830 D E N il fait foi même contre des tiers de tout ce qui y eft
énoncé, mais il ne fert de titre qu’entre le feigneur
& le vaffal, leurs héritiers ou aÿans caufe ; c’eft un
titre commün pour eu x, au lieu que par rapport a
des tiers il ne peut pas leur préjudicier, étant à leur
égard res inter alios acla\ il fert feulement de demi-
preuve ; & quand il eft ancien, il forme une preuve
de pôffeffion.
Le Seigneur ne peut contefter à fon vaffal les1
qualités & droits qu’il lui a paffés dans fon aveu &
dénombrement ; mais fi le 'vaffal y aVOit compris quelques
héritages du feigneur, ce dernier ne feroit pas
pour cela non-recevable à les reclamer, à moins
que le vaffal ne les eut prefcrit par 30 ans.
Si le vaffal eft pourfuivi par un autre feigneur,
P doit dénoncer cette prétention à celui qui a reçu
fon dénombrement, celui - ci étant fon garant en ce
qui regarde la foi 8c hommage ; il peut meme prendre
le fait & caufe de fon vaffal pour tous les objets
qu’il prétend être dépendans du fièf mouvant
de lui ; mais s’il ne veut pas entrer dans cette dif-
cuffioh concernant le domaine du f ie f , il n’eft garant
, comme on l’a dit, que de la foi & hommage.
Voye^ les commentateurs de la coutume de Paris fur V article
8 & fuivant ■ le traité des fiefs de M. Guyot, lit.
de l'aveu & dénombrement j le traité des fiefs de Bille-
coq , liv. VII. (A)
D é n o m b r e m e n t d ’ u n e a r m é e y (Art milité)
c’eft l’évaluation du nombre de troupes dont elle
eft eompofée. On fait que cette évaluation fe fait
par le nombre des bataillons 8c des efcadrons dont
elle eft formée ; mais comme le nombre d’hommes
de chacun de ces corps de troupes n’eft pas toujours
le même, il s’enfuit qu’on ne fait pas exactement le
nombre de combattans d’une armée , quoiqu’on fâche
celui de fes bataillons 8c de fes efcadrons.
Le maréchal de Puyfégur n’approuve pas cette
maniéré de dénombrement. Son avis eft qu’on devroit
exprimer la force d’une armée par le nombre de milliers
d’hommes de pié 8c de cheval qu’elle contient,
ainfi qu’on le pratique dans les traités que l’on fait
avec les princes qui s’engagent de fournir un certain
nombre de troupes. Voye% le premier volume de l'art
de la guerre , pag. 241. (Q)
DÉNOMINATEUR, f. m. terme d'Arithmétique,
dont on fe.fert en parlant des fra&ions ou nombres
rompus. Voyei Fr a c t io n .
Le dénominateur d’une fra&ion eft le nombre ou la
lettre qui fe trouve fous la ligne de la fraction, 8c
qui marque en combien de parties l’entier ou l’unité
eft fuppofée divifée.
Ainfi dans la fraction ~z9fept douzièmes , le nombre
12 eft le dénominateur, & apprend que l’unité eft
divifée en 12 parties égales ; de même dans la fraction
t-y b eft le dénominateur.
Le dénominateur repréfente toujours l’entier ou
l ’unité. Le nombre 7 qui eft au-deflùs de 12 , eft ap-
p e llé numérateur. Voye^ N u m é r a t e u r .
On peut regarder une fraCtion comme un nombre
entier, dont l’unité n’eft autre chofe qu’une partie
de l’unité primitive, laquelle partie eft exprimée par
le dénominateur. Ainfi dans la fraétion ~ de p ié, 1
pié eft l’unité primitive; ,‘2 de pié eft une douzième
partie de cette unité primitive, qu’on prend ou qu’on
peut prendre ici pour l’unité particulière, & le numérateur
7 indique que cette unité particulière eft
prife fept fois.
Pour réduire deux fractions au même dénominateur,
la réglé générale eft de multiplier le haut 8c le
bas de la première par le dénominateur de la fécondé,
& le haut & le bas de la fécondé par le dénominateur
de la première. Mais quand les dénominateurs ont un
divifeur commun,on fe contente de multiplier le haut
D E N
& le bas de la i re fraftion par le quotient qui vient
de la divifion du dénominateur de la fécondé par le
divifeur commun, & de même de l’autre. Ainfi j 8t ~
fe réduifent au même dénominateur, en écrivant ~ 8c
hQ ; mais j~8c eA fe réduifent en écrivant 8c
Voyei Fr a ct ion & D iviseur.
On dit quelquefois réduire à même dénomination,
au lieu de réduire au même dénominateur.
Le dénominateur d’un rapport eft, félon quelques-
uns, le quotient qui réfulte de la divifion de l ’anté-,
cèdent par le conféquent, Voye^ Rapport.
Ainfi le dénominateur du rapport 30: 5 eft 6 , parce
que 30 divifé par 5 donne 6. Le dénominateur s’appelle
autrement expofant du rapport. Voye[ Exposan
t . ((7)
DÉNOMINATION, f. f. ( Métaph. ) eft le nom
qu’on donne à une chofe, & qui exprime ordinaire-^
ment une qualité qui y domine. Voye^ Nom .
Gomme les qualités 8c les formes des chofes font;
de deux efpeces, favoir internes 8c externes ; il y a
aufli par cette raifon deux fortes de dénominations. .
Dénomination interne eft celle qui eft fondée fur
la forme intrinfeque : ainfi Pierre eft dénommé fa-
vant à caufe de fa fcience, qui eft une qualité interne.
Dénomination externe, eft celle qui eft fondée
fur la forme externe, ou qui en eft tirée : ainfi on dit
qu’un mur eft vu & connu par la vifion 8c la con-
noiffance qui lui font extérieures ; de même Pierre
eft dit honoré à caufe de l’honneur qu’on lui rend, 8c
qui n’eft que dans les perfonnes qui l’honorent, 8c
non pas .dans lui. Cette diftin&ion fchola.ftique eft
aujourd’hui furannée. Chambers.
DÉNONCIATEUR, f. m. (Jurifp.) eft celui qui
dénonce à la juftice un crime ou défit, 8c celui qui
en eft l’auteur, fans fe porter partie civile. Voyeç ci~
devant D élateur. (A )
•D énonciateur, A ccusateur, D élateur,1
f. m. ( Gramm. Syrion.) termes relatifs à une même
aélion faite par difterens motifs ; celle de révéler à
un fupérieur une chofe dont il doit être offenfé, &
qu’il doit punir. L’attachement févere à la lo i, fém-
ble être le motif du dénonciateur j unfentiment d’honneur
, ou un mouvement raifonnable de vengeance,1
ou de quelque autre paflion, celui de Vaccufateur ;
un dévouement bas, mercénaire 8c fervile, ou une
méchanceté qui fe plaît à faire le mal, fans qu’il en
revienne aucun bien, celui du délateur. On eft porté
à croire que le délateur eft un homme vendu ; Vaccufateur
, un homme irrité ; le dénonciateur, un homme,
indigné. Quoique ces trois perfonnages foient éga-.
lement odieux aux yeux du peuple, il eft d’es occa-
fions oîi le philofophe ne peut s’empêcher de louer
le dénonciateur, 8c d’approuver Vacciifateur ; le délateur
lui paroît méprifable dans toutes. Il a fallu que
-ledénonciateurfurmontât le préjugé, pour dénoncer;
il faudroit que Vaccufateur vainquît fa paflion 8c quelquefois
le préjugé, pour ne point accufer ; on n’eft
point délateur, tant qu’on a dans Pâme une ombre d’élévation
, d’honnêteté, de dignité. V. D élateur.
DÉNONCIATION, f. f. (Jurifprud.) en général
eft un aéle par lequel on donne connoiffance de quelque
chofe à un tiers. On dénonce une demande à fon
garant à ce qu’il ait à prendre fait 8c caufe, ou à fe
joindre pour la faire ceffer ; on dénonce une oppo-
fition ou une faifie à celui fur lequel ces empêche-
mens font formés, à ce qu’il n’en ignore & ne puiffe
paffer outre dans fes pourfuites avant d’avoir rapporté
la main-levéè des faifies 8c oppofitions ; on
dénonce de même plufieurs autres a êtes judiciaires 8c
extrajudiciaires dont on a intérêt de donner con-*
noiffance, ( A )
D ÉN O N C IA T IO N , en matière criminelle, e ft la d&j
claration.que l’pn fait à la juftice ou au minifterc
public d’un crime, ou défit , & de.celui qui en eft
l’auteur, fans fe porter partie civile.
Cette dénonciation n’eft pas néçeffaire pour auto-
rifer le miniftere public à rendre plainte, il le peut
faire d’office. Mais quand il lui vient quelque* dénonciation
, il ne lui fuffit pas de la recevoir verbalement,
elle doit être rédigée par écrit, 8c fignée.
Voyei ci-devant DÉLATEUR & DÉNONCIATEUR.
f l ü ■ ■ ■ . ' I .
D é n o n c i a t i o n d e n o u v e l oe u v r e eft l’action
par la quèlîe on s’oppofe en juftice à la continuation
de quelque nouvelle entreprife que l’ôn prétend
être à/oi préjudiciable.
Cette" aétion eft ce que les Romains appelloient
novi operis nuntiatio, dont il y a un titre au digefte,
liv. X X X IX . t it.j. & un au code, Liv. V lt l. lit. xj..
Celui contre qui cette demande eft formée , ne
peut paffer outre , fans aygïr, obtenu ,un jugement
qui l’y autorife. Comme on le fait,quelquefois par
provifion, lorfque fon droit paroît évident, ou que
l’ouvrage eft fi avancé qu’il y auroit de l’inconvénient
à. le furfeoir, en ce cas on lui permet de l’achever
, à la charge de donner caution de le démolir
, fi cela eft ordonne en fin de caufe.
La dénonciation, de nouvel oeuvre eft différente* d.e .
la complainte, en ce que celle-ci eft pour un trouble
qui eft fait au demandeur en fa poffeflion ; au '
lieu que la dénonciation de nouvel oeuvre peut être intentée
pour un fait qui ne trouble pas le plaignant ;
dans fa poffeflion , mais qui pourroit néanmoins lui
caufer quelque préjudice ;• par exemple, fi le voifin ;
éleve fa maifori fi haut, qu’il ôte par-là le jour au
demandeur en dénonciation. (A )
DÉNOUEMENT , f. m. ( Belles-Lettres.) c’eft le
point où aboutit & fe réfout une intrigue épique ou ;
dramatique.
Le dénouement de l’épopée eft un événement qui
tranche le fil de l’a&ion par la ceffation des périls
8c des obftacles, ou par la confommation du malheur.
La ceffation de la colere d’Achille fait le dénouement
de l’Iliade, la mort de Pompée celui de la Phar-
fale, la mort deTurnus celui de l’Enéide. Ainfi l’action
de l’Iliade finit au dernier livre, celui de la
Pharfale au huitième, celui de l’Enéide au dernier
vers. Voye^ E p o p é e .
Le dénouement de la tragédie eft fouvent le même
que celui du poëme épique , mais communément
amené avec plus d’art. Tantôt l’évenement qui doit
terminer i’aâion, femble la nouer lui-même : voyez
Alfire. Tantôt il vient tout-â-coup renverfer la fi- '
tuation des perfonnages, 8c rompre à la fois tous
les noeuds de l’aétion : voyez Mithridate. Cet événement
s’annonce quelquefois comme le terme du
malheur, 8c il en devient le comble : voyez Inès.
Quelquefois il fernbïe en être le comble, & il en
devient le terme : voyez Iphigénie. Le dénouement le
plus parfait eft celui où Faction long-tems balancée '
dans cette alternative, tient l’ame des fpe&ateurs
incertaine 8c flotante jufqu’à fon achèvement ; tel
eft celui de Rodogune. Il eft des tragédies dont l’intrigue
fe réfout comme d’elle-même par une fuite
de fentimens qui amènent la derniere révolution
fans le fecours d’aucun incident; tel eft Cinna. Mais
dans celles-là même la fituation des perfonnages doit
changer, dix moins au dénouement.
L’art du dénouement confifte à le préparer fans l’annoncer.
Le préparer, c’eft difpofer l’a&ion de maniéré
que ce qui le précédé le produife. I l y a , dit
Ariftote, une grande differente entre des incidèns qui
nai(fient les uns des autres, & des incidèns qui viennent
fimplement les uns après les autres. Ce paffage lumineux
renferme tout l’art d’amener le dénouement :
mais c’eft peu qu’il foit amené, il faut encore.qu’il
foit imprévu; L’intérêt ne fe foûtienf que par Fin-
certitude; .c’.eft par elle que l’ame eft fufpendue entre
la crainte 8c Pefpéfance, 8c c’eft de leur mêlante
que fe nourrit l’intérêt. Une paflion fixe; eftipour
?ame un état de langueur, l’amour s ’éteint, la haine
languit,,1a pitié s’épuife fi là crainte 8c l’efpérance
ne Ies|,-excitent par leurs combats. Or plus d’efpé-
rance.ni de crainte, dès que le -dénouement èft prévu.
Ainfi., même dans les fujets connus, le dénouement
doit être caché , c’eUrà-dire, que quelque prévenu
qu’on foit de la maniéré dont fe terminera la pièce ,
il faut que, la marche de l’aûion en écarte la rémi-
nifcence , au point queTimpreflion de ce qu’on voit
ne permette pas de réfléchir à ce qu’on fait : telle
eft la force de l’illufion. C ’eft par-là que les fpeéïa-
teurs. fenfibles pleurent vingt fois à .la même tragédie
; plqifir que ne goûtent jamais les vains, raifon-
neurs 8c les . froids critiques.
Le dénuement, pour être.imprévû, doit donc être
le paffage d’un état incertain à un état déterminé.
La fortune des perfonnages intereffés dans • l’in tri-
.gue, eft durant le cours de l’aétion comme un vaif-
feau battu par la tempête : ou le vaiffeau fait naufrage
oti -il arrive au port : voilà le dénouement.
Ariftote diyife les fables exv (impies y qui finiffent
fans reçonnoiffance & fans péripétie ou changement de
fortune ; 8c en implexes, qui ont la péripétie ou la re-
connoiffance, ou toutes les deux. Mais cette divifion
ne fait qué di'ftinguer les intrigues bien tiffues, de
cêlles qui le font mal. Voyeç In t r i g u e .
Paf la même raifon, le choix qu’il donne d’amener
la péripétie ou néceffairement ou vraiffémblablement'y
ne doit pas être pris pour réglé. Un dénouement qui
n’eft que vraiffemblable, n’en exclut aucun de pof-
fible, & entretient l’incertitude en les laiffant tous
imaginer. Un dénouement néceflité ne peut laifîer
prévoir que lui; & l’on ne doit pas attendre qu’un
fuccès afl’ûré, qu’un revers inévitable, échappe aux
yeux des fpeftateurs. Plus ils-fe livrent à l’aâion ,
& plus leur attention fié dirige vers le terme où elle
aboutit ; or le terme prévu, l’a&ion eft finie. D ’où
vient que le dénouement de Rodogune eft fi beau?
.c’eft qu’il eft auffi vraiffemblable qu’Antiochus fioit
empoifomié, qu’il l’eft qiiè Cléopâtre s’empoifonne.
D ’où vient que celui de Britannicus a nui au fuccès
de cette, belle tragédie ? c’eft qu’en prévoyant le
malheur de Britannicus & le crime de Néron , on ne
voit aucune reffource à l’un, ni aucun ohftacle à
l’autre ; ce qui ne feroit pas *( qu’on nous permette
cette réflexion), fi la belle feene de Burrhus venoit
après celle de Narciffe.
Un défaut capital, dont les anciens ont donné
l’exemple & que les modernes ont trop imité, c’eft
la langueur du dénouement. Ce défaut vient d’une
mauvaife diftribution de la fable en cinq a â e s, dont
le premier eft deftiné à l’expofirion, les trois fui vans
au noeud de l’intrigue, 8c le dernier au dénouement.
Suivant cette divifion le fort du péril eft au quatrième
afte , 8c l’on eft obligé pour remplir le cinquième
, de dénouer l’intrigue lentement 8c par degrés,
ce qui ne peut manquer de rendre la fin traînante 8c
froide ; car l ’intérêt diminue dès qu’il ceffe de croître.
Mais la promptitude du dénouement ne doit pas
nuire à fa vraiffemblance, ni fa vraiffemblancè à
fon incertitude ; conditions faciles à remplir féparé-
ment, mais difficiles à concilier.
Il eft rare, fur-tout aujourd’hui, qu’on évite l’un
de ces deux reproches, ou du défaut de préparation
ou du défaut de fufpenfion du dénouement. On porté
à nos fpectacles pathétiques deux principes oppofés,
le fentiment qui veut être ému, 8c l’efprit qui ne
veut pas qu’on le trompe. La prétention à juger dé
tout, fait qu’on ne jouit de rien. On veut en même
tems prévoir les fituations 8c s’en pénétrer, combi