avec les lois du code & des nov elles qui confirment
•de droit du digefte, qui l’expliquent ou l’abrogent.
Le but de cet ouvrage eft ae rétablir l’ordre qui
^manque dans le digejte-, & de rendre par ce moyen
-les lois plus intelligibles , & l’étude du Droit plus
facile.
Il eût été facile de donner aux livres & aux titres
du digejle un meilleur ordre que celui qu’ils ont ; mais
M. Potier n’a pas cru devoir s’en écarter, afin que
l ’on retrouve plus aifément dans fon ouvrage les titres
du digejle dont on veut étudier le véritable fens.
Il a rangé fous chaque titre les lois qui en dépendent,
dans l’ordre qui lui a paru le plus convenable, & a
renvoyé à d’autres titres celles qui lui ont paru y
avoir plus de rapport ; enforte néanmoins qu’il n’a
omis aucune portion du texte , & n’a fait à cet égard
■ que le mettre dans un meilleur ordre.
Il y a joint quelques fragmens de la loi des douze
tables de Gaïus, d’Ulpien, & des fentences de Pau-
lus, afin d’éclaircir le droit qui étoit en vigueur du
tems des jurifconfultes dont les écrits ont fervi à
former le digejle ; droit fans la connoiflance duquel
il eft impoffible d’entendre certaines lois.
Il y a auffi inféré la plupart des lois du code, &
les novelles qui confirment, expliquent ou abrogent
quelqu’endroit du digejle. Les lois publiées jufqu’au
tems de Conftantin, y font rapportées en leur entier.
A l’égard de celles des empereurs qui ont régné
depuis, comme elles font trop longues, & fouvent
d’un ftyle barbare, il s’eft contenté d’en rapporter
l’efprit.
L’auteur a fuppléé de fuo la plupart des définitions,
des divifions, réglés & exceptions, & même les
propofitions néceffaires pour la liaifon des textes ;
mais tout ce qu’il a mis du fien eft en carafteres italiques
, & par-là diftingué du texte qui eft en caractère
romain.
Il a auffi ajoûté quelques notes, tant pour éclaircir
les textes qui lui ont paru obfcurs, que pour rétablir
ceux qui paroiffent avoir été corrompus en les corrigeant
fuivant les obfervations de Cujas & des
meilleurs interprètes, & enfin pour concilier les
lois qui paroiffent oppofées les unes aux autres.
A la fin du troifieme tome il y a une table de tous
les livres, titres, lois & paragraphes du digefte ,
fuivant l’ordre de Juftinien, qui indique le tome, la
page &: le nombre oîi chaque objet eft rapporté dans
lé digejle de M. Potier. (A )
DIGESTEUR, f. m. (.Phyjîol. ) c’eft un infiniment
ou un moyen artificiel qui fert à digérer ou à
diffoudre les mets hors de l’eftomac, & fuivant une
voie analogue à celle de la digeftion des animaux.
Dans les tranfaéfions philofophiques M. Leigh
nous donne un digefleur artificiel, fort propre à répandre
du jour fur la maniéré dont fe fait la digeftion
naturelle. Sa préparation confifte dans de l’elprit de
foufre, de l’efprit de corne de cerf, du chyle d’un
chien, & de fa falive. Si l’on met dans une dragme
de cette préparation un morceau de veau, de mouton
, de boeuf, ou quelque chofe de femblable, de
l’épaiffeur d’une noix, & qu’on le mette pendant
deux heures fur un fourneau de digeftion, il en for-
tira un jus qui aura la couleur & le goût du chyle,'
& la chair deviendra légère, feche, infipide.
Le digejleur de CloptonHavers eft compofée d’huile
de térébenthine mêlée, avec de l’huile de vitriol :
que Fon mette dans cette préparation de la viande
crue & des miettes de pain, & que l’on faffe digérer
le tout pendant quatre heures au bain-marie, on
trouve îa chair diffoute , & tout le mélange forme
une pulpe très-épaiffe ; d’oii ces auteurs concluent
chacun de fon côté, que les alimens fe digèrent
dans l’eftomac par quelque diffolvant. Voyez D i gest
ion. VoyezauJJi AUTOMATE,
Mais le plus célébré de tous les digejleurs eft celui
dePapin, & celui dont les effets ont plus de rapport
à l’opération de l’eftomac. C ’eft une forte de
vaiffeau dans lequel on met de la viande, avec autant
d’eau qu’il en faut pour le remplir exa&ement ;
après quoi on le ferme à vis avec un couvercle, de
maniéré que l’air extérieur ne puiffe s’y communiquer
: mettant enfuite cette machine fur deux ou
trois charbons rouges, ou même l’expofant Amplement
à l'aûion d’un petit feu de lampe, la viande en
fix ou huit minutes fe trouve réduite en une pulpe,
ou plûtôt en une liqueur parfaite : en pouffant un
peu le feu, ou feulement en le laiffant agir tel qu’il
eft quelques minutes de.plus , les os les plus durs fe
transforment en pulpe ou en gelée. On attribue cet
effet à I’exaâitude avec laquelle cette machine eft
fermée ; comme elle ne permet ni l’entrée ni la for-
tie de l’air, les fecouffes occafionnées par la dilatation
& les ofcillations de l’air renfermé dans la chair,
font uniformes & très-vigoureufes : celles de l’air
qui en eft forti, jointes à celui qui étoit dans le vafe
autour de la viande dans le tems qu’on l’a fermé ,
font auffi très-fortes ; & plus il eft échauffé, plus fa
raréfa&ion empêchée par les parois qui ne cèdent
point, le fait réagir en maniéré de pilon fur la
matière réfiftante contenue ; moyennant quoi la
diffolution s’en fait & s’acheve : tout fe trouve converti
en un fluide qui paroît homogène, & en un
mélange de particules aqueufes , falines, huileufes
& autres, fi intimement adhérentes qu’elles ne font
prefque plus féparables. Quand ce mélange eft
chaud, il reffemble à une liqueur & à une gelée ;
lorfqu’il eft froid, fa confiftance eft proportionnée à
la quantité de viande ou d’os que l’eau a diffous. Voyez l'arûck DlGESTOIRE.
Cette expérience paroît avoir une parfaite analogie
avec l’opération de l’eftomac ; car quoique la
diffolution de ce vifcere ne foit pas ordinairement
fi vive & fi pénétrante, néanmoins à proportion dé
fa chaleur & de fa conftruftion, M. Drake penfe
que l’effet eft tout-à-fait femblable ; car par fon action
il broie & il réduit en très-petites particules les
corps qu’il renferme, en les pénétrant des humeurs
qui lui font propres. Ces corps ainfi réduits en une
fubftance fluide, & intimement mêlés avec la boif-
fon & les fucs ftomachiques, compofent cette liqueur
laiteufe que l’on appelle chyle. Voyez Chyle.
Chambers. G/)
DIGESTIF, adj. terme de Chirurgie concernant la
matière medicale externe. C ’eft une efpece d’onguent
ou de Uniment qu’on applique fur les plaies '9
pour en mûrir la matière & la djjfpofer à une fuppu-
ration louable.
Lorfque le pus qui étoit renfermé dans l’abcès eft
évacué (voyez Abc ès) , on doit penfer à procurer
l’écoulement de celui qui refte infiltré dans les chairs
qui avoifinent la cavité de l’abcès, & qui ont été
comprifes dans l’étendue de l’inflammation qui a
précédé. Voyez Phlegmon. Le pus qui étoit amaf-
fé dans cette cavité étoit avant l’évacuation un fup-
puratif qui facilitoit beaucoup le dégorgement de
ces chairs dans cette même cavité : en agiffant contre
leur furface, il entretenoit, par le relâchement
qu’il y procuroit, toutes les iffues dilatées, & en
formoit continuellement de nouvelles par la deftruc-
tion qu’il caufoit dans le tiffu de ces mêmes chairs ;
l’humeur purulente qui trouvoit moins de réfiftancc
à couler vers le foyer de l’abcès oîi ce tiffu étoit
relâché, & oîi toutes les voies lui étoient ouvertes,
venoit de toutes parts s’y raffembler.
Il eft donc néceffaire de fuppléer à cet amas de
pus après l’évacuation de l’abcès , par des reme-
deS qui continuent à attendrir & à relâcher les chairs
qui doivent achever de fe dégorger dans la cavité
de l’abcès: fans cette précaution, la furface de ces
chairs expofées à l ’air fe deffécheroit, le pus s’épaif-
liroit, & cauferoit dans ces mêmes chairs un endur-
ciffeinent qui rendroit la cure difficile. Ainfi la première
indication que nous avons à remplir pour procurer
la fuppuration des chairs abfcedées, demande
que nous les entretenions dans les difpofitions qui
facilitent cette fuppuration, par l’ufage des fuppu-
ratifs émolliens ou maturatifs introduits dans la cavité
de l’abcès, & appliqués extérieurement, fur-
tout fi les chairs engorgées font fermes ou endurcies :
il faut au moins dans ce dernier cas continuer d’appliquer
ces remedes fur la partie malade, comme on
faifoit avant que l’abcès fût ouvert.
Tant que l’abcès n’a pas eu d’iffue extérieure, la
dépravation des fucs purulens n’a pû faire un progrès
fi rapide que lorfqu’il eft ouvert, & que l ’air
peut penetrer dans fa cavité : c’eft pourquoi on doit
être fort attentif dans ce dernier cas à s’oppofer à
cette dépravation, qui peut quelquefois rendre en
fort peu de tems les matières purulentes très-nuifi-
bles. Dans cette vûe on ajoûte aux fuppuratifs maturatifs
qu’on introduit dans la cavité de l’abcès,
quelques fubftances antiputrides & balfamiques, &
c ’eft ce mélange qui conftitue le remede digejlif. Il n’eft
donc point un remede pourriffant, puifqu’il eft com-
pofé au contraire de remedes balfamiques qui s’op-
pofent à la pourriture ; mais le mélange de ceux-ci
avec les remedes on&ueux & relâchans , doit être
combiné fuivant l’état de la plaie. C ’eft principalement
le relâchement qu’on doit avoir en vûe dans
l ’ufage des digejlifs, lorfque les plaies font fufcepti-
bles d’inflammation, qu’elles font fort douloureufes
& fufceptibles d’irritation ou d’étranglement. Mais fi
la plaie eft accompagnée de contufion ou d’une dif-
pofition à la mortification qui rendent l’a&ion organique
des chairs trop languiffante, on anime les di- .
gef i f i par des remedes afrifs & fpiritueux; ce qui
fait reconnoître en Chirurgie trois fortes de digejlifs,
les digejlifs relâchans, les digejlifs balfamiques, &
les digejlifs animés.
On ne doit pas fans quelque raifon particulière
continuer long-tems les digejlifs, fur-tout les relâchans
, parce qu’ils affoibliffent trop l’a&ion organique
des chairs ; elles deviendroient molles, pâles,
& fongueufes. Lorfque le dégorgement eft fait, on
doit penfer à mondifier & à déterger la plaie. Voyez Détersifs.
Le chirurgien intelligent fait varier la formule
des onguens digejlifs fuivant la nature & l ’état de la
plaie, & du pus qui en fort. Dans quelques cas il
faut augmenter, comine nous l’avons dit, l ’a&ion
des vaiffeaux voifins de ceux qui font embarraffés
& rompus; dans d’autres il faut calmer le jeu des foliées
: il faut quelquefois délayer des humeurs grof-
fieres & vifqueufes dont la ténacité s’oppofe au dégorgement
des vaiffeaux ; quelquefois au contraire
il faut; donner de la confiftance à une fanie trop limpide
, & envelopper, pour ainfi dire, par des incraf-
fansies particules acrimonieufes. Ces différens états
déterminés fouvent pat des caufes fort éloignées, demandent
toute l’attention d’un favant chirurgien,
pour combiner fuivant l’indication les remedes qui
doivent cômpofer le digejlif qu’il eft plus convenable
d’employer. ( T )
DIGESTION, f. f. ((Econom. anim.) eft une fon-
ôion du nombre de celles que les fcholaftiques appellent
naturelles, dont l’effet le plus fenfible eft le
changement des alimens en, chyle & en gros excré-
mens ; changement opéré dans l’eftomac & dans les
inteftins par le concours néceffaire des humeurs di-
geftives, & le plus fouvent. par. celui d’une boiffon
non-alimenteufe, ou de la partie non-alimenteufe
d’une boiffon nourriffante.
Je ne regarde le changement des alimens en chyle
& en gros excrémens, que comme l’effet le plus len-
fible de la digejlion, & non pas comme l’effet unique
de cette fonûion félon l’opinion la plus commune ;
parce qu’une obfervation ingénieufe & éclairée a
démontré depuis peu que la digejlion confidérée Amplement
comme afrion organique , & fans égard à
la chy ihcation, avoir une influence générale & ef-
lentielle fur toute l’oeconomie animale, dont elle
reveilloit périodiquement le jeu. Voyez (Economie
ANIMALE.
1 L\ di8ef t on c(>nMèrée par rapport à fon effet le
plus ienfible ou le plus anciennement obfervé, eft
la première coftion des anciens ou leur chylqjîs
chylopoiejis, chyiificatio.
L ’hiftoire raifonnée de cette fonfrion fuppofe la
connoiflance de fes inftrumens ou organes immédiats
, l’eftomac & les inteftins (Voyez Estom a c 6*
Intestins) ; celle de quelques autres qui paroiffent
agir fur ceux-ci (voyez D iaphragme , Muscles
a bd om in aux , Péritoine) ; celle des humeurs
digeftives (voyez Salive , Humeur oesophagienn
e , Humeur g a str iq u e , Humeur intestinal
e , Bil e , Suc pan cr é at iq u e , 6* La rm e s , fi
vous voulez les mettre au rang des humeurs digefti-
ves avec quelques phyfiologiftes) ; celle de la ftruc-
ture & du jeu des principaux organes qui féparent
& fourniffent ces humeurs (voyez Foie , Glandes
f AHVAIRES » Pancréas) ; celle des alimens &des
boiffons (voyez Al im en t , 6*Nourrissant) ; celle
d’une difpofition corporelle connue fous le nom
de faim (voyez Faim) ; & enfin celle de deux fonctions
qu on peut appeller préparatoires. Voyez Mast
ic a t io n & D ég lut it io n .
Les alimens folides (nous ne parlerons d’abord
qüe de ceux-ci) appétés, mâchés (du moins dans la
digejlion la plus parfaite ; car les alimens peuvent
etre abfolument digérés fans être appétés, & quelques
uns même fans être mâchés), humeûés dans la
bouche & dans l’oefophage , arrivent à l’eftomac ordinairement
accompagnés d’une certaine quantité
de boiflon ; ils font retenus dans ce vifcere, qu’ils
étendent, dont ils effacent les rides, & qu’ils difpo-
fent de façon que fa grande courbure qui eft inférieure.,
félon le langage des Anatomiftes, lorfque
l’eftomac eft vuide, devient prefque antérieure; &
par conséquent fa face antérieure devient fupérieure
& contiguë au diaphragme. La falive & l’humeur
oefophagienne ne ceffent d’aborder dans l’eftomac ,
dont les différens organes excrétoires fourniffent alors
leurs humeurs.
A chaque infçiration l’eftomac plein eft abaiffé
& il eft repouffé vers le haut à chaque expiration ;
il eft agité & comprimé par cette caufe. Les Phyfiologiftes
conviènnent affez généralement que l’eftomac
comme mufcle, a un mouvement propre par
lequel il agit par compreffion fur ce qu’il contient.
M. Lieutaud a obfervé que la rate fe contra&oit, de-
venoit plus petite, & paliffoit pendant que l’eftomac
digéroit.
Des vomiffemens arrivés peu de tems après le repas
, & les ouvertures des animaux vivans exécutées
dans la vûe d’examiner le changement des alimens
dans leur eftomac, ont appris qu’ils y étoient
contenus, dans l’état fain ou naturel fous la forme
d’une pâte liquide grilatre, retenant l’odeur des alimens,
mais tournant ordinairement à l’aigre, &c
quelquefois au nidoreux. On ne diftingué que fort
confufément dans cette maffe la matière du chyle ,
qui eft pourtant déjà ébauchée, & que quelques auteurs
anciens ont appellé chyme dans cet état.
A mefure que la pâte dont nous venons de parler
eft préparée, c’eft-à-dire après que les alimens ont
éprouvé la digejlion qu’on peut appeller gaftrique ou