5 9 4 C Y M roît encore, parce que cymbale s’efl pris non-feulement
pour un infiniment de mufique, mais encore
•pour un baffin, un cbauderon, un gobelet, un lcaf-
que, & même pour un fabot, tels que ceux qu’Em-
pedocles portait, & qui étoient de cuivre.
Du refie ils ne reffembloient point à nos tymba-
les, & l’ufage en étoit différent. Les cymbales avoient
un manche attaché à la cavité extérieure, ce qui fait
que Pline les compare au haut de la cuifTe, ôc d’autres
à des phioles.
On les frappoit l’une contre l’autre en cadence ,
& elles formoient un fon très-aigu. Selon les PayeriS
c ’étoit une invention de Cybele : de-là vient qu?on
en.joiioit dans fes fêtes & dans fes facrifices. Hors
de-là il n’y avoit que des gens mous & efféminés qui
joüaffent de cet infiniment-.
On en a attribué l’invention aux Curetes & aux
habitans du mont Ida dans l’île de Crete. Il efl certain
que ceux-c i, de même que les Corybantes,
milice qui formoit la garde des rois, de Crete , les
Telchiniens peuple de Rhodes, & les Samothraces,
ont été célébrés par le fréquent ufage qu’ils faifoient
de cet infiniment & leur habileté à en joiier. Voye^
C o r y b a n t e s .
Les Juifs avoient aufli des cymbales, ou du moins
un inflrument que les anciens interprètes grecs, lapins
, & les tra du fleurs anglois nomment cymbale.
Mais il efl impoflible de favoir au jufle ce que c’étoit
que cet inflrument.
O&ave des baffes.
UT % RÉ b Ml FA * SOL * LA b S I 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 0 0 -b 0 0 0 0 0 o 0 0 0
s 0 0 0 0 •0 0 0 0 0 0 0 0
Oâavè des tailles.
UT * RÉ b MI FA * SOL % LA b S I
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
i 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Clé de C-fol-m. Clé de G-ré-Jol.
Les tuyaux UT, UT, ut, u t, font à l’uniffon de
même que les tuyaux R É , r é , ré, ré, &c» au lieu
que fi la fourniture étoit un jeu fans reprifes, le
-tuyau v t feroit à l’oftave du tuyau UT; le tuyau
ut, à Poêla ve d’ ir r feroit à la double oêtave de UT;
le tuyau ut, à l’oflave d'ut feroit à la triple oflave
de celui UT; ainfi l’on voit que la fourniture n’efl
compofée que d’une oflave répétée quatre fois, &c
par conféquent qu’il n’a point de baffes , puifque
tous les ut & tous les ré, font à l’uniffon. C ’efl pourquoi
on ne peut employer le jeu feul, non plus que
la cymbale, qui ne différé de ce jeu-ci qu’en ce que
les tuyaux font de plus menue taille, & qu’elle fon-
jie l’oflave ou la quinte au-deffus de la fourniture ;
du refie elle a les mêmes reprifes que nous avons
marqué fe faire en C fo l ut, 8c qui pourroient également
bien fe faire en F ut fa , ainfi que quelques faveu
rs le pratiquent.
Les chiffres i , 3 , 5 , placés au commencement
des rangées de zéros, font connoître que le premier
Yang 1 étant regardé comme fon fondamental, le fécond
rang 3 fonne la tierce.au-deffus, le troifieme 5
forme la quinte ; enforte, comme il a été dit, que
fur chaque touche on entend l’accord parfait ut mi
f o l , réfaA La, mifofifi, &c. auquel on peut ajouter
l ’o ô a v e, fi on ajoute un rang de plus. On peut même
encore ajoûter plufieurs rangs, en répétant par
uniffon l’oêlave, la quinte ou la tierce. La fourniture
, qui efl l’autre partie du plein jeu , ne diffère
point de la .cymbale.
C Y N La cymbale moderne efl un inflrument de mufique
dont les gueux accompagnent le fon de la Vielle.
C ’efl un fil d’acier de figure triangulaire , dans le«
quel font paffés cinq anneaux, qu’on touche & qu’on
promene dans ce triangle avec une verge aufli
dë fer,, dont on frappe de cadence les côtés du triangle.
Foyei le dictionn. de Trév.8c Chambers. (G)
C y m b a l e , jeu d'Orgue, efl un de ceux que l’on,
appelle Compofes, c’efl-à-dire qui ont plufieurs tuyaux
fur chaque touche qui parlent tous à la fois. Elle efl
compofee des oêtaves de deffus des jeux , dont les
cornets font compofés, mais avec cette différence
que les tuyaux ne fuivent la réglé du diapafon que
par une oélave, au lieu que ceux des autres jeux
vont continuellement en diminuant de largeur pendant
quatre oéfaves. La cymbale n’a donc proprement
qu’une oftave, qui fe répété autant de fois que
le clavier en contient; l’exemple fuivant va en faire
voir la difpofition : les rangées de zéros verticales
repréfentent les tuyaux qui parlent à la fois fur une
même touche, & la fuite des mêmes zéros prife félon
les lignes horifontales, ceux qui répondent aux
différentes touches du clavier. On faura aufli que les
tuyaux qui répondent à une même touche font l’accord
parfait, dont on double les oétaves, les quintes
ou les tierces, fi on met plus de trois rangs de
tuyaux à la fourniture.
Oétave des balles tailles.
UT RÉ b MI FA * SÔL LA b SI
0 0 0 0 0 0 0 0 O 0 0 0
0 0 b 0 0 0 0 0 O 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 O 0 0 0
Clé F-ut-fa.
Octave des deffus.
U T * RÉ b M I FA * SOL X LA b S I UT
0 0 0 0 0 0 O O O 0 0 0 0
0 0 0 0 0 0 O O O 0 q 0 0
0 0 0 0 0 0 O O O 0 0 0 0
. * CYNIQUE, feêle de philofophes anciens. {Uifi.
de la Philofophie. ) Le Cynifme for tit de l’école de
Socrate, & le Stoïcifme de l’école d’Antiflhene. Ce
dernier dégoûté des hypothefes fublimes que Platon
& les autres philofophes de la même feêle fe glo-,
rifioient d’avoir apprifes de leur divin maître, fe
tourna tout-à-fait du côté de l’étude des moeurs &
de la pratique de la vertu , & il ne donna pas en
cela une preuve médiocre de la bonté, de fon juge-f
ment. Il falloit plus de courage pour fouler aux pies
ce qu’il pouvoit y avoir de faftueux & d’impofant
dans les idées Socratiques, que pour marcher fur la,
pourpre du manteau de Platon. Antiflhene , moins
connu que Diogene fon difciple, avoit fait le pas
difficile.
Il y avoit au midi d’Athènes, hors des murs de
cette v ille , non loin du Ly cée, un lieu un peu plus
élevé, dans le voifinage d’un petit bois.Ce lieu s’ap-
pelloit Cynofarge. La luperflition d’un citoyen allar-
mé de ce qu’un chien s’étoit emparé des viandes qu’il
avoit offertes à fes dieux domefliques, & les avoit
portées dans cet endroit, y avoit élevé un temple à
Hercule, à l’infligation d’un Oracle qu’il avoit interrogé
fur ce prodige. La fuperfiition des anciens tranf
formoit tout en prodiges, & leurs oracles ordonnaient
toujours ou des autels ou des facrifices. On facrifioit
aufli dans ce temple à Hébé, à Alcmene, & à lolas.
Il y avoit aux environs un gymnafe particulier pour
les étrangers & pour les en fans illégitimes. On don-
noit ce nom, dans Athènes, à ceux qui étoient nés
C Y N tPun pere Athénien & d’une mere étrangère. C ’étoit
là qu’on accordoit aux efclaves la liberté , & que
des juges examinoient & décidoient les contefta-
tions occafionnées entre les citoyens par des naif- *
Lances fufpeéles ; & ce fut aufli dans ce lieu qu’An-
tiflhene fondateur de la feête cynique s’établit & donna
fes premieres'leçons. On prétend que fes difciples
en furent appellés Cyniques, nom qui leur fut confirmé
dans la fuite, parla fingularité de leurs moeurs &
de leurs fentimens , & "par la hardieffe de leurs actions
& de leurs difeours. Quand on examine de près
la bifarrerie des Cyniques, on trouve qu’elle confif-
toit principalement à tranfporter au milieu de la fo-
ciété les moeurs de l’état de nature. Ou ils ne s’ap-
perçurent point, ou ils fe foucierent peu du ridicule
qu’il y avoit à affeêter parmi des hommes corrompus
& délicats, la conduite & les difeours de l’innocence
des premiers tems , & la ruflicité des fiecles de
l’Animalité.
Les Cyniques ne demeurèrent pas long tems renfermés
dans le Cynofarge. Ils fe répandirent dans
toutes les provinces de la Gre ce, bravant les préjugés
, prêchant la vertu, & attaquant le v ice fous
quelque forme qu’il fe préfentât. Ils fe montrèrent
particulièrement dans les lieux facrés & fùr les places
publiques. Il n’y avoit en effet que la publicité
qui pût pallier la licence apparente de leur philofophie.
L’ombre la plus legere de fecret, de honte, &
de ténebrës, leur auroit attiré dès le commencement
des dénominations injurieufes & de la perfécutiôn.
Le grand jour les en garantit. Comment imaginer,
en effet, que des hommes penfent du mal à faire &
à dire ce qu’ils font & difent fans aucun myflere ?
Antiflhene apprit Part oratoire de Gorgias le fo-
phifle , qu’il abandonna pour s’attacher à Socrate,
entraînant avec lui une partie de fes condifciples. Il
fépara de là doêlrine du philofophe ce qu’elle avoit
de folide & de fubflantiel, comme il avoit démêlé
des préceptes du rhéteur ce qu’ils avoient de frappant
& de vrai. C ’efl ainfi qu’il fe prépara à la pratique
ouverte de la vertu & à la profeffion publique
de la philofophie. On le vit alors fe promenant dans
les rues l’épaule chargée d’une beface , le dos couvert
d’un mauvais manteau, le menton hérifle d’une
longue barbe , & la main appuyée fur un bâton,
mettant dans le mépris des chofes extérieures un peu
plus d’oflentation peut-être'qu’elles n’en méritoient.
C ’efl du moins la conjecture qu’on peut tirer d’un
mot de Socrate, qui voyant fon ancien difciple trop
fier d’un mauvais habit, lui difoit avec fa fineffe ordinaire
: Antiflhene , je t'apperçois à-travers un trou
de ta robe. Du refie, il rejetta loin de lui toutes les
commodités de la vie : il s’affranchit de la tyrannie
du luxe & des richeffes, & de la paflion des femmes
, de la réputation & des dignités, en un mot de
tout ce qui fubjugue & tourmente les hommes ; &
ce ftit en s’immolant lui-même fans réferve qu’il crut
acquérir le droit de pourfuivre les autres fans ménagement.
Il commença par venger la mort de Socrate
; celle de Mélite & l ’exil d’Anyte furent les
fuites de l’amertume de fon ironie. La dureté de fon
caraClere, la févérité de fes moeurs, & les épreuves
auxquelles il foûmettoit fes difciples, n’empêcherent
point qu’il n’en'eût : mais il étoit d’un commerce
trop difficile pour les conferver ; bien-tôt il éloigna
les uns, les autres fe retirèrent, & Diogene futprefi
que le feul qui lui relia.
La feCle cynique ne fut jamais fi peu nombreufe &
fi refpe&able que fous Antiflhene. Il ne fuffifoit pas
pour etre cynique de porter une lanterne à fa main,
de coucher dans les rues ou dans un tonneau, & d’accabler
les paffans de vérités injurieufes. « Veux-tu
^°*s. to.n maître t & mériter le nom de mon
j* difciple, difoit Antiflhene à celui qui fe préfentoit
Tome LV%
C Y N 595
>> à la porte de fon école : commence par ne te ref-
, »' fembler en rien, & par ne plus rien faire de ce que:
» tufaifois. N’accufe de ce qui t’arrivera ni les hom-
» mes ni les dieux. Ne porte ton defir & ton aver-
» fion que fur ce qu’il efl en ta puiflance d’approcher
; » ou d’éloigner de toi. Songe que la colere, l’envie,
» 1 indignation, la pitié, font des foibleffes indignes
» d’ un philofophe. Si tu es tel que tu dois être, tu
» n’auras jamais lieu de rougir. Tu bifferas donc la
» honte a celui qui fe reprochant quelque vice fe-
» cre t, n’ofe fe montrer à découvert. Sache que la
>> volonté de Jupiter fur le cynique, efl qu’il annon-
» ce aux hommes le bien & le mal fans flaterie, 6c
» qu’il leur mette fans ceffe fous les yeux les erreurs
» dans léfquelles ils fe précipitent; & fur-tout ne
» crains point la mort, quand il s’agira de dire la vév
» rité ».
Il faut convenir que ces leçons ne pouvoientguere
germer que dans des âmes d’une trempe bien forte;*
Mais aufli les Cyniques demandoient peut-être trop'
aux hommes, dans la crainte de n’en pas obtenir af- :
fez. Peut-être feroit-il aufli ridicule d’attaquer leur
philofophie par cet excès apparent de févérité, que*
de leur reprocher le motif vraiment fublime fur lequel
ils en avoient embraffé la pratique. Les hommes
marchent avec tant d’indolence dans le chemin-
de la vertu , que l’aiguillon dont on les preffe ne
peut être trop v if ; & ce chemin eft fi laborieux k'
fiiivre, qu’il n’y a point d’ambition plus louable que
celle qui foutient l’homme & le tranfporte à-travers
les épines dont il efl femé. En un mot ces anciens,
philofophes étoient outrés dans leurs préceptes, parce
qu’ils favoient par expériencè qu’on fe relâche
toûjours affez dans la pratique ; & ils pratiquoient
eux-mêmes la vertu, parce qu’ils la regardoient comme
la feule véritable grandeur de l’homme ;■ & voilà
ce qu’il a plû à leurs détra&eurs d’appeller vanité ;
reproche vuide de fens & imaginé par des hommes
en qui la fuperflition avoit corrompu l ’idée naturelle
& fimple de la bonté morale.
Les Cyniques avoient pris en averfion la Culture
des Beaux-.Arts. Ils cômptoient tous les momens
qu’on y employoit comme un tems dérobé à la pratique
de la vertu & à l’étude de la Morale. Ils rejet-
toient en conféquence des mêmes principes, 8c la
connoiffance des Mathématiques & celle de la Phy-
fique, & l’hifloire de la Nature ; ils affeêloient fur-
tout un mépris fouverain pour cette élégance particulière
aux Athéniens, qui fe faifoit remarquer Sc
fentir dans leurs moeurs, leurs écrits, leurs difeours,'
leurs ajuflemens, la décoration de leurs maifons ; en
un mot dans tout ce qui appartenoit à la vie civile-
D ’oii l’on voit que s’il étoit très-difficile d’être aufli
vertueux qu’un cynique, rien n’étoit plus facile que
d’être àufn ignorant & aufli groflîer.
L’ignorance des Beaux-Arts & le mépris des dé-!
cences furent l’origine du diferédit où la fefte tomba
dans les fiecles fuivans. Tout ce qu’il f avoit dans
les villes de la Grece & de l’Italie de boufons, d’im-
pudens, de mendians, de parafites, de gloutons, &
de fainéans ( & il y avoit beaucoup de ces gens - là
fous les empereurs ) prit effrontément le nom de cyniques.
Les magiflrats,les prêtres, les fophifles, les
poètes, les orateurs, tous ceux qui avoient'été auparavant
les viétimes de cette efpece de philofophie
crurent qu’il étoit tems de prendre leur revanche j
tous fentirent le moment ; tous éleverent leurs cris
à la fois ; on ne fit aucune diflinâion dans les invectives
, & le nom de cynique fut univerfellement abhorré.
On va juger par les principales maximes de la
morale d’Antiflhene, qui avoit encore dans ces derniers
des Cyniques fut aufli jufle qu’elle fut g4^
tems quelques véritables difciples, fi cette condamnation
nérale,
F F f f i;