J’uleraa, les officiers des milices & des différé ns ordres
, même les vieux foldats & les plus expérimentés.
Ce divan s’appelle oja divani, le divan des pies ,
peut-être parce que tout le monde s’y tient debout.
Ce tribunal a quelque rapport à nos anciennes af-
femblées des états, comme le galibé divan au confeil
privé du roi, & le divan au premier parlement de
l’empire. Guer, moeurs. & ufages des Turcs, tome //.
D ivan-beghi , nom d’un miniftre d’état enPerfe.
Le divan-beghi eft le fur-intendant de la juftice ; il
n’a que le dernier rang parmi les fix miniftres du fécond
ordre, qui font tous au-deffous de l’athemadou-
let, ou premier miniftre.
On appelle au tribunal du divan-beghi , des juge-
mens rendus par les gouverneurs. Il a 50000 écus
d’appointemens, afin de rendre la juftice gratuitement.
II connaît des caufes criminelles des khans,
des gouverneurs, & autres grands feigneursde Perfe
difgraciés pour quelque faute, & il reçoit les appels
du baruga ou lieutenant criminel.
Le divan-beghi rend la juftice dans le palais du
prince, fans fuivre d’autre loi ni d’autre réglé que
l ’alcoran, qu’il interprète à fon gré. Il ne connoît que
des crimes. Tavernier, voyag. de Perfe. Le chevalier
de la Magdeleine -, qui eft refté fort long ^ tems chez
les Turcs, en dit quelque chofe dans les chap. xljx.
& l. de fon miroir ottoman- {fi')
DIVANDUROU, fiéog. mod.) nom de cinq îles
d’Afie, voifines des Maldives.
D IV A R , (fiéog. mod.) île de la mer des Indes, au
nord de Goa.
DIVE (la ) , Géog. mod. riviere de Normandie en
France ; elle prend fa fource au - deflous de Gafley,
& fe rend dans la mer à douze lieues de-là.
Il y a au Poitou en France , une autre riviere de
même nom, qui fe jette dans la Vienne.
* DIVERGENT, adjeét. il fe dit de tout ce qui
continué , fe rencontreroit d’un côté en un point
commun, & de l’autre iroit toûjours en s’éloignant
de plus- en plus : c’eft en ce fens que des lignes, des
directions, &c. font divergentes. De Fadjeftif divergent
on a fait le (\\bft.anùî divergence.
Des lignes font divergentes du côté où elles vont
en s’écartant, & convergentes du côté oppofé. Voy.
C onvergent.
D iv e r g en te , (férié ou fuite) eft celle dont les
termes vont toûjours en augmentant ; comme cette
progreffion arithmétique 1 , 1 , 3 , ou cette pro-
grefîion géométrique 1 , 2 , 4 , 8, &c. V . Série , &c.
D ivergente , (parabole & hyperbole) lont celles
dont les branches ont des directions contraires, fig.
34 & $ 6 coniq.Voy.. C ourbe,P a rabol e,H yperb
o l e , &c.
D iverGENS , en Anatomie, fe dit des mufcles
qui rencontrent ou rencontreraient obliquement le
plan que l’on imagine divifer le corps en deux parties
égales & fymmétriques, & forment informé-
ment avec lui un angle, dont le fommet feroit oppofé
au plan horifontal. (L )
DIVERSION, f. f. (Medecine.) eft le changement
ue l’on produit par les fecours de l’art dans le cours
’une humeur, qui fe porte plus abondamment que
dans l’état naturel, vers une partie principale.
On détourne cette humeur vers une autre partie
moins elfentielle, ou on en procure l’évacuation par
les conduits excrétoires, qui font le plus à portée de
la recevoir. Ce changement ne peut s’opérer que
par le moyen de la révulfion & de la dérivation.
Firyei D érivation & Révulsion. (d)
D iversion , (Art milité) eft l’aftion de porter la
guerre dans un pays où l’ennemi ne croit pas’pou-
voir être attaque, pour l’obliger de retirer les forces
d’un pays ou d’un endroit où il a agi par fupériori-
t é , & où il eft difficile de lui reiifter.
Lorfque l'ennemi fait le fiége d’une v ille , & que
l’éloignement des armées ou la pofition des lieux ne
permet pas de l’attaquer pour le lui faire lever, on
entreprend quelquefois alors, le fiége d’une de fes
places, pour l’engager de venir au lecours & de renoncer
à fon entreprife, ou pour fë dédommager par
la prife de cette place, de celle que Fennemi eft à
portée de réduire. C ’eft airifi que les Efpagnols pour
faire lever le fiége de la Fere, formé par Henri IV.
firent celui de Calais. Ce prince n’ayant pas voulu
fe defifter de fon entreprife, les Elpagnols prirent
Calais, qu’il aurait été plus avantageux de confer-
ver que de prendre la Fere.
La diverjion d’Agathoele eft célébré dans l’hiftoire.
« Les Carthaginois aflîégeoient Syracufe où il s’é-
» toit enfermé. Se voyant fort prefle & prêt à fuc-
» comber, il prend une réfolution digne d’un guer-
» rier brave & réfolu. Il laide dans la place ce qu’il
» falloir de troupes pour la défendre ; & prenant le
» refte avec lui, il s’embarque, cingle droit en Afri-
» que, y defeend, brûle fes vaifleaux en vrai déter-
» miné, ce qui mit fes foldats dans la néceflité de
» vaincre. Croyant tout perdu en S icile, il s’avance
» jufqu’auprès de Carthage. Les Carthaginois éton-
» nés d’une telle retorfion, lèvent une puiffante ar-
» mée qu’ils croyent capable de l’engloutir,du moins
» Hannon leur promettoit de faire le coup. Il engage
» un combat général, dans une pleine affûrance de
» remporter la viétoire ; il la perdit pourtant, & fi
» pleinement, qu’il ne s’eft jamais rien vu de fem-
» blable. La conduite de Periclès, d’Agathocle, d’A-
» nibal, de Scipion , & de tant d’autres grands hom-
» mes , marque vifiblement qu’il eft fouverit & pref-
» que toûjours avantageux de porter la guerre chez
» les autres, & plus encore lorfqu’on fe voit atta-
» qué dans fon propre pays. C ’eft alors que la diver-
» Jion eft néceflaire, & un aéte de la plus grande
» prudence. On eft toûjours en état au cpmmence-
» ment d’une guerre d’agir puiflamment & vigoù-
» reufement, parce que l’on, n’eft point épuifé par
» les longueurs de la guerre. Elle eft toûjours courte
» lorfqu’elle eft forte ; ainfi en doublant fes prépa-
» ratifs, on approche plus de fa fin ». Notes de M. de
Folaiÿl fur Polybe.
Avant de s’engager dans des guerres de diverjion9
il eft important ae bien examiner fi dans toute forte
d’évenement on pourra fe retirer librement ; car fi la
retraite étoit longue, difficile, & peu sûre, il pourrait
arriver que l’ennemi aurait -le tems d’affembler
des troupes pour s ’y oppofer & pour combattre
avec fupériorité. « II n’y a pas à craindre de ne pas
» avoir une retraite libre, lorfque pour faire diver-
» Jion vous allez attaquer des ennemis voifins, dont
» les principales forces font occupées à une guerre
» qu’ils ont portée au - delà dés mers ; parce qu’à
» compter du moment que vous ferez averti par vos
» efpions, que l’armée ennemie commence à s’em-
» barquer pour s’en retourner jufqu’à ce qu’elle arri-
» v e , il y a allez de tems pour faire retirer les trou-
>> pes de votre prince, & les mettre en sûreté. Il n’y
» aura encore rien à craindre pour la retraite, lorl-
» que fupérieur en vaifleaux vous porterez une guer-
» re de diverfion fur des côtes, quand même elles fe-
» raient fort éloignées ». Réjtex. milit. du marquis
de Santa-Crux > tom. X . de la trad.franç. de M. De-
VCTgjr, pug. i | 7 . & fuiv. (© ;‘y' = :r : . • ‘
DIVERSITÉ, (Peinture.) c’eft cette partie (Economique
de la Peinture qui tient notre efprit attach
é, & qui attire notre attention par l’art qu’a le
peintre de varier dans les perfonnages d’un tableaut
l ’air , l’attitude, & les pallions qui font propres à ces
perfonnages : tout cela demande néceflairement de
la diverjité dans l’expreffion, & la chofe eft pratiqua-
ble. Il y a par exemple une infinité de joies de de
douleurs differentes, que l’art fait exprimer par l’âge
, par le fexe, par le tempérament, par le caractère
des nations & des particuliers, par la qualité
des perfonnes, & par mille autres moyens : mais
cette diverjité doit être vraie , naturelle, placée, &
liée au fujet ; il faut que toutes les figures paroif-
ïent s’être rangées & pofées d’elles - mêmes fuivant
leur cara&ere, fans travail & fans affeâation. Nous
ne manquons pas de mofteles en ce genre, mais il
n’y en a point de plus admirables que le tableau de
la mejfe du pape Jules , celui d’Attila , & Y école d'A-
thenes ; trois chefs-d’oeuvre de Raphaël, trois çom-
pofitions fublimes qui n’appartiennent qu’à lui.. Comme
la diverjité de la nature eft infinie, la diverjité de
l’imitation peut l’être de même ; cependant il n’eft
pas poffible de donner des réglés pour enfeigner
l ’art de diverfifier les perfonnages d’un tableau, leurs
attitudes, & leurs pallions : c’eft au génie à imaginer
, les avis ne peuvent fuppléer au génie. Article
de M. le Chevalier DE JAUCOURT.
DIVERTIR, (Jurifpr.) lignifie détourner. On dit
qu’une veuve ou un héritier ont diverti les effets
de la fuçceffion ; ce qui lignifie qu’ils les ont fouf-
traits & ne les repréfentent pas. f^oye^ Recelé.
On dit quelquefois qu’une procédure doit être
faite de fuite de fans divertir à autres aûes , c’eft-
à-dire fans defemparer & fans interruption. (A )
DIVERTISSEMENT, f. m. (Jurifpr.) eft lorfque
l ’on détourne quelques effets d’une communauté ou
d?une fucceflion. On joint ordinairement les termes
de recelé & divertijfement comme fynonymes, quoiqu’ils
ayent chacun leur objet different. Divertijfement
eft l’enlevement des effets que l’on détourne ;
recelé eft la précaution que l’on a de les cacher. Cependant
comme dans l’ulage on fait précéder le terme
de recelé, & que ces termes font réputés fynonymes
, nous expliquerons ee qui concerne cette matière
au mot R ecelé. Voye^ aujfî ci - devant D iver-
,TIR. (A ) Divertissement, (Belles-Lettres.) c’ eft un terme
générique, dont on le fort également pour défi-
gner tous les petits poëities mis en mufique, qu’on
exécute fur le théâtre ou en concert ; & les danfos
mêlées de chant, qu’qn place quelquefois à la fin
des comédies de deux aftes ou d’un a&e.
La grote de Verfailles, Y idylle de Sceaux , font des
divertijfemens de la première efpece.
On donne ce nom plus particulièrement aux danfos
& aux chants, qu’on introduit epifodiquement
dans les aftes d’opéra. Le triomphe de Thefée eft un
divertijfement fort noble. L’enchantement d'Amadis eft
lin divertijfement très - agréable ; mais le plus ingénieux
divertijfement des opéra anciens, eft celui du
quatrième a&e de Rolland.
L’art d’amener les divertijfemens eft une partie fort
rare au théâtre lyrique ; ceux mêmes, pour la plû-
part, qui paroiflent les mieux amenés, ont quelquefois
des defauts dans la forme qu’on leur donne. La
grande réglé eft qu’ils riaiflent du fujet, qu’ils faflent
partie de l’aéiion, en un mot qu’on n’y danfo pas
feulement pour danfer. Tout divertijfement eft plus
ou moins eftimable, félon qu’il eft plu? ou moins
néceflaire à la marche théâtrale du fujet : quelque
agréable qu’il paroifle , il eft vicieux & peche contre
la première réglé, lorfque l’a&ion peut marcher
fans lui, & que la fuppreflion de cette partie ne laif-
ferôit point de vuide dans Fenfomble de l’ouvrage.
Le dernier divertijfement, qui pour l’ordinaire termine
l’opéra, paroît ne pas devoir être affujetti à cette
réglé aufli forupuleufement que tous les autres ; ce
n’eft qu’une fête, un mariage, un couronnement,
&c. qui ne doit avoir que la joie publique pour ob-
jet. *-■ . , <
Si les divertijfemens clés grands opéfa font fournis à
cétte loi établie pat lé bon fens, qui exigé qùë toutes
les parties d’un ouvrage y foient néceffairespbur
former les proportions de l’enfemble ; à combien plus
forte raifon doit-elle être invariable dans les ballets ?
Des divertijfemens en a&ion font le vrai fond des
différentes entrées du ballet : telle eft fon origine. Lé
chant, dans ces compofitions modernes, occupe Une
partie de la place qu’oecupoit la danfo dans lés anciennes
: pour être parfaites, il faut que la danfo 8l
le chant y foient liés enfemble, & partagent toute
l’a&ion. Rien n’y doit être oifif ; tout ce qu’on y fait
paraître d’inutile, & qui ne concourt pas à la marché
, au progrès , au développement , n’eft qu’un
agrément froid & infipide. On peut dire d’une entrée
de ballet, ce qu’on a dit fouvent du fonnet : là
plus legere tache défigure cette efpece d’ouvrage ,
bien plus difficile encore que le fonnet même, qui
n’eft qu’un fimple récit ; le ballet doit être tout entier
en aâion.
La grande erreur fur cette partie dramatique eft
que quelques madrigaux fuffifent pour la rendre
agréable. L’a&ion eft la derniere chofe dont on parle
, & celle à laquelle on penfe le moins : c’eft pourtant
l’aâion intéreflaiite, v iv e , preflee 9 qui fait lé
grand mérite de ce genre.
Il faut donc pour former une bonne entrée dé
ballet, i° . une aûion : 20. que le chant & la danfe
concourent également à la former, à la développer9
à la dénouer : 3 °. que tous les agrémens riaiflent du
fujet même.Tous ces objets ne font rien moins qu’ai-
fés à remplir : mais que de beautés réfultent aufli dans
ces fortes d’ouvrages de la difficulté Vaincue ! Vye^ Ballet, Coupe, Danse, Opéra. (B) Divertissement y Amusement , Récréation,
Réjouissance, (Grammaire.) ces quatre
mots font fynonymes, & ont la diflipation ou le plai-
fir pour fondement. Amufement eft une occupation
legere de peu d’importance & qui plaît ; divertijfement
eft accompagné de plaifirs plus v ifs , plus étendus
; recréation défigne un terme court de délafle-
ment : c’eft un fimple paffe-tems pour diftraire l’ef-
prit de fes fatigues ; réjoïàffance fe marque par des
aérions extérieures, des danfos, des cris de joie, des
acclamations de plufieurs perfonnes. La comédie fut
toûjours la recréation ou le délaflement des grands
hommes, le divertijfement des gens polis, & Y amufement
du peuple ; elle fait une partie des réjoiiijfances
publiques dans certains évenemens.
Amufement, fuivant l’idée que je m’en fais encore,’
porte fur des occupations faciles & agréables qu’on
prend pour éviter l’ennui, pour moins penfer à foi-
même. Récréation appartient plus que l’amuferiient
au délaflement de l’efprit, & indique un befoiri dé
l’ame plus marqué. Rejoüijfancc eft affeété aux fêtes
publiques du monde & de l’églife. Divertijfement eft
le terme générique qui renferme les amufemens9 les
recréations ; & les réjqüijfances particulières.
Tous les divertijfemens qui n’ont pas pour but des
chdfos utiles ou néceflaires, font les fruits de l’oifi-
veté, de l’amour pour le plaifir, & varient chez les
divers peuples du monde, fuivant les moeurs & les
climats. Ce n’eft pas ici le lieu de le prouver; iriais
le leéteur fera peut-être bien aife de favoir ce qu’une
Péruvienne, fi connue par la finefle de fon goût
& par la juftefle de fon difeernement, penfe des divertijfemens
de notre nation, de tous ces plaifirs qu’on
tâchoit de lui procurer, & dont tout Le monde
lui paroifloit enivré.
a Les divertifemeris de ce pays ( écrit - elle à fort
» cher Aza ) me femblent aufli peu naturels que les
» moeurs. Ils confiaient dans une gaieté violente ex-
» citée par des ris éclatans , auxquels l’aine ne pa-
» roît prendre aucune part ; dans des jeux infipides,
» dont Forfait tout le plaifo ; dans une converfation