ce même
corps, lorfque deux.fons fe font entendre en-
femble , l’organe de l’oiiie eft affeCté à la fois de
leurs diverfes vibrations. Si ces vibrations font de
même durée, qu’elles s’accordent à commencer &
finir enfemble, ce concours forme l’uniflon, & l’oreille,
qui faifit l’accord de fes retours égaux tk bien
concordans, en eft affeCtée très-agréablement. Si
les vibrations de l’un des fons font doubles en durée
de celle de l’autre, durant chaque vibration du plus
grave l’aigu en fera juftement deux, & à la troifie-
me ils partiront enfemble ; ainfi, de deux en deux,
chaque vibration impaire de l’aigu concourra avec
chacune des vibrations du grave, & cette fréquente
concordance qui conftitue l’oCtave, félon eux moins
douce à l’oreille que l’uniflon, le fera plus qu’aucune
autre confonnance. Après vient la quinte, dont
l’un des fons fait deux vibrations tandis que l’autre
en fait trois, de forte qu’ils ne s’accordent qu’à chaque
troifieme vibration de l’aigu ; enfuite la double
oCtave , dont l’un des fons fait quatre vibrations
pendant que l’autre n’en fait qu’une , s’accordant
feulement à chaque quatrième vibration de l’aigu :
pour la quarte, les vibrations fe répondent de quatre
en quatre de l’aigu & de trois en trois du grave.
Celles de la tierce iriajeure font comme 4 & 5, de la
fixte majeure' comme 3 & 5 , de la tierce mineure
comme 5 & 6 ; & de la fixte mineure comme 5 & 8.
Au-delà de ces nombres il n’y a plus que leurs multiples
qui produifent des confonnances, c’eft-à-diré
des oCtaves de celles-ci, tout le refte eft diflonant.
D ’autres trouvant l’oCtave plus 'agréable que l’u-
niffon, & la quinte plus agréable que l’oCtave, en
donnent pour raifon, que les retours égaux des vibrations
dans Tuniflbn, & leur concours trop fréquent
dans 1’o.Ctave, confondent, identifient les fons
au point d’empêcher que l’oreille n’en apperçoive la
dîverfité : pour qu’elle puifle avec plaifir comparer
les fons, il faut bien, difent-ils , que les vibrations
s’accordent par intervalles, mais non pas qu’elles fe
confondent abfolument, autrement au lieu de.deux
fons on croiroit n’en entendre qu’un. C ’eft ainfi que
du même principe on tire à fon gré le pour & le
contre , félon* qu’on juge que les éxpériences l’exigent.
Qu’il me foit permis de faire quelques obfer-
vations fur celui dont il s’agit ici.
Premièrement, toute Cette explication n’eft fondée
, comme on v o it ,. que fur le plaifir qu’on prétend
que l’ame reçoit par l’organe de l’oiiie du concours
des vibrations., ce qui dans le fond n’eft déjà
qu’une pure fuppofirion : de plus, il Faut encore fup-
pofer, pour l’établiffement de ce fyftème , que la
première vibration de chacun des deux corps fono-
res commence exactement avec celle de l'autre, car
fi l’une précédoit un peu, elles ne concourroient plus
félon le rapport déterminé ou peut être ne çoncour-
L
C O N rôïent jamais, & par conféquent l’intervalle devroit
changer, la confonnance n’exifteroit plus ou ne feroit
plus la même. Enfin, il faut fuppofer que les diverses
vibrations des deux fons d’une confonnance frappent
l’organe fons confufion, & tranfmettent l’accord
au cerveau fans fe nuire réciproquement ; cho-
fe qui rite paroît impoffible à concevoir, & que j ’aurai
occafion d’examiner ailleurs. Foye^ Son.
Mais fans difputer fur tant de fuppofitions, voyons
ce qui s’enfuit de ce fyftème. Les vibrations ou les
fons de la derniere confonnance, qui eft la tierce mineure
, font comme ç & 6 , & la confonnance en eft
fort agréable. Que doit-il naturellement réfulter de
deux autres fons dont les vibrations feroient entre
elles comme 6 & yp’une confonnance un peu moins
harmonieufe à la vérité, mais encore allez agréable
à caufe de la petite différence des raifons ; car elles
ne different que d’un 36e. Mais qu’on me dife comment
il fe peut faire que deux fons, dont l’un fait ç
vibrations pendant que l’autre en fait 6 , produifent
une confonnance agréable, & que deux fons , dont
l’un fait 6 vibrations pendant que l’autre en fait 7 ,
produifent une fi affreufe diffonnance. Quoi, dans
l ’un de ces rapports les vibrations s’accordent de fix
en fix, & mon oreille eft charmée; dans l’autre elles
s’accordent de fept en fept, & mon oreille, eft écorchée
? Il y a plus, & je demande encore comment
il fe fait qu’après cette première diffonnance la dureté
des accords n’augmente pas à mefure que les
rapports des vibrations qui les forment deviennent
.plus compofés ; pourquoi, par exemple, la diffonnance
qui réfulte du rapport de 89 à 90, n’eft pas
plus choquante que celle qui réfulte de celui de 12
à 13. Si le retour plus ou moins fréquent du concours
des vibrations, étoit la caufe du fentiment de
plaifir ou de peine que me caufent les accords, l’effet
feroit proportionné à cette caufe, & je n’y vois
aucune proportion ; donc ce plaifir & cette peine
tirent leur origine d’ailleurs.
Il refte encore à faire attention aux altérations
■ <lont la quinte & d’autres confonnances font fufceptibles
fans ceffer d’être agréables à l’oreille, quoique
ces altérations dérangent entièrement le concours
périodique des vibrations, & que ce concours
même devienne plus tardif à mefure que l’altération
eft moindre. Il refte à confidérer que l’accord de
l ’orgue & du clavecin ne devroit offrir à l’oreille
çju’une cacophonie d’autant plus effroyable que ces
inftrumens feroient accordés avec plus de foin, puif-
qu’excepté l’oCtave il ne s’y trouve aucune cçnfon-
nance dans fon rapport exaCt.
Voilà quelques objections qu’il eût peut-être été
bon de réfoudre avant qué d’admettre un fyftème,
q u i, bien qu’ingénieux, fe trouve fi manifeftement
contredit par l’expérience.
Un écrivain judicieux, qui nous a donné nouvellement
des principes d’Acouftique, laiffant à part
tous ces concours de vibrations, a rendu raifon du
plaifir que les confonnances font à l’oreille par la fim-
plicité des rapports entre les fons qui les forment.
Selon lui, le plaifir diminue à mefure que les rapports
deviennent plus compofés; & quand l’efprit
ne les faifit plus, ce font de véritables diffonnances.
Mais quoique cette doCtrine s’accôrde parfaitement
avec le réfultat des premières divifions harmoniques
, quoiqu’elle foit très-bien foutenue & qu’elle
s’ étende facilement à d’autres phénomènes qui fe remarquent
dans les beaux arts, s’il fe trouve qu’elle
ne foit pas en tout d’acord avec l’expérience , s’il
n’y a toûjours une proportion exaCte entre les rapports
des fons & le degré de plaifir ou de peine dont
ils nous affe&ent, je dis que cette hypothefe eft: fort
vraiffemblable, mais qu’il ne la faut pas regarder
comme démontrée. Foye^ T empérament. (S )
Tome I y .
C O N ji
Nous devons avertir ici que M. Brifeux architeâe,
a donné depuis peu au public un traité, dans lequel
il fe propofè de prouver que les proportions
qu’on doit obferver dans l’Archite&ure, font les mêmes
que celles qui règlent les confonnances dans la
Mufique. Nous en parlerons plus au long à l’article
Proportion. (O)
CONSONNE, f. f. terme de Grammaire : on divife
les lettres en voyelles & en confonds. Les voyelles
font ainfi appeliées du mot parce qu’elles fe
font entendre par elles-mêmes: elles forment toutes
feules un fon, une voix. Les confonnes,_au contraire
, ne font entendues qu’avec l’air qui fait la
- voix ou voyelle ; & c’eft de-là. que vient le nom de
confonne, confonnans, c’eft-à-dire, qui fonne avec une
autre.
II n’y a aucun être particulier qui foit vo y e lle ,
ni aucun qui foit confonne ; mais on a obfervé des
différences dans les modifications que l’on donne à
l’air qui fort des poumons , lorfqu’on en fait ufage
pour former les «fons deftinés à être les fignes des
penfées. Ce font c es différentes confidérations ou
précifions de notre efprit à l’occafion des modifications
de la voix ; ce font, dis-je, ces précifions qui
nous ont donné lieu de former les mots de voyelle
de confonne, à?articulation, & autres : ce qui diftingue
les différens points de vue de notre efprit fur le
méchanifme de la parole, & nous donne lieu d’en
difeourir avec plus de jufteffe. Foy. Abstraction.
. Mais avant que d’entrer dans le détail des confondues,
& avant que d’examiner ce qui les diftingue
des voyelles, qu’il me foit permis de m’amufer un
moment avec les réflexions fuivantes.
La nature nous fait agir fans fe mettre en peine
de nous inftruire ; je veux dire que nous venons au
monde fans favoir comment : nous prenons la nourriture
qu’on nous préfente fans la connoître, & fans
, avoir aucune lumière fur ce qu’elle doit opérer en
nous, ni même fans nous en mettre en peine ; nous
marchons, nous agiffons, nous nous tranfportons
d’un lieu à un autre, nous voyons, nous regardons
nous entendons, nous parlons, fans avoir aucune con-
noiffance des caufes phyfiques,rii des parties internes
de nous-mêmes que nous mettons en oeuvre pour ces
différentes opérations : de plus, les organes des fens
font les portes & l’occafion de toutes ces connoif-
fances, au point que nous n’en avons aucune qui ne
fuppofe quelque impreflion fenfible antérieure qui
nous ait donné lieu de l’acquérir par la réflexion -
cependant combien peu de perlonnes ont quelques
lumières fur le méchanifme des organes des fens
C ’eft bien dequoi on fe met en peine, idpopulus curât
fcilicet? Ter. And. act. II. fc. 2.
Après tout a-t-on befoin de ces connqiffances
pour fa propre confervation, & pour fe procurer,
une forte de bien être'qui fuffit ?
Je conviens que non : mais d’un autre côté fi l’on
veut agir avec lumière & connoître les fondemens
des Sciences & des Arts qui embelliffent la fociété ,
& qui lui procurent des avantages fi réels & fi con-
fiderables , on doit acquérir les connoiffances phy-
fiques qui font la bafe de ces Sciences & de ces Arts
& qui donnent lieu de les perfectionner.
C ’étoit en conféquence de pareilles obfervations *
que vers la fin du dernier fiecle lin médecin nommé
Amman qui réfidoit en Hollande , apprenoit aux
muets à parler, à lire, & à écrire. Foye{ T art de
parler du P. Lamy, pag. ig j . Et parmi nous M. Pe-
reyre, par des recherches & par des pratiques encore
plus exaftes que celles d’Amman, opéré ici [ à,
Paris, quai des Auguftins ] les mêmes prodiges que
ce médecin opéroit en la Hollande.
Mon deffein n’eft pas d’entrer ic i, comme ces deux
philofophes, dans rexamen & dans le détail de la
G i j